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avait plus de dessein arrêté. On se porta sur Mayence pour en faire le siége; un mouvement du prince Eugène fit renoncer à cette entreprise. On chercha ensuite à pénétrer dans la Souabe; on trouva encore le prince Eugène occupant des défilés où on le regardait comme inexpugnable. Pour ne pas obscurcir la gloire du siége de Philipsbourg par des revers qui n'auraient été que le juste prix de tant d'incertitude, on prit des quartiers d'hiver pendant les plus beaux jours de l'automne.

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Des succès plus éclatans, obtenus en Italie dans cette même campagne de 1734, furent également suivis d'une tiédeur et d'une mollesse que les Français victorieux montraient pour la première fois. Jamais l'Autriche n'avait paru plus menacée de perdre toutes ses possessions en Italie, et jamais aussi elle n'avait mérité ce malheur par plus d'imprévoyance. Depuis quinze ans, les projets de la reine d'Espagne sur cette contrée avaient été annoncés, continués ou repris avec une opiniâtreté qui n'avait cessé de tenir l'Europe dans quelque agitation. Cependant l'Au triche n'avait pas, au commencement de cette guerre, plus de dix mille hommes pour couvrir l'Italie, et laissait le royaume

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disgrâces de l'expédition d'Albéroni. Le duc de Montemar dispersa, culbuta vingt mille Autrichiens qui défendaient la Sicile, et parvint à ne leur laisser d'autre asile que Messine, Syracuse et Trépani. A l'exception de ces trois villes, toute cette île était, en 1735, soumise au nouveau roi de Naples.

Les impériaux faisaient dans la Lombardie une résistance plus digne de leur renommée. Le roi de Sardaigne ne les servait que trop par sa lenteur à les poursuivre. La politique de cette maison et celle de la plupart des princes italiens, avait été de tout temps de tenir une sorte de balance entre la France et l'Autriche. Charles-Emmanuel craignait que les Français, s'ils chassaient les Allemands de toute l'Italie, ne fussent tentes de garder pour eux quelque partie des conquêtes communes. De là son obstination à ne point s'éloigner du Milanais qui suffisait à son ambition. Le maréchal de Coigny, qui succéda au maréchal de Villars, ne réussit pas mieux que son prédécesseur à exciter cet allié suspect et défiant. Il fallut encore combattre sur le Pô, lorsqu'un mouvement un peu énergique pouvait porter les Français jusque sur l'Adige. Les Autrichiens avaient reçu des renforts pendant un hiver que leurs ennemis

avaient passé dans l'inaction. La campagne s'était ouverte par des marches compliquées, incertaines, que l'ignorance ou la flatterie appelait des marches savantes. Le comte de Mercy, qui avait rallié les différens corps autrichiens épars dans l'Italie, crut pouvoir se maintenir dans le duché de Parme, qui avait été l'un des premiers prétextes de la guerre. Le maréchal de Coigny vint l'y attaquer. Le roi de Sardaigne, qui voulait bien consentir à une victoire des Français, mais non aux avantages qu'ils pouvaient en retirer, s'abstint de donner à ses troupes aucun ordre perfide. Le maréchal de Coigny n'était plus qu'à une lieue de Parme; le 29 juin, les deux armées étaient en présence. Une maison isolée, placée entre elles, fut le premier point d'attaque. Le général autrichien de La Tour s'y porta avec impétuosité. Cinq compagnies de grenadiers français, qui s'y étaient embusquées, le repoussèrent. Bientôt l'action s'engagea sur tous les points : elle dura depuis dix heures du matin jusqu'à huit heures du soir; les Autrichiens, qui avaient commencé à plier, étaient ramenés au combat par leurs généraux qui s'élançaient à la tête des colonnes. Le comte de La Tour fut grievement blessé; le général en chef de Mercy

Les Français gagnent la Parme.

bataille de 1734.

fut tué en chargeant les Français : c'était le destin des Mercy d'être toujours distingués et malheureux dans les combats. Le prince de Wirtemberg prit le commandement; et, déjà résolu d'abandonner le champ de bataille, il voulut au moins s'y maintenir jusqu'à ce que la nuit favorisât la retraite. Il réussit dans ce projet; et son armée, qui avait fait la perte énorme de dix mille hommes tués ou blessés, ne fut point mise en déroute. L'armée victorieuse avait perdu quatre mille hommes, dont mille officiers. Le maréchal de Coigny et le maréchal de Broglie se partagèrent l'honneur de la bataille de Parme, à laquelle le roi de Sardaigne n'avait point assisté. Mais l'un et l'autre peuvent être blâmés de n'avoir mis ni vigueur ni habileté à poursuivre les ennemis vaincus. Ils parurent ignorer toujours les mouvemens des généraux autrichiens. Ils employèrent deux mois à soumeltre un pays tout ouvert, et formant à peine vingt lieues de terrain. Une conduite si timide de la part des alliés avait déjà rendu le courage à l'armée autrichienne.Un nouveau général, tacticien habile, le comte de KoenigsIls sont sur- egg, venait d'y rétablir la discipline. Elle put, Bage de la dès le mois de septembre, faire un sanglant

pris au pas

Secchia.

1734. affront aux vainqueurs de Parme. Le prince

25 septemb.

de Wirtemberg, par l'ordre de Koenigsegg, passa de nuit la Secchia à un gué que les Français connaissaient et n'avaient point gar+ dé, et tomba avec une troupe d'élite sur le quartier du maréchal de Broglie. Les Français, étourdis de cette attaque imprévue, ne purent se ranger en bataille. La surprise et la confusion furent telles, que le maréchal fut obligé de se sauver en chemise. On courut pêle-mêle vers le camp de Coigny, en abandonnant sans combat aux ennemis tous les bagages et quatre mille prisonniers. Le corps d'armée, qui venait d'essuyer cette déroute, en butte à des plaisanteries cruelles, brûlait de laver son outrage. Les Français prévoyaient avec plaisir que les ennemis viendraient leur présenter la bataille. Ils restèrent retranchés auprès de Guastalla. Des cris de joie s'élevèrent lorsqu'on aperçut les corps autrichiens qui s'approchaient. Le 19 septembre, on,fut 'Et vainen présence. A dix heures, l'action com core à Guaamença par une charge impétueuse de la ca- 1734. valerie impériale. Elle fut deux fois repoussée par la cavalerie française, et revint se former derrière les bataillons. Bientôt elle reparut sur deux escadrons de front, appuyée sur deux colonnes d'infanterie, dont l'une suivait le Pô, et l'autre la chaussée de Luzara. Ce

quenrs en

talla.

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