Imágenes de página
PDF
ePub

nouvel ordre de bataille se développait à peine, que les alliés opposèrent la disposition la plus propre à le renverser. Une des colonnes autrichiennes fut contenue par l'infanterie française, et l'autre, celle qui longeait le Pô, après une vive résistance, céda enfin au choc des alliés. La cavalerie autrichienne fut alors à découvert; mais elle sut profiter habilement de quelques difficultés du terrain pour contenir la cavalerie française, et donna le temps aux bataillons de faire encore front au centre des alliés. Cette action, l'une des plus meurtrières qui eussent, depuis longtemps, ensanglanté l'Italie, avait duré plus de huit heures. La fatigue était extrême des deux côtés. Le combat avait été quelquefois suspendu par le soin d'emporter les morts et les blessés, dont le nombre était effrayant. L'approche de la nuit vint ranimer l'ardeur des Français, qui voulaient, à quelque prix que ce fût, rester maîtres du champ de bataille. Ce ne fut qu'à dix heures du soir que les impériaux l'abandonnèrent entièrement, leur retraite fut imposante. Ils avaient perdu, comme à Parme, dix mille hommes tués ou blessés, et en outre cinq pièces de canon et trois étendards. Le prince de Wirtemberg avait été blessé à mort. La perte des

alliés était presque aussi forte. Le roi de Şardaigne, malgré la pusillanimité qu'on lui reprochait depuis l'ouverture de la campagne, montra dans cette journée une bravoure et des talens dignes de ses aïeux : il avait commandé le centre de l'armée. Le maréchal de Broglie avait senti qu'il lui fallait plus que de la valeur pour réparer la déroute de la nuit du 15; ses manœuvres avaient été celles d'un militaire qui s'était long-temps distingué sous les ordres de Villars; mais ce fut son dernier jour de gloire. On en peut dire autant du maréchal de Coigny, qui depuis soutint faiblement la renommée acquise par les deux batailles de Parme et de Guastalla. Le duc d'Harcourt et le comte de Châtillon s'étaient montrés avec éclat dans cette journée. Le marquis de Lanion et le marquis de Pezé furent tués. On citait parmi les blessés d'Affry, Châtillon, Louvigny, le marquis d'Estaing, le comte de Boissieux, Monjeon, d'Avaray, Lachâtre, Lamothe, Guébriant, Juigné, d'Amentières et Tessé.

y

ces deux vic

Ce sang fut inutilement versé : La victoire utilité de de Guastalla eut encore moins de résultats toires. que celle de Parme. Le roi de Sardaigne,. en sortant du champ de bataille, revint bientôt à la timidité ou à la perfidie qui

Fleury se

pressede né

l'avait fait s'opposer à tout progrès des alliés. D'autres causes arrêtèrent encore les Français; une partie de l'armée avait perdu ses bagages dans la nuit du quinze, ce qui était alors un obstacle pour marcher en avant. Le général Koenigsegg se posta auprès de Luzara entre des digues; on le laissa se fortifier dans cette position. Peu de temps après, par une marche hardie, 'il fit lever le siége de la Mirandole au marquis de Maillebois; à la fin d'une campagne signalée par deux victoires, les Français avaient perdu un peu de terrain, et ils attendaient sous les murs de Crémone des secours de dom Carlos. On eut lieu, dès le commencement de 1735, de se repentir d'avoir si peu profité des plus brillans avantages. L'indiscipline et les maladies, suite ordinaire de l'inaction, sé déclarèrent dans l'armée d'Italie. On se maintint dans la conquête du Milanais, parce qu'on y fut faiblement attaqué. En Allemagne, les opérations militaires eurent si peu de résultat, qu'elles ne méritent aucune mention dans l'histoire. On négociait déjà.

Le cardinal de Fleury était pressé de tergocier; pour miner une guerre à laquelle il avait été quoi. entraîné. La honte d'avoir abandonné, ou

plutôt trahi Stanislas, semblait couverte par

les succès des armées d'Allemagne et d'Italie. L'Autriche, qui avait payé par la perte des deux Siciles, de Philipsbourg, et d'une partie de la Lombardie, le stérile et trompeur avantage de donner le trône de Pologne à un roi tributaire de la Russie, commençait à réparer ses fautes, et surtout était en mesure de profiter de celles que les Français lui faisaient espérer par leur indiscipline et par les discordes élevées entre leurs généraux. Un secours de quarante mille hommes que la czarine, touchée des malheurs de Charles VI, envoyait à ce monarque, allait demander des efforts nouveaux à la France. Fleury craignait par-dessus tout l'intervention de l'Angleterre. Cette puissance L'Angle avait gardé, pendant la guerre de 1733, un calme auquel ni la France ni l'Espagne n'osaient se fier. Le nouveau trône dont la maison de Bourbon venait de s'emparer, celui de Naples, devait exciter l'envie de la Grande-Bretagne. Au parlement, on accusait déjà Robert-Walpole de rester spectateur immobile d'un événement si digne de l'attention des puissances maritimes; mais son premier ce ministre avait des desseins à exécuter Walpole.' dans l'intérieur de l'Angleterre, avant de se livrer à d'autres entreprises. La maison

[ocr errors]

terre.

ministre,

[ocr errors]

de Hanovre ne lui paraissait pas encore assez solidement établie sur le trône. Georges Ier, qui était mort en 1727, n'avait été, pendant son règne, que l'instrument d'un parti. Les démêlés qu'il avait eus avec le prince de Galles son fils, devenu le moteur déclaré du parti de l'opposition, avaient encore affaibli sa puissance. Ce fils régnait sous le nom de Georges II. Walpole, auquel il donnait toute sa confiance, entreprit de rendre flexible la constitution qu'il ne vou lait pas briser. Il imagina, le premier, le tarif qui salarie une majorité constante dans le parlement. Il formait à Georges II un trésor particulier que ce monarque faisait passer dans son électorat de Hanovre. Les opérations que Walpole méditait sur les finances lui rendaient la paix nécessaire encore pendant quelques années. Cette circonstance permit aux puissances européennes de finir en deux ans une guerre dont, un peu plus tard, l'Angleterre aurait su prolonger les désastres. Cependant Walpole et son frère l'ambassadeur, sous le voile des négociations pacifiques, commençaient à faire sentir leur influence. Le cardinal de Fleury eut le bonheur de les éluder et de conclure sans eux la paix la plus utile et la plus glorieuse que

« AnteriorContinuar »