Imágenes de página
PDF
ePub

ι

blique auprès de la cour d'Espagne. Pendant qu'il remplissait cette mission, il abjura le calvinisme, et se flatta de subjuguer un monarque dévot par un acte aussi lâche, aussi extravagant. D'abord, il n'en reçut pour salaire qu'un mépris général; mais sa présomption et son opiniâtreté lui ouvrirent enfin un accès à la cour. Il s'efforçait de copier Albéroni; et comme la reine se repentait d'avoir laissé renvoyer ce ministre, elle vit dans Riperda un homme qui pouvait la dédommager de cette perte. Il réussit à prouver que le marquis de Grimaldo était vendu à l'Angleterre, et il lui succéda. Mais, entraîné par sa bassesse, il ne tarda point à se vendre lui-même au cabinet de Londres. Il lui donna connaissance des articles qu'il avait réglés avec l'Autriche, et par l'un desquels cette puissance et l'Espagne s'engageaient, dit-on, à rétablir le prétendant sur le trône. Les seigneurs castillans épiaient toutes les démarches de Riperda, et ils parvinrent à ouvrir les yeux de Philippe V sur la perfidie de ce ministre Sa disgrace. fanfaron. Le roi s'était borné à le destituer de tous ses emplois. On vit alors combien un homme que sa conscience accuse, se trahit par l'excès de ses terreurs. Riperda crut

[ocr errors]

qu'on en voulait à sa liberté, à ses jours ; et il vint, dans un carrosse prêté par l'ambas sadeur de Hollande, se réfugier chez Stanhope, ambassadeur d'Angleterre. L'asile qu'il avait choisi, fut considéré comme une preuve manifeste de sa vénalité. Le gouvernement fit investir l'hôtel de Stanhope; et cet ambassadeur, après d'inutiles protestations, fut obligé de rendre Riperda. On enferma celui-ci au 1726. château de Ségovie. Il parvint à s'en échapper au bout de quelques mois, et se retira en Angleterre (a). Les aventures qu'il eut depuis, présentent à la fois le comble de la démence et de l'infamie.

Mai.

tre l'Espa

Le gouvernement espagnol voulut réparer Rupture enle temps qu'avait fait perdre Riperda dans gne et l'Al'exécution des projets contre l'Angleterre.

(a) Riperda revint en Hollande, s'y lia avec un envoyé de Maroc et le chargea d'offrir ses services à son souverain. Ils furent agréés; et le même homme qui s'était fait catholique à Madrid, devint musulman à Maroc. Il troubla cet État dont il fut un moment le ministre, en créant une secte qui était un mélange des trois religions chrétienne, juive et musulmane. Chassé, proscrit avec les malheureux qu'il avait entraînés, il mourut en 1737 à Tétouan, dans le royaume de Fez, l'homme le plus méprisé chez l'un des peuples les plus méprisables de l'univers.

gleterre.

[ocr errors]

Février. Le siége de Gibraltar fut entrepris; mais déjà 1727. cette forteresse était abondamment pourvue Gibraltar. de troupes, de vivres et de munitions. Les

Siége de

Fleury fait

cesser cette guerre.

'Anglais rirent d'un siége mal conduit, et qui, au bout de cinq mois, ne leur causait encore aucune inquiétude. Il fallut y renoncer. Les Espagnols firent la vaine démonstration de bloquer une place qui, chaque jour, pouvait être secourue par la mer. Pendant ce temps, les Anglais arrêtaient les galions, et coupaient toute communication de l'Espagne avec ses colonies. Philippe V éprouvait encore plus de confusion et de repentir qu'il n'en avait eu des mauvais succès d'Albéroni. La France vint à son secours. Le cardinal de Fleury eut l'honneur de la médiation qui termina une guerre, que j'appellerais ridicule, si une guerre pouvait l'être.

Fleury, le plus intègre des ministres, n'avait point succédé à l'infâme pension de Dubois et de la marquise de Prie; mais, fortement convaincu du besoin de la paix, il croyait devoir l'assurer par des complaiMotif de son sances pour l'Angleterre. Il n'était pas aisé Angle de satisfaire cette puissance, qui montrait toujours un armement prêt dès que le plus léger de ses intérêts maritimes était blessé.

attachement

terre.

sa

pole.

Quand les Anglais furent persuadés qu'ils n'avaient aucun ombrage à prendre du cardinal de Fleury, et que ce ministre ne s'occupait nullement de rendre à la France une marine florissante, ils mirent tous leurs soins à le flatter et lui firent même le sacrifice de quelques-unes de leurs prétentions. L'ambassadeur d'Angleterre, Horace-Walpole, était Les Wall'homme le plus fait pour suivre invariablement ce plan de conduite. Frère d'un homme d'État (Robert Walpole), qui créa dans patrie un systême de corruption que le temps a maintenu, il savait jouer la franchise, et professait une grande amitié pour le cardinal. Dès le ministère de M. le duc, il s'était lié avec l'adroit évêque de Fréjus. Il fut le seul qui vint le visiter à Issy, lorsque le duc de Bourbon voulut l'éloigner des affaires. Le cardinal s'en souvenait avec reconnaissance, et ne parlait de lui que comme d'un ami dont le cœur lui était connu. Le gouvernement britannique, d'après les instructions de Walpole, laissa jouer à Fleury le rôle du médiateur le plus considéré. Les Anglais ne firent aucune insulte à une escadre française de douze vaisseaux de ligne qui sortit de Brest sous le commandement du marquis d'O, et entra dans la Méditerranée, où elle 1727.

Traité

de Paris.

fut jointe par six galères aux ordres du chevalier d'Orléans. L'objet de cette expédition était d'appuyer la médiation de la France. Des articles préliminaires, et bientôt un traité, 31 mai. furent signés à Paris. Les Anglais y obtinrent la suspension, pendant sept ans, de la compagnie d'Ostende. La France contribuait ainsi à assurer leur domination exclusive sur les mers. Ils prodiguèrent les louanges au car dinal de Fleury, et flattèrent la vanité d'un vieillard pacifique en le présentant comme l'arbitre de l'Europe (a).

Cependant Fleury recueillit un fruit trèsheureux de cette médiation; ce fut de ramener la plus parfaite intelligence entre la Philippe France et l'Espagne. Le roi Philippe n'était avec le roi. heureux qu'en reprenant ses liens avec sa patrie. Il se hâta d'annoncer sa réconcilia

se réconcilie

Août.

(a) Quelque timide que fût le cardinal de Fleury dans ses mouvemens maritimes, il osa cependant, à l'exemple de Louis XIV, venger le pavillonfrançais des outrages d'un Etat barbaresque. Tripoli avait donné de grands sujets de mécontente ment. Une escadre de onze vaisseaux ou frégates, commandée par le chef d'escadre Grandpré, partit de Toulon, se présenta devant Tripoli le 19 juillet 1728, bombarda cette ville et en détruisit la plus grande partie. Les corsaires vinrent bientôt implorer le pardon du roi.

« AnteriorContinuar »