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le vieux maréchal, soit pour le punir de son inactivité, soit pour conserver en toute rencontre l'honneur des armes françaises, engagea l'action. Il chargea les ennemis avec tant d'impétuosité, qu'il les dispersa et leur fit quelques prisonniers. Ce fut là le dernier exploit de Villars. La fatigue et le chagrin lui causèrent une maladie à laquelle il sentit qu'il allait succomber. Il fut obligé de se relirer à Turin, où il mourut le 17 juin 1734, dans la même chambre où il était né quatrevingt-quatre ans auparavant, lorsque son père était ambassadeur auprès de cette cour. Après sa mort, laguerre d'Italie fut reprise avec une nouvelle ardeur et des succès nouveaux; mais voyons ce qui se passait en Allemagne (a).

(a) Louis-Hector, duc et maréchal de Villars, naquit à Turin en 1651. L'illustration de sa famille était récente. Son père s'était plus distingué dans la carrière des ambassades que dans celle des armes. Villars entra fort jeune au service. Il se trouva au passage du Rhin, au siége de Maestricht, au combat de Senef, et s'avança rapidement par sa bravoure et sa capacité militaire. Il ne commanda en chef que dans la guerre de la succession d'Espagne. On lui dut deux victoires dans le temps où l'honneur des armes françaises commençait à être compromis. L'une fut remportée à Fridelingue sur le prince de Bade, et eut des résultats assez im

Mort du maréchal de Villars.

Opérations militaires

L'armée qui devait agir sur le Rhin était sur le Rhin. eonfiée au maréchal de Berwick. Cent mille hommes bien approvisionnés s'avançaient dans l'Alsace, et n'attendaient qu'un signal pour passer le Rhin. Le duc de Noailles, le comte de Belle-Isle, le marquis d'Asfeld, le portans; l'autre à Hochstedt en 1703, dans ce même lieu où, deux ans après, les Français éprouvèrent un désastre si cruel. Sans doute il eût su le prévenir; mais comme l'électeur de Bavière se plaignait du ton altier de ce général, Louis XIV l'éloigna, et l'envoyà, en 1704, combattre les Protestans refugiés dans les Cévennes. Il sut, dans cette guerre civile, modérer son caractère impétueux, et il soumit les révoltés beaucoup plus par la prudence que par la force. Bientôt après, une belle campagne défensive sur le Rhin le fit regarder comme le seul espoir qui restât à la France. Il débloqua le fort Louis; et, après avoir forcé les Autrichiens dans les lignes de Stohlhofen, il fit des incursions dans le Palatinat, dans la Souabe et dans la Franconie. En 1708, il fut chargé de couvrir le Dauphiné menacé par le duc de Savoie, et y réussit. Ses faits militaires depuis 1709 sont rapportés dans le cours de cette Histoire. On connaît ce mot qu'il dit un jour à Louis XIV : Sire, je vais combattre les ennemis de V. M., et je vous laisse au milieu des miens. Le Journal de Villars est trèsprécieux pour l'histoire. Ce général s'en occupait avec soin. Le premier volume de ses Mémoires est entièrement écrit de sa main.

comte Maurice de Saxe, le duc de Richelieu, le prince de Tingri, en commandaient les principaux corps. On eût dit, à voir la manière dont la France et l'Autriche se présentaient au combat, que c'était cette dernière puissance qui avait subi tous les désastres de la guerre d'Espagne. En effet, l'armée autrichienne était à peine de soixante mille hommes, et mettait à fortifier ses positions un soin qui indiquait de la faiblesse et de la crainte. L'hiver commençait; le vieillard qui gouvernait la France craignit d'exposer à l'intempérie de la saison une armée aussi florissante, et fit perdre par là les avantages que promettait la première impétuosité des soldats. Berwick fut forcé Prise du fort de prendre du repos, après s'être emparé 1733. au mois de décembre du fort de Kehl. Quatre mois d'inaction suivirent ce coup de main. Au mois d'avril 1734, l'armée se remit en mouvement. On avait regardé le passage du Rhin comme impraticable en hiver, quoiqu'on fût maître du fort de Kehl. Tant d'hésitation et de timidité étonnent à l'époque où j'écris. On se proposait d'attaquer les Autrichiens dans les lignes d'Erlingen où ils s'étaient retranchés avec de longsel de dispendieux travaux. Enfin, le Rhin est passé. Le due

de Kehl.

de Noailles, secondé du comte de Saxe, se présente avec quinze mille hommes devant les lignes défendues par douze mille Autrichiens. 1734. Les Français débouchent du haut d'une montagne, essuient une décharge à bout portant, et sautent dans les retranchemens. Ils se maintiennent dans les postes qu'ils ont emportés. Le maréchal de Berwick, se déployant alors dans la plaine, force les Autrichiens à une retraite qu'ils font en assez bon ordre. Le prince Eugène ne parut à leur tête que le lendemain de cette action. Il en apprit le résultat avec beaucoup de flegme. Laissez faire messieurs les Français, dit-il, je n'ai jamais été du sentiment de ces lignes, elles ne sont faites que pour des poltrons. Le comte de Belle-Isle venait pendant ce temps de soumettre le pays de Trèves. Encouragé par ce double succès, le maréchal de Berwick se.porta sur Philipsbourg, et en commença le siége. Cette guerre se faisait avec peu de passion de part et d'autre. On ne songeait point à pénétrer en Allemagne; une place forte, conquise sous les yeux du prince Eugène, paraissait un résultat assez glorieux pour une campagne. La tranchée fut ouverte la nuit du 1er juin; le siége Bsbourg était poussé avec vigueur, et l'armée qui le

Siége de Phi

protégeait était disposée dans un tel ordre, que le prince Eugène n'osait l'attaquer. Le commandant de Philipsbourg, à la tête d'une garnison nombreuse, annonçait la plus belle résistance. Les Français disputaient entre eux de courage et même de témérité. Berwick ne pouvait les contenir, ni se contenir lui-même. Il s'avança dans une reconnaissance si imprudemment, qu'il se trouva placé entre les feux des assiégeans et celui des assiégés. Un boulet tua le vainqueur de Berwick d'Almanza (a). Le vainqueur de Denain

(a) Le maréchal de Berwick, fils naturel de Jacques II, était neveų, par sa mère, ArabelleChurchill, du célèbre duc de Marlborough. Sa destinée fut d'être toujours armé contre ses parens les plus proches, puisqu'il eut à combattre son oncle et son fils, et à traverser les entreprises de son frère, le chevalier de Saint-Georges. Le hasard le fit naître dans le royaume qu'il devait si bien servir. Sa mère, en revenant des eaux de Bourbon, le mit au jour à Moulins en 1671. Lorsque son père fut chassé du trône par la révolution de 1688, Berwick le suivit et prit du service en France. Il reçut, pour prix de plusieurs actions d'éclat, l'honneur de commander en Espagne. Il y gagna, la bataille d'Almanza, dans laquelle il tua cinq mille hommes aux alliés et leur fit neuf mille prisonniers. Les Mémoires du maréchal de Berwick ont plus d'exactitude que d'originalité. On les attri> bue à l'abbé de Margon.

cn 1707,

Le maréchal

y est tué.

1734.

19 juin.

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