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avait voulu

avec M. le

tueux, et lui défendit de songer à un tel mariage. Il en parla à M. le duc, qui était Le régent veuf depuis quelque temps, et il l'engagea à la marier demander la main d'une princesse qui don- dus. nerait à son époux des chances pour une élection au trône de Pologne. M. le duc n'avait ni refusé ni accepté cette ouverture. Devenu premier ministre, il parut l'avoir totalement oubliée. La marquise de Prie tui rappela Marie Leczinska, quand elle le vit déterminé à ne point offrir au roi la main de mademoiselle de Vermandois. Une femme, qui avait foulé aux pieds tous les devoirs de la nature à l'égard de sa mère, affectait le plus grand enthousiasme pour une fille dont toute la vie avait été un continuel dévouement à l'auteur de ses jours. Pour trouver une aine reconnaissante, elle avait été obligée de chercher celle qui offrait le plus grand contraste avec sa conduite. Le duc de Bourbon céda bientôt aux instances de sa maîtresse. Ce choix, communiqué à l'évêque de Fréjus, parut ne point lui déplaire; sa plus grande crainte était de voir sur le trône une princesse de Condé. Le roi consentit docilement à ce mariage. Deux mois auparavant, 1725. il avait vu partir, avec la plus complète indifférence, l'infante, qu'on l'avait forcé à

regar

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der comme sa compagne. La cour était stupéfaite d'un changement de scène aussi imprévu.

Le roi de Pologne était dans un château délabré près de Weissembourg, lorsqu'une lettre de M. le duc lui apprit cette prodigieuse faveur de la fortune. Transporté de joie, il entra dans la chambre où étaient sa femme et sa fille. «< Ah! ma fille ! lui dit-il, tombons » à genoux et remercions Dieu! Mon père ! s'écrie celle-ci, seriez-vous rappelé >> au trône de Pologne ? Le ciel, reprit Sta» nislas, nous est bien plus favorable, ma fille, vous êtes reine de France. >>

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Peu de temps après, cette famille fut confirmée dans un bonheur qu'elle regardait encore comme un rêve, par l'arrivée du duc d'Antin et du marquis de Beauveau, chargés de faire au nom du roi la demande de la princesse. Marie n'osait s'abandonner à toute sa joie, et semblait toujours craindre une méprise. On lui vantait les grâces et la figure du jeune roi. «< Ah! disait-elle, vous redoublez » mes alarmes » ! Le duc de Bourbon avait fait charger le duc d'Orléans d'épouser la princesse au nom de Louis XV. Cette cérémonie 1725. eut lieu à Strasbourg. Le 4 septembre, le Elle épouse mariage fut célébré à Fontainebleau par le

Louis XV.

cardinal de Rohan. Une maison magnifique fut montée pour la reine. Cette dépense fut condamnée par le maréchal de Villars et par plusieurs membres du conseil, vu le déplorable état des finances. Si la reine l'eût osé, elle s'y fût opposée elle-même. On affecta beaucoup de précautions et de scrupules pour lui choisir douze dames d'honneur, Cette délicatesse était bien illusoire, puisque la marquise de Prie se fit donner ce titre. La reine qui avait craint de déplaire à un époux si jeune et environné de tant d'objets séduisans, parut lui inspirer plutôt une af fection durable qu'une vive passion. Elle n'était occupée que de sa tendresse pour lui. Elle montrait la plus grande déférence pour M. le duc, et sa reconnaissance lui voilait tous les vices de celle qui l'avait fait monter sur le trône.

Suites du renvoi de

La cour d'Espagne n'avait pas vu sans indignation l'affront qu'on venait de lui faire l'infante. en renvoyant l'infante. M. le duc n'avait pris d'autre soin pour adoucir cet outrage, que de laisser à cette princesse les pierreries et les présens magnifiques qu'elle avait reçus à la cour de France. Il s'était dispensé de toutes les formalités qui auraient pu faire traîner cette affaire en longueur, et en compro

mettre le succès. Le maréchal de Tessé, am bassadeur à Madrid, avait été rappelé. L'abbé de Livry, ambassadeur à Lisbonne, fut chargé de venir faire cette cruelle notification à PhiMécontente- lippe V. Ce monarque avait rarement témoid'Espagne. gné une douleur aussi profonde. La reine ne

ment du roi

lui parla plus que de vengeance. Elle fit, par représailles, renvoyer mademoiselle de Beaujolais, fille du régent, qui était déjà fiancée à l'infant D. Carlos. La plupart des Français recurent ordre de sortir d'Espagne. Ils étaient insultés dans les rues de Madrid. Le ressentiment de Philippe fut si amer, qu'il oublia les longs démêlés qu'il avait eus avec l'Autriche, et qu'en se rapprochant de cette ́cour (a), il mit tout en usage pour lui inspirer des intentions hostiles contre la France. Un aventurier, beaucoup moins brillant mais aussi violent, aussi présomptueux qu'Albéroni, Riperda, fut chargé de cette négoOn cherche ciation. Le duc de Bourbon, alarmé de l'orage à Pappaiser dont la France était menacée, cherchait

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: (a) Lorsque les ministres d'Espagne et d'Autriche paraissaient le plus divisés au congrès de Cambrai (indiqué depuis 1720 et ouvert en janvier 1724), des négociations très-actives avaient déjà lieu entre les deux cours, et le renvoi de l'infante ne fit qu'en accélérer le succès.

quelle satisfaction il pourrait offrir au roi d'Espagne. Il avait d'abord voulu charger le comte de Charolais, son frère, de la mission délicate et pénible d'aller faire des excuses à la cour de Madrid; mais tous ses conseillers furent épouvantés de ce choix, tant le comte de Charolais avait fait craindre son caractère emporté, son naturel féroce. Le gouvernement espagnol s'expliqua bientôt d'une manière qui rompit une négociation où la France aurait joué un rôle aussi humiliant. Le marquis de Grimaldo, premier ministre, écrivit au maréchal de Villars (a) qu'on ne recevrait les excuses que du duc de Bourbon lui-même, et que c'était à ce prince, auteur de l'outrage, à se présenter à Madrid. M. le duc ne s'occupa plus que de prévenir une rupture avec l'Autriche. On pensait que, sans cet appui, l'Espagne n'oserait rien entreprendre, et l'on voyait sans inquiétude les troupes que Philippe faisait filer vers les. Pyrénées. Le duc de Richelieu fut nommé à l'ambassade de Vienne. Le désir de donner de l'éclat à ses premiers pas dans la carrière

(a) En réponse à une lettre que Villars avait écrite au roi d'Espagne. Cette lettre lui fut renvoyée sans avoir été lue, mais il en avait adressé une copie à Grimaldo.

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