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comme l'honneur du barreau, appelèrent de çe mandement au parlement de Paris; et celle compagnie, dans le même temps où elle établissait avec tant de fermeté les plus saines maximes du droit public, partagea le ridicule de tant d'inepties en recevant l'appel de ces curés. Les molinistes ne laissaient pas que d'éprouver quelque embarras dans la discussion de miracles si fortement attestés. Les incrédules vinrent à leur appui. Des écrits caustiques et plaisans firent plus de tort aux convulsionnaires, que les mandemens de l'archevêque de Paris. C'était une singulière situation que celle du parti qui gardait la neutralité entre les molinistes et les jansénistes, et qui était accusé des deux côtés d'une tiédeur très-suspecte. Il fournissait des auxiliaires aux jésuites dès qu'il s'agissait de se moquer des fanatiques du cimetière de Saint-Médard, et au parlement, quand ce corps voulait s'en tenir à réclamer les libertés de l'Église Gallicane. On voit combien l'irréligion sut se prévaloir de ces querelles longues et ridicules. 1732. Le gouvernement s'aperçut que les rieurs de Saint-Mé- devenaient chaque jour plus nombreux, et ne craignit plus d'exciter des soulèvemens dans le public, en faisant fermer le

Janvier

Le cimetière

dard est fer

mó.

heu qui servait de théâtre à ces folies (a).

de Folardest arrêté comme convul

Il fut aisé dès-lors de démasquer les convulsionnaires : on en arrêta un grand nombre, et le lieutenant de police Hérault obtint l'aveu de leur imposture. On vit avec étonnement et avec douleur le chevalier de Folard, ce Lechevalier savant commentateur du judicieux Polybe, arrêté, pour s'être obstiné à venir cher- sionnaire. cher des convulsions dans le cimetière de Saint-Médard. Le comte de Belle-Isle intercéda pour un vieillard dont le sens pouvait être affaibli par l'âge, et le gouvernement s'abstint d'une injuste et maladroite sévérité.

troubles re

Des scènes aussi extravagantes nuisirent beaucoup aux défenseurs des libertés de Eft de ces l'Église Gallicane. Le cardinal de Fleury ligieux. savait employer contre ses adversaires l'arme du ridicule. Le comte de Maurepas (b), né avec un goût pour les facéties qu'il ne rieurs, les

(a) Le cimetière de Saint-Médard fut fermé en janvier 1732. On y vit affiché le lendemain de sa clôture cette plaisante inscription :

De par le roi, défense à Dieu

De faire miracle en ce lieu.

On attribua cette inscription à une main janséniste; elle indique bien plutôt un esprit de raillerie qui se jouait de tous les combattans.

(b) Le comte de Maurepas avait fait, à l'instiga

Ils multi

plient les

chansonniers et les incrédules.

Conjuration

des

conserva que trop à un âge avancé et dans des circonstances plus graves, lui fournissait de piquans à-propos. Plus heureux et plus adroit que le cardinal Mazarin, Fleury non seulement entendait chanter les Parisiens, mais il les entendait quelquefois chan

sonner ses ennemis.

La manière dont il déconcerta ceux qu'il Marmouzets avait à la cour, parut pleine d'adresse et de 1730. modération. De jeunes seigneurs, à peu près de l'âge du roi, s'étaient ligués contre le cardinal. Ils étaient mécontens d'un ministère dont l'économie interdisait les profusions qui sont le patrimoine des courtisans. Le roi leur permettait souvent de railler son vieux précepteur, et semblait se plaindre avec eux d'un régime trop sévère et trop monotone. Les ducs de Gèvres et d'Epernon s'enhardirent par ces dispositions apparentes de Louis, jusqu'à lui présenter un mémoire qui était la censure la plus amère de l'administration de Fleury : le ton en était vif et pressant. On croit que le cardinal de Polignac, toujours inquiet et porté aux intrigues, le leur avait

tion du cardinal de Fleury, une chanson sur l'enlèvement de l'abbé Pucelle. Il y faisait parler les dames de la halle qui disaient en refrain : Rendeznous Pucelles, 6 gué!

envoyé de Rome où il était chargé des af faires de France. Le roi le lut avec une sérieuse attention. Comme il voyait les jeunes ducs alarmés des suites que pourrait avoir cette démarche hardie, si elle était connue du ministre, il leur donna sa parole royale qu'il la lui laisserait toujours ignorer. Pour ne mettre personne dans la confidence, il copia le mémoire tout entier de sa main. Par une dissimulation dont il avait pris de bonne heure l'habitude, il continua de montrer aux dues de Gèvres et d'Épernon la même confiance, et à Fleury la même docilité. Un secrétaire eut la bassesse d'enlever le mémoire et de le porter au cardinal; celui-ci, dans le premier moment, crut voir sa disgrâce écrite de la main du roi. Il vint le trouver, et n'exprima d'abord devant lui que des inquiétudes vagues. Il jela quelques mots sur les diffamations dont il était l'objet. Louis parut les ignorer; mais quand il entendit le cardinal le menacer d'une nouvelle retraite à Issy, la crainte de ce malheur le troubla aussi vivement que dans ses premières années, et, remettant à Fleury le mémoire qui avait été reporté parmi ses papiers, il lui en nomma les auteurs. Le cardinal de Richelieu avait fait expier, par des supplices, des torts qui

Extérieur.

n'étaient pas beaucoup plus graves. Le cardinal de Fleury se garda bien d'imiter.ce sanguinaire ministre. Les jeunes ducs furent renvoyés à leurs parens comme des étourdis qui devaient être surveillés : leur exil ne dura que deux ans. Ce qu'il y eut de plus cruel dans leur punition, c'est que leur entreprise fut livrée au ridicule, sous le nom de la conjuration des Marmouzets. On loua la modération et la dextérité du cardinal; mais ne devait-on pas plutôt s'effrayer de ce que l'instituteur d'un roi, pour écarter un très-faible péril, eût amené son élève à trahir l'honneur et l'amitié?

Nous avons maintenant à considérer comment Fleury maintint la paix pendant sept ans, et fut entraîné à la guerre.

Depuis plus de douze ans, le repos de l'Europe n'avait été troublé, ou du moins menacé que par les passions de la reine d'Espagne. Il lui tardait de se venger sur la L'Autriche France, du renvoi de l'infante sa fille; elle appro- eut recours à l'Autriche, qui n'avait cessé

et l'Espagne

chent.

de contrarier son vœu le plus ardent, c'està-dire l'établissement de ses fils en Italie. Le cabinet de Vienne suivait une entreprise dont l'exécution donnait beaucoup d'ombrage à l'Angleterre; il voulait enfin prendre

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