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portant chaque sujet au genre de connoissances auquel il se lie le plus naturellement.

Sciences physiques.

La dernière notice annonçoit le dessein où étoit M. Alexandre Vincens de suivre des expériences déjà commencées sur l'application des procédés désinfectans à l'éducation des vers-à-soie. Il a présenté cette année à l'académie un exposé de ses nouveaux essais qui confirment toutes les espérances que les premiers avoient données, quoique des circonstances étrangères et imprévues en aient altéré les résultats. L'importance de la matière et l'influence que peut avoir cette utile pratique sur une des branches les plus intéressantes de l'industrie du Gard, nous engagent à entrer dans quelques détails à ce sujet.

L'expérience a démontré que le premier besoin des chenilles qui nous filent la soie étoit une atmosphère abondante en oxigène, et que rien ne leur étoit plus nuisible qu'un air impur et mêlé de vapeurs étrangères. Les vers-à-soie prospèrent dans les montagnes; les vents du nord les vivifient, en faisant circuler un fluide plus épuré entre leurs lits de roseaux ; ils

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languissent et se flétrissent, au contraire, dans les plaines, au voisinage des marais et sous l'influence relâchante des vents du midi. Il étoit donc naturel de penser qu'un agent qui, en détruisant les miasmes délétères répandus dans l'air, y verseroit cet air vital, le premier élément de notre existence, devoit singulièrement favoriser l'éducation des vers-àsoie. M. Guiton de Morveau nous a appris que l'acide muriatique oxigéné remplissoit toutes ces conditions.

Si donc l'on mêle, sur une brique ou une assiette non vernissée, une petite quantité de muriate de soude (sel marin commun) à son tiers d'oxide de manganèse (savon des verriers), et que l'on verse sur le mélange un peu d'acide sulphurique, (huile de vitriol), il s'en dégagera une quantité considérable de gaz acide muriatique oxigéné, et cette opération, renouvelée deux ou trois fois chaque jour dans les chambrées de vers-à-soie, suivant le besoin et les circonstances, ne peut manquer d'y produire la plus heureuse influence. L'absence de toute mauvaise odeur, la sécheresse de la litière, l'appétit, l'activité, la marche égale des vers en seront les premiers indices, et la richesse du produit en deviendra l'heureux résultat.

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M. Vincens rapporte un fait qui ne peut guères laisser de doute sur l'excellence du procédé qu'il a employé. La chambrée considérable sur laquelle il faisoit ses expériences, fut étouffée par la négligence des subalternes qui, ne s'apercevant pas d'un changement subit dans la température, continuèrent imprudemment le feu. On sait qu'une perte totale est toujours la suite de ces accidens, parce que les chenilles qui ont survécu, n'ont pas assez de force pour monter sur la feuille qu'on leur présente, et périssent bientôt à leur tour, au milieu des cadavres entassés. M. Vincens espéra que l'acide muriatique oxigéné pourroit leur donner cette énergie qui leur manquoit. Il doubla, tripla ses fumigations désinfectantes, et il eut la satisfaction de voir tous ceux de ces vers qui n'avoient pas été brûlés, pour me servir de l'expression vulgaire, reprendre leur vigueur première, et achever leur tâche avec succès. Il parvint ainsi à préserver près de la moitié de sa chambrée,

L'académie a nommé des commissaires qui, à l'époque de la prochaine récolte, suivront, sur cet important objet, un plan d'expériences plus methodique et plus étendu; mais en attendant qu'elle en puisse faire connoître le ré

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sultat, elle doit engager ceux qui élèvent des vers-à-soie, à à essayer les moyens que M. Vincens a déjà si utilement mis en usage. Si, comme tout l'annonce, le succès couronne leurs tentatives, M. Vincens jouira de la satisfaction, bien douce pour un homme tel que lui, d'avoir rendu à ses concitoyens un éminent service, et l'académie se glorifiera d'avoir la première apprécié et encouragé ses essais..

M. Granier a présenté à l'académie un mé moire très-intéressant et très-détaillé, sur les plantes céréales du département. On accuse assez communément les naturalistes qui font une étude particulière des végétaux, de s'occuper presque exclusivement de leurs classifications méthodiques, de ne considérer les plantes que dans le rapport qu'elles ont àvec ces divisions arbitraires, et de négliger ceux qui les lient à nos besoins, à nos arts ou à nos plaisirs. Sans examiner jusqu'à quel point ces reproches sont fondés, nous nous contenterons d'observer qu'ils ne peuvent atteindre M. Granier. Doué de grandes connoissances en botanique, loin d'être égaré par l'esprit de système qui 'y mêle trop souvent, il a constamment dirigé ses recherches vers un but direct et

immédiat d'utilité. Il nous fit connoître, il y a quelque temps, les richesses de notre sol en plantes propres à la teinture. Il nous présenta, l'année dernière, le tableau des arbres indigènes et exotiques qui peuvent être naturalisés ou cultivés avec succès sous notre beau climat. Il vient nous montrer aujourd'hui les végétaux de notre contrée qui, dans des temps de disette, peuvent être convertis en pain. Le département du Gard en produit beaucoup d'une panification facile, et M. Granier nous apprend que dans les temps si pénibles à rappeler, où la famine sembloit menacer la France. entière, il se servit avec avantage d'une ressource qu'il s'étoit pour ainsi dire créée.

C'est ici le lieu de parler du riche catalogue de plantes, adressé à l'académie par M. Destremx, l'un de ses membres ( elenchus plantarum horti botanici J. J. Destremx, anno 1805). Leur nombre est au moins de 5,000, et les espèces les plus rares et les plus précieuses s'y rencontrent en abondance. Ceux qui l'ignorent, seront sans doute étonnés d'apprendre qu'il existe au pied des Cevennes, et dans une des provinces les plus réculées de l'empire, un jardin de botanique qui peut rivaliser avec les plus célèbres collections du

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