Il expose la fienne; & que, dans la balance, BURRH U S. Quoi, Madame! toujours foupçonner fon refpect? Quoi! de vos ennemis devenez-vous l'appui, AGRIP PINE. Et qui s'honoreroit de l'appui d'Agrippine, 1) 1) Et qui s'honoreroit de l'appui d'Agrippine, On lit ainfi le fecond vers dans quelques éditions: Cet orgueil ambitieux d'Agrippine nous paroît reffembler Lorsque de fa présence il semble me bannir, Madame, je vois bien qu'il eft temps de me taire, SCENE III. BRITANNICUS, AGRIPPINE, NARCISSE, AH, Prin ALBINE. AGRIPPIN E. H,Prince!Où courez-vous? Quelle ardeur inquiette aux transports de Junon dans Virgile, lorsqu'elle s'écrie avec Et quifquam numen Junonis adoret Prætereà, aut fupplex aris imponat honorem? Enéide, liv. I. Qui voudra déformais adorer Junon, encenfer fes autels, & lui offrir des vaux ? Ce que Virgile a imité d'Homere. BRITANNICUS. Ce que je cherche ? Ah, Dieux! Tout ce que j'ai perdu, Madame, eft en ces lieux. Il fuffit. Comme vous je reffens vos injures; 1) Suivez-moi chez Pallas, où je vais vous attendre.] Racine a rendu ce Pallas néceffaire à fa piece; mais il n'a pas voulu Fintroduire fur la fcene, parce qu'il auroit rendu Agrippine auffi méprifable que l'étoit ce confident luimême. Tacite s'exprime ainfi au fujet des liaisons, de cette princeffe avec cet affranchi: Agrippina puellaribus annis ftuprum cum Lepido, fpe dominationis, admiferat, pari cupidine ufque ad libita Pallantis provoluta. Annal. liv. XIII SCENE IV. BRITANNICUS, NARCISSE. BRITANNICU s. La croirai-je, Narciffe 1)? Et dois-je, fur fa foi, La prendre pour arbitre entre fon fils & moi? 1) La croirai-je, Narciffe? Et dois-je, fur fa foi, La prendre pour arbitre entre fon fils & moi?] Quelques critiques ont blâme Racine d'avoir donné pour confident à Britannicus ce même Narciffe qui, felon Tacite, avoit fait poignarder, de fon propre mouvement, Meffaline, troifieme femme de Claude & mere de Britannicus; & nous croyons qu'il n'eft gueres poffible de le juftifier entiérement fur ce reproche. On pourroit cependant rapporter en fa faveur un paffage de Tacite, où il paroît que Narciffe avoit paru s'intéreffer au fort de Britannicus enfant, d'une maniere affez vive pour avoir droit à fa confiance dans un âge plus avancé. Narciffe, dit-il, ayant inutilement tâché de fauver Domitia Lépida, qu'Agrippine fit condamner à mort, fut fi fenfible à cette perte qu'il ne put s'empêcher d'en témoigner du regret à fes amis; au NARCISSE. N'importe. Elle fe fent, comme vous, outragée. Ah, Narciffe! tu fçais fi de la fervitude milieu des difcours qu'il leur tenoit à ce fujet, il embraffoit Britannicus, & tantôt élevant les mains au ciel, tantôt les tendant vers le jeune prince, il lui difoit qu'il fouhaitoit de le voir en âge de chaffer de fa cour les ennemis de fon pere, d'étendre même fa vengeance fur les meurtriers de faj mere. Annal, liv. XII. Mais ce qui nous paroît plus propre à excufer Racine, c'eft que ce qui n'eft pas vraisemblable pour l'hiftorien, le devient pour le poëte; d'ailleurs l'histoire de Néron n'étoit pas affez récente pour qu'il n'ait pas été permis à l'auteur d'altérer la vérité dans un personnage fubalterne. Depuis près de cent ans qu'on représente cette piece, aucun fpectateur ne s'eft plaint de cette altération. 1) Tandis qu'on vous verra, d'une voix fuppliante. ] On lifoit d'abord : » Tant que l'on vous verra, d'une voix fuppliante ». |