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d'alimentation des animaux; nous n'avons à parler du sel que comme amendement des terres, et jusqu'à présent les expériences faites ne sont pas assez concluantes pour offrir un guide certain.

On prétend que le sel a produit de bons effets, appliqués aux prés humides, aux terres d'une nature argileuse-calcaire et fraîches. M. Lecoq de Clermont a fait des expériences sur l'action des amendements salins. Il a reconnu que le sel influait sur la plante en augmentant la faculté absorbante dans l'atmosphère, et il a constaté que cet amendement tendait à augmenter le produit en fanes (tiges, feuilles) plus que le produit en grain. L'effet du sel dans ses expériences a été d'augmenter tous les produits, mais en plus grande proportion les produits foliacés (tiges et feuilles); aussi la dose qu'il indique pour les fourrages n'est-elle que la moitié de celle qui lui paraît nécessaire pour les plantes à graines.

La dose la plus productive pour l'orge serait de 3 kil. par are, ou 300 kil. par hectare. Pour les pommes de terre, même quantité; pour le lin, 2 kil. 50 décagrammes par are, ou 250 kil. par hect.; pour les légumineuses-fourrage, 1 kil. 50 déc. par are, ou 150 kil. par hectare. Sur les terres humides et froides, il paraît qu'il en faut d'avantage. Il convient bien aux prairies, dont il tue les mousses.

Voici ce que nous lisons dans une circulaire que M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce adressait, en 1849, à Messieurs les Préfets des dépar

tements:

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Quant à l'emploi direct du sel à la culture des terres, les faits d'expériences ne sont

ni assez nombreux, ni assez concluants pour qu'on puisse être bien fixé sur la valeur; c'est du temps, des essais pratiqués à venir qu'il faut attendre des éclaircissements sur cette question.

» L'état actuel des connaissances agricoles paraît cependant permettre d'espérer de bons résultats, lorsque le sol ne renferme que des proportions insuffisantes de chlorure de sodium ou de potassium, et que l'humidité, sans être excessive, est assez grande pour empêcher la solution saline de se concentrer au contact des jeunes plantes ou des graines en germination.

Au reste, pour que le sel conserve un effet utile, il ne faut pas, suivant de graves autorités, que la terre contienne plus de 0,001 de son poids de sel marin ou de chlorure de sodium et de potassium, ou d'autre composé alcalins. »

Comme on le voit, la question d'amendement par le sel marin n'est pas résolue; c'est aux agriculteurs à faire des essais sur de petites contenances et avec une scrupuleuse et intelligente attention.

DU DRAINAGE.

Au nombre des moyens employés pour l'amendement des terres, nous aurions dû faire figurer le drainage; mais cette matière demanderait à elle seule un volume, ou tout au moins un article séparé. Qu'il nous suffise donc de dire ici que nous avons vu des terres dont la production a doublé par l'effet d'un drainage savamment appliqué. Nous avons vu, se tenant l'une à l'autre, deux pièces de terre de même nature, à la

même exposition, l'une étant drainée, l'autre ne l'étant pas; ces deux pièces de terres appartenant au même propriétaire, et cultivées de la même manière. Entre les deux la différence de récolte était celle qu'on peut remarquer entre la récolte d'une mauvaise terre et celle d'un sol riche et bien cultivé. De rares et faibles plantes se remarquaient çà et là au milieu d'une terre bourbeuse et non drainée; une végétation luxuriante se voyait sur l'autre.

Du reste, et grâce aux efforts du Gouvernement, le drainage a acquis chez nous, en peu de temps, une vogue qui augmente chaque jour, et il est trèscommun de voir des fermiers à longs baux offrir à leurs propriétaires un intérêt de 5 p. 0/0 sur le prix du drainage des terres d'une ferme.

Si toutes les améliorations agricoles étaient acceptées aussi promptement que l'a été le drainage, dans peu de temps la France n'aurait plus à envier les progrès agricoles des pays voisins.

Dans un prochain article nous traiterons des engrais employés le plus communément et avec le plus d'avantage en agriculture.

Boissy-Saint-Léger, le 15 février 1858.

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