PRÉFACE. La Grammaire est la base de l'enseignement d'une langue; elle doit être le flambeau qui éclaire, le guide qui dirige: la Pratique doit marcher à la clarté de ce flambeau, à la suite de ce guide. Cependant, la Grammaire sans la Pratique est une lettre morte, elle a besoin d'être contrôlée par l'usage la Pratique, sans la Grammaire, est un voyageur dépaysé qui marche sans direction et sans savoir où il va. L'une ne peut aller sans l'autre pour atteindre le but de toutes les deux : l'élocution pure et correcte. Dans notre cours, le Texte espagnol est la partie essentiellement pratique. Le but des Exercices de ce volume est d'appliquer le Texte à la Grammaire : nous nous proposons de faire que l'élève s'exerce dans la pratique de la langue espagnole, nous lui apprenons à parler. C'est le moyen infaillible, ce nous semble, de mieux graver dans son esprit les préceptes grammaticaux. Nous faisons dans notre Cours marcher de front la théorie et la pratique, la méthode analytique et la méthode synthétique : toutes deux s'appuyant et se contrôlant réciproquement. Mais comme dans une conversation suivie, et notre Texte n'est pas autre chose, on ne peut suivre pas à pas la marche graduelle et progressive de la grammaire, et que celle-ci ne peut pas non plus s'accommoder servilement à la marche synthétique d'un récit quelconque, il en résulte, quoi qu'on fasse, que l'une doit devancer l'autre sous quelque rapport; et que tout ce qu'on peut faire pour remédier à cet inconvénient est de les combiner de telle sorte qu'elles ne se devancent, l'une l'autre, que pour un temps limité, et qu'elles se retrouvent bientôt au même niveau. E. G. A Pour faire marcher ensemble, autant que possible, les deux méthodes analytique et synthétique, nous avons composé notre Texte espagnol de manière à ce que, dans ses deux premières leçons, se trouvent appliquées en entier la lexigraphie de l'article défini et indéfini, celle du substantif, de l'adjectif et du pronom ; et en partie, les principales formes lexigraphiques du verbe, du participe et de l'adverbe. En jetant un coup d'œil sur le sommaire, et sur le sixième exercice de ces deux leçons, on voit qu'elles sont à peu près, à toutes celles qui suivent ce que, en grammaire, la lexigraphie est à la syntaxe e à la prosodie. Nous y avons, donc, posé les fondements pratiques du langage usuel qui se développe graduellement et progressivement, en faisant que le Texte présente tour à tour et pratiquement le style familier, le style cultivé, le style élevé, et enfin le style poétique. Pour rendre facile à l'élève la conciliation de ces deux méthodes en apparence si opposées dans leur marche, nous indiquons dans nos instructions, sous le titre de MÉTHODE, et notamment dans celle de la page 7, la manière de procéder dans l'enseignement de notre Cours. En outre, et nous prions les professeurs de bien le remarquer, dans le sixième exercice de chaque leçon, nous faisons l'application du Texte à la grammaire mot pour mot, membre de phrase pour membre de phrase. Nous nous y attachons principalement à faire connaître à l'élève la règle ou les règles de grammaire appliquées, notamment celles qu'il n'a pas pu connaître encore par l'étude de la grammaire d'après nos indications de Méthode. Ainsi l'élève ne va jamais à tâtons. Il connaît, par la théorie, presque tout ce qu'il pratique; et il lui est très-facile de retenir, avec les mots qu'il sait par cœur, les règles qu'ils appliquent, et lorsque la grammaire vient à son tour les lui représenter, il se trouve suffisamment préparé pour mieux les saisir. Même observation pour les préceptes que la grammaire donne d'avance et que le Texte applique un peu plus tard. Voir à ce sujet l'Indicateur grammatical du Texte à la deuxième partie. Dans le double but de fixer le plus possible les préceptes grammaticaux dans la mémoire de l'élève, et de lui apprendre à parler purement, correctement, nous lui prescrivons de faire sept exercices divers sur chaque leçon. L'exercice de LECTURE a pour but principal d'exercer l'oute : l'élève doit prononcer très-distinctement chaque mot espagnol, graver parfaitement dans son esprit l'accent espagnol, la lecture espagnole des phrases, etc., etc. La TRADUCTION INTERLINÉAIRE a pour but spécial d'apprendre à l'élève le mot à mot du Texte espagnol: -1° pour connaître la primitive signification des mots, pris isolément, - 2o pour saisir le génie de la langue espagnole, en comparant sa construction avec celle de la langue française. La TRADUCTION PARALLÈLE représente déjà dans la colonne espagnole, les mots construits avec d'autres mots, et la colonne française nous donne la signification des mêmes mots en construction. L'élève doit comparer les deux traductions et en saisir la différence. La TRADUCTION FRANÇAISE représente déjà la phrase française en face de la phrase espagnole : les mots de celle-ci subissent, la plupart du temps, une profonde modification; et l'élève observera souvent que la signification d'un mot construit n'est plus la même que celle du même mot isolé. L'élève doit observer encore que, bien que la pensée de la phrase soit la même dans les deux langues, ni les mots, ni la construction ne sont les mêmes dans la traduction. L'élève ayant, d'abord, appris par cœur et répété trois fois encore les mêmes mots, les ayant comparé sous trois rapports différents avec leurs correspondants français, il se trouve parfaitement en état de répondre au QUESTIONNAIRE avec des mots textuels tirés de la leçon. Le questionnaire est donc l'épreuve de la mémoire de l'élève et le contrôle de sa capacité. Le titre même de COMBINAISONS DES MOTS DU TEXTE pour en faire de nouvelles phrases indique suffisamment son but. Nous ne nous contentons pas de ce que l'élève sache par cœur le texte, en connaisse la traduction, et en déduise le génie de la langue espagnole : nous voulons qu'il imite, qu'il parle à l'imitation du Texte luimême. Les deux colonnes, française et espagnole, doivent être dérobées successivement pour que l'élève traduise de l'espagnol en français, et compose de l'espagnol sur le français. Aucun mot ne lui est inconnu, aucun tour de phrase ne doit lui être nouveau : il ne doit se servir que des mots déjà appris et n'employer que des tours déjà connus. Les exercices 2o, 3o et 5° doivent se faire alternativement du français à l'espagnol et de l'espagnol au français. C'est un parallèle continuel du génie des deux langues, espagnole et française. L'élève va ainsi du connu à l'inconnu, de ce qu'il sait déjà dans la langue maternelle à ce qu'il ne connaît pas encore dans la langue étrangère. Nous devons faire remarquer, à cette occasion, que dans les colonnes françaises du 5° exercice, nous avons été forcés d'intercaler des mots entre parenthèses (...). Ces parenthèses indiquent quelquefois le mot à mot de l'espagnol, quelquefois le vrai tour ou la vraie construction française. L'exercice Observations grammaticales sur le texte. Génie comparé des deux langues, est celui qui caractérise spécialement notre système. Nous y faisons l'application du texte à la Grammaire; et, bien que les exercices 2°, 3° et 5° soient déjà une comparaison pratique et continuelle du génie des deux langues, dans le 6o exercice, notamment aux deux premières leçons, nous présentons une foule d'aperçus extrêmement importants qui auraient pu échapper à l'élève. A mesure que celui-ci avance dans la Grammaire, cet exercice devient naturellement moins étendu, l'élève pouvant y suppléer aisément, soit par ce qu'il apprend dans celle-là, soit par ce qu'il pratique dans les Exercices. Le dernier exercice, intitulé Conversation, doit être le résultat pratique de toute la leçon. Nous avons dit que les Exercices ne doivent se faire que sur les mots du texte que l'élève a déjà appris et sur des tours de constructions déjà connus. Aussi l'élève ne peut-il rencontrer aucun obstacle sérieux pour bien comprendre et bien saisir les phrases espagnoles de cet exercice. La forme de dialogue adoptée doit intéresser l'élève, et lorsqu'il arrivera à la troisième leçon, il verra s'élargir le cercle si rétréci dans la première. Tous les élèves ne sont point tenus à s'exercer sur tout le contenu des exercices, et notamment sur le cinquième. Nous laissons à la discrétion et à l'expérience du professeur le mode d'exécution, ayant une foule de détails sur lesquels on peut sans inconvénient, ou passer rapidement, ou faire quelques modifications. La seule précaution qu'on doive observer, c'est de ne se servir dans les exercices d'autres mots, ni faire appliquer d'autres tours de langue que ceux déjà appris par l'élève. |