rage pas; il entre dans les détails d'exécution, il prescrit de ventiler, d'étuver, de dessécher les grains avant de les confier aux silos; il conseille de concentrer ces magasins dans les départements à sol crayeux, qui sont justement les départements du centre, d'où les réserves peuvent facilement être expédiées sur tous les points de la circonférence. Creusés dans la craie, les silos n'auraient pas besoin de maçonnerie et seraient très-propres à la conservation du blé. Une foule d'objections se présente à l'esprit à propos du systême exposé par M. Dondeau ; mais notre collègue ne se fait point illusion sur ce point, et ne prétend pas avoir émis une idée neuve, complète, prête à être appliquée. Inspiré par les essais que M. Ternaux tenta dans cette direction, il y a un demisiècle, M. Dondeau a voulu faire sortir de l'oubli des tentatives généreuses qui lui paraissent indiquer la seule voie à suivre pour conjurer les variations du cours des céréales. C'est aux hommes de science, d'un côté, au Gouvernement et aux capitalistes, de l'autre, à mûrir cette idée et à la rendre pratique. L'année dernière, vous aviez déjà été saisi de ce grand problême de la conservation des blés, par un mémoire de M. Frédéric Lenfant, propriétaire à Caen. M. Gustave Huot, au nom de votre section d'agriculture, vous rendit compte de ce travail qui renferme une idée très-juste et très-utile, celle de la conservation du blé dans son épi, ou du moins dans sa menue paille. Votre section trouva les procédés de conservation, préconisés par M. Lenfant, rationnels et irréprochables en théorie, mais d'une application difficile. Elle fit ressortir l'impossibilité de pratiquer en grand la séparation des épis d'avec la paille, les difficultés de l'acquisition des blés enveloppés de leurs paillettes, l'embarras et les frais que causeraient leur conservation et leur vente par des agents du Gouvernement. M. Huot ajoutait, avec raison, que les réserves de blé, pour être efficaces, doivent être faites par les particuliers eux-mêmes, el disséminées sur tous les points du territoire. Pour cela, il ne faudrait qu'indiquer des procédés pratiques et économiques de conservation aux cultivateurs que leur intérêt porterait bien vîte à réserver leurs céréales aux jours de bon marché, pour les présenter à la vente lorsque la hausse se ferait sentir. C'est ce procédé qui est encore à trouver; faisons des vœux pour que la science y parvienne enfin. Vous avez encore souvenir, Messieurs, de la complète stérilité dont la vigne a été frappée de 1853 à 1857. La fable antique faisait élever le jeune Bacchus par les Naïades allégorie ingénieuse, dit un auteur du siècle dernier (1), qui exprime qu'il est bon de mettre de l'eau dans son vin. A la suite de ces quatre années, cette allégorie et la leçon qu'elle renferme étaient devenues bien inutiles, car à peine s'il nous restait un peu de vin à mettre dans notre eau. La rareté de la précieuse liqueur était le moindre des maux amenés par ces années désastreuses elles avaient plongé dans la misère les populations de nos contrées viticoles. (1) Delacroix, Dictionnaire des cultes religieux. Nouveau mode de culture pour la vigne. Une calamité si persistante et si cruelle porta naturellement les esprits vers les moyens de la conjurer à l'avenir. De nouveaux modes de viticulture furent indiqués et mis à l'essai dans notre département, et, comme toujours, leurs auteurs invoquèrent votre témoignage et soumirent leurs procédés à votre examen. En tête de ces investigateurs, il faut placer M. Gentil-Jacob, propriétaire à Villenauxe, qui, dès le mois de janvier 1856, vous exposa un nouveau mode de cultiver la vigne. Un premier examen de cette méthode, fait par M. Eugène Ray, l'un de vos membres associés, vous prouva qu'elle méritait une étude approfondie; vous en confiàtes le soin à une Commission spéciale, dont M. l'abbé Cornet fut le rapporteur. Vos commissaires visitèrent les vignes de M. Gentil-Jacob, à l'époque de la maturité du raisin, en 1856, année calamiteuse s'il en fut, pour la production du vin. Le spectacle dont fut frappée votre Commission témoignait éloquemment en faveur de la méthode de M. Gentil-Jacob. Tandis que les vignes environnantes étaient tellement dépourvues de raisins qu'en une heure de marche votre Commission put à peine en rencontrer trois, les ceps de M. GentilJacob, ceux de M. Oudin, traités depuis trois ans seulement d'après la nouvelle méthode, étaient surchargés de grappes magnifiques en pleine maturité. Je dirai, en deux mots, que les vignes de M. GentilJacob sont dressées en treilles de 2 mètres d'élévation, espacées entre elles de 2 mètres, et soutenues sur de simples fils de fer. La largeur des intervalles, la ténuité des supports permettent ainsi à l'air et à la lumière de pénétrer les sarments en tous sens; de plus, les rameaux sont dirigés verticalement et la taille est allongée; ce qui amène une production de fruits très-considérable, mais ce qui, en même temps, conduit nécessairement à un épuisement précoce. M. Gentil-Jacob y remédie en retranchant, après trois ou quatre ans, les branches qui ont porté, et en les remplaçant par du bois entièrement neuf. Enfin, la troisième cause, et la principale du succès de M. Gentil-Jacob, c'est l'emploi d'un nouveau plant d'une fertilité exceptionnelle, appelé par son introducteur, pineau de Marseille. Ce plant est doué, à un plus haut degré que toutes nos espèces du pays, de la faculté de remonter, propriété d'un prix inestimable, qui lui permet de réparer presque complètement, au prix seulement de quelques jours de retard, les désastres causés aux premiers bourgeons par les gelées du printemps. Bien que M. Gentil-Jacob se soit trompé sur la détermination de ce nouveau cépage qui paraît n'être qu'un gamet plus généreux, plus fin que l'épais et acide raisin de ce nom dont nos vignes s'empoisonnent de plus en plus, il n'en a pas moins rendu un signalé service, en l'introduisant sur les terrains profonds et froids de Villenauxe, et sur tous les sols similaires. Votre Commission s'est associée sans hésiter aux efforts désintéressés de M. Gentil-Jacob, en proclamant le succès de sa méthode, en le félicitant de l'introduction du précieux plant de Marseille, en signalant enfin à M. le Ministre de l'agriculture ses heureuses innovations. Vous avez, en outre, voulu répandre, autant qu'il était en vous, les procédés de T. XXIII. 2 Moyens pour préserver les ceps M. Gentil, en ordonnant l'impression dans vos Mémoires du rapport de M. l'abbé Cornet. Vous avez accueilli avec la même faveur un moyen inventé par M. Maître, propriétaire à Thieffrain, pour de la gelée. préserver les vignes de la gelée. Les connaissances spéciales de M. l'abbé Cornet lui valurent encore, en cette circonstance, les fonctions de rapporteur de votre Commission. Le moyen proposé par M. Maître, d'une excessive simplicité et d'une application facile, consiste, dit le rapporteur, en deux tuiles concaves, élargies par le bas, rétrécies par le haut, et qui, rapprochées, forment un étui protecteur pour le jeune bourgeon. Votre Commission a constaté que dans les vignes ainsi traitées, la gelée avait épargné tous les bourgeons, tandis que de nombreuses lacunes se faisaient remarquer sur les ceps des propriétaires voisins. Il est inutile d'ajouter que cet appareil ne peut s'appliquer qu'aux vignes à pied. Disons enfin que trente mille de ces tuiles sont nécessaires pour un hectare. Une fois installées dans le champ, elles ne doivent plus le quitter; placées à environ cinq centimètres du pied, loin de gêner la culture, elles contribuent à préserver les racines de l'atteinte de l'outil. Il n'y a donc à alléguer contre cette innovation que la cherté de la première mise de fonds, évaluée à 800 francs par hectare; mais si le vigneron envisage le résultat certain qu'elle procure, il ne reculera point devant cette dépense; c'est pourquoi votre Commission n'a pas hésité à vous recommander la propagation du procédé de M. Maître. Un autre viticulteur, M. Prévost, ancien percep |