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Toulouse, remaniement, retouches, etc. Suivant M. Horsin-Déon, la restauration proprement dite des tableaux n'est pas encore accomplie. Ce travail aurait demandé six mois. Pour satisfaire au désir de la ville qui voulait jouir de sa collection pendant la durée de l'exposition, M. Horsin et son aide ont seulement mis en harmonie vingt-neuf toiles parmi les plus remarquables.

Il nous semble difficile d'admettre qu'une mise en harmonie ne soit pas une retouche ou un commencement de restauration. Peut-être est-ce là une querelle de mots. Toutefois, pour donner satisfaction à d'honorables susceptibilités, et l'œuvre de l'artiste n'étant pas terminée, nous consentons à modifier notre langage et à rapporter à la mise en harmonie les éloges et les critiques que nous avions adressés à la restauration proprement dite.

En second lieu, M. Horsin-Déon affirme que les draperies du Guerchin, du Philippe de Champaigne, etc., dont l'extrême crudité avait frappé les visiteurs du Musée, n'ont pas été retouchées de sa main. L'effet disparate que nous avions signalé provient du bleu d'outremer qui conserve toute sa vivacité pendant que les couleurs avoisinantes s'amortissent sous l'action du temps.

En présence d'une telle affirmation, il ne nous en coûte pas de retirer notre appréciation, comme il n'en coûtera jamais à la Revue de montrer par son impartialité qu'elle est étrangère à toute coterie et tout parti pris. Que M. Horsin-Déon en soit bien persuadé.

N. B. La lettre de M. Horsin-Déon nous avait été remise il y a quinze jours environ, et l'auteur de l'article, M. Vaïsse, s'était exécuté de fort bonne grâce dans la note qu'on vient de lire et que nous croyions suffisante, lorsque, au moment de mettre sous presse notre dernière feuille, nous avons reçu de M Horsin-Déon sommation, par huissier, de publier le texte même de sa lettre. Cette démarche nous a surpris. Il faut, en effet, que M. Horsin-Léon ait lu avec une fâcheuse disposition d'esprit et avec des verres bien grossissants l'article de la Revue, pour voir un esprit de coterie dans ce qui n'est que l'expression spontanée d'un jugement libre et réfléchi. M. Vaïsse s'est senti attiré au Musée par son amour des arts; il y est entré, comme tout le monde, sans idée préconçue, et si éloigné de l'intention de nuire à M. Horsin-Déon, qu'il ne connaissait même pas les noms des artistes chargés de restaurer les tableaux du Musée, puisque c'est le Directeur de la Revue qui les a rappelés dans une note au bas de la page. Cependant, puisque M. HorsinDéon tient à ce que sa lettre soit connue, nous ne lui refuserons pas cette satisfaction :

« A Monsieur Lacointa, directeur de la REVUE DE L'ACADÉMIE DE TOULOUSE.

>> Monsieur,

>> J'ai lu dans votre excellente Revue du 4er mai, un article sur le nouveau classement et les restaurations des tableaux du Musée, article fort spirituellement écrit, mais fort peu bienveillant pour nous.

>> Dans ma conviction, la critique est utile au progrès des arts, mais il faut qu'elle soit éclairée et dégagée de tout esprit de coterie. Il est difficile d'écrire sur les arts, car pour apprécier les maîtres anciens surtout, il faut en connaître les chefs-d'œuvre et les avoir mûrement observés, sans quoi le critique le mieux doué peut porter des jugements faux, jugements surtout préjudiciables aux hommes qui, comme moi, ont voué leurs pénibles études à l'art ingrat de la conservation des productions anciennes.

» L'article de votre Revue en offre un exemple irrécusable : l'auteur m'accuse d'aimer outre mesure le bleu; selon lui, les belles draperies du Guerchin, du Ph. de Champaigne et autres seraient refaites par moi. J'en suis bien innocent cependant; mais si j'en étais coupable, cet écrivain devrait me traiter avec un peu plus de considération, puisque mon travail équivaudrait à celui du maître.

>> Non, ces draperies n'ont pas été retouchées, elles n'ont pas même été nettoyées; c'est ce que la commission pourra certifier au besoin.

>> Si les draperies bleues de ces tableaux sont brillantes et crues, c'est qu'elles ont été exécutées avec de l'outremer, couleur qui reste immuable, tandis que tout change autour d'elle; effet qui s'est produit dans tous les tableaux où cette couleur a été employée.

» Au reste, pour réduire à néant, jusqu'à nouvel ordre, toute récrimination contre mes restaurations, je ne dirai qu'un mot: aucun des ouvrages qui composent la galerie n'a été ni restauré, ni nettoyé. En trente jours, moi et mon aide nous avons remis seulement en harmonie vingt-neuf tableaux, afin que la ville puisse jouir de son Musée durant le temps de l'Exposition. C'est à quoi s'est réduit jusqu'ici notre travail, car il n'eût pas fallu moins de six mois pour restaurer ces mêmes tableaux. » Il n'est aucun ouvrage parfait; il est certain que les miens subiront la loi commune. La critique y trouvera prise comme en toute chose. Si elle frappe juste, j'en ferai mon profit.

>> En attendant, Monsieur le Directeur, connaissant votre impartialité et votre loyauté, j'ose espérer que vous voudrez bien insérer cette lettre dans votre prochain numéro.

» J'ai l'honneur d'être, Monsieur le Directeur, votre très-humble serviteur, HORSIN-DÉON. >>

Nous sommes heureux d'annoncer qu'une Exposition d'Antiquités, d'objets d'art et de peinture ancienne va s'ouvrir dans quelques jours à côté de notre Exposition des Beaux-Arts et de l'Industrie. On ignore trop généralement que cette institution n'est pas une chose nouvelle à Toulouse, et que, jusqu'à la fin du siècle dernier, il s'y organisait tous les ans, sous la direction de l'ancienne académie des arts, une Exposition de peinture et de sculpture qui a certainement eu de bons effets sur l'éducation artistique de la population toulousaine, malgré le goût étroit et exclusif qui y présidait alors.

Quelles que soient les pertes regrettables que notre ville ait faites depuis quelques années, en objets d'art renaissant surtout, il lui reste cependant assez de richesses de toute espèce pour qu'une Exposition de ce genre y soit réalisable, intéressante même pour les étrangers comme pour les indigènes. M. E. Barry, à qui l'idée en appartient, s'est entouré, pour la mettre à exécution, de tous les hommes qui ont conservé chez nous le goût sincère et éclairé des arts, de tous ceux surtout qui en recherchent et en recueillent les monuments; et, fort de leur concours ou de leur amitié, il a pu mener à bonne fin ce que beaucoup de gens regardaient comme impossible. Les noms les plus connus et les plus honorables de notre ville, ceux, par exemple, de MM. Saint-Raymond, G. de Chastenet, J. Latour, Cher Du Mège, marquis de Reyniès, comte de Campaigno, Porteries fils, B. Ducos, J. Cibiel, marquis de Varagne, E. Pujol, marquis de La Rivière, F. Mazzoli, etc..., figurent dans le comité d'organisation ou dans les listes d'adhérents de la Société qui a trouvé un assentiment unanime chez tous ceux auxquels elle a cru devoir s'adresser. Aux objets les plus remarquables que possèdent les amateurs proprement dits viendra s'ajouter dans une mesure et dans un choix sévère tout ce qui reste de monuments ou de débris isolés dans les familles anciennes de notre ville ou du voisinage, de manière à ce que ce soit moins une exposition personnelle que celle de la cité elle-même réunissant et mettant au jour les souvenirs les plus précieux de son ancienne splendeur.

L'administration municipale, qui eût voulu s'associer, dès le premier jour, à un projet dont elle comprend l'intérêt et l'utilité, a été heureuse de mettre à la disposition du Comité d'organisation la belle salle de l'ancienne bibliothèque du clergé, inoccupée depuis longtemps. L'époque de l'ouverture n'est pas fixée encore, quoique les travaux d'installation soient en pleine activité. Tout nous laisse espérer cependant qu'elle suivra d'assez près celle de l'Exposition de l'Industrie dont elle formera le complément nécessaire.

1er juin 1858.

F. LACOINTA.

TABLE DES MATIÈRES.

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Enseignement Adresses à l'Empereur après l'attentat du 14 janvier.
Histoire La caste militaire de l'Inde, par M. LÉON CLOS, ancien magis-
trat..

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Epigraphie Un Dieu de trop dans la mythologie des Pyrénées, par M. Edw.
BARRY, professeur à la Faculté des Lettres.

De

Géologie Esquisse géognostique des Pyrénées de la Haute-Garonne (suite
et fin), par M. LEYMERIE, professeur à la Faculté des Sciences.
Revue scientifique, par M. Jules GOURDON. Sommaire: Paléontologie.
la distribution des fossiles dans les couches de l'enveloppe terrestre et des
révolutions du globe (question mise au concours pour le grand prix des
sciences physiques en 1856, par l'Académie des Sciences). - Formation des
fossiles. Perfectionnement graduel et incessant des êtres successivement
créés. Périodes primitive, secondaire et tertiaire du monde antediluvien ;
espèces animales et végétales propres à chacune de ces périodes. Dernière
formation, ou constitution du monde actuel. L'homme, dernière créa-
tion..

Poésie Aulus, par M. Henri ARNOULAT.

105

110

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127

143

Lettres parisiennes (douzième), par M. Jules RENOULT. Sommaire: L'auteur

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se suivent et ne se ressemblent pas. Réveil M. Granier de Cassagnac et

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Revue musicale, par M. Emile VAÏSSE. Sommaire M. Levasseur et le goût du public à Toulouse. Ce qu'est le théâtre en province et ce qu'il pourrait Une représentation.... par défaut au théâtre des Variétés. Concerts d'Emile Prudent. L'orgue de M. Alexandre et l'harmonicorde de

être.

M. Lefébure. Messe de M. Paul de Laburthe. Concert de M. Rolly.

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Rentrée de Mme Hébert-Massy dans la Fille du Régiment.

Chronique Nouvelles et faits divers..

Livraison de mars.

159

167

175

Littérature ancienne : Andromaque, d'après Homère, Euripide, Virgile, Sénèque et Racine, par M. E. HAMEL, professeur à la Faculté des Lettres de Toulouse....

177

Poètes contemporains M. Victor de Laprade, par M. Adrien DELONDRE, professeur à la Faculté des Lettres de Douai.

195

Légendes I. Paysages et récits, par M. Ernest ROCHA.

211

Lettres parisiennes (treizième), par M. Jules RENOULT Sommaire: MM. Sandeau et de Laprade admis au rang des Immortels.

Double succès de

M. Augier à l'Académie française et à l'Odéon. Les Théâtres.
des Mousquetaires : Porthos-Maquet contre d'Artagnan-Dumas.
pense M. Monselet, et ce que nous pensons de lui.
phie.

Courrier du Palais La mort de Me Féral, par M. Ernest ASTRIÉ, docteur en
droit, avocat à la Cour impériale de Toulouse.

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