Du fruit de tant de foins à peine jouiffant, Ravis d'être vaincus dans leur propre science; Et de tous vos plaisirs flatteurs respectueux. 1) Du fruit de tant de foins à peine jouissant, En avez-vous fix mois paru reconnoiffant.] La tranfpofition du mot à peine nous paroît vicieuse, en ce qu'il peut auffi bien se rapporter à jouissant qu'au participe reconnoiffant de la phrase fuivante. 2) J'ai vu favorisés de votre confiance Othon, Sénécion, jeunes voluptueux, &c.] On lit dans prefque toutes les éditions: » J'ai vu favorifer de votre confiance » Othon, &c. » Mais nous croyons avec Louis Racine que c'eft une faute d'impreffion, & que la leçon que nous avons fuivie eft la véritable. Le reproche que fait ici Agrippine à Néron a été fuggéré à Racine par Tacite: Agrippine ayant fait à Néron les plus vives remontrances Seul recours d'un ingrat qui fe voit confondu, Ils fe flattent tous deux du choix de votre mere. NÉRON. Je me fouviens toujours que je vous dois l'empire. fur la paffion qu'il avoit conçue pour A&té, ce prince choisit pour confidents de fes penchants deux jeunes voluptueux d'une figure agréable, appellés Othon & Sénécion; celui-ci que fon goût pour la débauche, des confidences afforties à ses paffions avoient fait aimer du jeune empereur, entra dans fa confiance à l'infçu d'Agrippine, & fçut enfuite s'y maintenir, malgré tous les efforts qu'elle fit pour la lui faire perdre, Annal. liv. XIII. Auffi bien ces foupçons, ces plaintes affidues N'eft-il de fon pouvoir que le dépofitaire? Non, que fi jufques-là j'avois pu vous complaire, Vous avez vu cent fois nos foldats en courroux, 1) Mais Rome veut un maître, & non une maîtresse.] Les raifons que Néron donne font très-fortes, c'est dommage qu'il parle à fa mere; mais il ne faut pas oublier que c'est Néron. و 2) Vous avez vu cent fois nos foldats en courroux Porter, en murmurant, leurs aigles devant vous. Exemple fans doute, dit Tacite, bien éloigné des mœurs Honteux de rabaiffer, par cet indigne usage, Vous le fortifiez du parti de Junie; Et la main de Pallas trame tous ces complots. Moi, le faire empereur? Ingrat, l'avez-vous cru? attendre ? Ah! fi fous votre empire on ne m'épargne pas, Si de leur empereur ils pourfuivent la mere, anciennes, de voir, au milieu des aigles romaines, une femme placée fur le trône des Céfars. Annal. liv. XII. 1) Ils me reprocheroient, non des cris impuissants, &c.] Cette idée eft empruntée de la réponse pleine de hauteur que fit Agrippine à Burrhus, chargé de l'interroger fur les Des deffeins étouffés auffi-tôt que naiffants; différents chefs d'accufation intentée contre elle. Il n'y a point ici d'accufateurs qui me reprochent, non les difcours quelquefois peu mesurés d'une mere outragée, mais des crimes dont je ne pourrois être justifiée que par mon fils. Annal. liv. XIII. Vous régnez, c'eft affez.] 1) Ceci paroît avoir rapport au fait fuivant. Selon Tacite Agrippine confulta des devins fur la deftinée de Néron; ils l'affûrerent qu'il parviendroit à l'empire, & qu'il la feroit mourir j'y confens, dit-elle, pourvu qu'il regne.. Atqui illa: occidat, inquit, dum imperet. Annal. liv. XII. Avec |