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>> tendres et si sensibles. Mais c'est inutilement : » voilà qu'après avoir consumé bientôt quinze >> années, cette grande portion de la vie hu» maine, dans le silence et pourtant au milieu >> des révolutions des empires, ils n'ont survécu >> aux compagnons de leur âge, et pour ainsi » dire à eux-mêmes, que pour toucher à ce » terme où l'on ne fait plus que des pertes sans >> retour. Ainsi donc, ils seront toujours livrés à » un gémissement secret et inconsolable, et dé>>sormais ils resteront exposés aux regards d'une >> autre génération qui les presse, comme des >> sentinelles qui lui crieront de se détourner des >> routes funestes où ils se sont égarés.

>> Leur voix sera entendue, etc., etc.... » Ce morceau suffiroit seul pour justifier les éloges que nous avons donnés à cette Vie de Rollin. On peut y remarquer des beautés du premier ordre, exprimées avec éloquence, et quelques-unes de ces pensées que l'on ne trouve que chez les grands écrivains. Nous ne saurions trop encourager l'auteur à s'abandonner à son génie. Jusqu'à présent une timidité naturelle au vrai talent, lui a fait rechercher les sujets les moins élevés; mais il devroit peut-être essayer de sortir du genre tempéré qui retient son imagination. dans des bornes trop étroites. On s'aperçoit aisément dans la Vie de Rollin qu'il a sacrifié par

tout des richesses. En parlant du bon Recteur de l'Université, il s'est prescrit la modération et la réserve; il a craint de blesser des vertus modestes, en répandant sur elles une trop vive lumière on diroit qu'il s'est souvenu de cette loi des anciens, qui ne permettoit de chanter les dieux que sur le mode le plus grave et le plus doux de la lyre.

SUR LES ESSAIS

DE MORALE ET DE POLITIQUE.

Sécembre 1805.

N

peut trouver plusieurs causes du succès prodigieux des romans, pendant ces der

nières années : il y en a une principale, indépendante du goût et des mœurs. Fatigué des déclamations de la philosophie, on s'est jeté par besoin de repos dans les lectures frivoles; on

s'est délassé des erreurs de l'esprit par celles du cœur les dernières n'ont du moins ni la sécheresse, ni l'orgueil des premières; et à tout considérer, s'il falloit faire un choix dans le mal, la corruption des sentiments seroit peut-être préférable à la corruption des idées : un cœur vicieux peut revenir à la vertu ; un esprit pervers ne se corrige jamais.

Mais l'esprit humain tourne sans cesse dans le même cercle, et les romans nous ramèneront aux ouvrages sérieux, comme les ouvrages sérieux nous ont conduits aux romans. En effet, ceuxci commencent à passer de mode; les auteurs cherchent des sujets plus propres à satisfaire la raison; les livres sérieux reparoissent. Nous avons déjà eu le plaisir d'annoncer la Législation primitive de M. de Bonald entre les jeunes gens distingués par le tour grave de leur esprit, nous avons fait remarquer l'auteur de la Vie de Rollin : aujourd'hui les Essais de Morale et de Politique sont une nouvelle preuve de notre retour aux études solides.

Cet ouvrage a pour but de montrer qu'une seule forme de gouvernement convient à la nature de l'homme. De là deux parties ou deux divisions dans l'ouvrage : dans la première on pose les faits; dans la seconde on conclut : c'està-dire que dans l'une on traite de la nature de

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