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jésuite par l'abbé Le Mascrier'; —Exhortations sur les Principaux Devoirs de l'État Reli gieus; Paris, 1780, 2 vol. in-12 : publié par le père Chiron, théatin; Ketraite Spirituelle pour les Personnes Religieuses; Paris, 1746, in-12. En 1781 et 1782, l'abbé Lenoir du Parc a donné une Collection complète des Œuvres Spirituelles du père Judde; Paris, 7 vol in-12; Besançon, 1815-1816, 7 vol. in-12; Paris, 18251826,75 vol in-12. On a publié à Besançon : Traité sur la Confession à l'usage des Seminaristes et des Communautés religieuses, tiré des œuvres du père Judde ; 1825, in-8°;;; J. V. I Feller, Biogr. Uniu. → Chaudon, et Delandinej Dict. snit. Histor, Crit. et Bibliogr,

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JUDE (Saint), surnommé THADDÉE et LEBBÉE (c'est-à-dire le Courageux), l'un des douze apôtres du Christ et l'un des quatre personnages nommés frères de Jésus. La seule circonstance de sa vie dont l'Évangile fasse, mention, c'est cette question qu'il adressa à Jésus-Christ dans l'un des entretiens de la Cène ; Seigneur, d'où vient que tu te déclareras à nous, et non pas "au monde ? » Jésus répondit de manière à faire comprendre à ses apôtres qu'il les avait choisis pour faire connaître à tous les paroles de son Père. La tradition n'a rien conservé de bien po sitif sur saint Jade. On croit qu'il s'occupait des travaux de la campagne avant sa vocation Jésus-Christ l'aimait tendrement, et il mérita cette affection par la pureté de sa foi. L'apôtre prêcha l'Évangile dans la Judée, la Samarie, l'Idumée, la Syrie et la Mésopotamie, selon Nicéphore," saint Isidore et les Martyrologes. Saint Paulin y ajoute encore la Libye. Selon Fortunat, il aurait passé en Perse, où il aurait reçu la couronne du martyre; suivant quelques au teurs grecs, il serait mort en Arménie, percé de flèches, après avoir été attaché à une croix. Les Artnéniens l'honorent en effet comme leur apôtre. >L'Épître de saint Jude ressemble beaucoup à la seconde de saint Pierre; mais on ne pourrait dire lequel des deux a copié l'autre. L'épître de saint Jude, adressée aux fidèles en général, est une des épitres dites catholiques ou universelles. Elle a pour but d'avertir des peines qui suivent toujours le désordre dans les mœurs et dans les croyances. On croit qu'il l'écrivit après la ruine de Jérusalem. Il y parle avec force contre les bérétiques, et surtout contre les nicolaites, les simoniens et les gnostiques, qui combattaient la nécessité des bonnes œuvres. Cette épitre ne fut pas d'abord reçue au nombre des écritures authentiques, parce que le livre apocryphe de Hénoch y est cité; mais son antiquité et la pureté de ses doctrines l'ont fait admettre dans le canon, même par les églises proL. LOUVET. testantes.

Mathieu, Erang., X.-Marc, Évang., III. - Luc, Evang., VI. — Jean, Évang., XIV, 22. - - Jude. Epitre. ·

JUDITH

Baronius, In Annal. et in Not. sup. Martyr. Rom. - Bel-
larmin, De Script. Eccles. Baillet, ies des Saints,
25
28 octobre. Dom Calmet, Preface sur l'Epitre de saint
Jude. Dom Ceillier, Hist. des Auteurs Sacres et Ecclés.,
tom. 1, p. 451 et sulv. Richard et Giraud, Biblioth.
Sacrée.

JUDEX (Matthieu). Voy. RICHter.

JUDICAEL 1er, premier roi de Bretagne, mort le 17 décembre 658. Il était le fils aîné de Joel III; mais son frère, Salomon ou Gozlun II, le supplanta, et prit possession des États paternels. Judicael se retira alors dans le monastère de Gael, dont saint Méen était abbé. Salomon II étant mort, vers 632, Judicael fut appelé par les populations bretonnes à se mettre à leur tête; il y consentit, quitta son cloître, et prit le titre de roi. En 636, selon dom Bouquet, le roi Dagobert For lui envoya saint Éloi (depuis évêque de Noyon) pour demander raison des ravages que les Bretons avaient faits sur les terres de France. Judicael vint trouver Dagobert à Creilsur-Oise, et lui donna toutes les réparations qu'il était en son pouvoir d'accorder. En 638 il abdiqua en faveur de son fils, Alain 11, dit le Long. Outre ce fils, Judicael laissa de Morose, sa femme, deux autres fils:' Winnoć et Arnoc, qui tous deux se consacrèrent à la vie monastique. que suoi 17 9 mA DE L.

: Gallet, Mém. Crit. Brevi – Chron. Armoric. - Dom Cut LA# Morice, Hist, de Bretagne, t. L HU

JUDICAEL II, comte de Rennes, mort en 907, Il était fils de Guirand, comte de Rennes, et succéda en 877 à son père. Il partageait alors la Bretagne avec Alain III, dit le Grand, comte de Vannes, et dans maintes occasions eut à défendre son patrimoine contre Alain. Pendant ces divisions, les Normands ravageaient la Bretagne. Les princes bretons finirent par conclure un traité en 838, et, réunissant leurs for ces, ils marchèrent contre leur ennemi commun, qu'ils défirent; mais Judicael perdit la vie en poursuivant les vaincus, Alain III fit preuve de loyauté en abandonnant le comté de Rennes aux fils de son allié. A. DE L.

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Dom Morice, Hist. de Bretagne, t. I. «!JUDITH, héroïne juive, fille de Mérari, de la maison de Siméon. Il serait difficile de préciser l'époque à laquelle elle vivait. Elle était femme de Manassé, de la même tribu. Veuve de bonne heure, elle vécut à Béthulie dans une sage retraite et uniquement adonnée à d'austères pratiques de piété. C'était l'époque où Nabuchodonosor, roi des Assyriens, en guerre avec Arphaxad, roi des Mèdes, fit appel aux peuples voisins et leur demanda leur concours. Ils s'y refusèrent; Arphaxad ayant été vaincu, Nabuchodonosor songea à se venger des voisins récalcitrants. Son général Holopherne ravagea les frontières asiatiques depuis le Taurus jusqu'à l'Arabie, puis, traversant le Jourdain, il vint mettre le siége devant Béthulie. Les Juifs qui l'habitaient, récemment revenus de la captivité, se préparèrent d'abord à une énergique défense. Conseillé par les Edomites, qui connaissaient par

par saint Jérôme; on préfère cependant la traduction grecque suivie d'une version syriaque. Quant à l'auteur de ce récit extraordinaire, il est resté inconnu; il en est de même de l'idiome primitif dans lequel il a été écrit, quoique saint Jérôme affirme que c'est le chaldéen. Des régicides, tels que les assassins de Guillaume Ier d'Orange et d'Henri III, y ont cherché la justification de leur crime. Judith a inspiré quelques œuvres d'imagination, la plupart médiocres, par exemple la tragédie de Boyer (1695); celle de Poncy de Neuville, jouée à Saint-Cyr, en 1726, et restée inédite; une autre, anonyme, en cinq actes et en vers, Genève, 1747, in-8°; une autre enfin, intitulée Judith et David; 1763, in-12. L'héroïne de Béthulie a mieux inspiré les arts; un célèbre peintre de nos jours (voy. VERNET), a transporté sur la toile la mort d'Holopherne, et la gravure (voy. JAZET) a reproduit avec succès ce sombre tableau. V. R.

faitement les localités, Holopherne coupa l'aqueduc dont les eaux alimentaient la ville. Réduits à une pénurie extrême, les Béthuliens songèrent à se rendre. C'est alors que Judith intervint elle réunit les principaux de la ville, leur reprocha leur faiblesse, leur peu de patriotisme, et affirma que, Dieu aidant, elle saurait bien délivrer la ville. Puis elle demanda sa libre sortie de Béthulie. Le gouverneur Ozias lui accorda cette permission. Le soir venu, Judith invoqua le Seigneur en le suppliant d'accorder à ses prières le salut de ses coreligionnaires. Puis elle se vêtit avec une recherche extraordinaire. Suivie seulement de sa servante, qui portait quelques provisions, elle s'avança vers les avantpostes de l'armée assyrienne, et annonça qu'elle s'était évadée de Béthulie pour venir communiquer à Holopherne un moyen de s'emparer de cette ville. Introduite devant le général assyrien, elle le captiva par sa beauté d'abord et par toutes les séductions de sa parole. Elle réitéra l'assurance qu'elle lui livrerait Béthulie. Seulement elle demandait la liberté d'aller chaque soir remplir ses devoirs de piété dans une vallée du voisinage. Elle usa de cette permission pendant trois jours; le quatrième elle fut invitée à assister à un banquet donné par Holopherne et à l'issue duquel ce général se trouva dans un tel état d'ébriété que Judith, restée seule avec lui, put lui trancher la tête avec le propre glaive de cet ennemi des Béthuliens. Aussitôt elle sortit du camp sous le prétexte accoutumé, emportant dans un sac la tête d'Holopherne. Rentrée dans Béthulie, elle exposa aux regards cette sanglante dépouille, qui fut ensuite placée au haut des murs de la ville. Les habitants ayant fait une sortie, les Assyriens, privés, d'une manière si surprenante, de leur général, se démoralisèrent et prirent la fuite. Ozias les poursuivit, et en fit un grand massacre, suivi de pillage. Judith, à qui il était offert, consacra à Dieu et fit déposer dans le temple le butin du général. Puis elle chanta, dans un cantique venu jusqu'à nous, la puissance de Dieu, à qui elle rapportait pieusement la délivrance de Béthulie.

Cette femme, que le motif qui l'inspirait, a pu faire qualifier d'héroïne, mourut à l'âge de cent cinq ans. L'acte qui lui a donné place dans les annales juives a dû exercer les conjectures. Aux yeux de quelques-uns, le livre qui en rend compte ne serait qu'une fiction. Tel est le sentiment de Luther, de David Chitrée, de Grotius. Bayle l'appelle « un roman pieux ». Voltaire l'a traité moins sérieusement encore. L'opinion contraire compte aussi de nombreux partisans. Quant à l'époque où se serait passé l'acte mémorable qui en fait le fond, les uns, parmi lesquels D. Calmet, Huet, Usserius, le placent avant la captivité de Babylone; les autres, en plus grand nombre, et dont nous avons suivi l'opinion, le placent à une époque postérieure. Le livre de Judith a été traduit du chaldéen avec une grande exactitude

Le Liv. de Judith.-Schroeder, Oratio de Juditha, etc; Lubeck, 1662. Jahn, Introd. in Lib. sac, Montfaucon, Traité de la Vérité de l'Histoire de Judith. - Artopreus, Dissertatio utrum Narratio de Juditha et Holopherno historia sit an epopeia; Strasbourg, 1700, in-4°. - Bayle, Dict. Hist.

JUDITH, seconde femme de l'empereur franc Louis 1er, surnommé le Débonnaire. Elle naquit vers l'an 900, et mourut en 943. Son père, le duc Guelphe, était un des grands feudataires de l'empire, et sa mère Hégilwich, qui, après la mort de son mari, devint abbesse de Chelles, appartenait à une des plus nobles familles de la Saxe. En 919, Judith épousa Louis le Débonnaire, veuf d'Hermengarde, et père de trois fils, entre lesquels il avait déjà partagé ses États. Lothaire était roi de Neustrie; Pépin, d'Aquitaine; Louis, de Bavière. En épousant Judith, l'empereur confirma solennellernent ce partage, dont la nouvelle impératrice se montra fort mécontente. Elle voyait qu'il serait extrêmement difficile d'obtenir et de former des apanages pour les enfants qui pourraient naître de son union avec Louis. Après six ans de mariage, l'impéra trice eut un fils, auquel on donna le nom de Charles; dès lors, l'avenir de ce prince devint la constante préoccupation de Judith. D'abord, l'impératrice songea à assurer à son fils un protecteur dans la personne de Lothaire, en unissant les deux frères par une affinité spirituelle, qui, en ce temps, était un lien non moins fort que celui d'une proche parenté. Elle fit donc tenir Charles sur les fonts baptismanx par le roi de Neustrie. Puis elle éveilla dans l'esprit de l'empereur le regret d'avoir disposé à l'avance de tout son héritage. Sur les instances souvent réitérées de son épouse, Louis décida Lothaire à détacher de la Neustrie quelques provinces dont on composa un apanage pour Charles; mais cette concession ne suffit pas à Judith, qui portait ses vues très-haut: cette princesse n'aspirait à rien de moins qu'à procurer à son fils, au détriment des trois princes ses frères aînés, la suc

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cession au trône de Louis le Débonnaire. Cette ambition maternelle a été, plus encore peut-être que la faiblesse de caractère de Louis, la cause des divisions et des scandales politiques qui ont fait du règne de ce prince un des plus tristes tableaux de notre histoire.

* Lothaire regretta bientôt de s'être montré généreux à l'égard de son jeune frère, sans doute parce qu'il pénétra les desseins secrets de l'impératrice; en 830, il entraîna Pépin et Louis dans une ligue contre Judith. Ce fut à cette époque que Louis le Débonnaire appela à la cour Bernard, comte de Barcelone (1), espérant que la sagacité de ce seigneur l'aiderait à sortir des embarras où le mettaient ces dissensions domestiques. L'esprit et la galanterie de Bernard lui valurent les bonnes grâces de l'impératrice; cette princesse engagea son mari à donner à son nouveau ministre la place de grand-chambrier: cette place procurait au comte de fréquentes occasions de s'entretenir avec l'épouse de son maltre; le bruit se répandit bientôt qu'une intimaité coupable s'était établie entre Bernard et Judith. En 831, il se forma une conjuration dont le motif apparent fut la faveur excessive dont jouissait le comte de Barcelone; ses ennemis l'accusèrent même d'avoir comploté la mort de l'empereur et de ses trois fils aînés, pour faire asseoir sur le trône le prince Charles. Les révoltés avaient pris pour chef le roi d'Aquitaine. La cour se trouvait alors à Verberie; Louis s'en fuit à Compiègne; mais Judith, ayant été arrêtée par les conjurés, fat obligée, pour avoir la vie sauve, de consentir à se faire religieuse dans le monastère de Sainte-Marie, à Laon, où on l'enferma. Peu de temps après, Pépin l'envoya chercher et la fit mener, sous bonne garde, à Compiègne, afin qu'elle décidât Louis, qui se laissait entièrement gouverner par son épouse, à abdiquer. Probablement le roi d'Aquitaine eut recours à des moyens d'intimidation, pour persuader sa belle-mère de se charger d'une mission dont le succès eût été très-préjudiciable aux intérêts de cette princesse. L'empereur demanda, pour répondre à cette proposition, un délai qu'on lai accorda; mais on reconduisit Judith dans le monastère de Laon. Sur ces entrefaites, Lothaire arriva à la tête d'une armée, non pour secourir son père, comme ce dernier l'espérait, mais pour rendre son sort et celui de Judith plus rigoureux. L'impératrice fut transférée dans le couvent de Sainte-Radegonde, à Poitiers, où on la força de prendre le voile. L'année suivante, T'empereur et ses fils s'étant réconciliés, Judith reconvra sa liberté; son époux fit annuler, par les évêques de France et par le pape Grégoire IV, Pengagement religieux qui lui avait été violemment imposé. Cependant, Louis voulut que l'impératrice se purgeât, par un serment public,

La Catalogne faisait partie de l'empire des Francs, depuis que Charlemagne l'avait conquise sur les Maures,

des imputations qui flétrissaient sa renommée; les historiens ne disent pas précisément de quelle nature étaient ces imputations; il est vraisemblable qu'elles avaient trait à sa liaison présumée avec le comte de Barcelone, et à sa complicité avec lui en ce qui touchait le projet de placer sur le trône le jeune Charles.

La justification de Judith eut lieu à Aix-laChapelle, devant une assemblée de seigneurs et de prélats.

Les échecs et les mortifications que l'impératrice venait de subir auraient dû, ce semble, la rendre plus circonspecte et plus modérée; au contraire, elle usa de son crédit auprès de Louis pour obtenir de ce faible prince le rappel de Bernard et pour contraindre Pépin à augmenter d'une portion de son propre apanage celui de Charles. La faveur du comte de Barcelone eut bientôt un terme; l'impératrice s'étant refroidie pour lui, il se jeta dans le parti du roi d'Aquitaine. A force d'obsessions, Judith poussa l'empereur à des actes de sévérité dans lesquels, toutefois, ce prince ne persévéra pas longtemps. Pour en venir à ses fins, l'impératrice adopta alors un système de politique que, de nos jours, on qualifie de machiavélique. Elle suscita en secret à Pépin, dont le caractère ne ployait pas facilement, toutes sortes de vexations qui devaient l'inciter de nouveau à la rébellion; et la rébellion était le seul moyen de le faire déposséder de ses États au profit de Charles. Cette iniquité eut le succès qu'en attendait l'impératrice. En 833, le roi d'Aquitaine, irrité de la méfiance et de l'injustice avec laquelle on le traitait, conspira encore; Louis lui ôta sa couronne dans une assemblée générale, et en disposa en faveur de Charles. Mais ce triomphe devint fatal à Judith. Le roi de Neustrie et le roi de Bavière, indignés et surtout inquiets d'une spoliation qui était pour eux-mêmes une menace, demandèrent presque impérativement à leur père une entrevue que celui-ci n'osa pas leur refuser. L'empereur et les princes vinrent, chacun de leur côté, camper, avec des troupes nombreuses, dans une vaste plaine de l'Alsace. Judith et son fils accompagnaient Louis le Débonnaire. La conférence s'ouvrit par des discussions animées, et se termina par la défection de la plupart des seigneurs et des évêques qui jusque-là étaient restés fidèles à l'empereur. Celui-ci, effrayé de son isolement, se mit, avec Judith et Charles, au pouvoir de Lothaire et de Louis; il fut aussitôt déposé, et l'on condamna pour la troisième fois l'impératrice à prendre le voile; elle fut conduite dans un monastère, à Tortone, en Lombardie.

En 834, Louis le Débonnaire ayant été rétabli sur le trône, Judith revint auprès de son époux et recouvra toute son influence. En 839, voyant que la santé de l'empereur déclinait sensiblement, elle jugea à propos de se mettre d'accord avec Lothaire, qui s'était retiré en Italie. Elle le décida

à venir à la cour et à demander un nouveau partage des États dont se composait l'empire, en en exceptant la Bavière et l'Aquitaine, Ce partage fut très-avantageux à Charles; car, Lothaire, en se réservant l'Italie et le titre d'empereur, laissa à son jeune frère toute la Neustrie, c'est-à-dire la France à peu près telle qu'elle est aujourd'hui. Cela ne satisfit pas encore Ju-e dith. Pépin était mort, laissant deux fils. Il eut été juste de restituer à ces jeunes princes l'Aquitaine, que Louis avait retirée à leur père, pour le punir de sa révolte; mais l'impératrice fit confirmer, son propre fils dans la possession de ce royaume. Après la mort de l'empereur, qui arriva en $40, la discorde régna pendant plusieurs années entre Charles et ses frères, Judith ne fut pas témoin de leur réconciliation; cette princesse venait de mourir à Tours lorsqu'un nouveau et dernier partage rétablit entre eux la paix. * 7-11 Camille LEBRUN

Annales Bertiniani, — Eginhard, Annales. – Mézerai, Histoire de France. - Velly, Idem, - Daniel, Idem.

JUDITH, petite fille de la précédente. Elle fut successivement reine des Anglo-Saxons et comtesse de Flandre. Cette princesse naquit vers 843; l'époque de sa mort n'est pas connue. Elle était fille du roi de France (1) Charles II, surnommé le Chauve, et d'Hermentrude, sa première femme. En 855, Ethelwolf, roi de Wessex (2), revenant d'un pèlerinage à Rome, s'arrêta à la cour de Charles, à qui il avait déjà fait une visite en allant en Italie. Cette fois, il passa trois mois au palais de Verberie, résidence favorite des princes carlovingiens. Avant de partir pour retourner dans ses États, Ethelwolf demanda en mariage, au roi Charles, sa fille Judith. Cette princesse sortait à peine de l'enfance; Ethelwolf n'était plus jeune; il avait plusieurs enfants (dont quatre fils) de sa première femme, Osburga; néanmoins, Judith, charmée de devenir reine, accepta avec joie sa main. Les deux époux furent unis par Hinemar, le célèbre archevêque de Reims. Immédiatement après la bénédiction nuptiale, Judith fut couronnée, et elle s'assit sur un trône à côté d'Ethelwolf. Depuis que, en 800, Eadburge avait empoisonné, par méprise, son mari, Brihtric, roi de Wessex, le droit naturel qu'ont les épouses légitimes des rois de jouir des honneurs de la souveraineté avait été retiré aux reines anglo-saxonnes. La préten, tion manifestée par la fille de Charles le Chauve, dès le premier jour de son mariage, de ressaisir ces prérogatives, indisposa contre elle les seigneurs anglo-saxons; mais ils essayèrent vainement de résister à la volonté de la princesse

(1) Charles II ne fut couronné empereur qu'en 876. (2) C'est à tort que quelques compilateurs ont attribué au règne d'Egbert, père d'Ethelwolf, le commencement de la monarchie anglaise; ce fut Athelstan, petit-fils d'Alfred le Grand qui, le premier, s'intitula d'abord rol des Anglais, ensuite rot de toute la Grande-Bretagne. Alfred avait eu seulement le titre de roi des Anglo-Saxons, et Ethelwolf, son père, celul de ròi de Wessex.

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sur ce point. Cette victoire fut à peu près la seule satisfaction que l'orgueil de la nouvelle reine trouva dans son union avec Ethelwolf. Le fils aîné de ceroi, Ethelbald, avait vu de mauvais œil et blâmé ouvertement cette alliance. Il s'était emparé du gouvernement du royaume, pendant l'absence de son père, et lorsque celui.» ci revint, il refusa de le lui rendre. Pour éviter une guerre civile, Ethelwolf céda de son vivant, à ce fils rebelle, la plus grande partie de ses États, Il ne paraît pas que le roi songeat à égayeri l'existence de la jeune princesse qu'il avait. choisie pour épouse; pendant les trois années qu'Ethelwolf vécut encore après son mariage, il partagea son temps entre des pratiques de dévo tion et des œuvres de charité, jak na

Judith avait à peine quinze ans lorsqu'elle devint veuve. Soit faiblesse de caractère, soit inclination du cœur ou entraînement des sens, cette princesse, sans prendre aucun souci de sa dignité personnelle, non plus que de l'observance de la morale publique, vécut en concubi-nage avec son beau-fils, ce même Ethelbald qui l'avait si mal accueillie à son arrivée en Angle:: terre, et dont l'inimitié fit subitement place à l'amour. Entre alliés aussi proches, l'Église ne⚫ permet pas le mariage: la désapprobation des sujets du nouveau roi et les remontrances de l'évêque de Winchester firent cesser le scandale de ce commerce incestueux : les deux amants se séparèrent. Judith, ne voulant pas rester dans un pays où elle ne jouissait plus d'aucune considé-1. ration, vendit les terres dont se composait son douaire, et retourna en France. Le roi Charles, se méfiant avec raison de la sagesse de sa fille, la confina à Senlis où d'ailleurs elle fut traitée fort révérencieusement. Mais Judith ne s'accommoda pas de cette réclusion.

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Pendant le séjour de peu de durée qu'elleavait fait à la court de son père, avant d'aller ·· habiter le château de Senlis, la veuve d'Ethelwolf avait remarqué un jeune et valeureux seigneur, Baudouin (1), grand-forestier de Flandre. Le titre de grand-forestier avait été donné par Charlemagne, en même temps que le gouverne." ment à perpétuité de la Flandre, à Liderick, un des ancêtres de Baudouin. Grâce à la protection d'un de ses frères, Judith put correspondre avec Baudouin. Cette princesse, présumant que le roi de France ne consentirait pas volontiers au mariage de sa fille avec un seigneur non souverain, brusqua le dénoûment de son amour. A la faveur d'un đẻ-' guisement, elle échappa à la vigilance de ses gardes, joignit Baudouin, qui l'attendait avec des chevaux hors de la ville, et tous deux s'enfuirent en Lorraine. Le roi, très-irrité contre les fugitifs, eut recours, pour les séparer, à un moyen fort en usage à cette époque. A sa demande, les évéques de France excommunièrent Baudouin,*

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comme coupable de rapt d'une veuve; mais le pape, regardant apparemment comme fort douteux que la princesse eût été enlevée de force, ne ratifia pas la sentence épiscopale; au contraire, il s'entremit pour réconcilier les deux amants avec le roi. Charles finit par consentir au mariage de Judith avec Baudouin, bien qu'il ne vulit pas y assister. Toutefois, il érigea la Flandre en comté, afin d'assurer à sa fille un établissement convenable pour une princesse de France. Judith et son mari allèrent à Lille, où ils tinrent une cour brillante, et, dans la suite, ils rentrerent en grâcé auprès du roi.'

Camille LEBRUN.. Po Chronique Saxonne. Asser, Kie d'Ethelwolf.'« Chronique de Flandre. Lingard, History of England.

- Annales Bertinianí. → Duchene, Livre VI. Daniel, Histoire de France. - Moréri, Dictionnaire' Historique. ~JUDITH DE NEVÉRS. Voy. GUVOT (MHS).

JUDSON (Adoniram ), missionnaire américain, né le 9 août 1788, à Maldem ( Massachusetts), mort en mer, le 12 avril 1850. Fils d'un ministre congrégationaliste, il fut élevé à l'université de Brown, et entra au séminaire de théologie d'Andover, où il reçut les ordres. Ayant conçu, avec quelques-uns de ses condisciples, le projet de porter l'Évangile aux Indes, il provoqua la fondation d'une Société des Missions étrangères, qui, pour inaugurer ses travaux, résolut de fenvoyer chez les Birmans. Aussitôt qu'il fut marié (1812), il se rendit à Calcutta, où il se rallia à la secte des baptistes; l'année suivante il arriva dans l'empire d'An-nam, et s'établit à Rangoon. Au bout de deux ou trois ans, grâce à en travail persévérant, il fut en état de comprendre et de parler la langue du pays; bientôt les baptistes d'Amérique, touchés de sa résignation et de ses efforts, lui envoyèrent quelques ou vriers, entre autres un compositeur, et les missionnaires de Serampour lui firent présent d'une presse à bras et d'une fonté de caractères birmans. Le premier livre qui sortit de cet atelier improvisé fut un Abrégé de la Doctrine chrétienne; puis vinrent des extraits de la Bible, des instructions morales et des prescriptions relizieuses. M. Judson visita à différentes reprises l'intérieur de la contrée; il vint à Ava, la capitale, et y eut une entrevue avec le roi, qui lui permit d'ouvrir des écoles et de prêcher publiquement sa religion. Lorsque les Anglais envafirent l'An-nam, sa nationalité le rendit suspect : on le jeta en prison avec tous ses compagnons, et pendant plusieurs mois il fut livré aux plus cruels traitements; pourtant, à la fin de la campame, on l'employa en qualité d'interprète, et il Sit même dépêché au camp anglais pour arrêter les bases d'un traité de paix (1826) Après avoir..... repris ses travaux et formé un second établissement à Moulméin, il se rendit en 1845 aux États-Unis, où les diverses communions religieues lui firent un accueil enthousiaste. De retour chez les Birmans en 1846, il retrouva la mission dans l'état le plus florissant; mais les grands

travaux qu'il s'était imposés pour 'achever son Dictionnaire ayant délabré sa santé, il résolut d'aller la rétablir à l'ile Bourbon; la maladie s'accrut si rapidement` qu'il mourut en `mer avant d'arriver. Outre les écrits que nous avons cités, on a de ce savant missionnaire : La Bible, en birinan; Rangoun, 1835, 3 vol. gr. in-8°; 2e édition corrigée; ibid., 1840, in-4; - Purmesa and English Dictionary; Moulméin, 1849-1852 le premier travail de ce genre auquel cette langue ait été soumise; Judson, qui en avait depuis longtemps réuni les matériaux, n'imprima que la première partie; le reste fut achevé, d'après ses instructions, par E.-A. Stevens. Le nom de Judson est très-populaire en' Amérique; plusieurs pasteurs ont entrepris l'histoire de ses travaux apostoliques. On a aussi écrit la vie de chacune de ses femmes, qui toutes trois paraissent avoir été aussi distinguées par leurs talents que par leurs vertus. La première, Anna HASSELLINE, qui à courageusement partagé ses périls et sa captivité et qui est morte au mois d'octobre 1826, a publié quelques écrits de piété pour les néophytes et une History of the Burman Mission. La seconde, veuve d'un missionnaire protestant nommé Boardman, composait des poésies; elle mourut en 1845. La troisième est l'objet de la notice suivante. Paul Louisy. Clément, Gillette et Wayland, Lives of the rèv. A. Judson.Me Conant, The earnest man, a sketch of A. JA Boston, 1856. Allen, American Biography. The English Cyclopædia ( Biogr.).

** JUDSON ( Émilie CHUBBUCK, mistress), femme du précédent, née à Morrisville (État de New-York), morte le 1er juin 1854. Après avoir été attachée comme professeur au séminaire de femmes d'Utica, elle débuta dans la carrière des lettres par l'insertion de quelques pièces de vers dans le Knickerbocker Magazine et le Weekly Mirror, sous le pseudonyme de Fanny Forester, qu'elle conserva pour toutes ses productions. Étant venue passer l'hiver de 1845 à Philadelphie, elle y connut le docteur Judson, qui la chargea d'écrire la vie de sa seconde femmé, morte récemment. Des relations intimes, fondées sur une estime réciproque, s'établirent entre eux; un mariage s'ensuivit (juillet 1846), et miss Chubbuck accompagna son mari dans l'Inde orientale. Après la mort du missionnaire, elle retourna aux Etats-Unis, où elle traîna, pendant quelque temps, une existence languissante. On a d'elle: Alderbrook; 1846, 2 vol., recueil de ses Esquisses de Village, qui avaient paru en morceaux détachés;' A Biographical Sketch of mrs Sarah Judson ; 1849; — An Olio of domestic verses; 1852, mélanges poétiques; My two Sisters, 1 vol., etc. P. L-Y. Cyclopædia of American Literature.

JUEL (Niels ou Nicolas ), l'un des plus célèbres marins danois, né le 8 mai 1629, mort à Copenhague, le 8 avril 1697. Après avoir étudié l'art nautique en France et en Hollande, il servit sous Martin Tromp et Ruyter, et devint capitaine

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