d'Anne Novarez, pour l'obliger aux dettes que fon Pere avoit contractées depuis la date du dit contrat? puifque même dans la plus grande rigueur du Droit Romain elle ne pouvoit être tenue à de femblables dettes. Ce qui fe trouve nettement décidé dans le cas qu'elle eût fait un préfent à fon Pere, fub hoc modo, afin d'être fon Héritiere; car il eft certain au dit cas, qu'elle ne pourroit point reprendre fon préfent fous prétexte du non accompliffement de ce modus à caufe qu'elle a fu où dû favoir, que fuivant la fcrupulofité du Droit Romain nullus ad implendum promiffum hereditatis proprie pollicitatione adftringitur. D'où fe collige, qu'elle auroit tort de fe plaindre de ce que fon Pere l'auroit trompée; quia nunquam fcientibus & volentibus dolus infertur. Il faut donc conclure, quòd ille modus vitietur, & non vitiet donationem, quæ proinde, tamquam,inter vivos facta, irrevocabilis eft. Per textum expreffum in L. 34. C. de Tranfactionibus. & ibi BRUNNEMAN. DEL CASTILLO SOTO MAYOR Contr. Jur. lib. 2. cap. 18. n. 57. & 72. poft COVARRUV. de Teftamentis cap. 13. n. 18, 19, & 20.

Or s'il eft certain, que la Fille n'a pas le pouvoir de révoquer le don fait à fon Pere, afin d'être fon Héritière, il eft évident, que l'irrévocabilité du don fait par le Pere à fa Fille afin qu'elle renonce à fà fucceffion future, eft encore plus certaine; puifque ce pacte négatif de non fuccedendo eft moins odieux que le précédent, qui eft affirmatif, & de fuccedendo.

Ce qui nous mene au principal argument, dont les Brunas fe font fervis, pour établir, que la Rente en queftion n'a été acquife par Anne Novarez qu'à titre d'une mortis-causâ

capion, lequel titre doit être poftpofé aux dettes. Argum. L. 24. ff. de adquir. vel omittend. hereditat. & L. 8. ff. de mortis causâ donat. & capionib.

L'Argument en forme confifte dans le fyllogifime fuivant.

Renuntiatio facta à Filia in manibus Patris & Fratris non eft abfolutè pactum de non fuccedendo, de quo in cap. Quamvis pactum. de pactis. in 6. Quia licèt exprefsè contineat pactum negativum de non fuccedendo, tamen virtualiter, & æquè principaliter, continet etiam pactum affirmativum, quòd Filius fuccedet Patri: & fic militat ratio & difpofitio L. ult. C. de pactis. (de qua alibi diximus. Vide fol. 204. tom. 1. Arr. 1 Juin 1715.) fecundùm quam non poteft valere pactum de fuccedendo, nifi is, de cujus hereditate agitur, voluntatem fuam ei accommodaverit, & in ea ufque ad extremum vitæ fuæ fpatium perfeveraverit. Ita poft infinitos alios DEL CASTILLO SOTO MAYOR controv. Juris lib. 3. cap. 9. n. 11. & 12.

Atqui quidquid in cafu L. ult. C. de pactis. pacifcentibus obvenit, mortis causâ capitur: quia non aliter in alienis rebus pacifci permittitur quàm cum Domini voluntate, que ambulatoria eft ufque ad extremum vitæ fpatium.

Ergo reditus, de quo difputatur, non nifi mortis causâ capitur: quia ad validitatem talis pacti de fuccedendo requiritur perfeverantia voluntatis ufque ad extremum vitæ fpatium illius, de cujus futura fucceffione difpo nitur, finè qua hujufmodi pactum dividi non poteft, nec pro parte valere, & pro parte non valere, fed nullum eft in totum. Voyez tom. 1. fol. 288. Arrêt 5 Juin 1717.

Auquel Argument l'on a donné les folutions fuivantes.

Premiérement: que cette Loi derniere C. de pactis. n'eft conforme à nos ufages que pour autant qu'elle eft conforme au commandement du Décalogue: Non concupifces domum proximi tui, nec univerfa quæ illius funt: fuivant quoi l'on ne peut difpofer du bien d'autrui fans fa volonté mais pour autant que cette Loi civile lui permet de révoquer fon confentement ufque ad extremum vitæ fpatium, eatenus moribus gentium recepta non eft: fur-tout point, lorfqu'il a déclaré fa volonté dans un traité dé mariage. Prout in fimili à Leone Imperatore decifum fuit. Nov. 19. quam noftri & plerarumque gentium mores propter naturalem ejus æquitatem amplectuntur. GROENEW. ad L. 15. C. de pactis. A WESEL ad nov. conftit. Ultraject. art. 7. n. 24. & 25. STOCKMANS decif. 45. n. 5. & 6. CHRISTYN fur BUGNYON liv. 1. fat. 226. Quamvis Conftitutiones ille Leonis non fint authentica, cùm nequidem ipfius Leonis tempore fuerint recepte. ZOESIUS ad tit. de fponJalibus. n. 82. a Sande lib. 2. tit. 2. def. 7.

Il ne fera pas hors de propos de rapporter encore ici la L. 35. §. 4. C. de donationibus. laquelle approuve les donations entre vifs de tous biens préfens en ces termes: Si quis univerfitatis faciat donationem, five beffis, five dimidia partis fuæ fubftantiæ, vel totius, coarctatur donator Legis noftre autoritate tantum quantum donavit præftare, fi non de inofficiofis donationibus ratio in hoc reclamaverit. Voyez. tom. 1. fol. 132. & feq. Arr. Revif. 6 Juill. 1713. Laquelle limitation ne peut avoir lieu dans le cas que la donation a été faite par le Frere à

la Sœur, de concert avec le Pére & à fon intervention; à caufe que le concours de la perfonne du Frere fait ceffer l'inofficiofité du don, profité par la Sœur en vertu de fon acte de renonciation, lequel don ne peut être cenfé avoir été fait en fraude de la Légitime due à fon Frere; cùm ei fcienti & confentienti non fiat dolus nec injuria. A tout quoi l'on peut ajouter ce que l'on a juftifié ci-deffus, que la renonciation faite hors du traité de mariage fubfifte, fi is, cujus fucceffioni renuntiatum fuit, voluntatem fuam pacifcentibus accommodaverit. Per textum expreffum in L. ult. C. de pactis.

Or tout le monde convient, que fuivant nos mœurs cette renonciation, faite par traité de mariage, refte valide, quoique le Pere ait changé de volonté, à caufe que les traités de mariage font immutables & inaltérables. Uti refutatâ fententiâ STOCKMANNI decif. 59. latè probat A WESEL de connub. bon. Societ. tract. 2. de pact. dotalibus. n. 114. & feq. poft GROENEW. ad L. 11. C. ad S.C.Vellejan. Vide VOET ad ff. de pactis dotalibus. n. 59. & feqq. STOCKMANS decif. 44. n. 2. & 3. & decif. 45. per totum.

Il en eft donc de même moribus noftris, lorfque la renonciation a été faite hors du traité de mariage per verba que actum inter vivos inducunt. ARGENTRÆUS ad Confuetud. Britann. art. 266. cap. 4. n. 22, 23, 24, & 25. puifque la fimplicité de nos moeurs rejete les fubtilités du Droit Romain, qui empêchent Frere & Sœur d'acheter irrévocablement, & à toujours, l'un de l'autre, Patre permittente & affiftente, l'efpérance probable & très-confidérable, que le Droit naturel, civil & coutumier leur attribue dans la fucceffion future de leur Pere, fur-tout

par rapport à leur Légitime: N'importe que cette efpérance ne confifte que dans une fimple expectative, qui n'attribue aucun droit nec in re nec ad rem; car quoique DU MOULIN fur l'art. 13. de la nouvelle Coutume de Paris. glof.3. n. 4. rapporte, que fuivant les Interpretes du Droit Romain l'on ne peut vendre, céder, ni aliéner autre efpérance que celle qui attribue un droit formé, nous ne pouvons cependant pas nous arrêter à cette diftinction: cùm indiftinctè mores noftri hanc paremiam admiferint: de eo, quod confiftit in fpe, homo poteft difponere ficut de eo, quod fibi competit re, five fpes accipiatur pro fimplici expectatione, five pro aliquo Jure formato; nam inter hanc & illam Spem forum noftrum parùm putat intereffe, & hujufmodi tricas meritò praxis explofit: à caufe que cette diftinction n'eft qu'une invention, pour rendre les pactes de future fucceffion illufoires par le feul caprice du Pere, en changeant de volonté, étant permis en tout autre cas de convenir & de contracter indiftinctement & irrévocablement fur toute chofe future & incertaine, comme fur un jet du rets ou du filet. L.8. §. 1. ff. de contrah. empt. L. 12. ff. de ac tionibus empti. L. 10. & 11. ff. de hered. vend. & ibi GOTHOFR. L. 17. & 19. ff. eod. L. 1. C. de pactis. L. 11. C. de tranfactionibus. L. 3. C. de "donationib. L. 46. ff. de pactis. & ubique BRUNNEMAN. A SANDE de actionum ceffione.cap. 5. n.4.

Ceux qui ne voudront point acquiefcer à ce que l'on vient d'établir, que la Loi derniere C. de pactis. eft contraire à ños mœurs, pour autant qu'elle requiert la perfévérance de la volonté de celui, qui hors un traité de mariage a confenti au pacte de fa fucceffion future, fait

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