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commandait les Français. Le 22 février 1744, l'amiral Mathews se présenta devant eux avec une escadre fort supérieure en nombre; elle était de quarante-cinq vaisseaux de ligne, mais il crut devoir engager l'action avant d'avoir rallié toutes ses forces; une de ses divisions resta en arrière. Les Anglais manoeuvrèrent avec une habileté qui les rendit maîtres du vent : ils parvinrent à rompre la ligne espagnole pendant que celle des Français était arrêtée par une autre division. Un combat furieux s'engagea entre cinq vaisseaux anglais et le vaisseau amiral espagnol le Royal-Philippe de centdix canons. Celui-ci fit la résistance la plus héroïque. Après un long combat, il était presque totalement désemparé, mais il avait fait souffrir le plus grand dommage au vaisseau amiral anglais. Mathews résolut alors de se servir d'un de ces moyens que toutes les nations devraient rejeter comme odieux. Il fit avancer un brûlot pour embraser le Royal - Philippe. Plusieurs vaisseaux devaient masquer l'approche de ce petit bâtiment; ils manoeuvrèrent mal, le brûlot fut

découvert devant le Royal-Philippe. Un marin français, de Lâage, qui commandait le vaisseau par la mort du capitaine, fait

reste aux Es

tirer sur le brûlot et l'atteint. L'Anglais furieux, qui se voit près de couler bas, se fait sauter avec son équipage; mais les débris du brûlot ne causent aucun dommage au Royal-Philippe. L'amiral français de Court s'était enfin dégagé; il arrive au secours des Espagnols, reprend un de leurs vaisseaux, et la nuit finit le combat. L'amiral Mathews, qui avait beaucoup souffert, fut obligé de relâcher à Minorque. Les flottes L'honneur en combinées se retirèrent à Carthagène. pagnols. L'honneur de cette bataille navale où la victoire fut indécise, resta aux Espagnols. L'amiral Mathews fut près de payer de sa tête un engagement maritime où les Anglais n'avaient pas vaincu. Le chevalier de Court, vivement accusé par les Espagnols de ne leur avoir apporté qu'un secours trop tardif, fut puni par une disgrâce qui pouvait être considérée comme un bienfait pour sa vieillesse; il fut envoyé dans une de ses terres où il acheva ses jours dans un calme philosophique.

On renonce

en Angle

terre.

La flotte qui devait menacer l'Angleterre à la descente d'une descente évitait le combat en toute occasion; les Anglais contrariés par la saison ne pouvaient l'y forcer. Le Prétendant était monté sur cette flotte, et de nombreux

1744.

Campagne

crifié pour

bâtimens de transport marchaient à sa suite; mais le 15 mars une violente tempête la dispersa. Quoique tous les vaissaux fussent parvenus à rentrer, on parut totalement découragé par le mauvais succès d'une première tentative. On fut sourd aux prières du Prétendant qui ne demandait qu'un seul vaisseau pour se saisir de son héritage. Ce qu'il osa entreprendre l'année suivante, ses rapides succès en Ecosse, la terreur qu'il porta jusque dans Londres, annoncent combien l'Angleterre eût été déconcertée par l'exécution sérieuse du premier projet.

Tout avait été subordonné à l'expédition des Pay: des Pays-Bas. Deux belles armées attenBas. daient dans la Flandre française le signal Tout est sa- pour entrer en campagne; l'une était comson succès. mandée par le maréchal de Noailles, et devait faire le siège de différentes forteresses de la Flandre et du Brabant, avec la plus formidable artillerie et le corps d'ingénieurs le plus distingué de l'Europe; l'autre commandée par le maréchal de Saxe servait d'avant-garde, et devait couvrir les sièges. L'armée des Alliés ne s'élevait pas à plus de soixante mille hommes; on avait le double de combattans à leur opposer. Louis XV se sentait encore retenu à Versailles par la mol

l'armée.

sonnages l'y

lesse, et par une timidité dont le cardinal de Fleury avait fait une fatale apathie. Il craignait son inexpérience dans les armes, et semblait se défier autant de ses troupes que de lui-même. La duchesse de Châteauroux voulut faire excuser sa faiblesse aux Français en appelant leur maître aux Le roi va à combats, à la gloire. Le comte d'Argenson, Quels perministre de la guerre, Chavigny, les ma- déterminent. réchaux de Noailles et de Saxe, et le duc de Richelieu secondaient avec zèle les nobles inspirations que le roi recevait de la duchesse de Châteauroux. Mais elle n'avait point entendu se séparer de son amant. Elle voulait le suivre au milieu des camps, et couvrait ce scandale des couleurs de l'héroïsme et de la chevalerie. Louis consentit supporter les travaux de la guerre. La nation apprit avec ivresse que son roi allaitparaître à la tête d'une armée.

à

déclarée à la

Hongrie.

Louis avait cru donner un nouvel éclat La guerre est à ses projets belliqueux, en faisant une dé-reine de claration de guerre contre la reine de Hongrie que ses armées combattaient depuis trois ans. Sa maison militaire l'avait précédé: il partit pour l'armée le 3 mai; il avait pour aides-de-camp les ducs de Richelieu, de Luxembourg, de Boufflers, d'Aumont,

Menin.

4 juin.

vient à Lil'e

sa inaîtress .

d'Ayen et le prince de Soubise. Le comte d'Argenson et Chavigny le suivaient. La première opération fut d'investir Menin. On prit cette place après sept jours de tran1744. Prise de chée ouverte. Les courtisans avaient eu soin de paraître souvent en alarmes quand le roi visitait les travaux du siège. On crut devoir honorer la prise d'une forteresse assez chétive par un Te Deum. Le roi, feignant une grande impatience d'aller remercier le Le roi re- dieu des armées, revint à Lille; la duet y trouve chesse de Châteauroux l'y attendait ; elle avait pris congé de la reine dont elle était dame d'honneur, et qui jamais ne s'était vue bravée d'une manière plus cruelle que par un tel voyage. Trois princesses du sang s'étaient offertes pour servir de compagnes à la favorite. L'une était la duchesse de Modène, cette fille du régent qui dans sa jeunesse avait manifesté avec tant d'éclat sa passion pour le duc de Richelieu. Les deux autres étaient la duchesse de Chartres et la princesse de Conti. Le Te Deum fut chanté en présence du roi et de sa maîtresse qui témoignaient, par leurs regards, la joie de se revoir; les soldats s'égayèrent sur un Te Deum aussi hàtif. La duchesse de Châteauroux devint l'objet des plaisanteries du

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