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de canon roulent, tout a repris de la confiance; le maréchal de Saxe dispose tout pour une attaque nouvelle; l'artillerie a déjà ouvert les rangs des Anglais; la maison du roi se précipite, la colonne recule; elle retrouve, en se retirant, les feux croisés des batteries; elle ne peut se disperser sur un terrain étroit. Mutilée, écrasée, elle regagne enfin le bois de Barri. Les Anglais reviennent se plaindre à leurs alliés, et particulièrement aux Hollandais, du peu d'ardeur qu'ils ont mis à seconder la victoire qui s'annonçait comme le prix de leur brillante témérité. Ils avaient laissé neuf mille hommes sur le champ de bataille, parmi lesquels il n'y avait qu'un petit nombre de prisonniers. La perte des Français s'élevait à près de cinq mille hommes tués ou blessés. Sept ou huit canons étaient le gage de leur vicaprès la victoire. Louis avait peu fait pour ce triomphe; il en parut digne par plusieurs traits d'une touchante humanité. Au lieu de se livrer dans sa tente à la joie d'un si grand succès, que rendait encore plus vive la crainte où l'on avait été d'un si grand revers, il conduisit, pendant la nuit, son fils sur le champ de bataille, et lui montrant étendues les

Belle con

duite du roi

toire.

tristes et glorieuses victimes de la journée; il lui donna la plus belle leçon qu'un roi puisse donner à son fils. « Méditez sur cet affreux spectacle, lui dit-il; apprenez à ne pas vous jouer de la vie de vos sujets, et ne

prodiguez pas leur sang dans des guerres injustes. » Cette leçon, il l'avait reçue luimême de son ambitieux bisaïeul: cependant la guerre d'Autriche avait été entreprise, et depuis, la fatale guerre de Hanovre fut résolue et conduite avec un esprit de vertige. Il faut de la force à un roi pour être toujours aussi juste et aussi humain que son cœur le lui inspire.

Peu de victoires ont été plus célébrées que celle de Fontenoi. On l'opposait à des revers assez récens: elle avait été remportée sur les ennemis les plus acharnés et les plus orgueilleux de la France: un monarque et son fils s'étaient trouvés là pour venger les affronts de la journée de Poitiers: Louis XV avait fait lui-même ce rapprochement, qui flattait l'honneur national. L'exemple de Fontenoi contribua beaucoup à changer le système des batailles. Le maréchal de Saxe avait appris de Charles XII, en combattant contre ce héros, un nouvel emploi de l'attillerie. Depuis, on se servit davantage de

cette arme; le roi de Prusse, surtout, sut en étendre et perfectionner l'usage. On connut mieux aussi le prix des réserves, composées de troupes d'élite. L'infanterie française s'était peu distinguée dans cette journée. Elle avait attaqué sans ordre et sans ardeur une phalange, dont la formation subite, irrégulière, était plutôt l'oeuvre du hasard que du gênie. Nul succès n'était assuré et ne pouvait avoir de vastes suites, jusqu'à ce qu'on eût vu revivre l'infanterie de Turenne et de Condé. Le duc de Grammont, cet imprudent officier, dont la fougueuse indiscipline avait causé les malheurs de Dettingen, fut tué par un boulet dès le commencement de l'action. Il venait de recevoir les embrassemens de son oncle, le maréchal de Noailles, celui auquel il avait enlevé à Dettingen une victoire certaine. Ce vieux général avait donné un bel exemple en combattant sous les ordres du maréchal de Saxe moins ancien que lui. Il avait la noblesse de n'en être point jaloux, quoiqu'il fût l'auteur de sa fortune. On ne vitplus entre les généraux de Louis XV cette simplicité et cette fermeté de patriotisme. Un Clisson avait été tué, un Duguesclin avait été blessé dangereusement. Le duc de Biron, le comte d'Estrées, un illustre

étranger, le comte de Lowendalh, le duc d'Harcourt, le comte d'Eu, le duc de Penthièvre, le prince de Soubise, avaient eu une part éclatante à ce mémorable succès. Le duc de Richelieu voulut en attribuer tout l'honneur à l'heureux conseil qu'il avait donné, et persuader que c'était lui qui avait, dans le moment du plus grand danger, rempli l'office de général. Il fit tout pour obscurcir la gloire du maréchal de Saxe; mais ce dernier n'avait montré un peu d'hésitation et de trouble que parce qu'il n'était pas sûr d'inspirer au roi une résolution magnanime. Lorsqu'il vit le péril (a) plus immi

: (a) Le maréchal de Saxe apostropha très-vivement ceux qui parlaient au roi de se retirer lorsque la colonne anglaise s'approchait du quartier de ce monarque. « C'était mon opinion, disait-il, » avant que le danger fût aussi grand; mais mainte » nant il n'y a plus à reculer. » Voltaire, entraîné par sa partialité pour le maréchal de Richelieu, a beaucoup trop cherché à le faire valoir aux dépens du maréchal de Saxe. Le roi de Prusse rend une justice complette au héros saxon. Il dit dans une lettre écrite long-temps après la bataille de Fontenoi, qu'agitant il y a quelques jours la question de savoir quelle était la bataille qui avait fait le plus d'honneur au général, les uns avaient proposé celle d'Almanza, et les autres celle de Turin; mais

nent, il s'opposa avec indignation à une re traite qu'il avait conseillée d'abord. Ses dispositions avant la bataille étaient celles d'un grand capitaine. L'ordre d'attaque par lequel il enfonça la colonne anglaise, annonce qu'à la fin d'une journée si laborieuse il conservait encore toute l'activité de son esprit dans un corps épuisé de souffrances. Reddition de Les alliés ne furent point poursuivis dans

Tournai.

leur retraite. L'armée victorieuse ne voulut point s'éloigner des murs de Tournai. Cette ville ouvrit ses portes le 23 mai, douze jours après la bataille de Fontenoi. Gand fut emporté par un coup de main hardi. Le comte de Lowendahl et le marquis du Chayla étaient chargés de l'attaquer, en se rendant sous ses murs par des routes diffé rentes. Ce dernier fut rencontré par un corps d'ennemis de six mille hommes qui venaient au secours de Gand. Il le battit Affaire de auprès de Mêle. Le marquis de Crillon, le de Gand, marquis de Laval, et le jeune comte de Périgord se distinguèrent dans cette journée. Le corps de du Chayla put se présenter devant Gand au jour indiqué. On se rendit

Mèle, prise

d'Osten

de, etc.

que

qu'enfin tout le monde avait été d'accord c'était sans contredit celle dont le général était à la mort lorqu'elle se donna.

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