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Une fois le début du refoulement constaté, on en suit facilemant la marche, jugeant ainsi de la rapidité probable du travail en un moment où il reste à l'accoucheur tout le temps nécessaire pour achever ses préparatifs en vue de protéger le périnée et de recevoir l'enfant.

Reconnaître, dès ses débuts, le refoulement du plancher profond du bassin constitue cette manœuvre exploratrice toute extérieure et par conséquent inoffensive, à laquelle nous avons donné le nom de Palper périnéal.

Le parcours de l'excavation se fait, on le sait, en ligne droite (Fabbri-Inveradi, Sabatier, Boissard, etc.), et si le plancher du bassin n'existait pas, c'est dans la région de l'anus que se ferait l'expulsion de la tête foetale. C'est donc sur cette région qu'elle presse tout d'abord, très profondément il est vrai, mais pas assez pour que la main placée en ce point ne puisse, quoique très médiatement, atteindre la partie foetale qui se présente.

Voici donc comment nous conseillons de procéder :

A partir du moment où l'énergie des contractions, l'intensité et le rapprochement des douleurs, la disparition profonde de la tête constatée au palper, font admettre un degré très avancé du travail, une main recouverte d'une couche mince, mais bien régulière, de coton antiseptique, est appliquée sur le périnée, les doigts recouvrent l'anus qu'ils dépriment fortement.

Dans l'intervalle des douleurs, à moins que le dégagement soit très proche, on ne perçoit rien tout d'abord; mais qu'il survienne une contraction, et il devient possible de reconnaître très profondément la présence d'une masse dure, la tête, dont on pourra, dès lors, suivre facilement la progression.

Lorsque la perception sera devenue plus nette, le plancher plus refoulé; lorsque surtout la tête déprimera non plus seulement le plan profond, mais un peu déjà le plan superficiel, la main exploratrice ne quittera plus le périnée jusqu'au moment où se présentera l'indication de veiller à l'intégrité de cet organe.

Nous n'avons pas à parler ici des moyens à employer pour y parvenir. Nous avons voulu montrer seulement que si le toucher a pour but de surveiller la fin du travail et d'éviter à l'accoucheur le désagrément de n'être pas là au moment de l'expulsion, ce toucher est inutile et peut être remplacé par un autre mode d'exploration suffisamment précis et qui n'expose en rien à l'infection.

On objectera que ce procédé ne donnera pas toujours une garantie suffisante, surtout chez certains multipares qui, gràce au peu de résistance de leur plancher pelvien, terminent en une ou deux douleurs le passage au détroit moyen, la rotation, la déflexion et l'expulsion définitive. Mais cette même objection est opposable même au toucher et il n'est pas d'accoucheur qui n'ait eu à se laisser ainsi surprendre. On reconnaîtra, d'ailleurs, que dans les cas où il y a lieu de redouter une terminaison trop rapide, il y a quelque inconvénient à faire du toucher prolongé et en quelque sorte permanent. On ne peut faire les mêmes reproches à notre méthode qui permet une surveillance continue, sans aucun danger d'infection pour la patiente.

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Professeur de Littérature latine à la Faculté des Lettres de Grenoble.

INTRODUCTION

Il y a peut-être une certaine hardiesse à parler aujourd'hui de Juvénal. Il semble en effet que tout soit dit sur le grand satirique, et que, sur cette matière, il soit difficile d'apporter quelque chose de nouveau. Les plus éminents critiques de notre temps se sont occupés de lui. Outre M. Nisard qui lui a consacré un chapitre dans ses Poètes latins de la décadence, M. Martha et M. Boissier en ont parlé tous deux, l'un dans ses Moralistes sous l'empire romain, l'autre dans son livre de l'Opposition sous les Césars. Ils ont dit de si excellentes choses sur ce sujet qu'il parait impossible de dire mieux. Leurs belles études semblent donc faites pour décourager, au moins pendant longtemps, tout essai nouveau. Et pourtant, tout en gardant la déférence due à ces maîtres, n'est-il pas permis de revenir après eux sur un poète qu'ils ont si bien jugé, mais qui, en définitive, laisse encore sur divers points le champ ouvert aux recherches et à la critique. Si nous essayons d'en dire un mot à notre tour, notre excuse sera dans l'intérêt passionné qu'a excité en nous la lecture. récente de ces vers où brille une si forte imagination, où s'étalent de si puissantes peintures. Juvénal a pour notre àge un attrait particulier. Il répond très bien au goût et à la curiosité modernes. Il a des qualités qui nous plaisent, et des défauts qui, disons-le, flattent les nôtres. Certes, la perfection ne saurait jamais lasser les esprits bien

faits. Par exemple, l'élégance, la pureté et l'harmonie virgiliennes ont des beautés d'un ordre supérieur et qui appartiennent à l'art éternel. Mais, qui pourrait le nier? si la raison, dont les lois sont immuables, est toujours charmée de ces beautés, l'imagination, faculté capricieuse qui a ses modes, est parfois prise du désir de se distraire un peu de la contemplation trop assidue du beau parfait, des modèles impeccables. Elle a besoin d'excitant et réclame des jouissances nouvelles. A la pure splendeur d'un beau marbre blanc elle préférera, à ses heures, des pierres de riches colorations. De nos jours, elle admire volontiers le terme «< rare », l'expression « artiste », une certaine << outrance >> de langage. Tout en respectant toujours le grand art, celui qui est simple et naturel, elle se plaît aux efforts et aux œuvres d'un art curieux, raffiné. Sans prétendre offenser le génie de maîtres comme Bossuet et Pascal, elle s'intéresse vivement au style industrieux d'un Gustave Flaubert, d'un Edmond de Goncourt. Mais elle n'est jamais plus surprise ni plus ravie que lorsque ces raffinements du goût moderne, ces modes actuelles, elle les retrouve chez un ancien. Voilà ce qui lui plaît dans Juvénal. Elle rencontre en lui un poète de haute saveur; ses vers ont pour elle un merveilleux «< ragoût ». Ce qui distingue, en effet, l'écrivain latin, c'est la recherche de l'effet et du relief; il a le don de l'expression neuve, hardie, pittoresque; son clair-obscur est aussi puissant que sa couleur ; il brille d'un sombre éclat; il aime le mot propre, l'image brutale, le détail cru: il est réaliste. Il faut ajouter que si, par certains côtés, son art est moderne, il est en même temps tout romain. Nous sommes loin de celui des Horace et des Virgile, dont le génie est grec. Ce n'est plus la beauté des proportions, c'est la puissance des effets. L'opulence des tons a succédé à la délicatesse exquise du coloris. Le goût a perdu sa pureté ; il y a ici de l'excessif, du lourd, du commun, disons encore du clinquant. Mais tout cela est romain. Avec ces qualités et ces défauts, la physionomie de Juvénal est éminemment originale.

Ce qui, aujourd'hui, ne recommande pas moins les ouvrages de ce poète, c'est, avec le style, l'intérêt historique de ses écrits. Juvénal est, en effet, un autre Tacite; comme lui, il est peintre de mœurs ; comme lui, il est témoin ému et indigné. Il retrace son temps: il fait voir la république et l'empire; il met en scène des courtisans et des politiques, des princes et des valets du pouvoir. Interprète des idées morales et religieuses de son siècle, il n'est pas moins curieux sous

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