Imágenes de página
PDF
ePub

Agiotage, corruption,

en faisaient attendre de nouvelles. Une exception fut portée en faveur des protestans d'Alsace, d'après leurs capitulations.

Le duc de Bourbon avait déjà pour cliens, vénalité. sous la régence, tous les hommes que leur

adresse et leur avidité dans les affaires avaient flétris, sous le nom d'agioteurs. Ils s'emparèrent aisément de son administration. Il y eut un tarif convenu pour les grâces, les priviléges et les charges importantes. On pouvait, sans hésiter, s'adresser à la marquise de Prie dans les négociations de ce genre. Cependant, afin de se concilier l'opinion publique, elle avait recherché les hommes de finance alors les Les frères plus considérés, les frères Pâris. Ceux-ci,

Paris.

courageux antagonistes du systême de Law, s'étaient souvent trouvés en opposition avec M. le duc sous la régence. Ils s'étaient deux fois rendu nécessaires dans les grandes crises de finance qui ouvrirent et qui terminèrent l'administration du duc d'Orléans. Plus ambitieux que cupides, ils avaient la prétention de tout conduire. Ils souillèrent leur réputation en se liant avec la marquise de Prie, qui les rapprochait de tous les fripons dont ils avaient été la terreur. Les plus grandes affaires de l'État furent soumises à l'un d'eux

particulièrement, à Pâris Duverney. Son
génie financier, mis à l'épreuve, ne trouva
que
de communes et de trompeuses ressour-
ces. Il n'avait le droit de contrôler aucune
dépense (a); on lui demandait des édits bur-
saux pour y faire face; par la nécessité de
déguiser l'impôt, il le rendait plus onéreux.

duc de Ri

Le maréchal de Villars et le duc de 1723. Noailles reprirent de la faveur sous le minis- Décembre. tère de M. le duc; ils entrèrent au conseil où ils eurent le privilége dérisoire de pouvoir discuter des projets qui avaient été invariablement résolus par la marquise de Pric. L'ambition du duc de Richelieu, toujours Faveur de humiliée par le régent et par Dubois, ne chelieu. manqua point de s'exercer sous le règne d'une femme galante. Il s'occupa de lui plaire, quoiqu'il n'espérât point la fixer. La marquise fit succéder au goût passager qu'elle avait eu pour lui, un intérêt déclaré pour sa fortune. Richelieu se montrait le plus zélé de ses partisans, et conservait cependant des intelligences secrètes avec ses ennemis. L'un et l'autre donnaient à ce commerce le nom d'amitié. Un autre homme, déstiné à jouer

(a) Le président Dodun était contrôleur général des finances; Pâris-Duverney administrait sous son nom sans avoir aucun titre.

Procès du

ministre de

Blanc.

un rôle éclatant, le comte depuis maréchal de Belle-Isle, attirait les regards à cette époque, et commençait sa carrière au milieu des disgrâces et des persécutions. La haine que la marquise de Prie signala contre lui, devint ensuite son meilleur titre de recommandation. Ceci me donne occasion de parler d'un procès dans lequel il fut impliqué.

Parmi les ministres du duc d'Orléans,

[ocr errors]

la guerre Le aucun si l'on en excepte le garde des sceaux d'Argenson, n'avait eu plus de réputation d'habileté que le secrétaire d'État de la guerre Le Blanc. On ne donnait pas les mêmes éloges à son désintéressement. On prétendait que le systême de Law avait élevé sa fortune jusqu'à dix-sept millions. Il plaisait au régent par la netteté de son travail, et par la souplesse de son caractère. Comme il connaissait ce prince, il n'avait jamais essayé de substituer son influence auprès de fui, à celle du cardinal Dubois. Il affectait de ne paraître qu'un protégé du favori, et se refusait toutes les occasions de montrer des connaissances qui manquaient à celui-ci. Tant de circonspection ne put cependant le mettre à l'abri des ombrages d'un homme jaloux de toute espèce de mérite. Après la

Juillet.

chute du systême, Le Blanc avait dans son ministère un arriéré considérable qu'il s'agissait de couvrir. On en était à examiner ses 1723. comptes, lorsque le trésorier de la guerre, La Jonchère, fit banqueroute. Cet événement excita contre Le Blanc des rumeurs que Dubois, alors premier ministre, eut soin de propager. On lui reprochait d'avoir puisé dans la caisse de La Jonchère pour son propre compte, et d'en avoir causé le déficit, Bientôt la marquise de Prie lui suscita un accusateur puissant dans le duc de Bourbon. Celte femme venait d'avoir les démêlés les plus odieux avec sa mère, madame de Pléneuf; dans l'éclat de leur rupture, Le Blanc était resté fidèle à celle-ci qui était son ancienne amie. La marquise de Prie, en le faisant poursuivre par son amant, jouissait du chagrin qu'elle causait à sa mère. Dubois fut enchanté de satisfaire sa propre haine, et de paraître seconder celle de M. le Duc. La Jonchère fut arrêté et mis à la Bastille. Le Blanc fut renvoyé du ministère et exilé. L'intendant de Limoges, Breteuil, fut nommé par le cardinal Dubois pour le remplacer. C'était le prix du service qu'il avait rendu à ce prélat en supprimant la preuve de son mariage. Le MM.de Bel comte et le chevalier de Belle Isle, accusés impliqués.

le-Isle y sont

d'avoir favorisé les fraudes de La Jonchère, furent décrétés d'ajournement personnel. Après la mort du cardinal, le duc d'Orléans montra de la répugnance à suivre cette affaire. Comme il s'était déjà rapproché de tous ceux que la jalousie de Dubois avait éloignés de lui, on ne doutait pas qu'il ne rendît bientôt sa confiance et son amitié à Le Blanc. Mais celui-ci eut tout à craindre quand le duc de Bourbon, investi de la toutepuissance, fut maître de son sort. La marquise de Prie, constante dans sa haine, le 1724. fit mettre à la Bastille. Les promesses et les menaces furent tour à tour employées auprès de La Jonchère pour l'engager à charger dans ses déclarations l'ancien secrétaire d'État de la guerre. On arracha de lui quelques aveux qu'il rétracta bientôt. On supposa que c'étaient les deux frères Belle-Isle. qui, entretenant avec lui une correspondance secrète, avaient su lui rendre de la fermeté. On se vengea sur eux, ils furent

On les aceuse d'assassinat.

aussi conduits à la Bastille.

Pâris-Duverney s'était montré un ennemi déclaré de La Jonchère et de tous ses coaccusés. Un particulier, qu'on prétendait de sa taille, fut percé de huit coups de poignard, et laissé pour mort, par cinq ou six hommes

« AnteriorContinuar »