Imágenes de página
PDF
ePub

J. V. Chauffepié, Nouv. Dict. Histor. et Crit. - Biogr. Crit. Martin, Biogr. Philosophica. -Chalmers, Gen. Biogr. Dictionary. Rose, New Gen. Biogr. Dictionary.

KEILL (James), médecin anglais, frère du précédent, né à Édimbourg en 1673, mort en juillet 1719. Il commença ses études dans sa patrie et les termina dans les écoles étrangères de médecine, où il porta surtout son attention vers l'anatomie. 11 fit plusieurs cours sur cette science dans les universités anglaises, et, en 1698, il publia un compendium intitulé: The Anatomy of the Human Body abridged. Le grade de docteur en médecine lui fut conféré à Cambridge, et, en 1703, il s'établit comme médecin à Northampton, où il passa le reste de sa vie. En 1706, il adressa à la Société royale un compte-rendu de la dissection d'un homme réputé avoir l'âge de cent trente ans. Il écrivit ensuite An Account of animal Secretion, the Quantity of Blood in the human Body, and muscular Motion, 1708, in-8°, qu'il traduisit lui-même en latin et publia, avec des augmentations, en 1718, sous le titre de Tentamina medico-physica ad Economiam animalem accommodata. Acced. Medicina statica Britannica; in-8°. Il mourut d'un cancer à la bouche. J. V.

:

Chauffeplé, Nouv. Dict. Histor. et Crit. Biogr. Britan. Martin, Biogr. Philos. — Rees, Cyclopædia. Chalmers, Gen. Biogr. Dict. - Rose, New Gen. Biogr. Dictionary.

ductions de Keill, et lorsque la philosophie de traduction parut en 1721, l'année de sa mort. Newton commença à se répandre en France, il fut considéré comme la meilleure introduction au livre des Principes. En 1708, Keill fit paraître, dans les Philosophical Transactions, un article sur les Laws of Attraction and its physical Principles, qui lui avaient été suggérés par quelques propositions des Principes de Newton et par quelques questions indiquées par ce philosophe dans son traité d'Optique. A la même époque, il trouva dans les Acta Eruditorum de Leipzig un passage dans lequel les droits de Newton à la première invention du calcul des fluxions (calcul infinitésimal) étaient contestés; il revendiqua ces droits avec ardeur dans un mémoire communiqué à la Société royale et intitulé: De Legibus Virium centripetarum. En 1709, il partit pour la Nouvelle-Angleterre avec le titre de trésorier des réfugiés du Palatinat qui furent envoyés par le gouvernement dans cette contrée. Aussitôt après son retour, l'année suivante, il fut choisi comme professeur d'astronomie à Oxford dans la chaire fondée par Savile. En 1711 il s'engagea dans une controverse avec Leibnitz, et maintint de nouveau les droits de Newton à l'invention du calcul infinitésimal. La Société royale nomma un comité spécial pour examiner les pièces de cette discussion, et ce comité conclut son rapport en déclarant Newton le premier inventeur de ce calcul. Les particularités de cette sorte de procédure ont été consignées dans le Commercium Epistolicum de Collins. La dernière publication de Keill dans cette discussion fut une épître latine à Jean Bernoulli, qui avait aussi tenté injustement de contester l'habileté mathématique de Newton. Elle fat publiée à Londres en 1720, in-4o, avec un chardon, symbole national de l'Écosse, sur le titre, et la devise: Nemo me impune lacessit. Vers 1711, diverses objections ayant surgi contre la philosophie de Newton à l'appui des notions de Descartes sur le plein, Keill rédigea un mémoire qui fut imprimé dans les Philosophical Transactions; ce mémoire contenait quelques théorèmes sur la raréfaction de la matière et la ténuité de sa composition; il y répondait habilement aux objections produites, et indiquait quelques phénomènes qui ne pouvaient être expliqués dans la supposition du plein dans l'espace. Pendant qu'il était engagé dans cette discussion, la reine Anne le nomma son déchiffreur, office qu'il conserva sous Georges Ier jusqu'en 1716. En 1713, l'université d'Oxford lui conféra le grade de docteur en médecine, et deux ans après il publia une édition de l'Euclide de Commandine, à laquelle il ajouta deux traités de sa façon, savoir: Trigonometriæ planæ et spherica Elementa, et De Natura et Arithmetica Logarithmorum. En 1718, il publia à Oxford son Introductio ad veram Astronomiam, in-8°, qu'il traduisit ensuite en anglais, à la demande de la duchesse de Chandos. Cette

* KEINSPECK (Michel), musicien allemand, né dans le quinzième siècle à Nuremberg. Il est connu par un traité de plain-chant intitulé : Lilium Musice Plane; Bâle, Michel Furter, 1496, in-4°; c'est un opuscule de douze feuillets, très-rare, en beaux caractères gothiques avec musique. A la fin du dernier feuillet, on lit: Explicit Lilium musice plane Michaelis Keinspeck de Nurnberga musici Alexandrini bene meriti. Ces derniers mots, selon M. Fétis, signifient que l'auteur fut attaché à la chapelle pontificale sous le pape Alexandre VI. On connait quatre éditions de ce livre : la seconde, imprimée à Ulm, 1497, pet. in-4o; la troisième et la quatrième, à Augsbourg, 1498 et 1500, in-4°.

K.

Fétis, Biogr. univ. des Musiciens. Brunet, Nouv. Recherches Bibliog., t. II. — Gerber, Neues Hist. Biogr. Lezik. der Tonkünstl.- Forkel, Allgem. litt. der Musik. KEISAR (Guillaume DE), peintre belge, né vers 1647 à Anvers, mort vers 1693. Il exerça d'abord la profession de joaillier; mais, entraîné par une vocation marquée vers la peinture, il employa tous ses loisirs à l'étude de cet art, et exécuta quelques sujets religieux pour les églises de sa ville natale ainsi que pour un couvent anglais de Dunkerque. Appelé en Angleterre, il peignit une Sainte Catherine, placée dans la chapelle de Somerset-House. La révolution de 1688 ayant ruiné toutes ses espérances, il s'adonna à l'alchimie, dans le chimérique but de

découvrir la pierre philosophale. Il laissa une fille, qui se fit une certaine réputation dans le portrait et dans la reproduction des maîtres. P. L--Y. Rose, New Biographical Dictionary.

KEISER ( Reinhard), l'un des plus célèbres compositeurs de l'école allemande, naquit en 1673, dans un village situé entre Weissenfelds et Leipsick, et mourut à Hambourg, le 12 septembre 1739. Fils d'un musicien qui s'est fait remarquer par de bonnes compositions pour l'église, le jeune Keiser apprit de son père les éléments de la musique, et, après avoir été mis à l'école de Saint-Thomas de Leipzig, il alla terminer ses études à l'université de cette ville. Ses dispositions pour l'art dans lequel il était appelé à se faire un jour une brillante réputation se développèrent avec une telle rapidité qu'à l'âge de dix-neuf ans il fut chargé par la cour de Wolfenbüttel de mettre en musique la pastorale d'Ismène, qui fut représentée en 1692, et dont le succès lui valut l'année suivante le poëme d'un opéra sérieux intitulé Basilius. Malgré les essais qui avaient déjà été tentés à diverses époques (1), le drame lyrique allemand ne faisait pour ainsi dire que de naître, et ne vivait encore que d'emprunts faits au style des compositeurs italiens et français. Les premiers ouvrages de Keiser annonçaient un génie destiné à s'affranchir de toute imitation; leur apparition produisit une si vive sensation que la direction de l'Opéra de Hambourg, qui était alors le théâtre le plus florissant de toute l'Allemagne, s'empressa d'appeler le jeune artiste et de se l'attacher. Keiser arriva à Hambourg vers la fin de 1694, et fit représenter son Basilius, qui fut suivi d'Irène, de Janus et de la pastorale d'Ismène, fraîche et gracieuse composition qu'il avait refaite en entier. La musique de Keiser était si différente de ce qu'on avait encore entendu, sa supériorité était si incontestable, que le public montra dès ce moment une prédilection toute particulière pour le talent de ce compositeur, dont les productions se succédèrent bientôt avec une rapidité qui attestait une rare fécondité.

Au milieu des succès qu'il obtenait au théâtre, Keiser fonda, en 1700, les concerts d'hiver les plus brillants qui aient peut-être jamais existé. Un choix des meilleurs morceaux de musique, une réunion des cantatrices le plus en réputation et des virtuoses les plus distingués, un orchestre composé des plus habiles symphonistes, le luxe

1) L'origine de la musique dramatique allemande remonte au commencement du dix-septième siècle. En 1627, Opitz, que l'on regarde comme le père du théâtre allemand, traduisit l'opéra de Daphné, de Rinuccini, que Henri Schutz mit en musique à l'occasion des noces de l'électeur de Saxe Jean-Georges Jer. Plus tard, en 1678, on exécuta à Hambourg un opéra Intitulé Orontes, dont la musique était de Thiel, maître de chapelle de cette ville. D'autres tentatives furent faites ensuite; cependant, Keiser, en raison des perfectionnements qu'il apporta dans les formes du drame musical, est généralement considéré comme le fondateur du théâtre lyrique allemand.

qui brillait dans la salle, les rafraîchissements que l'on offrait avec profusion aux auditeurs, tout concourait à attirer la foule à ces solennités dont Keiser faisait lui-même les honneurs avec toute la grâce et la distinction d'un homme du monde. Nulle part on n'avait encore vu autant de magnificence et de bon goût. Cependant, malgré l'empressement que l'élite de la société mettait à se rendre à ces concerts, l'entreprise eessa en 1702. L'année suivante, Keiser s'associa avec un Anglais, nommé Drusike, pour prendre la direction de l'Opéra. La nouvelle administration sembla d'abord prospérer; mais les folles dépenses des deux associés amenèrent au bout de quelques années la ruine de l'entreprise. Keiser, forcé de se cacher pour échapper anx poursuites de ses créanciers, ne se laissa point abattre; redoublant d'activité, il écrivit dans un court espace de temps huit opéras, qui sont considérés commes ses plus belles productions en ce genre, et qui lui fournirent les ressources nécessaires pour satisfaire à ses engagements. Enfin, un mariage qu'il contracta en 1709 avec une demoiselle d'Oldenbourg, fille d'un riche musicien du conseil, et cantatrice distinguée dont le talent aimé du public prêtait un nouveau charme aux ouvrages du compositeur, vint achever de réparer le désastre de ses affaires. En 1716, Keiser, se rappelant le succès des concerts qu'il avait fondés seize ans auparavant, conçut l'idée d'en organiser de semblables; il mit tout en œuvre pour leur donner le plus d'éclat possible; mais malgré ses efforts, ces concerts, dont Matheson dirigeait l'orchestre, furent loin d'avoir la vogue des précédents. Six ans plus tard, en 1722, le roi de Danemark ayant fait offrir au célèbre artiste la place de maître de chapelle de sa cour, Keiser accepta, se rendit à Copenhague, y resta quelques années, puis revint à Hambourg, où, en 1728, il fut nommé directeur de la musique de l'église Sainte-Catherine. Cette époque de la vie du musicien est marquée par un grand nombre de compositions religieuses; mais il paraît qu'il n'en continua pas moins de travailler pour le théâtre; la liste de ses ouvrages, qu'on trouvera à la fin de cet article, indique en effet qu'il donna encore trois opéras, Lucius Verus, en 1729; Parthénope, en 1733, et enfin, en 1734, Circé, qui fut sa dernière production. A partir de ce moment, Keiser, sentant le besoin de repos, se retira chez sa fille, dont il avait fait une excellente cantatrice, et mourut peu de temps après, à l'âge de soixante-six ans.

Keiser occupe dans l'histoire de la musique dramatique allemande la première place parmi les compositeurs de son temps; ses chants, pleins de grâce et d'expression, surpassaient tout ce qu'on avait encore entendu, et lui valurent le surnom de père de la mélodie allemande. Hændel. Hasse, Graun, se sont non-seulement formés d'après lui, mais ont souvent même imité ses idées. L'harmonie de Keiser, comme celle de la

plupart des maîtres de son école, est forte et pénétrante; son instrumentatien porte un cachet qui lui est propre; tantôt, lorsqu'il accompagne un air, il n'a pour orchestre que la basse avec le clavecin et des instruments à cordes pincées, ou simplement le quatuor; tantôt la voix est soutenue par des hautbois seuls ou par une flûte douce et des violes. Cette originalité de dispositions donne un effet particulier à chacun des nombreux airs qui se succèdent dans les opéras de Keiser, et on ne peut trop admirer les ressources que le génie de l'artiste savait tirer de si faibles moyens, surtout si l'on considère que les exécutants, principalement à Hambourg, étaient alors recrutés parmi les marchands et les artisans de la ville, dont le talent comme musiciens était rarement à la hauteur des œuvres qu'ils avaient à interpréter.

Mattheson, contemporain de Keiser, évalue à cent seize le nombre des opéras écrits par ce compositeur dans l'espace de quarante années, sans compter tous ceux qu'il fit en société avec d'autres musiciens ou dans lesquels il a introduit des airs, et bien qu'il eût produit pendant ce temps une quantité d'oratorios et de morceaux de musique d'église. Les ouvrages qui sortirent de sa plume, pendant son séjour à Copenhagne, ont péri dans l'incendie du palais de cette ville en 1794. Parmi les cent seize partitions citées par Mattheson, on ne connaît que les suivantes : Ismène, représentée à Wolfenbüttel; 1692; Basilius, idem; 1693; Mahomet, à Hambourg; 1696; Adonis, id.; 1697; Irène, id.; 1697; - Janus, id.; 1698; - La Pomme d'Or transportée des régions hyperboréennes dans la Cimbrie, id.; 1698;Ismène, dont la musique fut refaite; Iphigénie; Hercule; Le Retour de l'Age d'Or, ballet pour la fête de l'empereur Leopold; La Forza della Virtù; 1701; · Endymion, ballet prussien; Stærbecker und Godje Michel; Psyché; 1701; - Circé; 1702; - Pénélope;

--

1702; Pomone; 1702; Orphée; 1702; - Nouveau ballet prussien; 1702; - Claudius; 1703;- Minerve; 1703; — Salomon; 1703; – Nabuchodonosor, oratorio; 1704; Octavie;

[ocr errors]

1705; ronata; 1706; -Sueno; 1706; — Almira; ·

[ocr errors]

· Lucrèce; 1705; La Fideltà coMasaniello furioso; 1706; Il Genio di Holsazia; 1706; Le Carnaval de Venise; 1707; - Hélène ; 1709; - Hélias et Olympie; 1709; Desiderius; 1709; Orphée dans la Thrace; 1709; Arsinoé; 1710; La Foire de Leipzig; 1710; L'Aurore; 1710;

Jules César; 1710; Crésus; 1711;

Charles V; 1712; - Diane; 1712; - Héra-
clius; 1712; — Ľ’Inganno fidele ; 1714; — La
Virtú coronata; 1714; Le Triomphe de la
Paix; 1715;
Frédégonde; 1715; Caton;
1715; — Artémise; 1715;- La Fête d'Avril;
La Maison d'Autriche triomphante;
Achille; 1716; Julie; 1717;

1716;

1716;

[ocr errors]
[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

La Foire annuelle de Hambourg; 1725;L'Époque de la bataille de Hambourg; 1725; L'Anniversaire de la Naissance du prince de Galles; 1726; Mistevajus; 1728; Jodelet; 1728; - Le Prince muet; - Atys, intermède; 1728; Nabuchodonosor, refait; 1728; ParthéLucius Verus; 1729; nope; 1733; - Circé; 1734. On a publié de ce compositeur: Cantates pour une voix; Divertissementi serenissimi, recueil de cantates, d'airs et de duos, sans instruments; Hambourg, 1713; Soliloques choisis dans l'Oratorio de Jésus martyrisé; in-fol., Hambourg, 1714; - Musikalische Landlust (Amusements musicaux de la campagne); Hambourg, 1714; Kaiserliche Freidenpost (Message impérial de Paix ), consistant en chants et duos avec instruments, in-fol.; Hambourg, 1715; Pensées bienheureuses de Salut, airs, duos, chœurs et récitatifs tirés de l'Oratorio de Jésus martyrisé; Hambourg, 1715; Componimenti musicali, airs extraits d'Almira et d'Octavie; Hambourg, 1715; Airs de la Forza della Virtu (en allemand), in-fol.; Hambourg, 1715; Fragments de L'Inganno fidele (en allemand); Hambourg, 1715.

[blocks in formation]

KEITH (Georges ), controversiste écossais, vivait dans le dix-septième siècle. Il se distingua dès sa jeunesse par son zèle pour les polémiques religieuses. Après avoir argumenté contre les épiscopaux en faveur des presbytériens, il inclina un moment vers le catholicisme, et se jeta brusquement dans la secte des quakers. II mit au service de cette secte sa bruyante activité, et visita l'Allemagne et les colonies anglaises de l'Amérique; mais ses opinions, qui dépassaient de beaucoup celles de Georges Fox, et qui sortaient tout à fait du christianisme, le firent repousser de partout et furent condamnées même parmi les quakers. Keith rentra dans l'Église anglicane, et mourut oublié. Son principal ouvrage est intitulé: The standart of the Quackers examined; Londres, 1702, in-8°; c'est une réponse à l'Apologic de Barclay.

[blocks in formation]

chal, né vers 1685, dans le comté de Kincardine,
en Écosse, mort près de Potsdam, le 25 mai
1778. Un de ses ancêtres avait fondé, en 1593,
le collége Marshall à Aberdeen. Il était l'aîné
des fils de Guillaume, comte maréchal d'É-
cosse, lord Keith et Altrée; il reçut une excel-
lente éducation, devint capitaine des gardes de
la reine Anne, et fit la guerre avec distinction
sous Marlborough. Il se déclara pour les Stuarts,
et, en 1715, il fit prendre les armes à l'Écosse
en faveur du Prétendant. Mais cette levée de
boucliers ne fut pas heureuse : le prétendant,
qu'il avait appelé de France et fait proclamer roi
à Édimbourg, se rembarqua. Mylord Maréchal
fut condamné à mort par jugement du parle-
ment d'Angleterre et privé de toutes ses dignités
et de ses biens. Après le départ du Prétendant,
lord Keith erra encore pendant six mois en
Écosse, bravant les proclamations qui mettaient
sa tête à prix. Enfin, il s'éloigna de sa patrie, et
prit du service en Espagne; mais il l'avait depuis
longtemps quitté lorsque son frère passa du ser-
vice de la Russie à celui de la Prusse. Mylord
Maréchal alla le rejoindre, et se lia avec Fré-
déric II, qui eut toujours pour lui la plus grande
estime. Le roi de Prusse lui confia quelques
missions diplomatiques, qui n'eurent point de
succès; puis il profita de son alliance avec l'An-
gleterre pour demander la réhabilitation du ma-
réchal d'Écosse : il l'obtint; lord Keith revit son
pays, mais il retourna en Prusse, où il mourut,
dans le voisinage de Potsdam, où Frédéric lui
avait fait bâtir une maison. Ce monarque lui
avait confié le gouvernement de la principauté de
Neuchâtel. C'est là que mylord Maréchal connut
J.-J. Rousseau et se montra son ami et son pro-
tecteur.
L. L-T.

D'Alembert, Éloge de mylord Maréchal; Berlin, 1779,

in-12.

après le grade de lieutenant général. Depuis
1737, Keith se distingua dans toutes les batailles
contre les Turcs, et lors de la prise d'Otchakof
il monta le premier sur la brèche et fut blessé
au talon. Dans la guerre avec la Suède ( 1741-
1743), il décida la victoire de Wilmanstrand, et
délogea les Suédois des îles d'Aland, dans la
Baltique. Il prit une part importante à la révo-
lution qui plaça Élisabeth sur le trône moscovite.
Après la paix d'Abo, en 1743, l'impératrice l'en-
voya comme ambassadeur à la cour de Suède,
et à son retour elle lui remit le bâton de feld-
maréchal. Mais les revenus de Keith en Russie
n'en restant pas moins fort modiques, et le mi-
nistre Bestoujef l'ayant offensé, il se rendit à la
cour du roi de Prusse, qui lui accorda une con-
fiance illimitée, le nomma feld-maréchal de ses
armées et gouverneur de Berlin, en 1749. Fré-
déric II le prit pour compagnon dans son voyage
incognito en Allemagne, en Pologne et en Hon-
grie. Lorsque la guerre de Sept-Ans vint à éclater,
Keith entra dans la basse Saxe à la tête d'une
division de l'armée prussienne. Il combattit tour
à tour à Lowositz, à Prague, à Kollin, s'em-
para de Halle, et participa aux victoires de Ross-
bach et de Leuthen. Le siége d'Olmutz ayant été
levé, en 1758, il couvrit la mémorable retraite
du corps assiégeant; mais la même année, Daun
ayant attaqué le camp des Prussiens à Hochkir-
chen, Keith fut atteint d'un boulet qui l'emporta
de son cheval, et il mourut sur le champ de ba-
taille. C'était un homme de grands talents, d'une
bravoure remarquable, d'une probité rigide et
d'un désintéressement éprouvé. « Mon frère m'a
laissé un noble héritage! écrivait mylord Ma-
réchal, Georges Keith, à Mme Geoffrin. Après
avoir mis toute la Bohême à contribution, à la
tête d'une grande armée, je n'ai trouvé que
70 ducats dans sa bourse! » Frédéric, qui ap-
préciait toutes les grandes qualités du maréchal
Keith, se plaisait beaucoup dans sa société; il
s'amusait surtout d'un jeu inventé par le maré-
chal, à l'imitation des échecs, et pour lequel
il avait fait fondre des milliers de petites figu-
rines représentant des hommes armés. Après la
paix d'Hubertsbourg, Frédéric fit élever à Keith
une statue en marbre à Berlin, sur la place Guil-
laume.
L. L-T.

Memoirs of field marshal Keith; 1759, in 8o. — Chalmers, General Biographical Dictionary.

KEITH DE STONE - HAVEN - MARISCHAL

KEITH (Jacques ), général prussien, d'origine écossaise, frère cadet du précédent, né en 1696, à Freterressa, dans le comté de Kincardine, mort à Hochkirchen, le 14 octobre 1758. A l'instigation de sa mère, dont le père, lord Perth, avait été grand chancelier d'Écosse sous Jacques Ier, le jeune Keith, âgé de dix-huit ans, se rangea sous les étendards du Prétendant, et prit part à la bataille de Sheriffmuir, où il fut blessé. L'armée du Prétendant ayant été dispersée, Keith se réfugia en France, où, sous la direction de Maupertuis, il se livra avec tant de succès à l'étude des mathématiques que l'A- (Georges ELPHINSTONE, lord vicomte), célèbre cadémie des Sciences le reçut dans son sein. amiral anglais, né à Elphinstone, le 12 janvier En 1717, il quitta Paris, et visita, pour son ins- 1746, mort dans son château de Tullialan le truction, l'Italie, la Suisse et le Portugal; il 10 mars 1823. Il était le dernier des fils de lord alla ensuite à Madrid, où le duc de Liria lui fit Charles d'Elphinstone et de lady Clementina avoir le commandement d'un régiment irlandais. Fleming, comtesse de Wigton, et appartenait aux Ce diplomate ayant été nommé ambassadeur familles les plus illustres d'Écosse. Il entra fort extraordinaire à Saint-Pétersbourg, il emmena jeune dans la carrière maritime. Aspirant sous Keith avec lui. A la recommandation du duc, les ordres de Jervis, il fit, après la paix de 1763, la tsarine prit Keith à son service, en 1728, un premier voyage dans les mers du sud avec comme général de brigade, et lui conféra bientôt | son frère aîné, capitaine au service de la Compa

gne des Indes. Plus tard, en 1769, il fit une nouvelle expédition dans ces parages en qualité de lieutenant de sir John Lindsay. Capitaine commandant en 1775, il prit une part active dans la guerre contre les colonies américaines à bord de la frégate Pearl et du vaisseau Perseus. Il com. battit aussi plusieurs fois les Français dans la Méditerranée. Dès 1774 il se fit nommer membre du parlement par le comté de Dumbarton, et son mandat fut continué en 1780 et 1786. Il fut du nombre des hommes politiques anglais qui essayèrent de concilier Pitt, Fox et le duc de Portland. Il reprit la mer à bord du Warwick, de cinquante, et s'empara du vaisseau hollandais Rotterdam, de cinquante-quatre. L'année suivante il força la frégate française La Gloire à s'échouer dans la Delaware, et prit après un rude combat le vaisseau L'Aigle. En 1783, Georges III d'Angleterre le choisit pour secrétaire et chambellan du royaume d'Écosse. En avril 1789 Keith épousa miss Jeanne Mercer de Aldie (morte en 1797). En 1789, sur le vaisseau Robust, il rallia l'amiral Hood dans la Méditerranée, et, lorsque Toulon se livra aux Anglais, reçut le commandement du fort La Malgue. Quoiqu'il ne pût défendre ce poste contre les intelligentes attaques des républicains français, dirigés par Bonaparte, commandant l'artillerie des assiégeants, il n'en fut pas moins, à son retour à Londres, décoré de l'ordre du Bain et nommé contre-amiral de l'escadre blanche, qui alors, sous lord Howe, croisait dans la Manche. En 1795 le gouvernement anglais confia à Keith la conquête d'un des points les plus importants du globe, celle du cap de Bonne-Espérance. Keith ne se borna pas à faire arborer le pavillon britannique sur cette colonie hollandaise, il enleva aux Bataves Ceylan et d'autres comptoirs importants. Dans la baie de Saldagra, il fit capituler leur flotte, forte de quatre vaisseaux, deux frégates et trois bâtiments d'un rang inférieur. A cette occasion il fut créé pair d'Irlande et baron Keith de Stone Haven-Marischal. En 1796 les électeurs de Stirling le choisirent pour leur mandataire au parlement : il reprit ensuite la mer sous les ordres de son ancien capitaine Jarvis, devenu lord Saint-Vincent. Ce fut Keith qui le premier prétendit au droit de visite sur les bâtiments neutres légalement escortés. En décembre 1799 il voulut en user sur une flottille de navires marchands qu'escortait la frégate danoise Havfruen, capit. Van Dorcum; des voies de fait s'ensuivirent, et l'amiral anglais dut céder devant l'énergie des Danois. Nommé au commandement supérieur des forces anglaises dans la Méditerranée, Keith bombarda Gênes par mer tandis que le général autrichien Mélas l'assiégeait par terre. Masséna défendit la ville avec un courage héroïque; mais, vaincu par la famine, il dut capituler le 5 juin 1800. Keith vint ensuite mettre le blocus devant Malte, qui se rendit le 5 septembre. Le 5 octobre suivant, il se présenta devant Cadix avec vingt-deux NOUY. BIOGR. GÉNÉR. T. XXVII.

vaisseaux, vingt-sept frégates, qui escortaient quatre-vingt-quatorze bâtiments portant vingt mille hommes de débarquement sous les ordres de six Ralph Abercrombie. Cadix était alors désolé par la fièvre jaune. Le gouverneur espagnol, don Thomas de Morla, écrivit à lord Keith pour lui apprendre l'état déplorable de la ville et le conjurer de suspendre les hostilités, lui exposant les tristes effets qui en résulteraient même pour les assiégeants. Keith répondit qu'il consentirait à s'éloigner si les Espagnols lui livraient tous leurs vaisseaux armés ou en armement. Don Morla rejeta cette proposition avec indignation. Le 6 octobre Keith essaya une descente; mais la défense du brave gouverneur, et peut-être aussi la crainte de la contagion le décidèrent à rembarquer son monde. Il réussit cependant à empêcher la jonction des flottes française et espagnole, et poursuivit la première jusqu'à Brest. Il se dirigea ensuite vers l'Égypte, et contribua par ses bonnes dispositions au débarquement des troupes d'Abercrombie et aux avantages qu'elles remportèrent d'abord (mars 1801). On lui a reproché comme une perfidie insigne la lettre qu'il écrivit à sir Sydney Smith pour rompre le traité d'El-Arisch, passé (4 pluviôse an vIII, 24 janvier 1800) entre la Porte et Kleber et consenti au nom de l'Angleterre par Sydney Smith. Keith ne fut que l'interprète des ordres qu'il reçut de Londres, et aussitôt qu'il sut que son gouvernement exigeait que les Français se rendissent à discrétion, il s'empressa de prévenir Sydney Smith de ce désaveu. Quoique le traité fût en pleine voie d'exécution, Keith ne pouvait prendre sur lui d'en assurer la ratification. Sa lettre à Kleber est, il est vrai, pleine d'orgueil, et plus tard il traita avec une rigueur déplacée Desaix et ses compagnons. Keith eut l'honneur de signer la capitulation par laquelle Menou s'engageait à évacuer l'Égypte (12 fructidor an Ix, 30 août 1801). Il reçut à cette occasion les remerciments publics des deux chambres, la pairie d'Angleterre, l'ordre du Croissant, et la place de chambellan-secrétairegarde des sceaux du prince de Galles. Nommé en 1803 amiral de Plymouth, il reçut un commandement dans la mer Baltique, mais ne put empêcher la prise de Koenigsberg (16 juin 1807); un corps nombreux qu'il débarqua pour secourir cette place fut détruit par les généraux français Lefebvre-Desnouettes et Du Muy. Cet échec le fit rappeler en Angleterre. En janvier 1808 il se remaria avec miss Thrale, fille d'un membre du parlement, et ne tarda pas à rentrer en faveur. Il fut nommé amiral de la flotte blanche, et en cette qualité il présida, le 15 avril 1812, la cour martiale établie pour juger les causes de l'échouement du vaisseau El Conquistador sur les bas-fonds de Quiberon. En 1814, le prince régent le créa vicomte, et le chargea, le 4 août 1815, de notifier à Napoléon le traité conclu la veille entre l'Angleterre, l'Autriche, la Prusse et

17

« AnteriorContinuar »