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que depuis certain temps ençà, plusieurs merveilleux fais et entreprises sont advenues en nostre bonne ville de Paris par gens sédicieulz, troubleurs de paix, rebelles, coulpables de crime de lèse magesté, lesquelz pourroient estre notifiez et publiez de par le monde en divers pays et contrées autrement que lesdiz fais et entreprises n'ont esté commis et perpétrez, Nous, voulans la vraie vérité des choses dessusdictes estre sçeue et notifiée à ung chascun, pour eschever toutes erreurs et foles créances qui par deffault de la vérité non sçeue pourroient induire les cuers humains à diverses fins et résolucions, dont plusieurs maulx et inconvéniens pourroient ensuir tant à Nous et à nostre royaume comme à tous aultres princes et seigneurs qui ont peuple à gouverner, Savoir faisons et certiffions au vray, que Nous, estans et faisans nostre résidance [en nostre bonne] ville de Paris, et avec nous nostre très chière et très amée compaigne la Royne, nostre très chier et très amé filz, Loys, duc de Guienne, et nostre très chier et très amé oncle le duc Berry, et plusieurs aultres de nostre sang et lignaige et de nos conseilliers et serviteurs, si comme accoustumé avons, advint que le xxvii jour du mois d'avril derrenièrement passé, Elyon de Jacleville', Robert de Mailly, Charles de Reucourt, autrement dit de Lens, chevaliers, Guillaume Barrau, lors nostre secrétaire,

original du bailli de Blois, du 10 novembre 1413, pièce qui est conservée aux Archives de l'Empire (carton K 58, no 5). Bien que cette pièce soit trouée en plusieurs endroits, il nous a été facile de rétablir les passages perdus, au moyen de notre manuscrit Supp'. fr. 93. Nous les imprimons entre crochets.

1. Elion de Jacqueville (Supp'. fr. 93).

ung cirurgien nommé maistre [Jehan de Troyes et] ses enffens, Thomas le Gouez' et ses enffens, Garnier de Saint-Yon, bouchiers, Simonet le Coustellier dit Caboche, escorcheur, Baude des Voides', Andry Roussel, Denisot de Chaumont, maistre Eustace de Laistre, maistre Dominique Francois, m® Pierre [Cauchon, maistre Nicolle] de Saint Ylier, m° Jehan Bon, maistre Pierre Barbe, me Felix du Bois, m° Pierre Lombart3, m Nicolle du Quesnoy, Jehan Guérin, Jehan Pimorin, Jaques Lambau*, Guillemin Gente, Jehan Parent, Jaquet de Saint Laurens, Jaquet de Rouen, [Martin de Neauville] Martin de Coulommiers, maistre Toussains Baiart', m° Jehan Rapiot, maistre Hugues de Verdun, maistre Laurens Calot, Jehan de Rouen, filz de la tripière du Parviz Nostre Dame, Jehan Malart, frépier, Simonet Baivart, pasticier, Jehan Boieue, poissonier', et plusieurs autres leurs complices, fauteurs et adhérens, de divers estaz et condicions, qui par avant ladicte journée avoient fait plusieurs assamblées secrètes, conspiracions et monopoles en divers lieux, de jour et de nuit, se assamblèrent à très grant et excessif nombre [tous armés, et] à estendart déploié vindrent par manière d'ostilité et de puissance desordonnée pardevant nos

1. Thomas le Goys (Supp1. fr. 93).

2. Simon le Coutellier, Caboche, escorcheur de vaches, Baude des Bordes (ibid.).

3. Ces trois derniers noms ne se trouvent pas dans le Supp'. fr. 93.

4. Jaques Laban (ibid.).

5. Baugart (ibid.).

6. Du Puys Nostre-Dame (ibid.).

7. Ces deux derniers noms omis dans le Supp'. fr. 93.

108 CHRONIQUE D'ENGEURRAN DE MONSTRELET. [1444] pays de y constituer hommes justes et de bonne vie, ayans bonne conscience. Ilz doibvent avoir consilliers anciens, saiges et attrempés, pour sçavoir discerner le bien du mal, et bien congnoissans. Ilz ne doibvent point entendre ne eulz arrester aux dispersions ou dispertisions d'ancanteurs, devins, sorciers, ne telles samblables gens. Ilz doibvent differer et dissimuler leur yre et fureur contre ceulz qui sont soubz eulx. Ilz doibvent deffendre leur pays justement contre leurs adversaires. Ilz ne se doibvent point, pour prospérité qu'ilz ayent, eslever en leur corage. Ilz doibvent souffrir et soustenir paciamment toutes les adversités qui leur viennent. Ilz se doibvent du tout fier en Dieu et y avoir confidence. Ilz doibvent avoir ferme foy catholique en leur créateur. Ilz ne doibvent point souffrir mal faire à leurs enfans, ne à ceulz qui sont subgectz et soubz eulz, mais les doibvent ensegnier et endoctriner. Ilz doibvent, certaines heures, vacquier et eulx arrester à dévocion. Ilz ne doibvent point devant heure convenable gouster viande ne prendre leur réfection. Et ceulz qui uzent et voelent user des enseignemens dessusdiz, font avoir grand prospérité ou pays qu'ilz ont en gouvernement. Et eulx meysme, en la fin, acquièrent la gloire céleste.

Explicit le second volume

DE ENGUERANT DE MONSTRELET.

ADDITIONS

A LA

CHRONIQUE DE MONSTRELET.

(Tirées du manuscrit de la Bibliothèque impériale,
coté Supp1. fr. 93.)

Lettres patentes du 12 septembre 1413,sur les troubles.
(Addition à la p. 403 du t. II.)

Charles, par la grace de Dieu roy de France. A tous ceulx qui ces présentes lectres verront, salut. Comme par l'occasion des divisions et guerres et descors, jà pieçà meuz en nostre royaume par aucuns de ceulz de nostre sang et lignage, pluiseurs choses nous euissent dampnablement et menchionnèrement esté rapportées, soubz umbre desquelles et pour ce en nostre conseil et aussy en nostre ville de Paris n'estoit pas telle franchise, et que n'estièmes pas conseilliez vrayement et loyaulment à l'onneur de Nous et au bien de nostre royaume comme il appartenoit; car pluiseurs estoient parcial et affecté desordonnéement, et les autres avoient telle crémeur qu'ilz chéoient, en la personne meismement de grant vertu et de grant

constance, parce qu'ilz veoient que pour dire et tenir vérité, pluiseurs perdre leur estat, et ainsy pluiseurs venoient, par espécial les notables, prélas, nobles et aultres aussy de nostre conseil et de nostre ville de Paris, estre torchionnèrement et violentement prins et despouilliez de leurs biens et mis à renchon, pour quoy pluiseurs de noz bien vueillans estoient fugitifs et absens de no conseil et de nostre ville de Paris. Et furent pluiseurs lectres patentes dampnablement procurées et indeuement obtenues en nostre nom et scellées de nostre seal et envoyées à nostre très puissant père souverain seigneur des chrestiens roys, au saint college de Rome et à aultres pluiseurs grans prinches et seigneurs, contenans qu'il estoit venu à nostre congnoissance plainement et clèrement et nous teniesmes pour bien et deuement infourmés, tant par certaines lectres qui nagaires furent trouvées et apportées en noz mains et de nostre conseil, comme par envie que nous aviemez veu et veismes tous les jours,. jà soit ce que de piechà nous en doubtiesmes et que la chose avoit esté grant tamps couverte soubz dissimullacion, que Jehan de Berry, nostre oncle, Charles d'Orléans et ses frères, noz nepveux, Jehan de Bourbon, Jehan d'Allenchon, Charles de Labreth, noz cousins, Bernard d'Erminac et leurs aidans et confortans, adhérens, alliiez et complices, meuz et induiz de mauvaiz pourpos, inicque et dampnable, avoient entreprins et s'estoient enforchiez de expeller, destituer et destruire Nous de nostre estat, et auctorité royal, et de tout leur pooir nous et nostre genre, que Dieu ne vueille, et oultre ce faire ung nouvel roy en France. Laquelle chose est abhominable à oir et à ré

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