Dans le temple déjà le trône eft élevé; OREST E. Mais, Madame, fongez...... HERMIONE. Ah, c'en eft trop, Seigneur! 1) Il me trahit, vous trompe, & nous méprife tous. ] Cet il veut dire Pyrrhus. Hermione, occupée de fa paffion, ne voit que celui qui en eft l'objet; elle ne se donne point la peine de le nommer ; elle s'imagine que tout le monde a le même intérêt qu'elle. Tant de raifonnements offenfent ma colere. Non, je vous priverai de ce plaifir funeste, 1) Madame. Il ne mourra que de la main d'Orefte.] Orefte fent très-bien qu'il feroit un crime, mais Oreste eft paffionné, & la paffion ne raisonne pas; il est à la fois tyrannifé par fa maîtreffe, & par les deftins qui le conduifent dans le crime. HERMIONE. Allez. De votre fort laissez-moi la conduite, V SCENE IV. HERMIONE, CLÉON E. CLÉON E. ous vous perdez, Madame, & vous devez fonger... HERMIONE. Que je me perde, ou non, je fonge à me venger. 1) Je ne fçais même encor, quoi qu'il m'ait pu promettre, Sur d'autres que fur moi, fi je dois m'en remettre. Pyrrhus n'eft pas coupable à fes yeux comme aux miens; Et je tiendrois mes coups bien plus fûrs que les fiens. 1) Que je me perde, ou non, je fonge à me venger.] Cléone difoit ici dans les premieres éditions: » Mais que dis-je ? Eh! plutôt permettez que j'espere; » Excusez un amant que trouble fa mifere, » Qui, tout prêt d'être heureux, envie encor le fort » D'un ingrat condamné par vous-même à la mort ». HERMIONE reprenoit. » Je ne fçais, &c. n. Quel plaifir de venger moi-même mon injure, Je vous obéirai. Mais qu'eft-ce que je vois? Ah! cours après Orefte; & dis-lui, ma Cléone, 1) De cacher ma rivale à fes regards mourants!] Ce vers eft admirable, felon nous. Racine a eu l'art de faire frémir avec une petite rufe de coquette. PY SCENE V. RHUS, HERMIONE, PHŒNIX. PYRRH U S. Vous ne m'attendiez pas, Madame; & je vois bien Que mon abord ici trouble votre entretien. 1) 1) Vous ne m'attendiez pas, Madame, & je vois bien Que mon abord ici trouble votre entretien.] Voilà de ces coups de théâtre admirables. Pyrrhus arrive à l'instant qu'Hermione a ordonné qu'on l'affaffinât: que yontils fe dire? c'est ce que le spectateur va entendre. Quelque belles que foient de pareilles fituations, un homme médiocre peut les trouver, & l'on voit fouvent des tragédies modernes avoir quelque fuccès en faveur d'une, ou de deux fituations brillantes: mais il n'appartient qu'à un génie du premier ordre, qu'à un grand maître comme Racine, de les amener avec art, & de les traiter avec cette force, avec cette vérité, avec cette éloquence, qui font encore plus de plaisir à la lecture, que la fituation n'en a fait au théâtre. 2) Je ne viens point, armé d'un indigne artifice.] Quand Pyrrhus a eu le deffein d'époufer Hernfione, ne s'est point donné la peine de le lui apprendre : c'est de la voix publique qu'elle en a été inftruite ; & lorsqu'il veut |