petit Volcan éteint dont le sommet est couvert par le village et le château de Montferrier, à une lieue de Montpellier (1779). J. V. Quérard, La France Littéraire. JOUBERT (Barthélemy-Catherine), célèbre général français, né à Pont-de-Vaux (Bresse), le 14 avril 1769, tué à la bataille de Novi, le 28 thermidor an VII (15 août 1799). Il n'avait pas encore quinze ans lorsqu'il s'évada du collège où doce en 1728. Son attachement au jansénisme lui valut d'être enfermé à la Bastille pendant six semaines, en 1730. Il fut exilé ensuite à Montpellier, puis il put venir à Troyes et enfin à Paris. On a de lui: De la Connoissance des Temps par rapport à la Religion; in-12; Explication de l'Histoire de Joseph selon divers sens que les saints pères y ont donnés; Paris, 1728, in-12; · Eclaircissement sur les Discours de Job; in-12; Traité du Carac-il étudiait, pour aller s'engager dans un régiment tère essentiel à tous les Prophètes; in-12; Observations sur Joël; Avignon, 1733, in-12; – Lettres sur l'Interprétation des Écritures; Paris, 1744, in-12; - Concordance et Explication des principales Prophéties de Jérémie, d'Ezechiel et de Daniel; sans nom de lieu (Paris), 1745, in-4°; - Explication des principales Prophéties de Jérémie, d'Ézéchiel et de Daniel, disposées selon l'ordre des temps; Avignon (Paris), 1749, 5 vol.; - Commentaires sur les Douze petits Prophètes; Avignon, 1754 et ann. suiv., 6 vol. in-12; Commentaire sur l'Apocalypse; Avignon (Paris), 1762, 2 vol. in-12; -Dissertations sur les Effets physiques des Convulsions; in-12; — Critique sommaire d'un livre intitulé: Abrégé de l'Histoire Ecclésiastique; in-12. Son frère, Jean-Baptiste JOUBERT DE BEAUPRÉ, né à Montpellier, en 1701, mort dans la même ville, en 1791, a eu part à la composition du Propre des Saints de l'église cathédrale et du diocèse de Montpellier, et de l'Office pour la fête des miracles de Notre-Dame des Tables, qui se célèbre dans l'église paroissiale de ce nom à Montpellier, le 31 août. J. V. d'artillerie en garnison à La Fère (Picardie). Son père, qui le destinait au barreau, lui fit obtenir son congé, et lui fit terminer ses études à Lyon. En juillet 1789, Joubert faisait son droit à Dijon; il accepta les idées libérales avec toute l'exaltation d'un jeune homme, entra dans la garde nationale pour se familiariser au maniement des armes, employa tout son temps à s'instruire dans les manœuvres militaires, et, en décembre 1791, s'enrôla avec le grade de sergent dans le 3o bataillon de l'Ain. Il rejoignit l'armée du Rhin; il eut un avancement rapide, mais chaque grade qu'il obtint fut mérité par une action d'éclat. Nommé sous-lieutenant le 23 avril 1792, il passa lieutenant le 20 août suivant, et, sous les ordres du général Anselme, il franchit le Var au mois de septembre. Attaqué par cinq cents Austro-Sardes dans une redoute du col de Tende, qu'il défendait avec trente grenadiers, il fut grièvement blessé et fait prisonnier. Il fut conduit à Turin et présenté au roi de Sardaigne. On lui demanda s'il était noble. « Je suis citoyen français », dit-il; cette réponse, toute républicaine, lui valut d'être jeté en prison et fort maltraité. Cependant, attaqué par la dyssenterie, il ne tarda pas à être, sur la sollicitation du général Devins, renvoyé sur parole. Il revint dans son pays, où il s'éleva avec force contre les excès sanglants des commissaires de la Convention Albite, Alban et Vauquois. Pour sauver sa vie, il dut réjoindre l'armée, où il fut promu adjudant général (en prairial an ; mai 1794 ). En messidor an ш, il fut chargé avec 2,000 volontaires d'enlever 6,000 Hongrois rétranchés à Melagno; il fut repoussé avec une perte de 56 officiers et de 450 hommes. « Exposé, écrivit-il lui-même, à dix pas de la mitraille, aux grenades et au plomb dirigés à bout portant, j'ai tout fait humainement pour m'enterrer dans leurs redoutes. » Kellermann le fit nommer chef de bataillon. Le 2 frimaire an IV, à Loano, Joubert devint chef de brigade sur le champ de bataille; il donna de nouvelles preuves de courage à Montenotte (22 germinal an v, 11 avril 1796). Le lendemain il chassa le général autrichien de la position de Sainte-Marguerite, et enleva le château de Cossaria, où il fut blessé. Le 3 floréal (12 avril), il combattit à Mon. dovi. Il fut atteint d'une balle à la poitrine. Bientôt rétabli, le 20 floréal (9 mai), il se trouvait au passage du pont de Lodi. Bonaparte le chargea d'assiéger la forteresse de Milan. Joubert Description du i eut à la fois à repousser les sorties des Autri Nouvelles Ecclesiastiques, 1767. Chaudon et Delandine, Dict. Univ. Histor., Crit. et Bibliogr. - Quérard, La France Littéraire. JOUBERT (Philippe-Laurent DE), baron DE SOMMIÈRES et DE MONTREDON, antiquaire et naturaliste français, neveu des précédents, mort à Paris, le 30 mars 1792. Il succéda à son père dans la charge de président de la chambre des comptes et finances de Montpellier, et en 1777 il obtint celle de trésorier des états du Languedoc. Enrichi par cette position, il se livra tout entier à son goût pour les arts, encouragea Chaptal, prépara les succès du peintre Fabre, qu'il envoya étudier à Rome, et aida de ses deniers beaucoup d'autres artistes. Il fit dessiner par Wicar les chefs-d'œuvre de peinture que renferme le pa lais Pitti, et commença la publication de ces dessins gravés sous le titre de Galerie de Florence; 1787-1813, 48 livraisons, ouvrage que ses héritiers continuèrent. On trouve de lui trois dissertations dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, société dont il était correspondant, savoir: Mémoire sur une Coquille de l'espèce des Poulettes, péchée dans la Méditerranée, et Mémoire sur quelques Coquilles nouvellement péchées dans la Méditerranée (Savants étrangers, 1774); · chiens et l'insurrection de la ville. Il eut ensuite le commandement de l'avant-garde du corps d'armée de Massena, entra le premier dans Vérone (juin 1796), et alla s'établir dans le Tyrol pour en garder les défilés pendant le siége de Mantoue. Le 11 messidor (28 juin), il força le col de Campione, où les Autrichiens perdirent 700 hommes et tous leurs bagages. « Cette journée fut si fatigante, qu'il portait, dit-il, les ordres lui-même, ne trouvant personne qui pût aller assez promptement. » Attaqué le 11 thermidor (29 juillet), à l'important défilé de Corona, par 30,000 hommes, que Wurmser conduisait en personne, coupé de toutes parts, il fut obligé de battre en retraite en laissant ses équipages. Cette défaite eut pour résultat la levée du blocus de Mantoue. Joubert prit une brillante revanche quelques jours après. L'armée française rétrogradait sur Castiglione, suivie par les Autrichiens: Bonaparte avait résolu d'arrêter là son mouvement de retraite; il donna ordre à ses généraux de marcher à la rencontre de l'ennemi. Le 5 août, à neuf heures du matin, le canon se fit entendre vers Cauriana. Bonaparte courut à Joubert. « Sérurier attaque, s'écria-t-il, tu devrais déjà être engagé; pars avec les chasseurs, et force le centre ». Joubert se précipite sur les Autrichiens; il est soutenu par Augereau, et, de concert avec le général Digeon, il enlève à la baïonnette le village de Solforino, et poursuit Wurmser jusqu'à Borghetto. Après avoir consacré quelque temps à rétablir sa santé, le 5 frimaire an v il prit le commandement de la division du général Vaubois, et se trouva en face d'Alvinzi, qui opérait pour délivrer Mantoue. Repoussé dans une première affaire, Joubert atteignit sur les hauteurs de Campara l'arrière-garde ennemie, la fit prisonnière, et reprit les positions de Corona et de Rivoli. Il reçut pour récompense le grade de général de division. Le 23 nivôse (12 janvier 1797), attaqué par Alvinzi avec des forces immenses, il fut délogé du Monte Baldo, et se replia sur le plateau de Rivoli, s'y maintint durant quarantehuit heures, et lorsque enfin Bonaparte arriva à son aide; il contribua plus que tous au succès de cette mémorable et sanglante action. Joubert eut son cheval tué sous lui, mais il se releva plus terrible : un fusil à la main et à la tête de l'infanterie légère, il renversa les masses autrichiennes du plateau dans les précipices de l'Infernale. « Joubert se montra, écrivit Bonaparte dans son rapport au Directoire, grenadier par son courage et grand général par ses connaissances militaires. » Poursuivant sans relâche l'ennemi, il le culbute à Avice, à Lavis, à Turgoli, à Mori et prend possession de Trente (4 pluviôse). Alors commença cette campagne de géants, selon l'expression de Carnot, cette expédition du Tyrol, le plus beau titre de gloire d'un capitaine infatigable, qui a pu, en différentes circonstances, paraitre l'émule de Bonaparte. Le 29 ventôse, il entra dans ces montagnes à la tête de trois di visions : les généraux Baraguay d'Hilliers et Dumas étaient sous ses ordres. Les défilés redoutables du Tyrol étaient défendus par les généraux Kerpen et Laudon; il était moins difficile de vaincre leurs troupes que de surmonter les obstacles naturels joints à la résistance armée des habitants, qui, très-dévoués à la maison d'Autriche, s'étaient insurgés de toutes parts. S'étant rendu maître de Bautzen et de Brixen, il réussit à séparer Kerpen et Laudon de l'armée de l'archiduc Charles, qui opérait en Carinthie. Il força presque aussitôt les gorges d'Inspruck, et, se multipliant jusqu'au prodige, il sut inspirer à ses troupes un attachement qui les rendit capables de surmonter des fatigues inouïes; dans son enthousiasme, il alla jusqu'à leur abandonner son traitement. Les Tyroliens eux-mêmes, pleins d'estime pour son intégrité, son désintéressement et sa douceur, cessèrent en grande partie les hostilités. Dans l'espace d'un mois il avait livré sept combats, dispersé deux corps d'armée, tué ou fait prisonniers 11,000 ennemis, enlevé plusieurs villes, de riches magasins et une nombreuse artillerie. Le pays était soumis jusqu'à la Drave, lorsqu'à Vienne les Autrichiens, croyant certainement sa perte assurée, faisaient chanter un Te Deum.L'armée française aussi doutait de son sort, lorsque Joubert déboucha triomphant. A son arrivée à Unzmark (15 germinal - 4 avril ), il se présenta pour entrer chez le général en chef; la sentinelle avait ordre de ne laisser entrer personne. Joubert insiste, et s'avance malgré la consigne; Bonaparte se jette dans les bras de Joubert: «Va, dit-il au soldat, le brave Joubert, qui a forcé le Tyrol, a bien pu forcer la consigne. › Les Autrichiens, reconnaissant que l'Empire ne pouvait plus être sauvé par les armes, sollicitèrent la paix les préliminaires en furent signés à Léoben le 29 germinal an v (18 avril 1797). Joubert assista aux conférences, et dans le mois de vendémiaire alla à Pont-de-Vaux prendre un repos nécessaire à sa santé. Pendant les négociations, Bonaparte crut n'être que juste en chargeant Joubert de porter à Paris les drapeaux, monuments des victoires de l'armée d'Italie. Présenté au Directoire, Joubert fit l'éloge de l'armée dans un discours où règne toute l'énergie d'un citoyen libre, d'un vrai républicain. Le président du Directoire lui répondit dans les termes les plus flatteurs, et rappela en détail toutes les actions d'éclat du jeune héros. Le Directoire confia au vainqueur du Tyrol le commandement en chef des troupes françaises en Hollande, et le chargea d'opérer un changement dans le gouvernement de ce pays. Joubert s'acquitta de cette mission (3 pluviôse an vi, 22 février 1798), et passa comme général en chef à l'armée de Mayence, et ensuite, en remplacement de Brune, à l'armée d'Italie (vendémiaire an vii, août 1798). Il réorganisa l'armée, et en trois jours occupa le Piémont sans coup férir. Cette singulière campagne procura aux et on lui fit perdre inutilement un temps précieux. Il partit en disant à sa jeune épouse: «< Tu me reverras mort ou victorieux. » Il emporta en effet la résolution héroïque de vaincre ou de mourir. Ce noble jeune homme, en arrivant à l'armée dans le milieu de thermidor (premiers jours d'août, témoigna la plus grande déférence au maître consommé auquel on l'appelait à succéder. Il le pria de rester auprès de lui pour lui donner des conseils. Moreau, tout aussi généreux que le jeune général, voulut bien assister à sa première bataille et l'aider de ses conseils : noble et touchante confraternité, qui honore les vertus de nos généraux républicains, et qui appartient à un temps où le zèle patriotique l'emportait encore sur l'ambition dans le cœur de nos guerriers. » vainqueurs des approvisionnements de guerre immenses. Dans l'arsénal de Turin seul on trouva 1,800 pièces de canon, 100,000 fusils, etc. Joubert, que six ans anparavant le roi Emmanuel avait fait jeter en prison, conserva pour le monarque vaincu des égards pleins de délicatesse et de générosité. Emmanuel voulut lui marquer sa reconnaissance,et lui offrit quelques tableaux d'un grand prix: « Nous serions tous les deux coupables, lui dit Joubert, vous en me les donnant, moi en les acceptant. » Lorsque, en janvier 1799, le Directoire voulut réformer les abus commis par plusieurs généraux dans les pays conquis, il trouva une grande résistance dans les états-majors. Championnet même, qui commandait à Naples, osa chasser les commissaires civils qui avaient ordre de faire cesser l'incroyable gaspillage des fonds prélevés au nom de la république française. Le Directoire ne faiblit pas, et destitua Championnet malgré l'éclat de ses dernières victoires. Le brave Joubert se persuada que l'honneur militaire était atteint par les arrêtés du Directoire, et ne voulut pas conserver le commandement aux conditions nouvelles prescrites aux généraux : il donna sa démission; elle fut acceptée. Bernadotte refusa de succéder à Joubert, parles mêmes motifs. Scherer, ministre de la guerre, fut alors nommé général en chef de l'armée d'Italie presque malgré lui. Le sort des batailles se déclara en effet contre lui, et bientôt l'armée française, battue à Magnano, puis sur les bords de la Trebbia, fut expulsée de l'Italie. Le vieux Scherer en avait remis la direction à Moreau; mais toute l'habileté de ce grand général ne put aboutir qu'à une glorieuse retraite. Le Directoire ayant été renouvelé (le 18 juin 1799, 30 prairial an vii), les nouveaux directeurs sentirent le besoin de ranimer le moral des soldats par un de leurs généraux les plus aimés, et Joubert fut réintégré dans le commandement supérieur (1). Moreau reçut l'ordre d'attendre son arrivée, et manqua ainsi l'occasion de reprendre l'offensive avec avantage. « Joubert, dit M. Thiers, qu'on avait voulu, par un mariage et des caresses, attacher au parti qui projetait une réorganisation, perdit un mois entier (2), celui de messidor (juin et juillet), à célébrer ses noces (avec Mlle de Montholon), et manqua ainsi une occasion décisive. On ne l'attacha pas réellement au parti dont on voulait le faire l'appui; car il resta dévoué aux patriotes, (1) On a pensé que cette faveur apparente du Directoire avait été l'effet d'une intrigue. Il parait qu'en l'absence de Bonaparte ceux qui voulaient à tout prix la chute des Directeurs, ayant trouvé dans la faiblesse de Moreau un obstacle à ce qu'il se saisit du pouvoir, parvinrent à procurer un grand commandement à Joubert pour préparer les esprits à voir bientôt ce général à la tête du gouvernement. Quoi qu'il en soit, rien n'indique que Joubert se soit prêté à ces machinations. (2) Quelques autres historiens ont écrit que Joubert, marié le 30 messidor (18 juillet ), ne resta que six jours auprès de sa jeune épouse. Il l'aurait quittée le 6 vendémiaire à Pont-de-Vaux, et serait arrivé le 15 à Gênes. Sans perdre un instant Joubert se porta vers les montagnes du Montferrat, qu'il traversa avec 20,000 hommes, s'empara d'Acqui, où il trouva les vivres des Austro-Russes, et opéra sa jonction avec les débris de l'armée de Naples, ramenés par Championnet. Ses forces s'élevèrent alors à 40,000 hommes, parmi lesquels beaucoup de recrues : il avait devant lui 70,000 hommes aguerris et victorieux; car le général russe Souwarow venait d'opérer sa jonction avec Kray et 20,000 Autrichiens. Alexandrie et Mantoue venaient de se rendre (22 et 30 juillet). Joubert résolut, mais trop tard, de se retirer dans les gorges des Apennins et d'attendre des renforts en restant sur la défensive. Le 28 thermidor (15 août 1799), dès cinq heures du matin, Souwarow attaqua les positions françaises avec son impétuosité accoutumée : il n'était plus temps de refuser la bataille. Joubert, sans nécessité reconnue, se jeta témérairement au milieu des tirailleurs; il était à cheval, le bras droit levé et le sabre à la main, lorsqu'une balle le frappa sous l'aisselle et pénétra jusqu'au cœur. En tombant il criait encore à ses soldats : « En avant, mes amis! en avant! marchez toujours! » Puis il dit au colonel Drave, un de ses aides de camp: « Prenez mon sabre, tirez-moi par les jambes et couvrez-moi; que les Russes me croient encore avec vous. » Moreau prit aussitôt le commandement. La mort de Joubert pouvait jeter le désordre dans l'armée : elle ne fit que rendre le combat plus furieux; les Austro-Russes furent culbutés une première fois sur toute la ligne; mais, revenant à la charge, après douze heures d'extermination, ils forcèrent les Français à abandonner le champ de bataille dans le plus grand désordre. Les membres du corps législatif portèrent le deuil de Joubert durant cinq jours, et une fête funèbre fut célébrée en son honneur. Le Conseil des Anciens déclara qu'il avait bien mérité de la patrie. Son corps, transporté plus tard à Toulon, fut déposé par ordre du premier consul dans le fort Lamalgue, qui prit dès lors le nom de fort Joubert. Sa statue avait été placée dans le grand escalier du sénat; elle en fut retirée sous la restauration (1). Un monument, que les habitants du département de l'Ain lui avaient fait élever à Bourg, fut démoli à la même époque; mais depuis 1852 une nouvelle statue du valeureux général républicain décore la façade extérieure da Carrousel du côté de la rue de Rivoli. Son éloge a été prononcé dans les assemblées législatives par Chénier, Garat, Riboud et Lamarque. Joubert était grand et maigre; il semblait d'une faible constitution; il l'avait mise à l'épreuve des grandes fatigues dans les Alpes, et s'y était endurci. Intrépide, vigilant, actif, il réunissait aux plus grands talents militaires toutes les vertus du citoyen simple et sans faste, plein de douceur et de bonté, il était bienfaisant et désinterressé autant que brave. Admiré de tous les partis, il ne s'était lié à aucun. La gloire et le bonheur de sa patrie étaient son unique but, et tous ses efforts tendaient à établir la république sur des bases inébranlables. H. LESUEUR. Moniteur universel : an IV, nos 218 ; an v, no 131, 155, 172, 326; an VI. 73, 83, 132, 271, 296, 334, 339, 350; an VII, 24, 50, 54, 85, 90, 91, 97, 115, 121, 153, 220, 272, 288, 295, 335, 340, 342-345, 347, 349, 354, 357, 363. - Victoires et Conquêtes des Français, passim. Thiers, Histoire de la Révolution française, t. VII et VIII. — Arnault, Jay, Jouy et Norvins, Biographie nouvelle des Contemporains (1823). -C.-A. Hallot, dans l'Encyclopédie des Cens du Monde. Jos.-Jér. Lefrancois de Lalande, Notice sur le général B.-C. Joubert. Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène, t. V, p. 393-394. Léonard Gallois, Biographie des Contemporains par Napoléon.· De Courcelles, Dict. historique des Généraux français. -D.-J. Garat, Éloge funèbre de Barth.-Cath. Joubert; Paris, 1799, in-8°. Thomas Riboud, idem, ibidem. — Sonthonax, id., ibid. — Joseph Lavallée, id., Paris, 1800, In-8°. P.-J.-E.-V. Guilbert, Notice sur la Vie de Barth -Cath. Joubert, général en chef de l'armée d'ltalie; Rouen, 1799, in-12. JOUBERT DE LA SALETTE (Pierre-Jean), général et musicien français, né à Grenoble en 1762, mort en 1832. Il entra fort jeune comme officier dans le régiment de La Fère; il était lieutenant-colonel en 1792, et mérita par sa conduite pendant les guerres de la révolution, le grade de général de brigade, puis celui d'inspecteur de l'artillerie. Il prit de bonne heure sa retraite, et se livra tout entier à la musique, vers laquelle son goût l'entraînait. Un nouveau système de notation musicale, consistant à substituer des lettres aux notes, et l'art d'accorder les instruments à clavier, furent de sa part l'objet de sérieuses études; il soutenait le principe de l'égalité des demi-tons. Ses théories furent attaquées par Chladni, dans la Gazette Musicale de Leipzig (avril 1825, no 40), et par le savant de Prony dans le Bulletin des Sciences technologiques (juillet 1825, p. 42). L'ouvrage qu'il donna, en 1810, sur la musique ancienne et moderne, est plein de recherches, et, bien qu'on lui ait reproché de grossières bévues dans la partie qui concerne le moyen âge, on s'est ac (1)« Il était fait, dit Napoléon, pour arriver à une grande renommée militaire; mais il n'avait pas encore acquis toute l'expérience nécessaire. » cordé à lui reconnaître de l'érudition et de la sagacité. Il était membre de la Société Asiatique et de celle des Sciences et Arts de Grenoble. On a de lui: Nouvelle Méthode d'accorder les Clavecins, et en général tous les Instruments à demi-tons fixes (inséré dans le Recueil des Connaissances élémentaires pour le Forté-Piano de Ricci); Paris, 1786; - Sténographie Musicale, ou manière abrégée d'écrire la musique, à l'usage des compositeurs et des imprimeurs; Paris, 1805, in-8°; Considérations sur les divers Systèmes de la Musique ancienne et moderne, et sur le genre enharmonique des Grecs, avec une Dissertation préliminaire relative à l'Origine du Chant, de la Lyre et de la Flûte attribuée à Pan; Paris, 1810, 2 vol. in-8°; Lettre à M. le rapporteur de la commission chargée par la seconde classe de l'Institut de France d'examiner les mémoires concernant le prix proposé sur les Difficultés qui s'opposent à l'introduction d'un rhythme régulier dans la versification française; Paris, 1815, in-8° (extr. du Magasin Encyclop.). De la Notation Musicale en général, et en particulier de celle du système grec; Paris, 1817, in-8° (extr. du même recueil); De la Fixité et de l'Invariabilité des Sons musicaux, et de quelques Recherches à faire à ce sujet dans les écrivains orientaux; Paris, 1824, in-8°. A. ROCHAS. Fétis, Biographie univ. des Musiciens. - Quérard, La France Littéraire. — Rochas, Biographie du Dauphiné. JOUBERT (Joseph), moraliste français, né à Montignac (Périgord), le 6 mai 1734, mort à Paris, le 4 mai 1824. Fils aîné d'un médecin et destiné au barreau, il alla achever ses études à Toulouse. Les Pères de la Doctrine chrétienne l'attirèrent dans leur collége. Il y resta jusqu'à l'âge de vingt-deux ans, sans prononcer de vœux, chargé du professorat des basses classes, et s'initiant, sous la direction des vieux maitres de la Doctrine, aux secrets de l'antiquité grecque et latine. Sa santé ne suffisant pas aux travaux de l'enseignement, il quitta Toulouse, et, après avoir passé deux ans dans sa famille, il se rendit à Paris au commencement de 1778. Il se lia avec Marmontel, La Harpe, d'Alembert, et fut admis dans la familiarité de Diderot, dont la bonhomie et l'originalité le charmèrent. Une amitié plus intime et plus durable l'unit bientôt à Fontanes. Ces deux esprits distingués ne s'accordaient pas dans leurs admirations littéraires. Tandis que Fontanes, plus classique, craignait de s'écarter des modèles français du dix-septième et du dix-huitième siècle, Joubert, plus hardi, parlait de Shakspeare avec enthousiasme. Cette différence d'idées n'altéra en rien leur intimité, et, en 1788, Joubert, profitant d'un séjour de quelques mois à Villeneuve-le-Roi en Bourgogne, ménagea à son ami un riche mariage. Luimême songeait à s'établir dans cette petite ville sans éveiller ses passions, et quoique diverses circonstances le fixassent dans un monde tout royaliste, les vivacités de la politique n'altérèrent point la sérénité de son intelligence et la bienveillance de son commerce. « Il eut le rare bonheur, dit M. Raynal, d'arriver au terme de la vie sans avoir perdu une des amitiés formées pendant la route. » Dans les premiers mois de 1824, ses indispositions habituelles s'aggravèrent, et le 22 mars il écrivit à la fin de son journal ces derniers mots qui résument sa vie : le vrai, le beau, le juste, le saint ». Il n'avait publié que quelques articles de journaux; mais il laissait de nombreux manuscrits. Sa veuve les confia à Châteaubriand, qui en tira un volume de Pensées. Ce volume, qui n'était point destiné au public, obtint un vif succès dans le cercle restreint où il fut répandu. Une édition beaucoup plus complète parut par les soins de M. Paul Raynal, neveu de l'auteur : Pensées, Essais, Maximes et Correspondance; Paris, 1842, 2 vol. in-8°. Une troisième édition, encore augmentée, a été publiée en 1849. Malgré ce succès, les Pensées de Joubert ne paraissent pas destinées à la popularité; mais, pour une certaine classe de lecteurs, elles forment un livre original, charmant, quoique trop subtil, et qui restera. L. J. Paul Raynal, Notice sur Joubert, en tête de ses Pensées. Sainte-Beuve, Portraits Littéraires, t. II. -- Causeries du lundi, t. I. lorsque en 1790 seз compatriotes le rappelèrent à Montignac en l'élisant juge de paix. Il remplit ces fonctions, si difficiles dans des temps de troubles, avec une extrême sollicitude; mais, les trouvant trop pénibles pour sa santé, il refusa de les continuer plus de deux ans, et alla chercher à Villeneuve un abri contre la tourmente révolutionnaire. Il s'y maria, et au milieu des terribles agitations dont le bruit arrivait jusque dans sa paisible retraite, il poursuivit des recherches de philosophie morale dès longtemps commencées et qui l'occupèrent toute sa vie. Vers le même temps les troubles politiques amenèrent près de lui une femme jeune encore, de l'esprit le plus noble et le plus délicat, cruellement frappée dans sa famille et atteinte dans sa santé. Mme de Beaumont, dont le nom se rattache aux dernières pages d'André Chénier et aux débuts de Châteaubriand, exerça une vive influence sur son talent. « Ce qu'elle lui inspirait, dit M. SainteBeuve, serait difficile à définir : c'était une sollicitude active et tendre, perpétuelle, sans orage et sans trouble, pleine de chaleur, pleine de rayons. Cet esprit trop vif, qui ne savait pas marcher lentement, aimait à voler et à s'élever près d'elle. Il avait, comme il le dit, l'esprit «< frileux »; il aimait qu'il fit tiède et doux autour de lui; il trouvait auprès d'elle cette sérénité et cette chaleur d'affection, et il y puisait la force et l'indulgence. » Aussitôt que l'agitation politique se fut calmée, Mme de Beaumont revint à Paris, et son salon rassembla une société dont les membres les plus fidèles étaient MM. Pasquier, Molé, de Vintimille, Chênedollé, Gueneau de Mussy, Mes Krudner, de-Duras. Joubert, un des hôtes de ce cercle choisi, y introduisit d'abord Fontanes, puis Châteaubriand, que Fontanes lui avait fait connaître, et dont il devint le conseiller éclairé et l'admirateur affectueux. La mort de Me de Beaumont, en 1803, laissa un grand vide dans son existence; son ardeur lit-politiques, s'était fait, dit M. de Royer, un téraire, qui n'avait jamais été bien vive, en fut tout à fait ralentie. Il continua de méditer, et se découragea d'écrire. En 1809, Fontanes, grandmaître de l'université, le porta, après MM. de Bonald et de Bausset, sur la liste des conseillers et des inspecteurs généraux. En le proposant à l'empereur, il ajoutait : a Ce nom est moins connu que les deux précédents, et c'est cependant le choix auquel j'attache le plus d'importance. M. Joubert est mon ami depuis trente ans. C'est le compagnon de ma vie, le confident de toutes mes pensées. Son âme et son esprit sont de la plus hante élévation. » Appelé pour la seconde fois, et sans l'avoir désiré, à des fonctions publiques, Joubert s'y dévoua entièrement. Il allait même jusqu'à négliger ses sujets de causerie habituelle pour ne plus s'entretenir que d'enseignement, de professeurs, de lycée : ce qui faisait dire à Me de Châteaubriand : L'ennui naquit un jour de l'université. JOUBERT (Arnaud), magistrat français, frère du précédent, né à Montignac, en 1768, mort le 20 juillet 1854. Il comptait douze ans de services judiciaires lorsqu'il entra à la cour de cassation, en 1813, avec les fonctions d'avocat général. Il conserva ces fonctions jusqu'au 6 août 1832, époque à laquelle il fut nommé conseiller. prit sa retraite en 1849. « Cette vie modeste, obligeante et dévouée, étrangère aux ambitions cercle d'affections intimes et distinguées, parmi lesquelles les noms de Châteaubriand et de Fontanes se rencontrent à côté de celui de son frère. » Après la mort de ce frère, « sa grande préoccupation, dit M. F. Barrière, fut la publication des Pensées et des Fragments qu'il avait laissés. Un premier choix, encore incomplet, fut d'abord imprimé pour un petit nombre d'amis par les soins d'un glorieux éditeur, M. de Châteaubriand; mais bien des recherches restaient encore à exploiter, et il fallait une publicité plus étendue. M. Joubert en chargea son gendre, M. Paul Raynal, et le livre publié en 1842 montra qu'il avait dignement placé sa confiance. Quelques années après, privé par une mort prématurée de ce gendre si cher, M. Joubert, à plus de quatre-vingts ans, se vit forcé de présider lui-même à une nouvelle édition devenue nécessaire. » On a de lui: Notice historique sur Jos. Joubert, ancien inspecteur général de l'Université; Paris 1824, in-8°. J. V, |