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tion avec Louis XV son neveu, et, depuis ce temps, l'union la plus étroite se maintint entre les deux branches espagnole et française de la maison de Bourbon. La reine d'Espagne, après tant de variations, après tant de projets inspirés par la passion et trahis par la fortune, était bien loin de renoncer à l'établissement de dom Carlos. Le moment approchait où les deux successions de Parme et de Toscane allaient s'ouvrir. L'Autriche montrait toujours la même répugnance à laisser les Espagnols pénétrer dans l'Italie. Un congrès qui s'était ouvert à Soissons (a) pour cet objet, avait été aussi infructueux que celui de Cambrai. La cour d'Espagne fut plus heureuse dans ses négociations avec la France et l'Angleterre. Par le traité de Séville, conclu le 29 novembre 1729, il fut convenu que le roi d'Espagne pourrait faire passer six mille hommes en Italie pour assurer les droits éventuels de dom Carlos, et que les deux autres cours feraient tout pour le mettre en possession des duchés de Parme et de Toscane. Ce traité reçut une promple

(a) Le 14 juillet 1728, les plénipotentiaires y prirent place autour d'une table tellement ronde, qu'il n'y avait ni haut ni bas bout.

Journal de Louis XV.

Traité de Séville.

dernier Far

nèse; ses

aui'as.

exécution. Le duc de Parme, oncle de la Mort da reine d'Espagne, mourut en 1731 sans laisser d'enfans; mais il déclara par son testament que la duchesse sa femme était grosse. Le fait était faux; l'Autriche affecta d'y croire et fit entrer des troupes dans le duché de Parme, sous prétexte d'en assurer la possession à l'héritier qui allait naître. Le roi d'Espagne rappela à ses nouveaux alliés leur promesse. Le cardinal de Fleury mit la plus grande fidélité à tenir la sienne, et l'Angleterre lui montra dans cette occasion une déférence qui entretint sa sécurité. Six mille Espagnols s'embarquèrent à Barcelone sur une flotte anglaise et descendirent à Livourne. L'infant, aidé de ce secours, occupa le duché de Parme, d'où les Autrichiens crurent devoir se retirer. Ainsi une branche de la maison de Bourbon rentra dans l'Italie, si fatale aux deux maisons d'Anjou. Le gouvernement anglais se fit payer chèrement par l'Espagne un service qui semblait s'écarter des règles de sa politique accoutumée : il obtint la permission d'envoyer tous les ans un vaisseau à Porto-Bello, demande modeste en apparence, mais qui lui fournissait les moyens de faire un commerce interlope avec toutes les colonies espagnoles.

de Victor

emprisonne

ment; sa

mort.

Le maître du Piémont n'intervint point Abdication dans cet événement qui pouvait changer Amédée; son la face de l'Italie. Mais Victor-Amédée ne régnait plus. Le seul des rois de l'Europe qui eût à cette époque un caractère prononcé et des ressources personnelles, avait, par un caprice inattendu, suivi l'exemple de Charles+ Quint, auquel il ressemblait par son activité et ses fourberies politiques. Il avait abdiqué en 1730 (a). On croit qu'il avait formé ce

(a) Différens mémoires expliquent autrement cette abdication, et tendent à prouver qu'elle n'était que simulée. Un italien anonyme fournit sur ce sujet des conjectures assez curieuses, mais qui offrent trop peu de garantie à l'histoire. Voici com ment il les présente :

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Victor Amédée avait à craindre le résséntiment des cours de Vienne et de Madrid, ayant traité avec chacune d'elles au moment où elles allaient devenir ennemies. En 1730, l'empereur Charles VI ayant résolu de s'opposer à l'entrée des Espagnols en Italie, proposa au roi de Sardaigné de lui fournir un corps de douze mille hommes * moyennant une somme de trois mille écus, et le gouvernement à vie du Milanais. Victor-Amédée y consentit et reçut la somme. Quelque temps après, l'ambassadeur d'Espagne à Gênes se rendit à Turin incognito, et offrit au roi de Sardaigne les villes de Pavie et de Novare, avec quelques territoires adjacens, au-delà du Tésin, à condition qu'il se

dessein depuis quelques années. Il s'était occupé avec ardeur de l'instruction de son fils Charles-Emmanuel; dans toutes les occasions il le présentait à son peuple et à son armée. Après avoir eu long-temps des maîtresses faciles, il avait conçu une affection fondée sur l'estime, pour la comtesse de Saint-Sébastien,fem me assez âgée, mais du commerce le plus intéressant. Il l'avait épousée, sans lui communiquer son projet d'abdication. Trois semaines après, il fit, en grande pompe et avec une apparence de philosophie, cet acte qu'un prompt repentir suit presque toujours. Il ne se réservait qu'une pension de deux cent mille écus, et

joindrait à Philippe V pour chasser les impériaux de l'Italie. Victor-Amédée trouvant ces offres plus avantageuses que celles de l'empereur, les accepta et promit de fournir une armée à l'infant D. Carlos.

L'empereur, instruit de cette perfidie, menaça Victor-Amédée des plus terribles effets de sa vengeance. Celui-ci nia d'abord le fait; mais, voyant bientôt après la cour de Vienne disposée à entrer dans les mesures des alliés de Séville, il fut saisi de terreur, et imagina, pour se tirer du mauvais pas où il s'était engagé, d'abdiquer la souveraineté jusqu'à ce que le ressentiment des quatre grandes puissances qu'il avait trompées et qui s'apprêtaient à le punir fût tout-à-fait appaisé.

se proposait de vivre en épicurien délicat, dans une retraite charmante, près du lac de Genève; mais les plaisirs d'une vie calme, que les princes ont quelquefois enviés aux sages, ne séduisent pas long-temps des ames qui ont connu le besoin d'une agitation perpétuelle. Victor-Amédée resta toujours le plus inquiet des hommes dans son modeste château. Il tomba malade, et s'offensa du peu d'empressement que le roi son fils mettait à le visiter. Il le rappela par des lettres sévères aux devoirs de la reconnaissance et de la piété filiale. Il était guéri, lorsque Charles - Emmanuel vint le voir accompagné de la reine et de ses ministres. L'un de ceux-ci, le marquis d'Orméa, devait tout à Victor-Amédée, et cherchait à inspirer au jeune roi l'ingratitude dont son propre cœur était rempli. Ce ministre s'inquiéta de la soumission craintive etrespectueuse avec laquelle Emmanuel recevait les reproches de son père. Il lui persuada de partir précipitamment. Victor, outré, résolut de suivre son fils. Il part, mais il s'arrête à Montcalier; timide pour la première fois, il écrit au roi qu'il se conforme à ses conseils; et que, ne voulant point s'exposer à passer l'hiver dans le climat rigoureux de la Savoie, il lui

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