Imágenes de página
PDF
ePub

ciens, et au bout desquelles apparoissoit un tombeau :

>>

Εσηκεξύγον αὖον ὅσον, etc.

« De ce côté, dit Nestor à Antiloque, s'élève de terre le tronc dépouillé d'un chêne; deux

pierres le soutiennent dans un chemin étroit, >> c'est une tombe antique, et la borne marquée

>> à votre course. >>

SUR

LE PRINTEMPS D'UN PROSCRIT,

POEME,

PAR M. J. MICHAUD.

Janvier 1803.

OLTAIRE a dit : « Ou chantez vos plaisirs, ou laissez vos chansons. » Ne pourrait-on pas dire avec autant de vérité : « Ou chantez vos malheurs, ou laissez vos >> chansons ? »

Condamné à mort pendant les jours de la terreur, obligé de fuir une seconde fois après le 18 fructidor, l'auteur du Printemps d'un pro

scrit est reçu, par des cœurs hospitaliers, dans les montagnes du Jura, et trouve dans les tableaux de la nature à la fois de quoi consoler et nourrir ses regrets.

Lorsque la main de la Providence nous éloigne du commerce des hommes, nos yeux moins distraits se fixent sur le spectacle de la création, et nous y découvrons des merveilles que nous n'aurions jamais soupçonnées. Du fond de la solitude on contemple les tempêtes du monde comme un homme jeté sur une île déserte se plaît, par une secrète mélancolie, à voir les flots se briser sur les côtes où il fit naufrage. Après la perte de nos amis, si nous ne succombons pas à la douleur, notre cœur se replie sur luimême; il forme le projet de se détacher de tout autre sentiment, et de vivre uniquement avec ses souvenirs. Nous sommes alors moins propres à la société, mais notre sensibilité se développe aussi davantage. Que celui qui est abattu par le chagrin s'enfonce dans l'épaisseur des forêts; qu'il erre sous leur voûte mobile; qu'il gravisse la montagne d'où l'on découvre des pays immenses, ou le soleil se levant sur les mers; sa douleur ne tiendra point contre un tel spectacle, non qu'il oublie ceux qu'il aima (car alors qui ne craindroit d'être consolé?); mais le souvenir de ses amis se confondra avec le calme

des bois et des cieux; il gardera sa douceur, et ne perdra que son amertume heureux ceux qui aiment la nature; ils la trouveront, et ne trouveront qu'elle, au jour de l'adversité1! Ces réflexions nous ont été fournies par l'ouvrage aimable que nous annonçons. Ce n'est point un poëte qui cherche seulement la pompe et la perfection de l'art; c'est un infortuné qui s'entretient avec lui-même, et qui touche la lyre, pour rendre l'expression de sa douleur plus harmonieuse; c'est un proscrit qui dit à son livre, comme Ovide au sien :

« Mon livre, vous irez à Rome, et vous irez à >> Rome sans moi!...... Hélas! que n'est-il per» mis à votre maître d'y aller lui-même ! Partez, >> mais sans appareil, comme il convient au livre >> d'un poëte exilé. »

L'ouvrage, divisé en trois chants, s'ouvre par une description des premiers beaux jours de l'année. L'auteur compare la tranquillité des campagnes à la terreur qui régnoit alors dans les villes; il peint le laboureur donnant asile à des proscrits:

Dans cet âge de fer, ami des malheureux

Il pleure sur leurs maux, console leur misère,
Et comme à ses enfants leur ouvre sa chaumière.

1 Ce paragraphe est emprunté de l'ESSAI HISTORIQUE.

« AnteriorContinuar »