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bailler souscours,

il es

délaissié ycelle journée sans y toit en péril et en adventure de perdre ès pays de Guienne et de Gascongne très grand partie des signouries à luy obéissans, et avec ce les nobles d'yceulx pays. Lesquelles gens de guerre, avec pluiseurs aultres grans seigneurs, se commencèrent fort à mectre sus très diligamment et en très grand multitude. Et se assamblèrent en pluiseurs et divers pays de très grosses compaignies, lesquelles, par la délibéracion de son conseil, il fist tirer devers la cité de Toulouse par divers chemins. Et entretant, la journée qui avoit esté prinse au premier jour de may fu ralongié, à la requeste des capitaines anglois qui avoient faite ladicte composicion de Tartas, jusques au jour de saint JehanBaptiste prochainement ensievant. Lequel temps durant, le Roy fist ses préparacions, et en fin se parti, en très noble et puissant appareil, pour aler audit lieu de Toulouse, où toute sa dessusdicte assamblée se faisoit comme dict est ci-dessus. Et pour vray, quand le Roy de France fut yluecq venu et que tous les grans seigneurs et capitaines qu'il avoit mandés furent assamblés ensamble, il fut trouvé qu'il povoit bien avoir le nombre de quatre vins mil chevaulx, avec très grand nombre de charios et de charettes menans artilleries, vivres et aultres engiens et habillemens de guerre. Et quand aux seigneurs et capitaines, il y en avoit moult largement. Entre lesquelz y estoit le Daulphin, premier filz du Roy, le conte de Richemont, connestable de France, messire Charles d'Angou, le conte d'Eu, le conte de Fois, le visconte de Limaigne, filz au conte

1. Le 24 juin.

d'Ermignach', le seigneur de Labreth, le conte de Comminges, les deux mareschaulx de France, qui avec le dessusdit connestable faisoient l'avant garde, c'est assavoir le seigneur de Lohiac et de Jaloingnes, le seigneur de Cotigni, admiral de France, le seigneur de Vilars, le seigneur de Mongascon, le seigneur de Saint Priach, le seigneur de Calenton, le seigneur de Saint Vallier, le seigneur de Widemont; et pluiseurs aultres grans seigneurs, capitaines et vieus routiers de guerre, fleur de droites gens d'armes, qui par très long temps avoient sievy la guerre, comme La Hire, Pothon de Sainte-Treille, Anthoine de Chabennes, Olivier de Cotigni, le seigneur de Blanville et son frère messire Robert, Blanchefort, Pennesach, Floquet, Joachim Rohault, Pierre Renauld, Mathelin de Lescouan, Dimenche de Court et moult d'aultres nobles hommes de grand renom. Et lors, le Roy venu audit lieu de Toulouse, fut adverti par pluiseurs seigneurs du pays et des marches de Gascongne, que les Anglois n'estoient point puissans d'assés pour comparoitre à ladicte journée contre luy. Et pour ce, après qu'il eut eu conseil avec les plus saiges de sa compaignie, se disposa de aler audit lieu de Tartas, à tout une partie de ses gens, adfin qu'il peust estre pourveu et furni de vivres plus habondamment. Si se parti dudit lieu de Toulouse, à tout environ seize mille chevaulx. Desquels estoient la plus grand partie des seigneurs et capitaines dessus nommez. Et ala logier à deux lieues près de Tartas, à

1. Il s'agit de Jean, fils de Jean IV, comte d'Armagnac, et qui lui succéda en 1450, sous le nom de Jean V. Du vivant de son père, il portait le titre de comte de Lomagne.

une petite ville fermée nommée Millien, qui estoit au seigneur de Labreth. Laquelle tenoit le conte de Fois. Et ses gens se logèrent assés près tout à l'environ d'ycelle ville. Et lendemain, qu'il estoit le jour prins entre les deux parties, ala le Roy lui mettre en bataille devant ladicte ville de Tartas, et y fut depuis le matin jusques entre X et XI heures devant nonne. A laquelle heure vinrent devant luy les dessusdiz seigneurs de Cognac et Angerot de Saint-Per, lesquelx avoient ycelle ville en garde comme dessus est déclairié. Et amenèrent avec eulx le cadet Charles de Labreth, qui estoit demeuré en hostaige. Si apportoient les clefz de de la ville, lesquelles ils rendirent et mirent ès mains du Roy. Et avec ce fist, ledit seigneur de Cognac, sairement au Roy. Et le dessusdit Angerot de Saint-Per s'en ala en la cité de Acques '. Et adonc, le dessusdit seigneur de Labreth entra dedens sa ville de Tartas. Et le Roy s'en ala au giste à Cognac, qui est une petite ville assise assés près environ deux lieues dudit lieu de Tartas, et là sousjourna le jour de saint Jehan et lendemain tout le jour.

CHAPITRE CCLXVII.

Comment le roy de France, après la journée de Tartas, s'ala logier devant Sainte-Sevère, chief du pays de Gascongne. Si le conquist ville et chastel, et aultres places pluiseurs oudit pays.

En après, le mercredi ensievant de la journée de Tartas, dont ci devant est faite mencion, le Roy et toute son armée s'en alèrent devant Saincte-Sevère, où

1. Dax (Landes).

Nevers ait sadicte pension dont il prendra en paiement la composicion des Réthelois pour autant qu'elle vault, et au surplus le Roy lui baillera de ses tailles et aydes de....', en faisant et donnant obéyssance au Roy, ses lettres, mandemens et officiers, ès terres de monditseigneur de Nevers, aultre que jusques à maintenant n'a esté fait. Et n'est point le Roy content que monditseigneur de Nevers sueffre par toute ladicte contée de Réthelois, ses pays de Champaigne et aultres pays voisins, estre foulés, courus, mengiés, ne destruis, tant par ses gens comme par aultres, qui y passent, et se retraient en ladicte contée de Réthelois. Et pour y pourveoir tellement que le Roy ait cause d'en estre content. Et au regard dudict grenier d'Arsy-sur-Aube, le Roy voelt qu'on envoie en sa Chambre des comptes sçavoir se monditseigneur de Nevers doibt prendre et avoir ledit grenier d'Arsy. Et ce que luy sera certifié par ladicte chambre, le Roy y devra provision.

Item. Ont requis pour monseigneur de La Trimoulle qu'il plaise au Roy lui rendre et restituer la place et ville de Neelle, et le faire joyr de sa pension, sans rompture de l'apointement qui lui avoit esté fait.

Le Roy n'entent riens debvoir à monditseigneur de La Trimoulle, et envoie, le Roy, en la chambre des comptes pour sçavoir tout ce qu'il a eu de lui contre raison durant ce qu'il a esté contre luy, en sa com

1. Le nom du lieu est resté en blanc dans le ms. 8346. Vérard n'en tient pas compte, et supprime le mot de.

2. Cette phrase est inintelligible. Il devrait y avoir: « Et le duc de Nevers devra y pourveoir tellement que le Roy ait cause d'en estre content. »

paignie, et depuis. Et aussy fault sçavoir ce qu'il a eu et prins par voies obliques indeuement, de pluiseurs habitans de Lymoges et d'aultres, en divers lieux. Et ce fait, se le Roy luy doibt riens, il le fera payer. Au regard de sa pencion, qu'il requert avoir IX" frans; pencions ne sont point héritaiges, mais sont bailliées à voulenté par grâce de prince à ceulx qui les déservent. Le Roy en a esté libéral seloncq ce que possible luy a esté, à messeigneurs de son sang et à ceulx qui ont perdu le leur par leur service; aussy à ceulx qui de leurs personnes se sont employés aux grans affaires du Roy et du royaume de France.

Item. Ont parlé du fait de monseigneur le duc de Bourgongne, sans vouloir faire de présent aulcune poursieute, ainsy et par la manière qu'il a esté proposé. C'est assavoir pour donner à congnoistre au Roy que le traictié de la paix entre le Roy et luy n'est point encore accompli en pluiseurs articles de la part du Roy. Et aussy qu'il y a très grand nombre d'articles où on a actempté directement, et encore fait-on de jour en jour, contre ledit traictié de paix, au grand préjudice de monditseigneur de Bourgongne.

Le Roy a tousjours désiré et voulut avoir paix, amour et bon accord avec monditseigneur de Bourgongne, et pour le avoir n'a riens espargnié et jusques à ci a tousjours entretenu ladicte paix et accord, et a voulenté de le ainsy faire sans riens interrompre. Et pour le mieulx fermer et entretenir a, le Roy, fait et bien volu le mariage de sa fille alyer avec son filz, monseigneur de Charolois. Et quand ad ce qu'il reste à accomplir du traictié de la paix d'Arras fait entre le Roy et monditseigneur de Bourgongne, mondit seigneur a veu les

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