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se divisaient. Le maréchal de Broglie ne savait où se porter; on échouait dans des entreprises dont le succès était nécessaire pour assurer la position de l'armée. On ne pouvait reprendre les postes de Tabor et de Budweiss, ni marcher au secours du comte de Ségur. Tantôt on rentrait dans la Bavière, tantôt on en était encore une fois expulsé. Munich était repris, abandonné. De vingt mille hommes, l'armée bavaroise était réduite à six mille. Le comte de Saxe montrait seul de la vigilance et de l'audace ; prévoyant que les Français ne tarderaient pas d'être enfermés dans Prague, il voulut Prise d'Egra. leur ménager un point d'appui ou de refuge, 1742. par la prise d'Égra. Il réussit dans cette conAvril, quête, et Chevert fut encore une fois son second.

Activité du prince Char les de Lorraine,

Le roi de Prusse observait et maudissait toutes les fautes de ses alliés. Errant sans cesse de la Moravie dans la Bohême, il trouvait partout, devant lui, un guerrier auquel son extrême activité, sa bravoure, et plus encore sa patience, tenaient lieu d'un génie éclatant, et même de bonheur (a).

(a) Le prince Charles de Lorraine possédait un grand moyen de succès dans la confiance et l'affec

C'était le prince Charles de Lorraine, frère du grand duc; on pouvait le comparer au prince d'Orange, ce redoutable adversaire de Louis XIV. Il fut, comme lui, souvent vaincu et, comme lui, redoutable après ses défaites. Le roi de Prusse n'avait pu l'entamer; enfin ayant réuni sous ses ordres l'armée saxonne, ce monarque s'avançait en 1743. Bohême, dans l'intention d'attirer sur lui les Autrichiens, qui assiégeaient Lintz. Mais cette place avait capitulé, et le comte de Ségur s'était rendu prisonnier pour un an, 24 janvier. avec une garnison de six mille hommes.

la Suède.

Les négociations devenaient partout dé-Désastres de favorables. La France avait voulu contenir la Russie par la Suède; mais ce malheureux royaume avait expié, par un prompt désastre, son dévouement à la puissance dont il recevait les subsides. Un corps suédois de douze mille hommes avait été taillé en pièces dans la Finlande (a), par le général russe Lascy: cette défaite était, pour la Suède,

tion qu'il avait inspirées aux troupes; il était particulièrement renommé pour son intelligence dans le détail des vivres. Ce prince épousa l'archi-duchesse Marianne, sœur cadette de la reine de Hongrie.

(a) A Willmanstrund, en septembre 1741.

Deux

révolutions

Novembre.

comme un complément de la fatale journée de Pultawa. Quelque difficile qu'il lui fût de réparer un pareil échec, ce peuple belliqueux s'apprêtait cependant à de nouveaux efforts, pour venger l'honneur de ses armes. La cour de France ne pouvait envoyer de secours à ces alliés ; à défaut d'autres moyens de diversion, elle s'occupa de changer le gouvernement de leurs vainqueurs, par une révolution de palais. Le maréchal de Belle-Isle prépara cette intrigue pour laquelle on trouva des facilités inespérées. Mais ni la France, ni la Suède, ne recueillirent aucun fruit de la catastrophe qui agita le trône, la famille, et les vieux compagnons de Pierre-le-Grand. Jetons un coup-d'oeil sur ces événemens, qui ouvrirent un vaste champ aux combinaisons politiques.

La czarine Anne était morte le 27 octoen Russie. bre 1740. La fermeté qu'elle n'avait cessé de montrer, avait contenu un peuple in1740. Décembre. quiet dans son esclavage, et qui subissait à 1741. regret la domination des étrangers dont

l'impératrice écoutait les conseils, et savait balancer le crédit. Deux ennemis acharnés, Biren et Munnich, se disputaient en vain une domination exclusive; Anne rendait im

puissante leur haine mutuelle, et ne sacrifiait point, dans Munnich, le défenseur de ses états à l'orgueilleux Biren, dont elle avait fait son amant. Avant de mourir, elle avait nommé son successeur; c'était un enfant au berceau, fils de la princesse Anne de Mecklembourg, mariée au duc de Brunswick Bévern (a), et nièce de l'impératrice. Il fut proclamé sous le nom d'Yvan VI. Biren avait été nommé régent, au préjudice de la mère de l'empereur; il n'avait osé frapper le vainqueur d'Oczakow dans les premiers jours de son autorité; sous le voile d'une apparente réconciliation, il l'attirait dans le piège. Munnich employa, de son côté, la dissimulation avec d'autant plus d'avantage, qu'il passait pour être peu versé dans cet art des cours. Tout était prêt pour une conspiration qu'il avait ourdie avec le duc et la duchesse de Brunswick; elle devait éclater dans la nuit du 20 novembre. Avant de partir pour rallier les conjurés, Munnich soupait avec le régent; celui-ci lui demanda s'il n'avait jamais rien entrepris de considérable pendant la nuit. Munnich, sans se déconcerter d'une question qui sem

(a) Ce mariage s'était fait le 15 juillet 1739.

blait annoncer l'arrêt de sa perte, répondit qu'il n'avait jamais fait d'attaque nocturne ; mais qu'ordinairement, il ne laissait pas échapper une occasion favorable. Trois heures après ce redoutable entretien, il entrá dans le palais, se fit reconnaître des gardes qui avaient été les compagnons de ses exploits, surprit le régent plongé dans un profond sommeil, le chargea de fers, fit arrêter toute sa famille, et dispersa ses créatures. La régence fut confiée à la mère de l'empereur. Munnich savoura le plaisir de la vengeance; il envoya Biren en Sibérie, et traça lui-même le plan de la prison dans laquelle cet homme abhorré devait expier ses crimes.

Munnich allait porter au plus haut degré la puissance de la Russie; mais des ombrages s'élevèrent bientôt entre lui et la duchesse de Brunswick. Celle-ci, dans la grande querelle qu'alluma la succession d'Autriche, prit d'abord parti pour le roi de Prusse, parent de son époux. Munnich ne trouvait ni généreux, ni politique, d'abandonner la reine de Hongrie, après les garanties solennelles que la cour de Pétersbourg avait souvent données à l'empereur Charles VI. La régente et le duc de

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