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Lou pescare ten lou berguat

Oun las Damos d'Agen fasion lours permenados,

Et l'aignél escano de set

Oun lous peichs lous plus grands, dins mens de quatre annados,
Faran lou capuchet.

Despèy l'attaquo la prumèro,
Que lou tap fut demarmaillat,
Cinquanto ourmes an capbillat
Et feit lou saut dins la ribèro;
Enquèros, l'aiguat arriban

Foussillo toutjour plus aban,
Et met al tremolis las rasics las plus fèrmos,
Doun cauque cop tout es negat,

Per l'amo que se fay d'une plėjo de lèrmos
La mitat de l'aiguat.

Un sonnet, venant à la suite de Miramonde, exprime une boutade de dépit contre une belle refrognée, et rappelle, par la manière, un des meilleurs sonnets de La Bellaudière.

Nous n'avons, je crois, rien oublié des œuvres imprimées de François de Cortète. Il nous reste à signaler une composition restée jusqu'à ce jour inédite (1). C'est une sorte de comédie sous ce titre : Sancho Pansa au palais du Duc (Sancho Panso al palays del Duc).

On sait combien la seconde partie du Don Quichotte tire d'intérêt de la présence du chevalier errant et de son fidèle écuyer chez le Duc et la Duchesse. C'est à rendre en patois ces scènes si amusantes, si bouffonnes dans l'histoire des deux aimables fous que s'est appliqué de Cortėte. Disons qu'il a parfaitement réussi en s'écartant le moins qu'il l'a pu des récits de l'immortel conteur espagnol.

Nous nous contenterons d'emprunter un petit nombre de citations à ce badinage qui ne comprend pas moins de cinq actes.

Sancho, pour suivre la compagnie et surtout sa bonne amie la Duchesse, avait été forcé de se séparer de son âne; il se le reprochait au fond du cœur ; sa tendre sollicitude pour sa paisible monture lui fit aborder une vieille duègne qui lui parut plus traitable qu'aucune des autres dames du palais.

(1) Elle nous a été gracieusement communiquée par M. P. Platelet, bibliothécaire de la ville d'Agen, d'après une copie qu'a tirée M. A. Dupront, avocat, du manuscrit original conservé par la famille du poète.

SANCHO.

A perpaous de moun aze, estro... madoumaysèllo,
Que jou sapi de bous coumo l'on bous appèllo,
Car jou nou n' sabi res que bous nou m'ou diguès.

DUEGNO RODRIGUÈS.

Lou noum dount on m'appello es duègno Rodriguès
De Grafalba, boun homme. Eh be! nou bous desplaze,
Que y a?

SANCHO.

Pas aoutro caouso; el es questiou d'un aze, Que jou, boutan pè tèrro, èy layssat tout soulet, Or, de poou que s'escarte à faouto de baylet, Playrio bous de li randre un serbici noutable, De boule l'ana prene et lou mettre à l'estable; Car lou paoure soutas nou sap ço que se fay Et jou l'aymi, pertant, coumo s'èro moun fray, Permo qu'es boun touillaou tout aoutant que pot èstre.

DUEGNO RODRIGUÈS.

S'à l'aouno del baylet jou mesuri lou mèstre,

Qu'el sio tan abisat coumo lou serbitou,

Pla s'ario de leze s'el nou n'èro un douctou.

Car n'es pas bou lou counte, et dits en poulits tèrmes,

Que j'embarri soun aze! Allès, sot piquo-bèrmes,

Insoulent malestruc, oun troubas-bous aquo?

SANCHO.

Demandas-ou per beyre à moun mèstre qu'ou sap,
Qu'a legit lous romans de l'un à l'aoutre cap,
Se lou boun Lancelot quan tournet d'Angletèrro,
Et tout encountinent qu'agout boutat pè tèrro,
Las damos del metis n'abion pas lou souci
Entretan qu'uno duègno estaquet soun rouci.
Or, perço qu'ez de mi, mai que nou li desplaze
A moussur Lancelot, j'estimi tan moun aze,
Que jou nou darioy pas aquel bourriquo mèou
Per un autre chebal, coumo fusso lou sèou,
Et per tan nou cal poun que li fasques la mino.

DUEGNO RODRIGUES.

Se bous sès fat ou bestio ou caouque Jean-Farino,
Boun homme, al noun de Dious, retiras-bous ailleurs
Que me truffi de bous et de touts lous railleurs ;
Car nou cal poun de mi que lou mounde se riguo
Sur peno al truffandè de l'in bailla la figuo.

SANCHO.

La figuo! es un bouci qu'a le goust assès dous
Mais que nou sio pas seco et bieillo coumo bous.
Car d'aqui soulomens pot sailli la disputo,
Noun pas del counte bièl de ma may ..

LA DUCHESSO.

Qu'a duègno Rodriguès que la fouguo li mounte?
Soun èl tout en furie et'l bisatge enflambat

Temoigno que dan Sancho el' a caouque debat....
Sento mèro de Dious ! que beni jou d'aprene?
Qu'es ço que lou boun Sancho a gaouzat entreprene?
Sancho l'apela bieillo à duègno Rodriguès ?
Et jou nou sabioy pas enquèro qu'ou fuguès!

Perceque, Sancho, 'l mèou, cal èstre plus discrèt;
Ou quan ou boudrets dire, ou cal dire en secrèt,
De l'amic-à-l'amic, noun pas qu'elo l'entende.

SANCHO.

S'ou fasoy per aquo, boli que l'on me pende.
Mais que boulès, madamo, un cad'un a rasou.
Moun aze et jou saillen d'uno mèmo maysou,
Et nou sen, gayre-be, qu'une medisso caouso,
Perque se jou n'ey soing, aquos n'es pas ses caouso.

DON QUICHOTTO.

Sancho, quino souttizo! Oun sès bous? rebenès,

Espias dan qui parlas! Soun asso treginès,
Et lou loc counbenable à parla de bostre aze?
Incibil!

SANCHO.

Que boulès? en quin loc que m'escaze,

S'el es ni pauc-ni-ges expedient de parla,
Impoussible, moussur, à jou de me cala....

Tel est le ton de cette œuvre de pure fantaisie, où l'original, sans cesse rappelé, conserve une incommensurable supériorité. En cela, de Cortète n'est pas allé au-delà de tous nos traducteurs: Michel de Cervantes est inimitable!

Nous n'avons plus maintenant, et avant de nous séparer de Cortète, qu'à rendre un dernier hommage à son talent, ou pour mieux dire à sa probité littéraire, pour avoir sans cesse maintenu dans ses écrits, et cela avec un soin extrême, la pureté de l'idiome agenais, sa langue maternelle, de telle sorte que ses vers ne nous restent pas seulement comme des modèles en poésie, mais aussi comme de précieux monuments de linguistique c'est le talent du poète uni à l'honnêteté de l'écrivain!

:

LE Dr NOULET.

NOUVELLE.

Un secret de famille,

I.

Dans un élégant salon de la Chaussée-d'Antin, un homme d'environ cinquante ans se chauffait tranquillement, les pieds sur les chenets, en causant avec sa femme, tandis que sa fille, assise un peu à l'écart, s'occupait à confectionner au crochet un délicieux porte-cigarres, travail minutieux qui semblait absorber toute son attention.

Eh bien, Julie, demanda M. Delange à sa fille, ton portrait avance-t-il? La dernière fois que je l'ai vu, il commençait à prendre tournure.

Oui, mon père, répondit Julie.

-Est-ce que vous n'avez pas séance aujourd'hui ?

Si, mon ami, répondit sa femme, mais il n'est pas encore l'heure.

-Ce jeune peintre m'intéresse vivement, reprit M. Delange. Son air malheureux, ses manières distinguées, qui ne sentent nullement l'atelier, m'ont prévenu en sa faveur, je l'avoue.

- Peuh! intéressant, si l'on veut, répondit Mme Delange. Il a

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