Imágenes de página
PDF
ePub

l'imagination, et l'autre le bon sens. Nous verrons celui dont on honorait ainsi la sagesse, périr avec un courage imprudent et forcené.

Les Belle-Isle furent écoutés. Un ministré âgé de quatre-ving-six ans ne put lutter contre le parti chaque jour plus puissant de ces brillaus aventuriers. Pour son malheur et pour celui de la France, il eut la faiblesse de garder encore le pouvoir, lorsqu'il ne put maintenir la paix. Sa lenteur, son économie et peut-être son dépit, traversèrent des plans qui demandaient à être exécutés avec audace. Il ne voulut point déclarer la guerre ; il la commença sous le titre d'allié, n'accorda que la moitié des troupes nécessaires, et les mit sous le comLes Français, mandement de l'électeur de Bavière ; celuiBavière. ci reçut le titre de lieutenant-général des armées du roi de France, pendant que tout s'agitait pour lui faire décerner le titre d'empereur.

alliés de

Allemagne.

de

Les armées françaises entraient dans l'Al1741. 11s entrent en lemagne, et le maréchal de Belle-Isle la remplissait du fracas de ses négociations. Il courait de Francfort à Dresde, et de là au camp du roi de Prusse. Partout il signait un traité, ourdissait une intrigue et achetait

un suffrage. Il avait séduit le faible Auguste III qui déjà faisait marcher ses troupes saxonnes. Les autres électeurs, dont les États étaient ouverts, soit à l'invasion du roi de Prusse, soit à celle des Français, se tenaient heureux d'obtenir une neutralité et promettaient leurs voix. Le roi d'Angleterre lui-même promettait la sienne comme électeur de Hanovre. On attendait l'Espagne ; on marchandait le roi de Sardaigne.

succès de leurs armes. \ et de leurs négociations.

28 octobre.

Les succès des armées alliées furent d'a- Premiers bord aussi rapides que ceux des négocia tions; mais leurs progrès n'étaient le résultat d'aucune victoire. On prenait les provinces de Marie-Thérèse sans pouvoir rencontrer ses armées. De la Silésie, le roi de Prusse s'était porté sur la Moravie; l'armée française et bavaroise s'avançait dans 3 juillet. l'Autriche; Passau et Lintz avaient ouvert leurs portes. Déjà on menaçait Vienne. Des partis qui s'étaient portés à peu de distance de cette capitale, voyaient faire plus de pré-: paratifs de fuité que de résistance. L'électeur de Bavière se défia de la fortune au moment où elle paraissait tout faire pour lui. Il ne tenta point de profiter de la première épouvante d'une ville qui semblait lui livrertout l'Empire. Il considéra le peu de moyens

Is entrent en
Bohême

qu'il avait pour entreprendre un siége, tan

au lieu d'aller dis que tout lui montrait le

droit à

Vienne.

cette pre

peu de moyens qu'avaient les habitans de Vienne pour se défendre. Il se détourna de cette ville pour marcher sur la Bohême, quittant ainsi un pays ouvert pour le pays le plus difficile. Principe de La jalousie qui corrompt toutes les ligues, mière faute, avait éclaté dès le commencement de celle-ci. L'électeur de Bavière avait craint que l'électeur de Saxe ne s'emparât de la Bohème et ne la gardât pour lui. Les Français craignaient, de leur côté, de livrer à la Bavière tous les états de l'Autriche, et d'élever une maison plus puissante sur les ruines de la maison de Hapsbourg. A l'approche de l'hiver de 1741, tous les corps de l'armée française et bavaroise se mettaient en route pour une expédition qui allait les disséminer sur un long espace, et pouvait les isoler. Le plus habile des généraux français, le comte Maurice de Saxe, prévit seul ce danger. Il voulait qu'on ne s'écartât point du Danube. Une barrière. telle que ce fleuve mettait à l'abri des surprises, assurait les conquêtes et en promettait de nouvelles. C'était aux Saxons, disait Maurice, à subjuguer la Bohême. L'armée prussienne qui déjà s'était emparée d'Olmutz, suffisait à l'occupation de la Mo

[ocr errors]

ravie. Charles Albert eut le malheur d'être indocile aux représentations du seul guerrier dont les talens pussent conduire cette campagne.

On pénétra dans la Bohême, on s'empara 1741. des postes importans de Tabor et de Bud- octobre. weiss, on marcha droit à Prague, et on se réunit sous les murs de cette ville, à l'armée saxonne. Le marquis de Ségur gardait l'Autriche avec un corps de quinze mille hommes. Tabor et Budweiss étaient gardés par des corps plus faibles. Des détachemens autrichiens chassés de la Silésie, et qui erraient sans direction, attaquèrent ces deux postes, chassèrent de l'un le maréchal bavarois Thoring, et de l'autre l'officier français de Leuville. Par cette opération, tout le corps de Ségur était déjà coupé de l'armée de Bohême. Le grand duc de Toscane s'avançait dans la Moravie, au secours de Prague; une trève conclue avec le roi de Prusse lui avait permis ce mouvement. Il n'était plus qu'à cinq lieues de la ville assiégée; tout était perdu pour les Français et pour leur allié, si l'on ne s'en rendait maître. Point de retraite à travers des montagnes couvertes de neige, point de vivres, pas une seule forteresse de refuge. Le comte de Saxe

Assau' et
Prise de

sauva par son courage, l'armée qu'il avait voulu sauver par sa prudence. Un officier français, né dans cette classe plébéïenne, qui depuis a donné tant de grands généraux à la France, Chevert, alors lieutenant colonel du régiment de Beauce, fut après lui, le li→ bérateur de l'armée.

La nuit du 25 novembre 1741 fut choisie Prague pour donner un assaut général à Prague. Cette ville était mal fortifiée, mais ses murs semblaient devoir la mettre à l'abri d'une surprise. Elle était défendue par une garnison de trois mille hommes, sous les ordres de l'irlandais Ogilvi. On avait résolu de faire trois attaques différentes; les deux premières étaient fausses; elles trompèrent ce commandant qui dégarnit trop la ville neuve, laquelle n'était défendue que par quelques ouvrages avancés, en mauvais état. Le comte de Saxe allait, après un long circuit, diriger une attaque sérieuse de ce côté; il en avait déjà fait la reconnaissance avec Intrépidité Chevert. Ce dernier appela un grenadier adier fran- intrépide de son régiment, et eut avec lui

de Chevert

et d'un

çais.

ce dialogue d'une simplicité héroïque : » Vois-tu cette sentinelle là devant ? » Oui, mon colonel. - Elle va te dire qui » va là? ne réponds rien, mais avance. —

« AnteriorContinuar »