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admettait que les caractères des êtres organisés changent sous l'influence des circonstances et particulièrement des habitudes que contractent ces êtres. Lamarck a exposé ces idées, à plusieurs reprises, de 1801 à 1806, dans ses cours et dans diverses publications, et il a consacré à leur développement, en 1809, la plus grande partie de son principal ouvrage, la Philosophie zoologique (voy. ci-après), après laquelle encore il est souvent revenu depuis sur ces mêmes idées : il les défendait encore en 1820 dans son dernier ouvrage. Nous exposerons sommairement, d'après Lamarck lui-même, cette doctrine si chère à son auteur, mais presque toujours défigurée par ses adversaires, dont la plupart ont condamné Lamarck sans aucune étude faite aux sources mêmes, et « d'après d'infidèles comptes rendus, qui ne sont « aux vues de Lamarck que ce qu'une caricature « est à un portrait ! » disait tout récemment M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, dans le second volume de son-Histoire naturelle générale. C'est à ce livre, tout récemment publié, que nous empruntons en partie le résumé suivant : « La supposition presque généralement admise, dit Lamarck, que les corps vivants constituent des espèces aussi an-. ciennes que la nature même est tous les jours démentie. Il ne peut se produire de grands changements dans les circonstances sans qu'il en résulte aussi de grands changements dans les besoins des corps vivants, par suite dans leurs habitudes. C'est là, dit Lamarck, la principale « cause « qui modifie leur organisation et leurs parties »>, car l'habitude d'exercer un organe lui fait aca quérir des développements et des dimensions << qui le changent insensiblement, en sorte qu'avec « le temps elle le rend fort différent. » Chaque forme acquise est conservée et se transmet successivement par la génération jusqu'à ce que de nouvelles modifications de ces organisations et de ces formes aient été obtenues par la même voie et par de nouvelles circonstances. « Les es« pèces, conclut Lamarck, ne sont donc que re«<latives et ne le sont que temporairement. Buffon avait émis avant Lamarck, et, depuis lui, Geoffroy Saint-Hilaire et un grand nombre d'autres ont admis cette dernière proposition, mais non cette influence des changements d'habitudes que suppose Lamarck, mais que la nature ne nous montre nulle part et ne saurait même nous montrer; car un changement d'habitudes ferait sortir l'animal des harmonies de son organisation avec les circonstances où il vit. Il y a ici entre Lamarck et ses illustres prédécesseurs et successeurs un dissentiment si profond, que plusieurs auteurs ont considéré Buffon et Geoffroy Saint-Hilaire comme plus voisins ici de Cuvier que de Lamarck. Mais au-dessus de l'explication de la variabilité, il y a la notion même de celle-ci, et tous les défenseurs de cette notion, les uns plus mesurés et Lamarck plus téméraire, et téméraire à l'aide d'une hypothèse toute gratuite, ne défendent pas

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venues.

moins au fond le même système général d'idées, celui de l'influence des circonstances sur les caractères des êtres, contre l'hypothèse d'un type spécifique absolu et immuable. Et si le premier est destiné à prévaloir dans la science, on ne devra pas oublier que Lamarck en a été le plus persévérant défenseur, et que s'il n'en a pas donné les preuves, il a donné l'impulsion d'où elles sont -La vieillesse de Lamarck n'a pas seulement été attristée par les vives et parfois acerbes critiques auxquelles il fut en butte; presque dès son avénement à la zoologie, l'affaiblissement de sa vue l'avait obligé de recourir pour les insectes à l'assistance de Latreille; bientôt il ne put plus distinguer les petits objets, et, dans les derniers temps, il devint complétement aveugle. Lamarck était d'ailleurs loin d'être favorisé du côté de la fortune. Sa vie retirée et sa persistance dans des systèmes peu d'accord avec les idées qui dominaient dans les sciences ne lui avaient pas concilié les dispensateurs de grâces. « Lorsque les in<< firmités sans nombre, amenées par la vieillesse, << eurent accru ses besoins, dit Cuvier, toute son << existence se trouva à peu près réduite au mo<< dique traitement de sa chaire. Les amis des « sciences, attirés par la haute réputation que lui << avaient valu ses ouvrages de botanique et de « zoologie, voyaient ce délaissement avec surprise; «il leur semblait qu'un gouvernement protecteur « des sciences aurait dù mettre un peu plus de « soin à s'informer de la position d'un homme « célèbre. Mais leur estime redoublait à la vue du « courage avec lequel ce vieillard illustre sup« portait les atteintes de la fortune et celles de

« la nature. Ils admiraient surtout le dévouement <«< qu'il avait su inspirer à ceux de ses enfants qui « étaient demeurés près de lui. Sa fille aînée, en« tièrement consacrée aux devoirs de l'amour « filial pendant des années entières, ne l'a pas quitté un instant, n'a pas cessé de se prêter à « toutes les études qui pouvaient suppléer au dé<< faut de sa vue, d'écrire sous sa dictée une partie « de ses derniers ouvrages, de l'accompagner, de <«<le soutenir tant qu'il a pu faire encore quelque « exercice, et ces sacrifices sont allés au delà de « tout ce qu'on pourrait exprimer. Depuis que le « père ne quittait plus la chambre, la fille ne « quittait plus la maison. A sa première sortie elle «< fut incommodée par l'air libre, dont elle avait « perdu l'usage. S'il est rare de porter à ce point « la vertu, il ne l'est pas moins de l'inspirer à ce « degré, et c'est ajouter à l'éloge de Lamarck que « de raconter ce qu'ont fait pour lui ses enfants. »> Lamarck est mort le 18 décembre 1829. Richard avait établi, sous le nom de marckea, changé par Persoon et Poiret en celui de lamarckea, un genre de plantes de la famille des solanées, qui comprend une jolie liane des forêts humides de la Guyane. Ce genre a fait supprimer celui de lamarckia, antérieurement créé par Moench et Koeler, pour une graminée à laquelle Persoon a donné

celui de chrysurus. Les ouvrages de Lamarck, que
nous rapporterons à trois classes, d'après les su-
jets sur lesquels ils roulent, sont: 1° Flore fran-
çaise, ou Description succincte de toutes les plantes
qui croissent naturellement en France, Paris, 1773,
3 vol. in-8°; ibid., 1780, in-8°. De Candolle en
a donné une nouvelle édition fort augmentée, en
six volumes, dont les cinq premiers ont paru en
1805, et le sixième en 1815. Il a été publié un
extrait de la Flore française, Paris, 1792, 1 vol.
in-8°; 2o Dictionnaire de botanique, faisant partie
de l'Encyclopédie méthodique. Les tomes 1er (1783)
et 2 (1786) sont en entier de Lamarck; pour le 3
(1789), il fut aidé par Desrousseaux; le 4 (1795)
est de ce dernier, de Poiret et de Savigny; le 5o
(1804), de Poiret et de de Candolle; le 6e (1804),
le 7 (1806), et le 8° (1808), de Poiret seul, ainsi
que les cinq volumes de supplément (1810-1817);
3o Illustration des genres, ou Exposition des carac-
tères de tous les genres de plantes établis par les
botanistes, faisant également partie de l'Encyclopé-
die méthodique, t. 1er, 1791; 2°, 1793; 3o,1800, con-
tenant 900 planches. Poiret a donné en 1823 un
volume de supplément, avec 100 planches. 4° Re-
cherches sur les causes des principaux faits physi-
ques, et particulièrement sur celles de la combus-
tion, de l'élévation de l'eau dans l'état de vapeur,
de la chaleur produite par le frottement des corps
solides entre eux, de la chaleur qui se rend sen-
sible dans les décompositions subites, dans les
effervescences et dans le corps de beaucoup d'ani-
maux pendant la durée de la vie, de la causticité,
de la saveur et de l'odeur de certains composés,
de la couleur des corps, de l'origine de tous les
composés et de tous les minéraux; enfin de l'en-
tretien de la vie des êtres organiques, de leur ac-
croissement, de leur état de vigueur, de leur dé-
périssement et de leur mort; Paris, 1794, 2 vol.
in-8°; 5o Mémoires de physique et d'histoire natu-
relle, établis sur des bases de raisonnement indé-mant, peut-être avec juste raison, le mode de pu-
pendantes de toute théorie, avec l'exposition de
nouvelles considérations sur la cause générale des
dissolutions, sur la matière du feu, sur la couleur
des corps, sur la formation des composés, sur
l'origine des minéraux et sur l'organisation des
corps vivants; Paris, 1797, 1 vol. in-8°. Le fond
des idées de Lamarck était que la matière se com-
pose de principes essentiellement hétérogènes,
qui, dans toutes leurs associations ou combinai-
sons, sont plus ou moins dans un état de gène et
de modification; or, comme il répugne à la raison,
suivant lui, qu'une substance tende à s'éloigner
de son état naturel, il croyait que, loin de pro-
duire les combinaisons, la nature tend sans cesse
au contraire à les détruire. Il attribuait les phé-
nomènes du son, non à la vibration de l'air et des
corps sonores, mais à celle d'un fluide éthéré et
très-subtil, qu'il croyait être aussi la cause de la
chaleur. On remarque, en outre, qu'il déclare
n'être disposé à croire aux résultats des analyses
chimiques qu'alors qu'on n'aura employé pour les

faire ni feu, ni sels, ni réactifs d'aucun genre,
mais seulement des moyens mécaniques. Cette
même idée s'est offerte à l'esprit de bien des per-
sonnes depuis l'immense développement qu'a pris
la chimie organique dans ces derniers temps.
6o Refutation de la théorie pneumatique et de la nou-
velle doctrine des chimistes modernes, présentée
article par article, dans une suite de réponses aux
principes rassemblés et publiés par Fourcroy dans
sa Philosophie chimique; précédée d'un supplé-
ment complémentaire de la théorie exposée dans
les recherches sur les causes des principaux faits
physiques; Paris, 1796, 1 vol. in-8°; 7° Hydrogéo-
logie, ou Recherches sur l'influence générale des
eaux, sur la surface du globe terrestre, sur les
causes de l'existence du bassin des mers, de son
déplacement, de son transport successif sur les
différents points de ce globe, enfin sur les chan-
gements que les corps organisés vivants exercent.
sur la nature et l'état de cette surface; Paris,
1802, 1 vol. in-8°. Lamarck cherche à établir que
sans la lune les mers seraient immobiles; leurs
lits se combleraient de limon et de débris terreux,
et leurs eaux couvriraient peu à peu la surface
de la terre. 8° Annuaire météorologique, contenant
l'exposé des probabilités acquises par une longue
suite d'observations sur l'état du ciel et les varia-
tions de l'atmosphère pour différents temps de
l'année; l'indication des époques auxquelles on
peut s'attendre à avoir du beau temps ou des
pluies, des orages, des tempêtes, des gelées, des
dégels, etc.; enfin la citation, d'après les proba-
bilités, des temps favorables aux fêtes, aux voyages,
aux embarquements, aux récoltes et aux autres
entreprises dans lesquelles il importe de n'être
point contrarié par le temps; Paris, 1800, 1801,
1802, 1803, 1804, 1805, 1806, 1807, 1808, 1809
et 1810; onze volumes, dont les deux premiers
in-18 et les autres in-8°. Il est fâcheux qu'en bla-

blication que le peu de fortune de Lamarck lui avait fait adopter, on ait laissé tomber dans l'oubli la méthode qu'il conseillait pour étudier les phénomènes météorologiques avec plus de fruit qu'on en a retiré jusqu'à présent des observations recueillies d'après un plan qui ne paraît pas, en effet, devoir jamais conduire à des résultats bien satisfaisants. 9° Système des animaux sans vertèbres, ou Tableau général des classes, des ordres et des genres de ces animaux, présentant leurs caractères essentiels et leur distribution d'après la considération de leurs rapports naturels et de leur organisation; Paris, 1801, 1 vol. in-8°. C'est une esquisse du grand ouvrage dont nous parlerons plus loin. A Lamarck appartient l'introduction dans la science du terme d'animaux sans vertèbres, pour désigner les êtres jusqu'alors connus sous le nom de vers et d'insectes. Ce qui surtout le rend précieux, c'est qu'il exprime la seule circonstance d'organisation qui soit commune à tous ces animaux, sans exception. Pour ce qui est

animale des vues très-nouvelles et très-hardies à l'époque où elles parurent, mais qui commencent à être aujourd'hui très-généralement acceptées. 11o Extrait du cours de zoologie du muséum d'histoire naturelle sur les animaux sans vertèbres, présentant la distribution et la classification de ces animaux, les caractères des principales divisions, et une simple liste de genres, Paris, 1812, 1 vol. in-8"; 12o Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, présentant les caractères généraux et particuliers de ces animaux, leur distribution, leurs classes, leurs familles, leurs genres, et la citation des principales espèces qui s'y rapportent; précédée d'une introduction offrant la détermination des caractères essentiels de l'animal, sa distinction du végétal et des autres corps naturels; enfin l'exposition des principes fondamentaux de la zoologie, Paris, 1815-1822, 7 vol. in-8°. Depuis la mort de l'auteur, MM. Deshayes et Milne-Edwards ont publié une seconde édition, Paris, 1836-1845, 11 vol. in-8°. C'est l'ouvrage capital de Lamarck, le seul, avec la Botanique et la Philosophie zoolo

un temps où il perdra le caractère classique qui
le distingue si éminemment aujourd'hui ; mais du
moins demeurera-t-il toujours comme un des plus
beaux monuments de l'esprit humain. 15o Mė-
moire sur les fossiles des environs de Paris, 1823,
1 vol. in-4°, avec grand nombre de planches. Ce
mémoire, imprimé par fragments dans les Annales
du muséum, n'a pas été terminé; il ne traite que
des coquilles fossiles, dont Lamarck a contribué
plus que personne à répandre l'étude. 14o Système
analytique des connaissances positives de l'homme,
restreintes à celles qui proviennent directement
ou indirectement de l'observation, Paris, 1830,
in-8°.
J-D-N et X.

de la classification, on a dit que les travaux de Lamarck et de Cuvier se sont quelquefois suivis d'assez près pour embarrasser l'historien le plus probe et le plus impartial; ce fait est incontestable; mais Lamarck demeura constamment étranger à l'anatomie pratique; il sut seulement profiter avec une rare habileté des recherches spéciales de Cuvier, et s'élever par leur secours à des idées de coordination que le grand anatomiste n'aurait peut-être pas toujours aperçues, pour lesquelles du moins il ne semblait pas avoir ce sentiment instinctif dont son illustre collègue était doué à un si haut degré. 10° Philosophie zoologique, ou Exposition des considérations relatives à l'histoire naturelle des animaux, à la diversité de leur organisation et des facultés qu'ils en obtiennent, aux causes physiques qui maintiennent en eux la vie et donnent lieu aux mouvements qu'ils exécutent, à celles qui produisent, les unes, le sentiment, et les autres, l'intelligence de ceux qui en sont doués; Paris, 1809, 2 vol. in-8°; ibid., 1830, 2 vol. in-8°. Dans ce livre, où l'auteur a exposé une physiologie toute à lui, il y a beaucoup d'hy-gique, qui passera à la postérité. On peut prévoir pothèses, on doit en convenir; l'ensemble a une physionomie qui choque, ou qui du moins semble étrange, et les conséquences déduites de principes vrais sont souvent forcées au plus haut point. La proposition qui a soulevé le plus d'objections est celle qu'un besoin peut engendrer des organes. Cependant un besoin n'est que l'expression d'un rapport entre la forme de la vie et les influences ambiantes. Celles-ci venant à varier, et le peu que nous savons en géologie prouve qu'elles l'ont fait plus d'une fois, les relations n'étant plus les mêmes, il faut de toute nécessité que les corps vivants s'éteignent quand le passage d'un ordre de choses à l'autre est brusque, ainsi qu'il est arrivé à plusieurs reprises, ou qu'ils se modifient quand cette transition a eu lieu d'une manière lente et graduelle. Le tort de Lamarck n'est donc pas d'avoir admis des générations spontanées et modifiables par le seul effet des lois de la nature, mais d'avoir supposé que ces modifications pouvaient n'avoir pas de termes, et que la plus simple organisation donnée suffisait pour expliquer ainsi la production de toutes les autres. La seule objection qu'on lui ait faite, celle qu'il y a identité des formes animales depuis les temps historiques les plus reculés jusqu'à nos jours, n'a philosophiquement aucune valeur. Que sont, en effet, quarante siècles dans ce passé et dans cet avenir, dont, malgré l'effroi qu'éprouve notre imagination, nous sommes forcés de reculer sans cesse les bornes, qui finissent par se perdre dans l'infini, ou, si on l'aime mieux, dans l'indéfini? En résumé la Philosophie zoologique, quand elle ne renferme rait que les chapitres tant critiqués sur l'espèce, attesterait déjà une rare vigueur d'esprit, et aurait droit à une place très-élevée parmi les productions scientifiques du commencement du 19° siècle. Ajoutons qu'on y trouve aussi sur la série

LAMARCK. Voyez AREMBERG.

LA MARDELLE (GUILLAUME-PIERRE-FRANÇOIS de), procureur général près le conseil supérieur de Port-au-Prince, naquit en 1752 à St-Domingue, où sa famille, originaire du Berry, avait des possessions. Il revint en France, pour cause de santé, en 1783. Les plans qu'il présenta au maréchal de Castries, à l'effet d'améliorer le sort des nègres et de diminuer les frais de justice, furent approuvés par le gouvernement; et, nommé conseiller d'État, il retourna en 1786 à St-Domingue, où, malgré de nombreux obstacles, il mit ses plans à exécution. Au commencement de 1789, il publia, à la suite de l'Éloge du comte d'Ennery, un tableau de l'administration de la justice, le premier de ce genre qui eût encore paru, Port-auPrince et Paris, 1 vol. in-8°. La révolution ayant éclaté à St-Domingue, il vint se fixer près de Tours; il y fit paraître, en 1805, Moïse justifié, 1 vol. in-18, dans lequel il montre l'accord des principes de la physique avec le récit de la création dans la Genèse. L'année suivante, il publia sa Réforme judiciaire en France, Paris, 1806, in-8°; et trois ans après, il composa son Principe

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marlière avec quelque désordre; ce qu'il y a de
sûr, c'est qu'il fut dénoncé pour cela au minis-
tère de la guerre par le capitaine Dejean (voy. ce
nom), qui ne craignit pas de lui reprocher en face
qu'il avait plus songé à sauver ses équipages que
ses troupes. Lors de la défection de Dumouriez,
qui eut lieu un peu plus tard (avril 1793), Lamar-
lière, à l'exemple de Dampierre, se sépara de lui
pour se réunir aux commissaires de la conven-
tion nationale, lesquels lui donnèrent le comman-
dement d'une division. Dumouriez fut très-mé-
content de cette conduite, et dans ses Mémoires,
il traite fort mal Lamarlière, qui, dit-il, ayant
été chargé par Valence de conduire ses chevaux
et ses équipages à Tournai, ajouta la friponnerie
à la scélératesse, et s'appropria l'un et l'autre en
se rendant à Valenciennes auprès des délégués de
la convention, qui le nommèrent aussitôt général
de division, et lui donnèrent le commandement
d'un corps d'armée. Il combattit alors sous Dam-
pierre dans plusieurs occasions, notamment à
l'affaire meurtrière de Reymes, où le général en
chef fut tué. Le 24 mai, Lamarlière battit les Hol-
landais à Roubaix et à Turcoing; puis on l'envoya
à Lille pour prendre le commandement de cette
place, où il fut ensuite dénoncé comme noble et
complice de Dumouriez par un protégé de Ro-
bespierre, nommé Lavalette. Poursuivi plus tard
par Robespierre lui-même, il fut décrété d'accu-
sation à la suite d'un rapport du comité de salut
public, où l'on eut l'indignité de produire la
lettre d'un émigré adressée à une femme inconnue,
et d'après laquelle il aurait permis à cet émigré
d'entrer dans la place de Lille. Traduit sur ce
chef d'accusation ridicule au tribunal révolution-
naire, il fut condamné à mort le 25 novembre
1793. Au moment où il allait paraître devant le
sanglant tribunal, le député Duhem, qui l'avait
connu au siége de Lille, et qui lui portait intérêt,
ayant couru après Robespierre dans la rue, pour
le solliciter en sa faveur, n'en reçut que cette
froide réponse: Je ne me mêle pas de ces choses-
là.
M-D j.

organique de l'univers, Paris, 1809, 2 vol. in-8°. La Mardelle mourut le 19 janvier 1813. Nous citerons un seul des traits qui honorèrent sa vie publique, et dont la preuve légale existe. La comtesse D....y lui ayant laissé par son testament deux cent mille francs, pour des services essentiels qu'il lui avait rendus, il écrivit à son mari: « Les services de l'amitié ne se payent point avec « de l'argent ; je n'accepte point ce legs. » D-u. LAMARE. Voyez Mare. LAMARE (GUILLAUME DE), né à Paris en 1664, et mort dans cette ville en 1747, fut curé de StBenoît et ensuite chanoine de Notre-Dame. Il est auteur de plusieurs ouvrages estimables et très-répandus, entre autres: Epitres et Evangiles pour les dimanches et fêtes, avec de courtes réflexions, 1 vol. in-8°, imprimé en 1714, et qui a eu plus de cinquante éditions; la dernière est de 1824. (Voy. la France catholique, 1825, chronologie historique des curés de St-Benoît, par l'abbé Bruté.) Z. LAMARLIÈRE (ANTOINE-NICOLAS, comte DE), général français, issu d'une noble et illustre famille d'Écosse, dont les ancêtres suivirent la fortune du roi Jacques II, lorsque ce prince se réfugia en France, naquit à Crépy, près de Meaux, en 1746, et fut destiné dès l'enfance à la carrière des armes. Entré comme élève à l'école militaire en 1756, il fut nommé six ans après sous-lieutenant dans le régiment du Dauphin, dans lequel il fit les dernières campagnes de la guerre de sept ans, en Allemagne. Blessé à l'attaque du fort de Hamm, en Westphalie, il passa comme lieutenant dans le régiment du Perche; devint major des grenadiers royaux en 1769, et fit la campagne de Corse de cette année sous le maréchal de Vaux. Dix ans plus tard, il fut nommé lieutenant du roi et commandant de la ville et citadelle de Montpellier, emploi qu'il conserva jusqu'à la révolution de 1789. S'étant alors montré partisan des innovations, et n'ayant par conséquent pas émigré, il obtint en 1791 le commandement du 14 régiment d'infanterie, puis le grade de maréchal de camp. Ce fut en cette qualité qu'il fit entrer neuf bataillons d'infanterie LAMARQUE (FRANÇOIS), conventionnel, était né dans Lille assiégée par les Autrichiens, dans le dans le Périgord vers 1755, et fut reçu avocat au mois de septembre 1792, et qu'il eut part avec parlement de Paris en 1785. Une consultation le général Ruault à la défense de cette place. qu'il fit alors en faveur de la province du BourAprès avoir pris la citadelle d'Anvers, le 18 no- bonnais, et qui fut signée par Tronchet, Target vembre 1792, il commanda l'avant-garde de Mi- et d'autres avocats célèbres, lui fit une réputaranda sur la Meuse, et partit de Ruremonde pour tion. Ayant, comme la plupart des hommes de faire une invasion dans la Gueldre prussienne, son ordre, embrassé la cause de la révolution, il afin de mettre ce pays à contribution. Dumou- fut nommé juge au tribunal du district de Péririez prétend, dans ses Mémoires, que cette opé- gueux en 1790, et l'année suivante député du ration fut exécutée légèrement, et qu'au lieu de département de la Dordogne à l'assemblée légishuit millions de contributions, dont il devait lative. Il commença à se faire connaître dans frapper ce pays, il n'obtint guère que le quart cette assemblée par des travaux sur l'ordre judide cette somme. Quoi qu'il en soit, Lamarlière ciaire, et ensuite par des motions contre les émiétait à peine revenu sur la Meuse que le corps grés, dont il proposa, dès le 21 janvier 1792, de de Miranda fut obligé de lever le siége de Maës-séquestrer les biens, disant que c'était à ceux qui tricht et de se retirer en toute hate. Il paraît que provoquaient la guerre d'en supporter les frais, cette retraite fut exécutée par la division de La- et que ceux qui défendaient la patrie devaient

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du Spielberg. A cette époque, l'Autriche consentit à les échanger contre la princesse fille de Louis XVI. Lamarque entra alors au conseil des cinq-cents, où il reprit bientôt son système de diffamation contre la royauté, et on l'y vit se dédommager par de violents discours du silence qu'il avait été contraint de garder si longtemps. Nommé l'un des secrétaires du conseil avec Bancal, Quinette et Drouet, le 23 janvier 1796, il déclara qu'il regardait comme ennemi de la répu

être indemnisés aux dépens de ses ennemis. Trois jours après il fut élu secrétaire. Le 8 mars suivant, il demanda que le décret de séquestre qu'il avait provoqué ne fût pas soumis au veto du roi, ce qui était une infraction évidente de la constitution. Le 28 juin, il proposa de casser tous les membres des tribunaux, « parce qu'ils n'étaient « pas assez patriotes. » Le 9 août, il pressa l'assemblée de prononcer la déchéance du roi, ce qui a fait croire qu'il était dans le secret de la conspiration; et ce qui le prouve encore davan-blique quiconque provoquerait la suppression des tage, c'est qu'il proposa à l'assemblée de se dé- associations de citoyens. A cette occasion, il atclarer en permanence jusqu'à la décision de cette taqua vivement le royalisme, dont plusieurs de importante question. Le lendemain, au moment ses collègues niaient l'existence, et il soutint que où la populace attaquait le château des Tuileries, le système d'anarchie était imaginaire. Dans le il fut envoyé avec Carnot et deux autres de ses mois de septembre suivant, il présenta une mocollègues pour essayer de rétablir l'ordre; mais tion sur l'instruction publique et l'enseignement ils rentrèrent bientôt sans avoir fait beaucoup des langues vivantes, pour lesquelles il réclama, d'efforts ni couru de grands périls, déclarant contre l'avis de Mercier, l'institution de chaires qu'ils n'avaient pas pu se faire reconnaître. Cepen- publiques et gratuites. C'est à ce sujet qu'il se dant Lamarque s'était offert lui-même pour mar- livra à une discussion véritablement curieuse sur cher à la tête de cette députation. Il rédigea le l'origine des langues. Plus tard, il prononça un lendemain une adresse au peuple, pour lui faire discours en faveur de la loi du 5 brumaire, qui approuver les événements de la grande journée. excluait les nobles et parents d'émigrés des foncLe 20 du même mois, il fut chargé d'une autre tions publiques, et il invoqua une amnistie gémission auprès de l'armée de Luckner, et il écri- nérale et absolue, parlant dans l'intérêt de Bavit de la frontière du Nord que « partout on rère, auquel il aurait surtout désiré la faire << trouvait la preuve des trahisons du pouvoir exẻ- étendre. Il se déclara fortement, le 28 décembre, « cutif; que Metz était sans canons, et les soldats contre toute atteinte à la liberté de la presse, et << sans armes, etc., etc. » A son retour, il devint vota néanmoins pour le projet de Daunou, relatif membre de la convention nationale, et y vota la à la calomnie. Il fit ensuite ordonner un rapport mort de Louis XVI, de la manière suivante : sur les prêtres réfractaires. Le 4 février 1797, il « Louis est coupable de conspiration; il fut par- se livra à une nouvelle sortie contre le royalisme, « jure, il fut traître. Son existence soutient les et soutint qu'il résultait des pièces de la conspi<< espérances des intrigants, les efforts des aristo- ration de Lavilleurnoy que ses complices n'é« crates. La loi a prononcé la peine de mort; je taient pas de la faction d'Orléans, mais bien des <«< la prononce aussi, en désirant que cet acte de agents de Louis XVIII, des Anglais, des émigrés « justice, qui fixe le sort de la France, soit le et des Autrichiens. Il fut élu président le 20 avril; « dernier exemple d'un homicide légal. » Il rejeta puis il demanda, pour amener le rappel de son l'appel au peuple et le sursis à l'exécution. La- ami Barère, que toutes les lois inconstitutionmarque se montra fort hostile au parti de la Gi- nelles fussent abolies. Il s'éleva peu après contre ronde, et défendit, contre Gensonné, la com- le libre exercice des cultes, rappela les crimes mune de Paris, accusée de faire délibérer la commis au nom de la religion, et s'efforça de convention sous le couteau. Il entra ensuite au faire soumettre à un nouveau serment les précomité de défense générale, et demanda la sus- tres catholiques. Il fut, à cette époque, un des pension des procédures commencées contre les plus ardents défenseurs du directoire dans sa auteurs des massacres de septembre; il s'opposa lutte avec les conseils, et s'opposa, dans la séance ensuite à ce que le duc d'Orléans fût compris du 10 août, à l'adoption des propositions de dans le décret d'expulsion de la famille des Bour- Bailly, tendantes à faire examiner la conduite du bons, et vanta les services rendus par ce prince directoire relativement à la marche des troupes à la révolution. A la suite d'un rapport sur les vers Paris et aux adresses des armées. Il eut part pamphlets répandus depuis la mort de Louis XVI, ensuite à toutes les attaques du directoire contre il fit décréter la peine de mort contre les auteurs le parti clichien, et présida le conseil des cinqd'écrits provoquant le retour de la royauté. Au cents à l'Odéon, le 18 fructidor an 5 (4 sepmoment de la défection de Dumouriez, il fut en- tembre 1797). Peu de jours après cette révolution, voyé à l'armée du Nord, avec Bancal, ses collè- il prononça le discours commémoratif de la fongues Camus, Quinette et le ministre de la guerre dation de la république, vota le 27 novembre en Beurnonville, afin de le faire arrêter; mais ce faveur de la successibilité des enfants naturels, général les ayant livrés au prince de Cobourg, demanda des indemnités pour les complices de ils furent tous détenus par les Autrichiens jus- Babeuf, acquittés par la haute cour de Vendôme, qu'au mois de décembre 1795, dans les cachotset, le 22 mars 1798, présenta une opinion sur

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