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d'Ostende.

part au commerce maritime, et venait d'établir à Ostende une compagnie des Indes Compagnie orientales (a). Pour se mettre à l'abri des mesures de l'Angleterre et de la France, l'Autriche se rapprocha de l'Espagne et reçut / avec joie les ouvertures qui lui étaient faites

(a) « La cour de Vienne avait établi cette com pagnie en 1722, sur un plan tracé quelques années auparavant par un négociant anglais nommé Colebrook. Celui-ci s'était adressé, pour le faire adopter, au prince Eugène. Il prétendait que cette entreprise animerait l'industrie de tous les États de la maison d'Autriche, donnerait à cette puissance une marine, dont une partie serait dans les Pays-Bas, et l'autre à Fiume ou à Trieste, la délivrerait de l'èspèce de dépendance où elle était encore des subsides. de l'Angleterre et de la Hollande, et la mettrait en état de se faire craindre jusque dans Constanti→ nople.

« Le prince Eugène sentit le prix des ouvertures qu'on lui faisait, mais il ne voulut rien précipiter. Pour accoutumer les esprits de sa cour et ceux de l'Europe entière à cette nouveauté, il fit partir, en 1717, avec ses seuls passe-ports, deux vaisseaux pour l'Inde. Le succès de leur voyage multiplia les expéditions dans les années suivantes. Toutes les expériences furent heureuses, et le conseil de Vienne crut pouvoir, en 1722, fixer le sort des intéressés, par l'octroi le plus ample qui eût jamais été accordé.

<< La nouvelle compagnie qui avait un fonds de

Traité de Vienne.

par cette cour. Ces négociations eurent des résultats rapides, mais passagers; le traité fut signé à Vienne le 30 avril 1725. L'empereur consentit à reconnaître les droits héréditaires de l'infant dom Carlos, sur les États de Toscane, de Parme et Plaisance. L'ordre de succession au trône d'Espagne, établi par le traité d'Utrecht, était enfin reconnu par l'Autriche; et, de son côté, le roi d'Espagne garantissait l'ordre de succession que l'empereur avait fixé pour ses propres États; enfin, l'Autriche promettait à l'Espagne ses bons offices pour lui faire restituer par l'Angleterre Gibraltar et l'île de Minorque. Un traité de commerce et un traité, d'alliance défensive furent conclus presque en même temps. L'Angleterre sonna l'alarme sur le rapprochement inopiné de ces deux cours. Son ambassadeur, Horace Walpole, entreprit de persuader au duc de Bourbon que rien n'était plus préjudiciable aux intérêts de

dix millions huit cent mille livres, parut avec dis¬ tinction dans tous les marchés des Indes. Elle avait, au moment de sa suppression, deux établissemens, Fun dans le Gange, et l'autre à la côte de Coromandel.

Raynal, Histoire philosophique.

la France, que de voir l'Autriche se placer au rang des nations commerçantes.

Traité

de Hanovre.

La pension payée à la marquise de Prie fut le meilleur des argumens de Walpole. La France et l'Angleterre resserrèrent, leur alliance par le traité de Hanovre, le 3 septembre 1725. Le roi de Prusse et ensuite la Hollande y accédèrent; mais le premier s'en détacha bientôt. L'Angleterre armait déjà ; 'Espagne faisait des préparatifs pour le siége de Gibraltar. On craignait que l'empereur ne se déclarât contre la France; il y était vivement excité par l'ambassadeur d'Espagne, Riperda. Les Français essuyaient à Vienne des dégoûts qui sont les avant-coureurs ordinaires d'une rupture, lorsque le duc de Richelieu arriva dans cette capitale avec le titre d'ambassadeur. Il y déploya une magnificence digne du gouvernement qu'il représentait. Riperda affectait, en toute occasion, de le braver, et annonçait l'intention de cès de l'am prendre le pas sur lui dans la première solennité (a). Richelieu, qui le méprisait,

(a) On lit dans la Vie privée du maréchal de Richelieu, que Riperda voulant un jour le devancer pour entrer chez l'empereur, fut écarté par Richelieu qui lui donna un violent coup de coude ; et que ce dernier, persuadé que ce démêlé aurait des

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Eclat et suc

bassade du duc de Richelien à Vienne.

lui fit des provocations qui ressemblaient à des cartels; et l'on vit avec étonnement l'ambassadeur d'Espagne sortir de Vienne la veille du jour où Richelieu devait faire son entrée dans cette capitale, et où la dispute de préséance devait être terminée. Fleury, déjà ministre, fut enchanté de la fierté qu'avait montrée Richelieu dans cette circonstance. Cet adroit courtisan avait pressenti long-temps auparavant la puissance à laquelle devait s'élever l'évêque de Fréjus, et avait su capter sa faveur dans le temps même où il ouvrait sa carrière sous les auspices de la marquise de Prie. Il continua son ambas

sade avec éclat, et présenta le maintien de la Vraies dis- paix comme son ouvrage. La vérité est qu'il Autriche. ne trouva point dans l'empereur Charles VI

positions de

les intentions hostiles que la cour de France avait paru craindre. Ce monarque, d'un esprit médiocre et d'un caractère froidement altier, donnait moins d'attention aux affaires d'État qu'aux soins de l'étiquette. Dans la vie languissante qu'il menait, et au milieu des pratiques de dévotion les plus minutieuses, les pensées de l'ambition venaient peu le suites, se rendit le soir à l'hôtel de l'ambassadeur d'Espagne qui lui fit dire qu'il était sorti. Ce fait n'est confirmé par aucun mémoire authentique.

troubler. Le prince Eugène, à qui la direction principale des affaires restait toujours, en dépit de la jalousie secrète de l'empereur, persévérait dans l'inimitié qu'il avait signalée contre la France; mais une gloire militaire qu'il craignait de compromettre, et le souvenir d'avoir vu à Denain la fortune infidèle, avaient beaucoup ralenti son ardeur guerrière. Les intrigues de Richelieu pour connaître et pour détourner ses projets, sortaient des procédés ordinaires de la diplomatie. C'étaient toujours des femmes qu'il faisait servir à ses desseins; il peignait à la cour de Versailles toutes ses bonnes fortunes, comme des actes de dévouement pour la gloire de son maître.

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de Riperda.

Riperda, que Richelieu avait en quelque Faveur sorte chassé honteusement de Vienne, fut reçu en Espagne comme s'il eût rendu le plus grand lustre à cette monarchie. On le fit premier ministre. La noblesse et la nation espagnoles furent révoltées de ce choix. En effet, un pareil homme ne pouvait séduire qu'un roi consumé de vapeurs, et qu'une reine à laquelle tous les instrumens étaient bons dans ses projets d'ambition et de vengeance. Le baron de Riperda était né en Hollande, et avait représenté cette répu

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