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10 juillet. Charleroi attaqué par le même prince, n'opposa qu'une faible résistance. Il ne fallut au comte de Clermont que dix jours de tranchée ouverte, pour soumettre Namur. Brûlart, excellent ingénieur, avait dirigé ces différens sièges.

fuite des

L'orage paraissait prêt à tomber sur les Hollandais; l'expédition, d'abord si brillante Danger et et bientôt si malheureuse, que Louis XIV Hollandais. avait faite contre eux, avait offert moins de chances de succès, puisque les Français n'avaient pas alors autant de points d'appui pour les attaquer. Ces républicains qui avaient presque disparu de l'Histoire depuis qu'ils s'étaient soumis à la puissance maritime qui devait un jour engloutir leur commerce, s'agitaient et se divisaient à l'approche des dangers dont ils étaient menacés. Les partisans du gouvernement aristocratique luttaient depuis plusieurs années contre l'ambition adroite, opiniâtre, de Guillaume IV prince d'Orange, qui travaillait à faire rétablir pour lui la dignité de Stathouder (a). Sans

(a) Le Stathoudérat avait été aboli pour la deuxième fois en 1702, à la mort de Guillaume III, roi d'Angleterre. Les Hollandais, malgré leur reconnaissance pour la maison de Nassau, avaient

s'être rendu recommandable par aucun exploit, il avait l'art de se présenter comme le seul espoir de la patrie dans un péril extrême. Il lui était facile d'attaquer des magistrats dont aucun ne retraçait les grandes qualités qui avaient rendu le Pensionnaire Heinsius si formidable à Louis XIV. Le peuple toujours porté pour la maison d'Orange, secondait les prétentions de Guillaume IV, et voyait dans la continuation d'une guerre malheureuse, l'occasion de créer une espèce de monarque, pour dompter l'orgueil des grands. l'Angleterre appuyait de son or un prince qui, pour prix de son élévation, lui promettait la durée de l'alliance la plus utile pour elle. Plusieurs magistrats aspiraient à rompre le joug de l'Angleterre; ils négociaient avec la France. Louis XV leur promettait d'arrêter ses conquêtes, et leur faisait les plus belles offres, s'ils voulaient se dé

toujours montré beaucoup d'ombrage pour cette magistrature qui menaçait leur liberté. La cour de Versailles en 1747 parut s'applaudir d'avoir vu passer cette république à un gouvernement qu'on pouvait regarder comme une monarchie mixte. Mais l'Angleterre ne cessa de conserver le plus grand ascendant sur une maison dont elle avait rétabli les honneurs et la puissance.

tacher de la puissance dont la Hollande allait devenir tributaire. Malheureusement, ils craignaient que cette modération ne leur cachât un piège. Ils s'effrayaient aussi des pertes qu'une rupture avec l'Angleterre ferait éprouver à leur commerce. L'avarice les détourna d'un parti qui eût assuré leur indépendance. Ils perdirent une occasion de maintenir la sévérité de leurs institutions républicaines, et la France perdit la chance la plus favorable qui lui restât pour garantir ou plutôt pour recouvrer la liberté des mers.

Charles

vient au secours des

La cour de Vienne avait enfin porté ses Le prince regards sur les Pays-Bas, où elle ne possédait presque plus rien. Le prince Charles Pays-Bas. de Lorraine était venu, avec de puissans renforts, relever le courage d'une armée que tant de forteresses prises sous ses yeux avaient couverte de honte. Il s'avançait sur la Meuse entre le pays de Liège et Namur. On lui laissa passer ce fleuve. Ce défaut de résistance lui persuada que les Français cherchaient à éviter une bataille: il fit toutes

ses dispositions pour les y contraindre ; mais le maréchal de Saxe l'attendait avec calme. Les plaisirs et l'ardeur de la gloire animaient également les soldats qui se re

Bataille de
Raucoux.

1746.

11 octobre.

gardaient comme sûrs de vaincre sous cet
habile général. Maurice accordait beaucoup
à la vivacité et à la légèreté de troupes dont
il connaissait mieux le caractère qu'aucun
des généraux français. Dans quelques mo-
mens il se relâchait sur la discipline, et
dans d'autres il l'exerçait avec une extrême
sévérité. A force de soins, il était parvenu
à faire une bonne infanterie de ces soldats
joyeux, braves et spirituels. Il était fertile
en traits heureux qui inspiraient à son ar-
mée une confiance héroïque. En voici un
exemple On jouait la comédie dans son
camp.
La veille de la bataille de Raucoux,
une actrice, madame Favart, s'avança pour
annoncer le spectacle de cette manière que
le maréchal lui avait indiquée : Demain,
reldche à cause de la bataille; après de-
main nous aurons l'honneur de vous don-
ner le Coq du Village, etc. En même temps,
le maréchal prenait des dispositions qui in-
diquaient une résolution inébranlable de
vaincre à quelque prix que ce fût. Voici
l'ordre qu'il envoya aux colonnes qui se
formaient devant l'ennemi: Que les atta-
ques réussissent ou non, les troupes reste-
ront dans la position où la nuit les trouvera,

pour recommencer à attaquer l'ennemi (a). La bataille se donna le 11 octobre sur le chemin de Saint-Tron à Liége, auprès des villages d'Ance, de Varoux et de Raucoux, tous trois occupés par les ennemis, dont une longue suite de haies très-épaisses et garnies de batteries protégeait les lignes. Le comte d'Estrées, le comte de Lowendalh et le comte de Clermont conduisaient trois attaques différentes. Le village d'Ance fut d'abord emporté. L'aile gauche des alliés s'était déjà retirée de plus de six cents pas, mais elle se trouvait dans une position plus forte. Le combat se maintint long-tems, sans qu'il y eût un avantage marqué. La cavalerie des en

(a) On lit dans les notes que Thomas a ajoutées à l'éloge du maréchal de Saxe, que la nuit qui précéda la bataille de Raucoux, ce général répondit au médecin Sénac, qui lui demandait le sujet de la' tristesse dans laquelle il était plongé, en parodiant ces vers d'Andromaque :

Songe, songe, Sénac, à cette nuit cruelle

Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle;

Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourans
Dans la flamme étouffés, sous le fer expirans.

Six des canons pris sur les ennemis à cette bataille furent donnés par le roi au maréchal de Saxe.

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