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doyens et autres nobles gens d'église, bourgeois et communautés : et en leurs présence faites lire les lettres de ladite paix et publier solennellement, en eux faisant de par nous, exprès et espécial commandement, sur peine d'être réputés rebelles et désobéissants à nous, qu'en votre présence ils jurent sur les saintes évangiles de Dieu, tenir fermement, et inviolablement garder ladite paix, selon la forme contenue sur ce, de laquelle la teneur s'ensuit :

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Premièrement, vous jurez qu'à très haut et très puissant prince Henri, roi d'Angleterre, comme à gouverneur et régent du royaume de France et de la chose publique dudit royaume, vous obéirez loyaument et diligemment à ses commandements et mandements, en toutes choses conservant et gardant le régime et gouvernement de la chose publique, maintenant sujette à très haut et très puissant prince Charles, roi de France, notre souverain seigneur.

» Item, et qu'incontinent après le décès de notre sire le roi Charles, en ensuivant le traité de paix par lui fait et confirmé, vous serez loyaux hommes, liges et vrais sujets au dessusdit très haut et puissant prince Henri, roi d'Angleterre, et à ses hoirs et le honorerez et recevrez sans opposition, contredit ou difficulté aucune, comme votre derrain seigneur et vrai roi de France, et obéirez à lui comme tel; et promettez que dès maintenant, jusques à jamais n'obéirez à nul autre comme roi de France, sinon à notre derrain et souverain seigneur le roi Charles.

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Item, que vous ne serez en aide, conseil on accord pour quoi ledit roi d'Angleterre perde vie ou membre, ou soit pris de mal prise, ou souffre dommage ou diminution en sa personne, en son état ou biens quelconques: mais si vous savez ou connoissez aucune semblable chose être pensée ou machinée contre lui, vous le détourberez et garderez tant que vous pourrez, et lui ferez savoir par messages ou lettres. Et généralement vous jurez que vous garderez et observerez sans fraude, déception ou mal engin, tous les points des dessusdits articles, contenus ès lettres et appointement de ladite paix finale faite et jurée entre le roi Charles notre sire et le dessusdit roi Henri d'Angleterre : et n'irez en jugement à l'encontre ou hors jugement, publiquement ou secrètement, par quelconque couleur que ce soit ou puisse advenir; mais par toutes voies et manières quelconques possibles, tant de fait comme de droit, résisterez à tous ceux qui viendront, attenteront ou s'efforceront venir ou attenter au contraire des articles dessusdits. Lesquels serments nous voulons et enjoignons,à tous nos vassaux de quelconque état,dignité ou autorité qu'ils soient, qu'ils jurent ladite paix, la tiennent et gardent sans l'enfreindre; et à vous, et à vos commis et députés, baillent leurs lettrespatentes desdits serments qu'ils auront faits : lesquelles nous voulons par vous être apportées vers

nous.

Et aussi voulons que vous baillez vos lettres

de certification d'avoir reçu lesdits serments à ceux qui ainsi les auront faits, si métier est, et si vous en êtes requis de ce faire, vous donnons pouvoir, autorité et mandement espécial à vous dessusdits, à neuf, à huit, à sept, à six, à cinq, à quatre, à trois de vous.

>> Mandons et commandons à tous nos justiciers, officiers et sujets, qu'à vous et vosdits commis et députés en cette partie obéissent et entendent diligemment, vous prêtant conseil, confort et aide, si métier est et si requis en sont. Et pource qu'il sera nécessité de bailler et publier ces présentes en plusieurs lieux, nous voulons que pleine foi soit ajoutée au vidimus d'icelles, faites sous le scel royal, comme à l'original.

> Donné en notre siége devant Melun, le vingttroisième jour de juillet, l'an de grâce mille quatre cent et vingt; et de notre règne le quarante-cinquième.

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Ainsi signées,

MARC. »

Atout (avec) lequel mandement Philippe, comte de Saint-Pol, et les autres ambassadeurs et commissaires, pour icelui mettre à exécution, se partirent de Paris et allèrent par aucuns jours à Amiens, eschevant (évitant) les aguets des Dauphinois. Auquel lieu d'Amiens furent reçus bénignement; et après qu'ils eurent montré leur voir aux gouverneurs et habitants d'icelle ville, prirent d'eux les serments. Et après allèrent de là à Abbeville, Saint-Riquier, Montreuil, Boulogne, CHRONIQUES DE MONSTRELET. · T. IV.

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Saint-Omer et autres lieux, où ils furent partout obéis, et mirent à due exécution la charge qu'ils avoient.

CHAPITRE CCXXXVIII.

Comment Philippe, comte de Saint-Pol, alla à Bruxelles, et fit prendre les gens de son frère, le duc de Brabant; et autres diverses besognes qui advinrent en ce temps.

DURANT le temps dessusdit, Philippe, comte de Saint-Pol, dessus nommé, fut hâtivement mandé par grand' partie des nobles et bonnes villes du pays de Brabant, et aussi par sa tante, comtesse de Hainaut, femme de son frère, le duc Jean de Brabant. Auquel mandement, toutes autres choses mises arrière, il alla sans délai. Et lui venu audit pays, fut tantôt fait gouverneur de toute la duché de Brabant, par le consentement des dessusdits, au lieu de son frère le duc, duquel bonnement plus souffrir ne pouvoient le gouvernement, parce qu'il se méfaisoit par diverses manières. Si se tint icelui comte atout (avec) son état en la ville de Bruxelles, et commença à faire plusieurs nouvelles ordonnances, qui grandement déplurent à ceux qui gouvernoient le duc de Brabant; lequel pour lors étoit absent d'icelle ville de Bruxelles. Et pour tant iceux gouverneurs l'amenèrent alout

(avec) grand' puissance de gens d'armes en la dessusdite ville de Bruxelles; laquelle, de première venue, ne lui fut pas ouverte, jusques à tant qu'il eût promis à son frère, le comte Saint-Pol, qu'il tiendroit ses gens, et tous les habitants de la ville paisibles; et sur ce il entra. Mais quand il fut dedans, ceux qui le gouvernoient laissoient à grand' peine et ennui approcher de lui, son frère dessusdit et les autres nobles et notables gens de la ville, dont ils ne furent pas bien contents; et enfin se conclurent avec ledit comte de Saint-Pol d'y pourvoir. Et de fait, se mirent ensemble en très grand nombre, prirent et menèrent prisonniers tous les gouverneurs dudit duc de Brabant, entre lesquels étoit le principal le damoiseau de Hainseberg. Desquels prisonniers grand' partie furent décapités, c'est à savoir messire Jean de Caudeverk, Jean Sthocart, Édouard Le Duc, Henri Le Duc, messire Henri Clavin, maître Guillaume Clavin, messire Jean Clavin, messire Guillaume Pipempoix, messire Guillaume Moyeux, le damoisel Guillaume Asche, Jean du Vert, messire Évrard Serclaux, Jean Clavin, geôlier, et avecque eux plusieurs autres. Si fut mis lédit duc au gouvernement des nobles du pays de Brabant, par l'accord et consentement de son frère le comte de Saint-Pol, et aussi des trois états de sondit pays. Et après furent eux deux ensemble assez unis et en bonné amour.

Esquels jours, les Dauphinois, qui se tenoient à Guise en Thierasche, et en la marche environ,

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