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BIBLIOTHÈQUE

ACADÉMIQUE,

OU

Choix fait par une Société de Gens-de-Lettres,
de différens Mémoires des Académies fran-
çaises et étrangères, la plupart traduits,
pour la première fois, du Latin, de l'Italien,
de l'Anglais, etc.

Intome

Mis en ordre par A. SERIEYS, Censeur au Lycée
impérial de Douai, Professeur d'Histoire, et Secré-
taire de la Faculté des lettres, à l'Académie de cette
ville.

Dédié à S. M. JOACHIM NAPOLÉON,
Roi des deux-Sicilea.

TOME II I.,

Contenant les Mémoires sur la Littérature.

A PARIS,

Chez DELACOUR, Imprimeur - Libraire, rue J.-J.
Rousseau, no. 14, vis-à-vis la Poste aux Lettres.

TIBKVIA

1

LITTÉRATURE.

ESSAI

SUR LA POESIE MYSTIQUE DES INDIENS

ET DES PERSANS

Par JONES, Président (1).

L'EXPRESSION allégorique d'une dévotion fervente et des élans d'amour de la créature pour le Créateur a eu, de tems immémorial, une prépondérance entière dans les contrées de l'Asie, principalement chez les Persans, soit de l'ancien culte des Houchangis, soit de celui plus moderne des Soufis, qui semblent avoir emprunté leur style figuré aux philosophes Indiens, disciples de Védanta, dont on regarde la doctrine comme la source de cette. théologie sublime et poétique, qui étincelle dans les écrits des anciens.

(1) Asiat. Research. Tom. III, trad. de l'anglais pour la première fois.

Tome III. Littérature.

A

Nous n'embrasserons dans cet essai, que la poésie toute en allégories mystiques et religieuses, qui semble, au premier coup-d'œil, inspirée par les écarts d'un libertinage voluptueux et sans frein. Il faut reconnaître sans doute tout le danger d'un style poétique dans lequel on distingue à peine des limites entre le vice et l'enthousiasme, mais nous ne saurions le condamner sans appel, parce que des esprits exaltés s'abandonnent souvent, dans l'élan de leur ferveur, à des excès condamnables, et, cherchant des expressions qui s'élèvent à la hauteur du sujet, tombent dans des métaphores. outrées, qui sortent souvent des bornes de la raison, et vont quelquefois jusqu'au comble de l'absurdité.

Les Védantis et les Soufis admettent une distance infinie de l'âme des hommes à l'Esprit divin, mais sans les regarder comme étrangers, en tout, l'un à l'autre. Celle-là n'est qu'une parcelle de l'autre, qui finira par l'absorber. Leur dogme enseigne aussi, que Dieu remplit l'Univers, toujours présent à son ouvrage, et conséquemment toujours en substance; qu'il est seul, parfaitement bon;, parfaitement vrai, et d'une beauté parfaite; que l'amour qu'on lui porte est seul réel et inné, tandis que celui des autres objets est absurde et illusoire; que toutes les beautés de la