A notre séance du 18 février dernier, il a été offert, pour le Musée de la ville, de la part de M. Daviau, fils, marbrier à Troyes, un reliquaire en plomb trouvé dans le bief des Moulins-Brûlés. Cet objet me paraissant, à la première vue, se rattacher à notre

(1) • Pour remémorer de nos prédécesseurs

» Les dits, les faits et les mœurs.

D

(WACE. Rom. du Rou.).

(2) Ce mémoire a été communiqué à la Société Académique de l'Aube, dans sa séance du 15 avril 1859.

histoire locale, je hasardais, dans ce sens, quelques explications. Un examen plus attentif, auquel je me suis livré d'après l'invitation de M. le Président, m'a donné la conviction que je ne m'étais pas trompé. Je viens donc vous soumettre le résultat de mes recherches.

Le reliquaire dont il s'agit est ce qu'on appelle une Enseigne de pélerinage. Mais, avant de faire la description de ce petit monument, disons d'abord ce que l'on entendait, au moyen-âge, par la dénomination d'Enseignes.

Je laisse de côté plusieurs acceptions de ce mot; je m'en tiens à celles qui rentrent dans mon cadre.

On désignait, sous le nom d'Enseignes, tous objets de métal, d'ivoire, de cristal et d'étoffe, tels que croix, reliquaires portatifs, écussons, broderies, médailles, amulettes, bijoux, statuettes, figurines et portraits, qui s'attachaient à la bérette, au chapel (ou chapeau), au col, sur la poitrine, et même aux bras.

Comme on le voit, ces objets avaient nécessairement une destination civile et une destination religieuse.

Dès 1372, l'Enseigne était la marque de reconnaissance qu'on imposait aux Juifs :

« Et oultre, nous plaist et voulons que tous les >> diz juys et juyves, demourans en nostre royaume,