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Les trois lois de Kepler, qui font la juste admiration de la postérité, ont été depuis confirmées par tous les astronomes. C'est en s'appuyant sur elles que Newton est parvenu à formuler la force de l'attraction qui régit le monde (1).

C'est dans l'Harmonice Mundi (p. 189) que se trouve exposée la loi ci-dessus énoncée de la proportionnalité des carrés des révolutions aux cubes des distances. Voici les propres termes de Kepler: Proportio quæ est inter binorum quorumcunque planetarum tempora periodica, sit præcise sesquialtera proportionis mediarum distantiarum, id est orbium ipsorum.

près Kepler, dans un écoulement continu et d'une vitesse infinie de la matière du corps lumineux. En discutant les Tables de Vitellion sur la réfraction de la lumière passant de l'air dans l'eau, l'auteur établit nettement que cette réfraction augmente dans un plus grand rapport que les angles d'incidence à partir de la perpendiculaire (1). It reconnut aussi que la réfraction est nulle au zénith, et non pas à 45° de hauteur, comme l'avait imaginé Tycho, et il forma une table assez exacte elle ne diffère jamais de la réfraction véritable de plus de 9 secondes, depuis le zénith jusqu'à 70°. Le premier aussi il démontra, contrairement à l'opinion de Tycho, qu'à hauteur égale au-dessus de l'horizon, la réfraction de tous les astres est la même, et qu'elle ne dépend ni de leur distance à la Terre ni de leur éclat. Il pensait avec raison qu'elle devait un peu varier avec l'état de l'atmosphère. Il déduisit de ses calculs de réfraction le rapport de la densité entre l'air et l'eau, et il trouva les nombres i et 1177 (2). « Je n'ignore pas, croyez-le bien, ajoute-t-il, qu'en soutenant que l'air a tou

Cet ouvrage a pour titre complet (qui en donne en quelque sorte l'analyse): Harmonices Mundi Libri V, quorum Primus geometricus de figurarum regularium, quæ proportiones harmonices constituunt, ortu et demonstrationibus; Secundus architectonicus, seu ex geometria figurata, de figurarum regularium congruentia, in plano vel in solido; Tertius, proprie Harmonicus, de proportionis harmonica ortu ex figuris, deque natura et dif- | ferentiis ad cantum pertinentium, contra jours été pesant, je vais encourir le blâme des veteres; Quartus metaphysicus, psycholo- | gicus et astrologicus, de Harmoniarum mentali essentia, earumque gradibus in mundo, præsertim de harmonia radiorum, ex corporibus cœlestibus in terram descendentibus, ejusque effectu in natura, seu anima sublimi et humana; Quintus astronomicus et metaphysicus de Harmoniis absolutissimis motuum cœlestium ortuque excentricitatum ex proportionibus harmonicis; Linz, 1619, in-fol.; le titre et le contenu des Harmonice Mundi rappellent les idées de Pythagore sur l'harmonie céleste. L'auteur y dit, entre autres, que dans la musique des astres Saturne et Jupiter jouent la basse, Mars le ténor, la Terre et Vénus la hautecontre, et Mercure le fausset; que l'air est tou

physiciens; mais la contemplation de la nature entière me confirme dans mon idée (3). » Torricelli, à qui on attribue généralement la découverte de la pesanteur de l'air, n'était pas encore né quand ces paroles de Kepler étaient déjà imprimées. Relativement au Soleil, le grand astronome pensait que cet astre est le corps le plus dense de la nature; en quoi il se trompait, d'après les recherches des modernes. Mais il était dans le vrai en affirmant que la masse du Soleil est supérieure à la somme de toutes les masses planétaires. La Lune, qu'il supposait habitable, lui paraissait plus lumineuse au bord qu'au centre. Quant à la lumière rougeâtre qu'elle réfléchit pendant les éclipses, il en trouve la cause dans les rayons réfractés par notre at

jours troublé quand les planètes sont en conjonc-mosphère, qui diminuent la longueur du cône tion, et qu'il pleut quand elles sont à 60 degrés.

Parmi les autres ouvrages de Kepler, nous signalerons: Ad Vitellionem, Paralipomena, quibus Astronomiæ Pars optica traditur; potissimum de artificiosa observatione et æstimatione diametrorum deliquiorumque Solis et Luna. Habes hoc libro, lector, inter alia multa nova, tractatum luculentum de modo visionis et humorum oculi usu, contra oplicos et anatomicos; Francf., 1604, in-4°. Cet ouvrage est du plus haut intérêt pour l'histoire de l'Optique. On y trouve, en termes non équivoques, les premiers indices de la théorie de l'ondulation, aujourd'hui généralement adoptée, ainsi que de la loi du sinus de réfraction, dont la découverte est attribuée par quelques-uns à Descartes, et par l'autres à Snellius. La lumière consiste, d'a

(1) Les lois de Newton sont virtuellement contenues dans la troisième loi de Kepler, où le cube représente la masse.

d'otobre projeté par la Terre à l'opposite du soleil. « On a, fait ici remarquer F. Arago, trèspeu ajouté depuis Kepler à ce que cette théorie renferme de spécieux et de satisfaisant (4). »

Dans le même ouvrage, Kepler énonce le premier l'idée d'assimiler les éclipses de Soleil aux éclipses de Lune, en supposant l'observateur placé dans le Soleil et calculant l'entrée des différentes régions de la Terre dans le cône d'ombre projeté sur elle par la Lune (placée entre le soleil et la Terre). « C'etait, à proprement parler, calculer une éclipse de Terre. C'est en suivant cette conception ingénieuse que les géomètres sont parvenus à donner pour le calcul des éclipses de Soleil des formules presque aussi simples que (1) Ad Vit, Paralip., pag 14 et suiv. (2) Le vrai rapport est celui de 1 à 773.

(3) Non ignoro, ne credas, me physicorum reprehen. sionem incursurum, qui aerem et hic et antea gravem seu ponderosum esse statuam: at me sic docuit totius naturæ contemplatio. » ( Paralip., in Vitell., p. 128. )

(4) OEuvres d'Arago,t. III (Notices diographiques), p. 220.

les procédés relatifs aux calculs des éclipses de Lune proprement dites (1). » Kepler indiqua en même temps le moyen de déduire la différence de longitude de deux lieux, des observations des éclipses solaires. Ce moyen est plus difficile mais beaucoup plus exact que celui qu'on déduit des éclipses de lune. Dans un chapitre sur les comètes, qu'il dit être aussi nombreuses que les poissons de la mer (sicut pisces in mari), il essaye d'établir que le noyau est formé d'une matière liquéfiée, lumineuse par elle-même, et que la barbe ou queue, composée d'une matière vaporeuse, éthérée, se diffusionne toujours du côté opposé au soleil (cometarum barbas semper in plagam solis contrariam spargi (2).

Les chapitres sur la vision intéressent au plus haut degré l'histoire de la physiologie. L'auteur y montre que la rétine est l'organe essentiel de cette fonction; comment, malgré le renversement des images solaires, nous devons voir les objets droits; que chez les myopes, les rayons Jumineux, partant d'un objet, se réunissent avant d'atteindre la rétine, et forment ainsi sur cet organe une image confuse. Enfin, c'est à Kepler que l'on doit la vraie théorie de la vision.

Epitome Astronomiæ Copernicæ, in VII libros digesta, etc., publiée à Ling, en 2 vol. in-4°, de 1618 à 1622; une nouvelle édition parut à Francfort, en 1635, 3 vol. in-12. C'est le premier manuel d'astronomie fondé sur les nouveaux principes de la science. Il est rédigé sous forme de dialogues. L'auteur y revient sur la rotation du Soleil, centre des mouvements planétaires. Il parle aussi des taches du Soleil, qui sont, suivant lui, des nuages ou des fumées s'élevant du sein de cet astre. Il attribue positivement au Soleil une atmosphère, qui, ajoutet-il, forme le cercle lumineux dont la Lune est bordée durant les éclipses totales du Soleil. De stella nova in pede Serpentarii, etc., annex. 1o de stella incognita Cygni narratio astronomica; 2° De Jesu Christi servatoris vero anno natalitio, etc.; Prague, 1606, in-8°. Après avoir parlé de la découverte de la nouvelle étoile vue dans la constellation du Serpentaire, il discute les observations qui en avaient été faites en divers lieux, et montre qu'elle n'était douée ni d'un mouvement propre ni d'une parallaxe annuelle. Dans le même ouvrage, déparé par quelques rêveries astrologiques, Kepler s'attache à prouver que l'année de la naissance de JésusChrist n'a pas été fixée avec précision, et qu'il faut reculer l'ère chrétienne d'au moins quatre ans. Dioptrica; Francfort, 1611; réimprimé à Londres, 1653, in-8°. L'anteur emploie le premier la règle approximative de la proportionnalité de l'angle de réfraction à l'angle d'incidence pour étudier les propriétés des lentilles planosphériques ou des lentilles dont les deux surfaces

(1) OEuvres d'Arago, ibid., p. 225. (2) Astronomiæ Pars optica, p. 264

appartiennent à des sphères de même rayon; et il donne les formules, encore usitées aujourd'hui, pour calculer les distances des foyers de semblables lentilles. On voit par cet ouvrage que Kepler imagina aussi le premier de composer des lunettes au moyen de l'accouplement de deux lentilles convexes (Galilée employait toujours une lentille oculaire concave et une lentille objective convexe). C'est donc encore à Kepler que revient l'honneur de la combinaison qui constitue les véritables lunettes astronomiques. Quant à la règle pour déterminer le grossissement de ces lunettes, et qui consiste à diviser la distance focale de l'objectif par celle de l'oculaire, elle est due à Huygens. - De Cometis Libelli tres: astronomicus, physicus, astrologicus, et cometarum physiologia nova et paradoxos; Augsbourg, 1619, in-4°. Kepler fait mouvoir les comètes en ligne droite, parce qu'il croyait que ces astres ne reviennent plus. Il supposait leur queue formée des rayons du Soleil, qui, en traversant le corps de la comète, entraînaient sans cesse des particules de sa substance. L'auteur gourmande Sénèque pour avoir traité de mensonger le témoignage d'Éphore parlant d'une comète qui se partagea en deux portions suivant des routes différentes. Tous les astronomes étaient de l'avis de Sénèque jusqu'à ce que de nos jours la comète de Biela vint leur apprendre que Kepler avait raison d'admettre la possibilité d'un pareil phénomène. Il pensait aussi que des épidémies pouvaient être produites par des comètes dont la queue envelopperait la Terre. Nous ne possédons encore aucune preuve décisive pour admettre ou rejeter cette proposition. — Tabulæ Rudolphinæ, astronomicæ scientiæ, temporum longinquitate collapsæ, restauratio continetur, a Tychone Brahe primum animo concepta et destinata anno Christi MDLXIV, exinde observationibus siderum accuratissimis, post annum præcipue MDLXXII, serio affectata, etc.; Ulm, 1627, in-fol, Ces tables étaient destinées à remplacer les Tables Pruténiques (dédiées à Albert, duc de Brandebourg) de Reinhold, qui avaient pour base les observations défectueuses de Ptolémée et de Kopernik. — J. Kepleri Somnium, seu opus posthumum de astronomia lunari; Sagan et Francfort, 1634, in-4°. Cet ouvrage, publié après la mort de l'auteur, par le fils du grand astronome, donne la description des phénomènes célestes tels qu'ils apparaîtraient à un observateur placé dans la Lune. Huygens, dans son Cosmotheoros, lui a fait de larges emprunts.

Kepler a laissé, en mourant, beaucoup de manuscrits inédits. Hensch en publia un volume en 1718; mais il ne put réunir les fonds nécessaires pour faire paraître le second, qu'il avait promis. De nos jours M. Ch. Frisch a entrepris une édition depuis longtemps désirée, des Œuvres complètes de Kepler, en y comprenant la publication des manuscrits conservés dans différentes bibliothèques. Espérons que cette entreprise,

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digne de tous les encouragements, n'ait pas le
sort de celle de Hansch. Nous en avons sous les
yeux le premier volume, qui vient de paraître
(Francfort et Erlangen, 1858, gr. in-8°, de
670 pages). Il contient : Prodromus Disser-
tationum Cosmographicarum seu Mysterium
Cosmographicum (avec des notes de l'éditeur);
— Apologia Tychonis, contra R. Ursum (avec
des notes de l'éditeur); Literæ Kepleri de
Calendarium in cn-
Rebus Astrologicis ;
num 1588; - Calendarium in annum 1599;
De Fundamentis Astrologiæ certioribus;
· Judicium de Trigono igneo;
- Bericht vom neuen
cum in annum 1605;
Stern 1604; Prognosticum in annos 1618
et 1619;- Responsio ad Roeslinum;- Ter-
tius Interveniens. Ce dernier traité offre le plus
haut intérêt à ceux qui croient à l'astrologie; car,
quoi qu'on en dise, il y a encore des astrologues,
comme il y a des alchimistes.

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Prognosti

F. HOEFER.
Breitschwerd, Ke-
Brewster,

Kepler, De Motu stellæ Martis. plers Leben und Wirken; Stuttg., 1831. Lives of the Martyrs of Science; Londres, 1841. Biot, Traité Arago, Notices biographiques, t. II. d'Astronomie, t IV et V.

KEPLER ( Louis), médecin allemand, fils du précédent, naquit à Prague, le 21 décembre 1607, et mourut le 13 septembre 1663. Il fit ses premières études à Lintz, et les continua à Ratisbonne. A Vienne, où il vint en 1624, il cultiva la poésie et la philosophie. Il se retira ensuite à Sulzbach, pour y être à l'abri du tumulte de la guerre qui ravageait alors l'Autriche. En 1627, après avoir professé pendant six mois au collége de Sulzbach, il se fit recevoir maître ès arts à Tubingue. Il étudia alors la médecine, séjourna successivement à Bâle, à Strasbourg, enfin à Genève, où pendant une année il exerça la médecine. En 1635 il se fit recevoir docteur à Konigsberg, où il mourut. Ses principaux ouvrages sont : Dissertatio de Incubo; Koenigsberg, 1643, in-4° ; — Liber Galeni de Symptomatum Caussis secundis in Theses contractus; Strasbourg, 1631, in-4°; - Methodi conciliandarum Sectarum in medicina discrepantium Sectio Somnium, prima; Konigsberg, 1648, in fol.; sive Opus posthumum de Astronomia Lunari; V. R. Sagan, 1634, in-4°.

Biog. Méd. Hensch, Nicéron, Mémoires, XXXVIII. — Vita Kepleri. — Witte, Diarium Biographicum. KEPPEL (Auguste, baron ELDON, Vicomte DE), amiral anglais, né le 2 avril 1725, mort dans le Suffolkshire, le 2 octobre 1786. Il était le second fils du comte d'Albermale, et d'une famille originaire de la Gueldre. Déjà bon marin, il fut désigné pour accompagner l'amiral Anson dans l'expédition destinée par l'Angleterre à la ruine des colonies espagnoles de l'Amérique. L'escadre se composait de six navires montés par quatorze cents hommes. Elle appareilla le 18 septembre 1740, toucha aux fles du cap Vert, au Brésil, et s'engagea le 7 mars 1741 dans le détroit de Lemaire. Au déboucage, une tempête dispersa l'escadre. An

son et Keppel, abandonnés par leurs conserves, continuèrent courageusement leur voyage; ils abordèrent dans l'ile fertile et déserte de MasaFur (l'une des îles Juan-Fernandez), et de là ils allèrent piller et incendier, en novembre 1741, Payta, une des plus riches places des Espagnols dans le Pérou. Les vainqueurs y recueillirent environ 180,000 piastres, et firent aussitôt voile pour le les îles des Larrons; mais un seul vaisseau, Centurion, put les y porter, et avant d'y arriver le scorbut tua les deux tiers des équipages entassés. Ils touchèrent à l'île de Tinian; mais, craignant les Espagnols, ils relâchèrent à Macao, radoubèrent leur bâtiment, et se remirent aussitôt en mer. Chemin faisant, ils enlevèrent un navire castillan portant 1,500,000 piastres en argent et un chargement d'égale valeur en épices, cochenille, bois de teinture, etc. Anson et Keppel sillonnèrent ensuite l'archipel de la Sonde, doublèrent le cap de Bonne-Espérance et débarquèrent en Angleterre, le 15 juin 1745. Leurs prises se montaient à dix millions, qui furent transportés triomphalement à Londres sur trentedeux chariots. Keppel fut nommé commodore en 1752 et chargé de châtier les pirateries des corsaires barbaresques. Il y réussit en partie. De 1755 à 1758, il croisa sur les côtes françaises, et le 29 mars 1759 partit secrètement de Spithead avec des troupes de débarquement commandées par le général Hodgson. Le 7 avril il arriva sur les côtes de Bretagne, et le lendemain essaya une tentative de débarquement sur BelleIsle. Repoussé avec perte, Keppel renouvela son attaque avec succès, et força les Français à capituler, le 7 juin. Il devint successivement commandant de la division des marines (soldats de marine) de Plymouth (1760), contreamiral de l'escadre bleue (1761), lord de l'amirauté en 1765, vice-amiral en 1775, et amiral en 1778. La guerre contre la France était dans toute sa fureur. Le 13 juin Keppel mit en mer avec vingt vaisseaux de ligne; le 17 il s'empara de la frégate La Licorne; La Belle-Poule, sa conserve, commandée par le brave La Clochetterie, après un combat acharné, gagna la côte de France. Le 27 Keppel rentra à Portsmouth pour se renforcer; l'arrivée des convois venus des Antilles et du Levant lui procura des matelots expérimentés, et le 9 juillet il appareilla avec trente vaisseaux; le 23 il se trouva en présence de la flotte française, commandée par le comte d'Orvilliers et forte de trente-deux vaisseaux. Le 27 les deux armées combattirent à la hauteur d'Ouessant sans résultat décisif, ce qui causa un vif mécontentement en Angleterre. Sir Hugh Palisser, qui commandait l'arrière-garde de Keppel, crut devoir accuser son chef d'incapacité et de lâcheté. Le ministère semblait disposé à sacrifier l'amiral à l'opinion populaire. Un procès s'ensuivit : commencé le 9 janvier 1779, à Portsmouth, il se termina le 11 février suivant, par l'acquittement de l'accusé, auquel les chambres

votèrent des remerciments. Le 28 février 1782 Keppel, créé vicomte, fut appelé au ministère formé sous les auspices du marquis de Rockingham, en qualité de premier lord de l'amirauté; il ne remplit ces fonctions que jusqu'au changement de cabinet, causé par la mort de Rockingham (1er juillet 1782). Il fut nommé pair d'Angleterre, sous le titre de baron d'Eldon, et rentra au pouvoir le 2 avril 1783, lors de la formation du ministère dit de coalition et présidé par le duc de Portland; le 18 décembre il reçut sa démission ainsi que ses collègues : Pitt devenait premier ministre et le faisait remplacer par l'amiral vicomte Howe (voy. ce nom). Depuis lors, Keppel resta éloigné des affaires publiques. Il mourut célibataire. Alfred DE LACAZE.

Kippis, The Life of lord Anson. Biographical Dict. · Hirsching, Histor. liter. Handbuch.

KER de Kersland (Jean), philologue écossais, vivait dans la première moitié du dix-huitième siècle. Il appartenait à la famille noble des Crawford, et emprunta son nom au clan des Ker, dont son beau-père était chef. Il était professeur d'hébreu à Édimbourg. Sous le règne de la reine Anne, il fut employé dans diverses négociations relatives à l'union des couronnes d'Écosse et d'Angleterre. Il eut aussi des missions à l'étranger. On a de lui: Selecta de Lingua Latina Observationes; Londres, 1709, in-8°; Memoirs and secret Negociations; Londres, 1726, 3 vol. in-8°. Des retranchements avaient été faits dans la première édition; ils furent publiés dans un volume complémentaire intitulé : Castrations of John Ker's Memoirs taken from the original mss.; (Londres) 1727, in-8°. Les Memoirs de Jean Ker ont été traduits en français, sous ce titre : Mémoires contenant des réflexions intéressantes sur le commerce et une histoire abrégée de l'île de Majorque; Rotterdam, 1726-1728, 3 vol. in-8°.

Z. Rotermund, Mémoires de Jean Ker de Kersland. Suppl. à Jöcher. OEttinguer, Bibliographie Biograph. KÉRALAY (DE), missionnaire français, de la congrégation des Missions étrangères, sacré évêque de Rosalie en 1722, vicaire apostolique de Siam en 1727, mort à Juthia, le 27 novembre 1737. Après avoir administré deux ans la mission de Merguy (1720-1722), il se rendit à Juthia pour être sacré évêque de Rosalie et coadjuteur de M. de Cicé, vicaire apostolique de Siam, auquel il succéda, en 1727. La cour, qui avait d'abord semblé favoriser la religion chrétienne, ne tarda pas, à l'instigation des bonzes, de diriger contre elle une violente persécution. Il fut défendu aux missionnaires d'écrire des livres religieux en langue siamoise, et de prêcher la doctrine aux Siamois, aux Pégouans et aux Laos. Des inscriptions blasphématoires, gravées sur la pierre, furent placées devant ou dans les églises. L'évêque de Rosalie, plusieurs fois traîné devant les tribunaux, ne cessa de montrer une patience héroïque et une fermeté

inébranlable. La mort du roi et la guerre civile qui la suivit lui laissèrent quelque repos. Mais il eut encore la douleur de voir persécuter les chrétiens de Ténassérim. L'orage venait à peine d'être apaisé, quand ce prélat termina sa carrière F. X. T. apostolique le 27 novembre 1737.

Lettres ediftantes. Henrion, Histoire des Missions. Pallegoix, Description du royaume Thal; Paris, 1854, in-12. - Archives du Séminaire des Missions étrangères.

KERALIO (Le chevalier Louis-Félix GUINEMENT DE), littérateur français, né à Rennes, le 17 septembre 1731, mort le 10 décembre 1793, à Grosley (Seine-et-Oise). Ses études terminées, il suivit la carrière militaire, et, jeune encore, était major d'infanterie lorsqu'il quitta le service, avec la croix de Saint-Louis. Plus tard, en 1769, il devint professeur à l'École Militaire, et fut nommé en 1780 membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Pendant la révolution, lors de la formation de la garde nationale de Paris, il fut élu chef de bataillon. De Keralio a publié les ouvrages suivants : Collection de différents morceaux sur l'histoire naturelle du Nord et sur l'histoire naturelle en général (traduit de l'allemand); Paris, 1763, 2 vol. in-12; Des Penchants de la Nature; Paris, 1769, in-12; · Recherches sur les Principes généraux de la Tactique; Paris, 1769, in-8°;Histoire naturelle des Glaciers de la Suisse, trad. de l'allemand, de Gruner; 1770, in-4°; Mémoires de l'Académie royale de Stockholm, etc. (trad.), t. I, 1772, in-4: ce volume seul a été traduit; - Histoire de la Guerre des Russes et des Turcs de 1736 à 1739 et de la Paix de Belgrade qui la termina, avec les cartes et les plans nécessaires; Saint-Pétersbourg (Amsterdam), 1772, 2 vol. in-12; 1780, 2 vol. in-8°: « Cet ouvrage, dit Palissot, paraît avoir été fait sur de bons mémoires; on y trouve des notes et des observations du prince Dimitri Galitzin ; » — Discours sur l'Amour de la Patrie, par Richard Price, trad. de l'anglais; Paris, 1789, in-8°. Les Mémoires de l'Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres contiennent de lui deux mémoires, l'un sur la Connaissance que les anciens ont eue des pays du nord de l'Europe, t. XLV, ann. 1793; l'autre Sur l'Origine du Peuple Suédois, t. XLVI, même année. Il a inséré dans les Notices des Manuscrits de la Bibliothèque du Roi un extrait du Chronicon Regum Sueciæ de l'archevêque Olaus Petri (t. Ier); un autre de Joms WicKing Saga, traduit en latin par Arngrin Jonce (t. II), et une notice Sur un manuscrit du seizième siècle contenant les lois municipales de Suède (t. VI). Keralio a été au nombre des rédacteurs du Journal des Savants, de 1783 jusqu'à sa suppression, en 1792. Enfin, il a donné des articles au Mercure National, en 1790 et 1791.

Sa femme, Marie-Françoise ABEILLE, née à Rennes, morte au commencement du dix-neu

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KERALIO (Louise - Félicité GUINEMENT, femme ROBERT), traductrice française, fille du précédent, née en 1758 ou 1759, morte à Bruxelles, en 1821. Son père avait pris soin de son éducation. Elle épousa Robert, qui fut député de Paris à la Convention nationale. Madame Roland la peint ainsi dans ses Mémoires : « Je vis une

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petite femme spirituelle, adroite et fine, qui me reçut fort agréablement. » Mme Keralio a publié : Essai sur les moyens de rendre les facultés l'homme plus utiles à son bonheur, trad. de l'anglais de Jean Gregory; Paris et DeuxPonts, 1775, in-12 (anonyme). Dans les Siècles Littéraires, Desessarts, qui n'est pas toujours exact, attribue cet ouvrage au chevalier de Keralio; Adélaïde, ou Mémoires de madame la marquise de M***; Neufchâtel, 1776, in-8° (anonyme); Histoire du Grand-Duché de Toscane sous le gouvernement des Médicis, par Riguccio-Galuzzi, trad. de l'italien (avec Lefebvre de Villebrune); Paris, 1780-1785, 9 vol. in-12 (anonyme); - Voyage dans les Deux-Siciles par H. Swinburne, Histoire trad. de l'anglais; 1785, in-8"; d'Élisabeth, tirée des écrits originaux anglais, notes, titres, lettres et autres pièces

manuscrites qui n'ont pas encore paru; 1785-1788, 5 vol. in-8°; trad. en allemand; CollecBerlin, 1789-1792, 5 volumes in-8°; tion des meilleurs ouvrages français com

(1) Certains blographes ont confondu Louis Felix Guinement de Keralio avec deux de ses frères. L'un d'eux, connu dans sa famille sous le nom de Keralio du Luxembourg, fut chargé de diverses missions près des cours du Nord et ensuite près de celle d'Espagne. Ce fut lui qui fut chargé, en qualité de gouverneur, de l'éducation de l'infant Ferdinand, duc de Parme, et ce fut lut aussi qui choisit Condillac pour précepteur du jeune prince. Quand il rentra en France, Monsieur lui rendit la jouissance viagère du petit Luxembourg, dont le déposséda la révolution, Échappé à l'échafaud révolutionnaire grâce à l'indemnité mensuelle que lui et le duc Nivernais payèrent à Fouquier-Tinville, il mourut à Paris, à l'âge de quatrevingt-dix ans, vers la fin de 1805. Son frère Agathon, maréchal de camp, né vers 1734, mort à Paris, en 1788, fit l'éducation du prince de Deux-Ponts qui a régné en Bavière sous le nom de Maximilien-Joseph et est mort en 1824. Nommé, à son retour en France, inspecteur général des écoles militaires, il rencontra dans une inspection de celle de Brienne le jeune Bonaparte, et consigna dans son rapport d'inspection l'annotation suivante sur le futur empereur: « M. de Buonaparte (Napoléon), né le 15 août 1769, taille de 4 p. 10 p. 10 l., a fait sa quatrième. De bonne constitution, santé excellente, caractère soumis, honnête, reconnaissant; conduite très-régulière; s'est toujours distingué par son application aux mathématiques. Il sait passablement son histoire et sa géographie; il est assez faible pour les exercices d'agrément et pour le latin, où il n'a fait que sa quatrième. Ce sera un excellent marin; il mérite de passer à l'École militaire de Paris. Quand le jeune élève de Brienne fut assis sur le trône de France, il se rappela les bontés de Keralio, et accorda spontanément à sa veuve une pension de 3,000 fr. (LEVOT).

KERATRY

posés par des femmes; 1786-1789, 14 volumes in-8° cette collection n'a pas été terminée; Les Crimes des Reines de France, depuis le commencement de la monarchie jusqu'à Marie-Antoinette; Paris, 1793, in-8° (anonyme); Amélie et Caroline, ou l'amour et l'amiAlphonse et Matié; 1808, 5 vol., in-12; thilde, ou la famille espagnole, 1809, 4 vol. in-12; Voyage en Hollande et dans le midi de l'Allemagne, sur les deux rives du Rhin,.... trad. de l'anglais de John Carr; 1809, 2 vol. in-8°; —L'Étranger en Irlande, ou voyage dans les parties méridionales et occidentales de cette ile, dans l'année 1805, trad. de l'angl. de John Carr; Paris, 1809, Éléments de Construction 2 vol.,. in-8°;

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Rose et Al(anglais-français); 1810, in-8°; bert, ou le tombeau d'Emma; 1810, 3 vol. Fables de Dodsley, trad. de l'anin-12; glais; 1812, in-12. Elle a coopéré, avec son père et son mari, au Mercure national; elle a travaillé au Censeur universel anglais (1785 et ann. suiv.), et a fourni quelques notices aux Mémoires de l'Académie de Sienne. G. DE F. Mahul, Annuaire nécrologique, ann. 1827. de madame Rolland.

Mem.

* KERANFLECH (Charles-Hercule DE), littérateur français, né vers 1730, à Plusquellec (Bretagne), mort au château du Harmoi, près Guingamp. Il est auteur de quelques travaux philosophiques, parmi lesquels nous citerons : Hypothèse des petits Tourbillons, justifiée Obserpar ses usages; Rennes, 1761, in-12; vations sur le Cartésianisme moderne, pour servir d'éclaircissement au livre précédent; ibid., 1774, in-12; Essai sur la Raison; ibid., - la suite de cet Essai avec un 1765, in-12; Examen de la question de l'Ame des Bétes; Dissertation sur les ibid., 1768, in-12; Miracles; ibid., 1773, in-12; - Recueil d'oIdée de puscules; ibid., 1778, 2 vol. in-12; l'ordre surnaturel; ibid., 1787, in-12, etc. P. L-Y.

Miorcec de Kerdanet, Les Écrivains de la Bretagne. *KERATRY (Auguste-Hilarion DE), littérateur et homme politique français, né à Rennes, le 28 octobre 1769. Il appartient à une famille noble. Son père, qui avait eu plusieurs fois l'occasion de défendre les droits et les intérêts de sa province, fut choisi par son ordre comme président de la noblesse aux états de Bretagne, lors des élections pour les états généraux, qui devinrent l'Assemblée constituante. Destiné à la carrière de la magistrature et à hériter d'une charge au parlement de Bretagne, le jeune Keratry, après avoir terminé ses classes à Quimper, étudia le droit dans sa ville natale. Il se prononça, dès le commencement de la révolution, en faveur des idées nouvelles. Son père étant venu à mourir sur ces entrefaites, il hérita d'une terre située dans le Finistère, laquelle appartenait depuis plusieurs générations à sa famille. De ce domaine, il

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