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quise. Il insista fortement auprès du duc de Bourbon sur les obstacles qui avaient déjà rendu ce prince indécis. Il lui fit craindre particulièrement l'évêque de Fréjus qui, toujours maître de l'esprit du roi, traverserait par tous les moyens un mariage aussi glorieux, pour la maison de Condé. Il lui représenta en outre que mademoiselle de Vermandois, devenue reine, ne consulterait personne autant que madame la duchesse sa mère, princesse active, ainbitieuse, qui, sans renverser la puissance de son fils, chercherait au moins à le subordonner à ses conseils, à ses ordres. Enfin, M. le duc, suivant Duverney, n'avait pas un moyen plus assuré de s'élever audessus de tous ses ennemis secrets ou déclarés, que de montrer le comble du désintéressement dans une occasion où chacun le croirait occupé de la grandeur de sa maison.

Ces raisonnemens persuadèrent le premier ministre. La marquise, heureuse de n'avoir plus à craindre le joug d'une princesse dont elle était méprisée, ne fut plus occupée qu'à en chercher une qui dût lui être à jamais attachée par la reconnaissance. L'exemple de la princesse des Ursins, qui avait fait, avec un si mauvais succès, la même combinaison, était récent. La marquise de Prie crut de

refuse une fille de

pour le roi

la czarine.

voir porter les précautions plus loin qu'elle dans un choix d'où dépendait toute sa fortune. Elle exclut les princesses d'Italie, dont elle craignait la violence, et celles d'Allemagne, dont elle craignait l'orgueil; elle engagea le duc de Bourbon à refuser un parti beaucoup plus brillant. La czarine Catherine Tere, qui régnait depuis la mort de son époux, avait fait offrir par son ambassadeur la main de la princesse Elisabeth, sa fille, qui depuis fut impératrice de Russie. On s'arrêta peu aux avantages politiques qu'offrait cette grande alliance. La marquise ne pouvait se persuader qu'une fille de Pierre Ier consentît à rester long-temps sous 'sa tutelle; elle lui préféra Marie Leczinska, Et choisit dont le père était, depuis plus de quinze ans, roi détrôné. proscrit par la Russie. Arrêtons - nous un moment pour faire connaître Stanislas et sa fille.

celle d'un

Leczinska "

ses vertus ses malheurs

etc.

Charles XII, dans le cours de ses prospé- Stanislas rités passagères, n'avait rien fait de plus magnanime que de donner à la Pologne, qu'il avait conquise, un roi polonais plein d'amour pour sa patrie et d'horreur pour la fatale influence des Russes, jeune, riche, éclairé, bienfaisant. Tel était Stanislas; mais à peine ce monarque avait-il fait briller sur

8 juillet.

la Pologne les premières lueurs d'un règne 1709. équitable, que la défaite de Charles XII à Pultawa mit en péril sa couronne et ses jours. Hors d'état de résister à une ligue puissante, on le vit, après avoir abandonné son trône, se jeter dans la Poméranie suédoise pour y défendre les possessions de son illustre et malheureux ami. Quand il sut que ce héros s'était retiré en Turquie, et que, par son imprudente opiniâtreté, il avait irrité le gouvernement qui lui donnait asile, il conçut le projet généreux d'aller le trouver, de partager ses malheurs et d'adoucir la violence de son caractère. Il arriva déguisé sur les frontières de la Turquie. Charles XII venait d'être fait prisonnier par les Turcs, après avoir soutenu un siége dans sa maison de Bender. Stanislas fut reconnu et arrêté. Bientôt les Turcs se lassèrent de persécuter deux rois ennemis des Russes. Nous avons parlé des entreprises qui s'offrirent au caractère indomtable de Charles, lorsqu'il rentra dans ses États. Stanislas fut obligé de se séparer de son ami ; mais il n'en fut point oublié. Le monarque suédois, malgré sa détresse, veilla sur les besoins du roi de Pologne, dont les biens considérables avaient été confisqués dans sa patrie. Il lui fit une pension assez forte,

que celui-ci touchait dans le duché de DeuxPonts. La mort de Charles laissa Stanislas sans ressources, mais non sans ennemis. Il y eut un projet formé de l'enlever. Stanislas, après avoir échappé à ce danger, demanda au régent la permission de se retirer dans l'Alsace. Ce prince y consentit avec empressement. Le roi Auguste fit porter à la cour de France des plaintes de l'asile accordé à son ancien rival. Le duc d'Orléans, en répondant à l'ambassadeur de Pologne, se servit de ces nobles expressions: La France a toujours été l'asile des rois malheureux. Depuis ce temps, Stanislas vivait à Weissembourg, soutenu dans le malheur par la philosophie qui apprend à le braver, et par la religion qui va jusqu'à le bénir. Le seul objet Salle, la de ses sollicitudes était sa fille qui, dès l'âge Marie. le plus tendre, avait partagé et adouci tous les maux de sa vie errante. La piété filiale avait développé en elle des vertus actives et modestes. Ses traits n'avaient rien de remarquable; mais la jeunesse, l'innocence et la bonté leur donnaient de la grâce. Sa taille était noble, élégante; son esprit avait plus de justesse que d'éclat; son instruction était médiocre. Elle était timide comme les personnes qui ont appris de bonne heure à se

princesso

défier de la fortune. Sa piété était sincère, indulgente, et n'excluait point la gaîté. Stanislas n'espérait lui trouver un époux que parmi des hommes fort au-dessous du www rang qu'il avait occupé. Un colonel français, le comte, depuis maréchal d'Estrées, avait vu Marie Léczinska, et avait paru faire quelque impression sur son cœur. Stanislas estia mait cet officier, et augurait bien de la carrière qu'il devait remplir. Il lui offrit la main de sa fille, et ne lui demanda d'autre condition que d'obtenir le titre de duc et pair. D'Estrées vint apprendre au régent le bonheur inespéré qui lui était offert, et solliciter la grâce qui en était le prix. Le régent, qui avait beaucoup de moyens de faire cesser lá proscription de Stanislas, ou d'obtenir au moins pour lui la restitution de ses biens, qui se montaient à plus de deux millions de traita le jeune colonel, dont il n'aila famille (a), comme un présomp

mait pas

(a) Louis-César Le Tellier de Courtanvaux, në en 1695, était petit-fils du ministre Louvois; il prit le nom de sa mère Marie-Anne-Catherine d'Estrées à l'extinction de cette famille, dont les biens pas sèrent dans la sienne. On le verra dans le cours de cette Histoire se distinguer à la tête des armées. Il devint maréchal de France et duc à brevet, et mourut en 1771 à soixante-seize ans.

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