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conquête de ce royaume; elle regrettait sa fière et orageuse indépendance. On ajou'tait que le peuple anglais lui-même supportait impatiemment le fardeau de taxes énormes qui s'écoulaient en subsides. On ne demandait au prince que le premier noyau d'une armée, pour lui en créer une toute nationale et qu'enflammeraient le patriotisme et la vengeance. Edouard, en transmettant ces avis à la cour de France, n'en recevait que des réponses évasives. Le cardinal de Tencin, qui s'était déclaré son protecteur, sollicita pour lui des secours auprès de plusieurs familles opulentes, l'exhorta à se confier à la fortune, et fit marché avec un riche armateur de Nantes, Walsh, irlandais d'origine. Celui-ci loua au prince un vaisseau de ligne et une frégate que le gouvernement, par un singulier usage de ce temps, lui avait loués à lui-même. Edouard s'embarqua le 14 juillet 1745 au port Saint Nazaire. Il n'avait

royaumes unis à cette époque sous le nom de Grande-Bretagne, l'ont été encore plus intimement par la reine Anne qui mit, en 1707, l'Angleterre et l'Écosse sous un même parlement. La maison de Stuart avait gouverné ce dernier royaume pendant près de trois cents ans.

avec lui qu'un très-petit nombre d'amis parmi lesquels étaient le marquis de Tullibardine, Thomas Shéridan et Jean Macdonald. La petite frégate sur laquelle était monté le prince, faisait route avec le vais-1 seau l'Élisabeth, de soixante-six canons.' Cinquante français étaient à bord de l'Élisabeth, avec des armes et des provisions.' Comme ils s'approchaient de l'ouest de l'Écosse, ils furent rencontrés par un vaisseau anglais le Lion. Le combat s'engagea entre les deux vaisseaux de ligné, et se soutint avec une égale ardeur de part et d'autre. Le Lion fut démâté; l'Élisabeth, plus maltraité encore, ne put continuer, sa route. La frégate qui portait le prince s'échappa et gagna les îles Hébrides. Il ne savait s'il devait bénir ou accuser la fortune. Il perdait dans le vaisseau l'Élisabeth le secours le plus précieux, mais quel bonheur pour lui de n'avoir pas eu à repousser sur son petit bâtiment l'attaque d'un vaisseau de ligne ! Lorsqu'il eut gagné l’Écosse (a), il trouva tous ceux de ses partisans qui l'avaient appelé sur la foi de plus puissans secours, interdits de sa témérité.

(a) A la fin d'août.

Il eut recours à de pauvres montagnards qui furent sensibles à l'orgueil de relever le trône de leurs anciens maîtres. Caché parmi eux, il était devenu leur compa-. gnon. En partageant leur pauvreté, il promettait de la soulager. Il étudiait le parti qu'il pourrait tirer de leurs armes grossières, d'une habitude de frugalité prescrite par l'extrême indigence, d'un zèle aveugle, et d'une ignorance même qui leur voilait tous les dangers. A peine a-t-il rassemblé douze cents hommes, qu'il s'élance des montagnes. Il parcourt l'Ecosse; il trouve dans les villes qu'il soumet, de nouveaux partisans; les seigneurs ses amis ont repris courage; ils lui amènent leurs sauvages vassaux; on trouve pour plusieurs des såbres et des fusils; d'autres n'ont pour La ville d'P armes que les instrumens de leurs travaux. On marche sur Edimbourg, on ose faire 27 septembre. sans canon, le siége de cette capitale. Elle 1745. était gardée par une faible garnison qui craignait tout d'un peuple avide de changement. Les soldats se retirent dans le château; la ville est maîtresse d'obéir au mouvement qui la porte vers l'héritier des Stuarts. On le reçoit, son père est proclamé roi, et lui, il est déclaré régent. La cour de

dimbourg lu

ouvre ses

portes.

II bat les

Anglais à Freston-Pans.

Saint-James n'est instruite que fort tard de ce péril, et ne sait quelle mesure prendre. Enfin, des Anglais se présentent : le général Cope marche sur Edimbourg avec quatre mille hommes. Stuart vient à leur rencontre avec trois mille montagnards. Il s'engage à Preston-Pans un de ces combats qui n'ont lieu que dans les guerres civiles, et que 1745. nos troubles récens nous ont trop appris à connaître. Les montagnards apperçoivent à 3 octobie. peine les pièces d'artillerie braquées contre eux et deux régimens de dragons, qu'ils fondent tête baissée sur tout ce qui paraît leur présenter une mort certaine. D'une main ils se couvrent d'un immense bouclier, et de l'autre ils tiennent une longue épée. Rien ne peut résister à ce choc inattendu, à ce nouvean genre d'attaque. Les dragons anglais en déroute, écrasent leur propre infanterie. Jamais victoire ne fut plus complete. Édouard, pour en assurer mieux les fruits, avait, dès le commencement de l'action, fait gagner les montagnes à un corps de troupes qui fermait toute retraite aux vaincus. Artillerie, tentes et bagages, tout est pris. Quelques cavaliers seuls ont pu fuir, le reste est prisonnier. Édouard, dont la tête est mise à prix par le

parlement d'Angleterre, et dont tous les partisans sont livrés à la mort dès qu'on a pu les arrêter, veut exercer une noble vengeance en traitant avec humanité ceux que le sort des armes a fait tomber entre ses mains. Cette seule journée l'a rendu maître de toute l'Écosse, à l'exception des forteresses qu'il se contente d'investir. Il craint de perdre un tems précieux en de faibles entreprises. Il néglige des partis qui se forment contre lui sous le commandement des seigneurs écossais attachés à la cour. C'est à Londres qu'il veut marcher; il sait que s'il laisse languir ses intrépides compagnons, ils réfléchiront sur les dangers qu'ils n'ont pas encore voulu entrevoir; que les discordes naîtront dans un camp inactif; qu'il subira la loi de ses amis même, et ne pourra plus être arbitre de leurs différens. Il faut, s'il est possible, empêcher que toutes les forces dont l'Angleterre peut disposer contre lui, ne se rassemblent et ne s'organisent. Elle n'a pas rougi d'appeler dans son péril six mille hollandais, ils sont arrivés. Le duc de Cumberland ramène avec lui des troupes qui ont combattu dans la Flandre. Le parlement a ordonné des levées; tout sera prêt dans quelques mois

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