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toires, mais Frédéric avait à vaincre la belle armée du prince de Lorraine qui s'ébranlait pour marcher à la défense des États héréditaires. C'était au maréchal de Noailles à remplir cet espoir que la France avait donné au roi de Prusse. Tous les malheurs qu'on avait éprouvés provenaient d'un excès de circonspection. Il était tems d'y renoncer devant un ennemi qui se repliait et qu'on pouvait placer entre le feu de l'armée prussienne et le feu de l'armée française. Un militaire envoyé par le roi de Prusse au camp des Français, le feld-maréchal Schmettau, sollicitait en vain l'activité si vantée de cette nation; Noailles ne parvint à gagner aucune marche sur l'armée autri- pour aller au chienne. Le prince de Lorraine, dont un habile tacticien, le général Trawn, diri- Septembre. geait les mouvemens, put repasser le Rhin avec tranquillité. Il semblait au général français que toute bataille devait avoir la triste issue de celle de Dettingen. Tout faisait un devoir d'engager une action générale; eût-on dû perdre la bataille, le prince de Lorraine n'en continuait pas moins sa retraite. En la gagnant, on permettait au roi de Prusse d'entrer à Vienne.

Louis arriva lorsqu'on avait laissé échap

Le prince

Charles re

passe le Rhin

secours de la Bohême.

2744.

pris en pré

Novembre.

per

la plus belle occasion de vaincre, on se garda bien de la chercher de nouveau. Une forteresse prise en Allemagne suffisait à la gloire du roi; on assiégea celle de Fribourg avec une armée de soixante mille hommes, qui aurait pu porter en Allemagne bien plus de terreur que n'avaient fait auparavant les faibles corps de Belle-Isle, de Broglie, de Ségur et de Maurice de Saxe. Fribourg fut pris après trente-huit Fribourg est jours de tranchée ouverte. Mais pendant sence du roi, qu'on célébrait ce succès à Paris, le roi de 1744. Prusse éprouvait tout le fardeau de la guerre. Le prince de Lorraine marchait à sa rencontre. Les Autrichiens avaient laissé reprendre la Bavière au général de l'empereur Charles VII; ils avaient su renoncer momentanément à cette possession pour rassembler toutes leurs forces contre leur ennemi le plus redoutable. L'habile général Trawn déployait devant Frédéric des manoeuvres qui firent le désespoir et l'admiration de ce grand capitaine. Il reprit sur les Prussiens les postes de Tabor et de Situation Budweiss, dont la perte, deux ans aupaParmée ravant, avait commencé les malheurs des en Bohême. Français en Allemagne; par là il coupait toutes les communications de l'armée prus

critique de

prussienne

sienne avec la Bavière; il s'avançait entre tous les postes prussiens, , que la nécessité de chercher des vivres dans un pays épuisé tenait trop éloignés; il faisait prisonniers des détachemens égarés. Le prince de Lorraine passait l'Elbe et menaçait de séparer l'armée prussienne de la Silésie. Les Saxons se mettaient en mouvement. Enfin le roi de Prusse se vit contraint de s'éloigner de ses conquêtes, et même d'abandonner Prague. Il emportait dans son coeur l'amer dépit de paraître avoir imité toutes les fautes qu'il avait reprochées aux généraux français dans leurs premières campagnes, et d'être en effet victime du peu d'ardeur qu'ils avaient mise dans celle-ci à seconder ses armes. Les Français et les Espagnols avaient ouvert en Italie la campagne de 1744, avec autant d'éclat que le roi de Prusse en Allemagne; mais leurs succès ainsi que les siens s'étaient mal soutenus. Le prince de Conti, convaincu que les entreprises audacieuses sont faites pour le soldat français, avait voulu gravir les Alpes pour en attaquer le redoutable gardien. L'infant Don Philippe s'était réuni à lui; deux Bourbons se partageaient le commandement d'une armée de cinquante mille hommes. On passa

Brillant Francais et gnols en

début des

des Espa

Italie.

le Var le premier avril, mais on fut obligé de perdre un tems précieux en attaquant 1744. les différens châteaux de Nice, de VillePrise de franche et de Montalban. Vers la fin de juillet on avait forcé tous ces remparts du Dauphin, Piémont ; il ne restait plus à prendre que

Nice, de

Villefran

che, de Château

de Montal

de Démont.

ban du fort Château-Dauphin. Deux mille Piémontais défendaient ce roc escarpé; mais le bailli de Givry, chargé de cette entreprise, avait avec lui le héros de Prague et d'Egra, Chevert. Ce brave officier monte avec quelques grenadiers à l'escalade; une brigade, commandée par le duc d'Agénois, les suit, et d'autres corps viennent les soutenir; après un combat acharné, le fort est emporté, 19 juillet. la garnison est prisonnière. Ce succès avait été acheté par la perte de deux mille hommes, le duc d'Agénois y avait été blessé; un autre combat livre les barricades. Les Alpes sont franchies, le fort de Démont est réduit, Coni est investi. Le roi de Sardaigne montrait, en se défendant contre les Français, autant devigilance et d'activité qu'il avait mis de lenteur et d'inertie cal'culée lorsqu'il combattait avec eux. Il avait réparé et approvisionné avec beaucoup de soin toutes ses forteresses, et surtout celle de Coni. La saison avancée contrariait le

Coni est investi.

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cette place,

Sardaigne y

moins des renforts.

siége de cette ville; on était à la fin de septembre, les neiges commençaient à tomber en abondance. Ces obstacles ne suffisaient pas pour rassurer Charles Emmanuel. Emporté par un desir de gloire, et peut-être par sa haine contre les Français, il voulut détruire, dans une bataille, l'armée assiégeante. Il s'avança le 30 septembre, et il attaqua une redoute qui couvrait les Français et les Espagnols. Pendant que ce poste était vaillamment défendu, le prince de Battu devant Conti, par une manoeuvre habile, fit avan-le roi de cer sa cavalerie, de manière à tenir en échec jette néan toute la droite des Piémontais. Le roi de Sardaigne redoubla en vain ses efforts contre la redoute, il fut repoussé par l'infanterie espagnole; cependant on ne put jeter aucun désordre dans les rangs dés troupes sardes qui profitèrent de la nuit pour exécuter leur retraite. La perte des vaincus avait été de cinq mille hommes, mais il était facile à Charles Emmanuel de recruter son armée. La perte des Français et des Espagnols ne s'élevait pas à trois mille hommes, mais les Alpes allaient bientôt être fermées aux renforts qui leur étaient nécessaires. La garnison de Coni ne se montra point ébranlée par la défaite du roi. Des pluies conti

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