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ces différens compétiteurs, un seul se préparait à agir, c'était le dernier. Il était jeune, il avait un trésor, l'amour de la gloire et peu de scrupules. Il marcha; le roi le mojus puissant de l'Europe l'ébranla toute entière.

roi de Prusse

Dès le mois de décembre 1740, deux Entrée du mois après la mort de l'empereur, Frédéric en Silésie s'avança sur la Silésie avec vingt bataillons et trente escadrons. Il prit ou dispersa de faibles détachemens qui erraient dans cette province; il surprit des places, en assiégea d'autres, souleva en. sa faveur les Protestans et se garda bien d'opprimer les Catholiques. Quand il se vit maître de la Silésie, à l'exception de deux ou trois forteresses, il s'expliqua ; et comme si la reine de Hongrie ne devait avoir aucun ressentiment d'une si brusque invasion, il lui offrit son amitié, son alliance, le secours de ses armées et sa voix électorale dans la diète de l'Empire pour le grand duc de Toscane, pourvu qu'on lui laissât la paisible possession d'une province qui donnait une face nouvelle à son royaume. La reine ne vit qu'une insulte dans des offres qu'avait précédées l'acte d'hostilité le plus violent et le plus injuste. Elle crut devoir confondre un roi qu'à la cour

de Vienne on considérait encore comme un vassal. Elle fit sortir de prison le baron de Neuperg à qui l'on reprochait le honteux traité conclu avec la Porte, etlui donna le commandement d'une armée de vingt-quatre mille hommes, destinée à secourir les villes de Brieg et de Neiss qui se défendaient encore contre le roi de Prusse, et à délivrer la Silésie. Neuperg mit de la vigueur et de l'habileté dans ses premières opérations. Il tendait à séparer le roi de Prusse de ses magasins, et déjà il avait coupé ses communications avec un corps commandé par le duc de Holstein. Le roi de Prusse ne pouvait sortir d'une position fâcheuse que par le gain d'une bataille. Neuperg rassemblant toutes ses forces à l'approche d'une journée décisive, ne chercha plus à surprendre les détachemens prussiens qui se réunissaient avec beaucoup de difficulté. Il vint se présenter à Molwitz, sur la rivière de Neiss, devant le roi dont l'armée était Bataille de déjà rangée en bataille. Neuperg, qui s'aperçut de l'infériorité de la cavalerie prus1741. o avril, sienne, la fit charger avec impétuosité, et parvint bientôt à l'enfoncer. Frédéric voulut la rallier, ses efforts furent vains; après une charge malheureuse, il fut lui-même

Molwitz.

entraîné dans la déroute. Porté à deux ou trois lieues du champ de bataille, il crut que son premier jour de combat était un jour d'ignominie. La fortune veillait sur lui. Son excellente infanterie répara tout le désordre. Al'exemple de Gustave-Adolphe, il avait placé deux bataillons entre les rangs de sa cavalerie qu'il jugeait trop faible. On vit ces deux bataillons se rejoindre en bon ordre à l'infanterie de la droite. Celle-ci eut d'abord à écarter par son feu les cavaliers prussiens qui dans leur fuite auraient enfoncé ses rangs. A découvert devant la cavalerie autrichienne, elle la contint pardes décharges rapides et continuelles, et ne fut point entamée. Pendant que le combat se soutenait ainsi à l'aile droite des Prussiens, leur aile gauche, commandée par le maréchal Schwérin, élève de Charles XII, se maintint avec avantage dans une position où elle ne pouvait être tournée. Mais l'infanterie de la droite touchait au moment le plus périlleux; ses munitions étaient épuisées par un feu de cinq heures, et déjà les soldats fouillaient les morts pour avoir des cartouches. Ce corps, après une si glorieuse résistance, allait poser les armes, lorsque le maréchal Schwérin, se portant

Fleury répugne a cette guerre

avec sa gauche sur le flanc droit des Autrichiens, décida la victoire. Les Autrichiens gardèrent peu d'ordre dans leur retraite. Cette journée leur avait coûté plus de huit mille hommes dont douze cents faits prisonniers. La perte des Prussiens était à peu près de six mille hommes. Le roi de Prusse apprit cette victoire au moment où il songeait à réparer une défaite. L'Europe admira en lui un grand capitaine, lorsqu'il venait seulement d'apprendre à le devenir. Ce qui restait à conquérir de la Silésie fut le prix de la bataille de Molwitz, et la ligue contre l'Autriche en fut le résultat le plus important.

L'électeur de Bavière n'attendait pour éclater qu'un signal de la France. Il recherchait ardemment une alliance qui avait été si fatale à son père Maximilien. Lui-même dans sa jeunesse avait vu les suites déplorables de la bataille d'Hochstet. Il avait été fait prisonnier par les Autrichiens, maîtres de la Bavière. Ce souvenir mêlait aux voeux de son ambition des motifs de vengeance.

Le cardinal de Fleury n'était point sécomme la duit par la vaine gloire de substituer la

précédentę.

maison de Bavière à la maison d'Autriche,

ni par la gloire, plus fausse encore, de dépouiller à main-armée une héritière légitime que la France avait reconnue par un pacte solennel. La perspective d'une semblable guerre inquiétait sa conscience et désolait sa vieillesse. Il alléguait la foi des traités, la probité magnanime que les souverains doivent conserver entre eux, les dangers d'une guerre où la France, en comptant beaucoup d'alliés, aurait à craindre beaucoup de trahisons; enfin les chances redoutables des expéditions lointaines qui usent la patience, les forces et la discipline des armées. Ces pressentimens d'un sage vieillard étaient accueillis avec une sorte de dérision.

de Belle

Isle la fait

Un homme beaucoup trop vanté par le cardinal échauffait tous les esprits ; c'était le comte bientôt maréchal, de Belle-Isle. Il possédait le talent souvent pernicieux, de Le come concevoir avec facilité, d'expliquer avec résoudre. une clarté séduisante, de vastes plans politiques et militaires. Dès qu'il touchait une carte de l'Europe, son imagination cherchait et trouvait les moyens d'en changer toute la face: c'était l'Albéroni de la France. Son frère le secondait. On appelait l'un

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