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BRIEF DISCOURS

DE LA

Vie de madame Claude du Chastel

OU

MÉMOIRES

DE

Charles Gouyon baron de la Moussaye

(1553-1587)
(suite)

PIÈCES JUSTIFICATIVES

I

Don du château de Coëtgarz à Tangui du Chastel par le comte de Northampton, lieutenant-général en Bretagne du roi Edouard III, et confirmation de ce don par ce roi (1). 4 février 1343 et 9 mars 1351 (n. st.).

Rex (2) omnibus ad quos, etc., salutem. Inspeximus literas patentes dilecti consanguinei et fidelis nostri, Willelmi de Bohun, comitis

(1) Biblioth. Nat., mss.; coll. Bréquigny, vol. 60, p. 45 (vol. 684 de la coll. Moreau). La copie de ces lettres et du mandement de 1510 (pièce II) nous a été très gracieusement communiquée par M. A. de la Borderie, membre de l'Institut. (2) Edouard III, roi d'Angleterre. La chancellerie anglaise supprimait toujours (sauf de très rares exceptions) le nom personnel du roi en tête des actes, qui débutaient ainsi : Rex omnibus, Rex universis, Rex dilectis et fidelibus, etc. (Voir Rymer, Fœdera, etc., t. IV et V.)

Northampton, nuper capitanei et locum nostrum tenentis in ducatu Britannie, dilecto et fideli nostro Tanguino de Castello de Britannia, factas in hec verba :

A touz ceus qui ces presentes lettres verront et orront, Guillaume de Bohun, conte de Northenton, conestable d'Angleterre et leutenant en Bretaigne pour nostre sire le roi de Engleterre et de France, guarde de Bretagne pour Johan duc de Bretaigne, conte de Montfort et de Richemont et viconte de Lymoges, saluz. Sachent touz que, comme ledit Johan duc de Bretaygne eust autrefoiz donné à Mons Tangui dou Chastiel, chevalier, deus cenz libvres de rente levables à heritage, à prendre sur la chastelenie de Brest, par certaine cause, nous, ou non dessusdit, avons donné et otroié et encore donnons et otroions audit Mons Tangui, à ses heirs et son commandement, à fin de heritage, le manoir de Coëtguarz (1), o le moulin, estanc, bois et prez appartenenz audit manoir, ensamble o deus cenz libvres de rente. levable, à avoir et lever dou proche doudit manoir ès terres et heritages audit duc jadis, sciiz entier ou terrouer de la ville de SanteRenan, c'est à savoir en eschange et pour lesdits deus cenz libvres que ledit Mons' Tangui devoit avoir en la chastelanie de Brest.

Item avons veu et consideré, o deliberacion et bon conseuil de bonnes gientz, que ledit Mons' Tanguy dou Chastel a eu et encouru pluseurs traveilx, perils et domages tant en son corps que en ses biens, et avanturé son corps pour deffandre le droit audit Mons. Johan

(1) La seigneurie du Chastel se partageait en trois membres : 1o le Chastel à Brest; 2° le Chastel à Lannilis; 3° le Chastel à Cléder.

Sous le premier de ces membres, dans le domaine proche du seigneur du Chastel était compris, en la paroisse de Plouarzel, a un vieux chasteau nommé » Coëthars; un moulin nommé Pont-ar-Chastel, couvert d'ardoise, avec sa >> chaussée, son estang, droit de submergie d'eau, » etc. (Déclaration de la seigneurie du Chastel à Brest, du 17 mai 1686, dans la collection des Déclarations, Domaine de Brest, t. X, no 1er, p. 1; Arch. de la Loire-Infre, fonds de la Ch. des Comptes de Bretagne). Ce château était situé au milieu de l'étang, dont il est ici question, et c'est pourquoi on le désigne parfois lui-même sous le nom de château de Pont-ar-Chastel. En 1832, dans la première partie de ses Antiquités du Finistère, M. de Fréminville disait de ce château :

« C'est une très antique forteresse, isolée au milieu d'un étang. Ses ruines, toutes couvertes de broussailles, laissent encore apercevoir une enceinte carrée avec quatre tours dans les angles, deux carrées et deux rondes. » [Ce plan semblerait indiquer un château du XIIIe siècle.] (Note de M. de la Borderie.)

duc de Bretaigne en sa guerre contre ses anemis, et ses giens tuez (1), sa terre et ses manoirs destruiz, et fait pluseurs autres bons serviges pour ledit duc, dont ledit duc lui est tenu à fere retour, avons donné et encore donnons, oudit non, et livrons et otroions audit Mons' Tangui et à ses heirs et son commandement, à fyn de heritages, toutes les terres, rentes, signouries, detraicts, manoirs, bois, moulins, prez, guarènes, justices et autres heritages, possessions et saisines, que souloint avoir et posséir jadis Alein de Coëtivi chevalier et Prigent son fiiz et Jouhan de Dynam, souz la signourie au duc de Bretaigne et autres signouries en Bretaigne, en quelque leu que ce soit, lesquelles choses sont et devent audit duc estre confisquées par lour fourfeture et malefacion vers ledit duc.

Item avons donné et otroié, ou non dessusdit, audit Mons' Tangui, plain povoir par quoy il puisse, par soy ou par autres, fere et avoir secherie ou secheries à secher poisson, en ses terres, et à destreindre ses hommes et sougiez à y aporter et fere secher le poisson que ils auront pris, à l'usage des autres secheries de Bretaigne, dont il aura le profit, et voulons et commandons que il en puisse joir à plain dès meintenent sanz auqun empeschement, c'est asavoir en retour et recompensacion desdiz traveilz et bons serviges, à tenir de nosdiz signours, mandans et commandans à touz les sougiés doudit duc et prianz ses bienveillanz que sur celles choses le deffandent de tort et de force contre touz, et en soy deffandant sur celles choses lui obeissent et entendent.

Donné à Brest, tesmoing nostre seel mis à ces letres le mardi quart jour dou mois de ffevrier, en l'an mil 111e quarante et deus (1343).

Nos autem donaciones et concessiones predictas, necnon donaciones, concessiones, vendiciones, translaciones, relaxaciones, tradi

(1) Ces mots gienz tuez contiendraient-ils une allusion à la mort tragique des deux fils de Tanguy du Chastel, explicitement mentionnée dans le mandement de 1510 (pièce II)? M. de la Borderie ne le pense pas et voici pourquoi : « Si T. du Chastel avait eu ses enfants tués au service de Jean de Montfort, et surtout dans les circonstances indiquées par les lettres de 1510, il est évident que Bohun l'aurait dit, même avant de parler de ses giens tuez, car le siège de Brest, où le fait se fût passé, le seul siège mis devant Brest par Charles de Blois, est du mois d'août 1312, et la charte de Bohun est du 4 février 1343. Ce silence me semble condamner la légende des deux enfants tués, comme le racontent les lettres de 1510. » (Lettre de M. de la Borderie.) — Voir un article, de Levot, dans l'Annuaire de Brest, 1877 (cité par M. Le Jannic de Kervizal Notice sur la maison du Chastel-Tremazan, p. 8, Brest, 1896).

ciones et quietaciones, quas heredes et tutores heredum Donati de Puyane, Petri Guilhermi et Astaride de Corneilhan, pro se, heredibus et succesoribus suis, per quedam instrumenta publica fecerunt prefato Tanguino et heredibus suis de omnibus et singulis siccariis et siccarie partibus quas antedicti Donatus, Petrus et Astarida dudum habebant, tenebant et possidebant in Britannia, in loco vocato Beati Mathei in finibus terrarum(1), cum suis siccariis, juribus, postibus (sic), deveriis, usibus et pertinenciis, ratas habentes et gratas eas pro nobis et heredibus nostris, quantum in nobis est, prefato Tanguino et heredibus suis concedimus et confirmamus, sicut litere et instrumenta predicta racionabiliter testantur. In cujus etc. T. R. (teste rege), apud Westminster, IX die Marcii(2),

II

Mandement de Louis XII, confirmant le don du château de Coëtgarz et mentionnant la mort tragique des deux fils de Tanguy du Chastel au siège de Brest en 1342(3), 6 mars 1510 (n. st.).

Loys, etc. Savoir faisons à touz presentz et à venir, nous avoir receu l'humble supplicacion et requeste de nostre cher, bien amé et feal Tanguy seigneur du Chastel, contenant comme, environ le temps de

(1) Au XIIIe siècle, une société de marchands bayonnais obtint de Hervé, comte de Léon, la concession d'une sécherie de poisson (congres et merluches), à Saint-Mathieu-de-Fineterre. Lorsque le duc de Bretagne Jean Ier (Jean le Roux) se fut rendu acquéreur du comté de Léon, il reconnut ces marchands : Augerius de Gavarrot, Amatus de Pujana, Assarida de Corneilhan, etc., comme propriétaires de la sécherie, moyennant une redevance annuelle de 125 livres en monnaie du pays, plus 100 sols pour la garde de ladite sécherie, par acte du 4 mai 1279, que M. de la Borderie a publié dans son Recueil d'actes inédits des ducs de Bretagne (X1o, X11o, X111° siècles), pp. 265-267.

(2) Les chartes d'Edouard III ne sont généralement datées que par le quantième du mois (Rymer). La date de l'année de celle-ci est donnée par une note inscrite sur le rôle dans lequel elle figure à la Tour de Londres, note reproduite en marge de la copie de Bréquigny : Rot. franc., A. 25 E. III, m. 13 (Rotuli Francie, anno 25 Edwardi 111, membrana 13). La 25° année du règne d'Edouard III (du 25 janvier 1327 au 21 juin 1377) est 1351.

(3) Arch. de la Loire-Infre, B. 19 (nouvelle cote). Ch. des Comptes; Reg. de la Chancellerie de l'an 1510, fol. 50-52.

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