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ses promesses et celles de Catherine avaient déjà gagné les chefs: les dons étaient prodigués aux soldats; ils aimaient dans Menzicoff le plus vaillant et le plus habile des compagnons de Pierre-le-Grand. Ce général sollicitait leurs suffrages pour Catherine; bientôt les acclamations qui la saluèrent impératrice de toutes les Russies, retentirent dans le palais où se trouvait renfermé un petit-fils de Pierre-le-Grand. Le sénat, qui penchait pour le fils d'Alexis, et qui avait proposé de consulter le peuple, fut obligé de souscrire au vœu des soldats. Cette subite fortune, un supplice peut-être évité, un trône usurpé sur l'héritier du czar, des précautions bien prises pour un événement que la Russie

lement dans les fonctions civiles. Tout ce qu'avait conçu son maître, il l'exécutait avec intelligence et vivacité. Sa fortune était cimentée par l'avènement de Catherine au trône; on croit qu'elle avait été auparavant sa concubine. Ses grandes qualités étaient obscurcies par l'avarice et la violence. Il acquit de si grands biens qu'il pouvait, disait-on, aller de Riga en Livonie jusqu'à Derbent en Perse, en couchant toutes les nuits dans ses terres. Déjà puni de ses exactions par une forte amende, il en avait commis de nouvelles dont Pierre était instruit; et le bruit de sa disgrâce était répandu dans Pétersbourg lorsque le czar mourut.

Sa veuve lui succède.

Et ne lui survit que

Soupçons

regardait comme inattendu, firent élever des soupçons contre Catherine et contre le guerrier qui l'avait si bien servie. Celui-ci, coupable de grandes exactions, avait à craindre la sévérité d'un souverain que la reconnaissance n'arrêtait pas long-temps. Cependant la maladie de Pierre-le-Grand fut avérée, et les historiens les plus recommandables rejettent le soupçon d'un empoisonnement. Le règne de Catherine s'annonçait comme ving-sept devant être presque aussi glorieux que celui de son époux. Un de ses actes les plus remarquables fut un traité d'alliance conclu entre la Russie et l'Autriche. Menzicoff fut sur la mort le négociateur de ce traité, que nous verrons bientôt produire des effets contraires aux intérêts de la France. On prétend qu'à la faveur des conférences intimes qu'il eut avec l'ambassadeur d'Autriche, il prit avec cette cour des engagemens qui étaient de nature à menacer le règne et la vie de la czarine; que celle-ci, livrée à de nouveaux amans, tendait à se délivrer d'un ministre impérieux, et qu'il était temps pour lui de prévenir une disgrâce inévitable. Quoi qu'il en soit, Menzicoff promit au cabinet de Vienne d'assurer la couronne au fils du cza rowitz Alexis, lequel était neveu par sa

de

Catherine I.

mère de l'impératrice d'Allemagne, femme de Charles VI; et l'Autriche, de son côté, consentit à ce que le futur czar épousât la fille de Menzicoff. Ce traité était à peine conclu et signé, que Catherine mourut à l'âge de trente-neuf ans, le 16 mai 1727, après vingt-sept mois de règne, et le petit-fils de Pierre-le-Grand fut proclamé empereur le même jour.

Suivant quelques relations, la mort de Catherine Iere n'avait été précédée d'aucune maladie grave, et elle fut accompagnée de convulsions violentes qui décelaient l'effet du poison; mais les meilleurs historiens reconnaissent au contraire que la czarine, effrénée dans ses plaisirs, succomba, comme son époux, à des excès d'intempérance. Ils disent qu'elle dépérissait depuis long-temps, et qu'une fluxion de poitrine avança la fin de ses jours.

sance

de

- Menzicoff, soit qu'il eût d'avance médité Tonte-puisl'élévation de Pierre II, soit que sa politique Menzicoff. lui prescrivît de servir avec éclat un prince vers lequel tous les regards se tournaient, montra pour lui tant de zèle, qu'il parut seul lui avoir décerné la couronne. Il se rendit maître du palais, et se fit donner le titre de vicaire général de l'empire. Sa fille

1727.

ful fiancée au jeune czar, en altendant l'âge. 6 juin. de consommer le mariage. Tout tremblait devant lui. Un enfant renversa ce prodige d'orgueil et de fortune. Dolgorouki, jeune compagnon du czar, sut inspirer à ce prince, âgé de treize ans, la résolution la plus courageuse. Tous deux s'échappèrent d'une maison de campagne, dont le ministre avait fait une prison pour son maître. Une escorte disposée par la puissante famille de Dolgorouki, les reçut en chemin et les conduisit à Saint-Pétersbourg. Le czar fut accueilli de ses sujets et de sa garde avec le plus vif enthousiasme. Tous lui offraient de le délivrer de son tyran. On craignit cependant de mettre un homme si redoutable à l'épreuve Sa disgrâre. de ce qu'il pourrait faire pour son salut. Le czar se contenta de l'exiler dans son magnifique château de Rennebourg, Menzicoff obéit; mais il eut l'imprudente vanité de partir pour son exil et de sortir de Pétersbourg avec le faste d'un souverain qui va prendre possession d'un nouveau royaume. Les murmures qu'il excita parmi le peuple, avertirent ses ennemis qu'on pouvait impunément lui porter des coups plus cruels. Ils l'accablèrent tellement, qu'ils en firent un objet de pitié pour l'univers. Ils arrêtèrent

Septembre.

ses équipages. On le dépouilla de ses babits somptueux pour lui en faire porter de bure. On le chargea de chaînes, on le livra à tous les genres d'opprobre. Sa femme, son fils, 1727. et ses deux filles, dont l'aînée était fiancée au czar, furent, traînés avec lui en Sibérie. On fit choix pour eux du désert le plus âpre, le plus dépourvu de moyens de subsistance. Ils n'eurent une chaumière et ne purent soutenir leur existence que par le travail de leurs mains. Menzicoff supporta toutes ces épreuves avec le plus ferme courage, et surtout avec une résignation religieuse qui les lui faisait considérer comme une expiation de ses excès, et peut-être de ses crimes.

Les Dolgorouki, investis d'autant de pouvoir qu'en avait eu Menzicoff, marchaient, sans s'en douter, vers une catastrophe encore plus tragique que la sienne. La destinée les poussait à leur tour vers les déserts de la Sibérie, d'où plusieurs d'entre eux ne devaient sortir que pour monter à l'échafaud. Pierre II mourut de la petite-vérole le 29 janvier 1730, Pierre 11. dans la troisième année de son règne et la quinzième de son âge. Un peu auparavant il avait été fiancé avec la sœur de son jeune favori.

Mort du jeune czar

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