Imágenes de página
PDF
ePub

280 EXAMEN DES PLAIDEURS.

manieres avec une fi grande adreffe, qu'en imitant il est devenu créateur; ses personnages ne font point un pas, ne difent pas un mot qui n'ajoute un trait comique à leur caractere. La fcene entre la Comteffe & Chicaneau eft du meilleur comique. Les deux premiers actes font très-bien faits, & Moliere ne les auroit pas jugés indignes de lui; mais peut-être le dernier n'y répond-il pas : peut-être le dénouement eft-il plus néceffaire que vraisemblable, & heureufement imaginé: peut-être les petits chiens font-ils une charge trop baffe; cependant on conviendra avec nous qu'ils n'en fervent pas moins à achever la peinture du ridicule des juges. L'intrigue amoureuse, qui eft

peu de chose en elle-même, eft conduite d'une maniere très-comique, & eft liée à l'action principale avec beaucoup d'adreffe. Le plaidoyer des deux avocats eft d'autant plus plaifant, qu'il étoit trèsdifficile qu'il le fût,

Le ftyle de cette piece eft facile, naturel, élégant, correct & plein de faillies; le dialogue joint, à la vivacité la plus agréable, la vérité la plus frappante. Enfin nous croyons pouvoir appliquer, avec Louis Racine, à l'auteur des Plaideurs, ce qu'il a dit lui-même de Corneille qui avoit donné le Menteur: Il étoit capable, quand il vouloit, & de def cendre & de s'abaiffer jufqu'aux plus fimples naïvetés du comique, où il étoit encore inimitable.

H. Gravelot Inv

L.Lempereur Senly

BRITANNICUS,

TRAGÉDIE.

1 6 6 9.

« AnteriorContinuar »