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SUR LE RAPPORT

DE LA DÉCLINAISON

DES THÈMES EN O

A LA DÉCLINAISON DES THÈMES TERMINÉS PAR UNE CONSONNE EN GREC ET DANS LES LANGUES CONGÉNÈRES

PAR M. FR. Meunier.

PREMIÈRE PARTIE.

Exposé des faits.

Il y a en grec un très-grand nombre de mots qui se déclinent de deux façons. Je vais citer les plus usités, en commençant par ceux qui sont du masculin ou du féminin et en finissant par ceux qui sont du neutre. Les premiers ont au nom. sing. une consonne suivie tantôt de os, tantôt de s; les seconds y ont une consonne qui tantôt est suivie de ov et tantôt n'est suivie de rien.

I. Mots du masculin ou du féminin qui se déclinent de deux façons :

1o xo-s et x-s (§) :

άμ6ixo-s et aμ6x-4 subst. m. « vase à distiller ».

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la racine, voir Curtius (Grundzüge der griechischen Etymogie, p. 265-2662). — C'est de άμ¤ixo-s ou de άμ6ix-5, précédé de l'article arabe al, qu'est venu, par le latin du moyen âge al-ambicus, le français al-ambic.

ἀμπυκο-ς εἰ ἄμπυκ-ς subst. m. f. a bandeau » ; μον άμπυκο-ς (Euripide) et pov-άμлʊx-ç (Euripide aussi) adj. m. f. « qui est attelé seul ». Racine obscure.

άpaxo-ç et åpax-s subst. m. « sorte de gesse ». Racine obscure.

Bábaxo-s et ẞábax-ç adj. m. « babillard ». - Première forme : βάβακοι· ὑπὸ Ἡλείων τέττιγες· ὑπὸ Ποντικῶν δὲ βάτραXot (Hésychius). -Seconde forme: Báбat (Archil., fr. 32). μάταιος, λάλος, φλύαρος (Hesychius aussi). — Rac. βακ, devenu Bay, dans Bay-j-w, primitif de ẞaw (II. Od.) « je parle », d'où l'intensif ẞa-6άw « je parle sans cesse, je babille ». Je vois dans ẞax une forme antérieure à Fεn, racine (Curt., p. 403404) de Féπ-os subst. n. « parole ».

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yλauxó- subst. m. « chat-huant » et yλaux- subst. f. «< chouette ». Pour yλauxó-s, voir Hésychius au mot xíxuμos. Rac. (Curt., p. 163) yλaux dans yλaux-j-w, primitif de μος. yλaúo-o- « je brille ».

Γραικοί et Γραίκες nom propre de peuple. Exemples et étymologies diverses chez Pape et Benseler (Wörterbuch der griechischen Eigennamen). - Curtius (p. 161) s'est prononcé pour la racine yep dans yép-wv subst. m. « vieillard »:

γερ

Sópxo- subst. m. et dópx-c subst. f. « gazelle ». — Rac. (Curt., p. 585) Sepx dans dépx-o-μat « je regarde ».

xo- adj. m. et λx-s adj. m. f. «qui est en âge » ; ¿výλixo-s et év-ñλix-s adj. m. f. « qui est à la fleur de l'âge »; lo-nλixo-s et lo-ñλx-s adj. m. f. « qui a le même âge »; σuvλixo- et ouv-λx- adj. m. f. « qui est du même âge ». Racine obscure. Elle a contenu un F d'après la glose d'Hésychius : βαλικιώτης· συνέφηβος. Κρῆτες ; car βαλικιώτης = Γαλι κιώτης.

Καππάδοκος et Καππάδοκ-ς nom propre de peuple. Exemples chez Pape et Benseler (Wörterb. der gr. Eigenn.).

xnpuxo-s (Etym. M.) et xйpux-s (Il. Od.) subst. m. « héraut». Racine obscure.

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paλaxó-ç (Il. Od.) adj. m. et ßλáx-c (Hésychius) adj. m. f. << tendre, faible ». Pour l'identité de paλaxó-s et de ẞháx-s • βλάκ-ς voir Curtius (p. 292-293).

oixo-s, acc. oixó-v-dɛ (Il. Od.), et oix-s, acc. oixa-de (Il. Od.), << vers la maison ». - Rac. (Curt., p. 149) Fix dans (F)xε-TO (Il. Od.) « il vint, il entra ».

πάλλακος (Hesychius) et πάλλακ-ς (éolien), παλληκ-ς (Hésychius), subst. m., « jeune garçon ». Je change chez Hésychius παλλακός· ἐρρωμένος en παλλακός· ἐρώμενος. Le dernier éditeur d'Hésychius, Maurice Schmidt, a cru que la faute était dans παλλακός; je crois qu'elle est dans έρρωμένος. Racine obscure.

πῖδακος et πίδακ-ς (Ι.) subst. m. « source»; πολυ-πίδακος (Hy. à Aphr.) et ñoλʊ-ñïdax-ç (Il.) adj. m. f. « qui a beaucoup de sources ». Curtius (p. 579) a rattaché лidαx-ç à la racine

« boire». D'après ce rapprochement idαx-ç signifiera non pas « source (ce qui sourd, du verbe sourdre jaillir) », mais « abreuvoir (ce qui abreuve = donne à boire) ».

Tíonxо-s et лionx-ç subst. m. « singe ». Racine obscure. ¿ŋvixó-ç adj. m. « d'agneau » et põvix- subst. f. ̧« peau d'agneau ». Voir ci-dessous l'article: apvo-ç et apv-s.

oxuλaxo-ç et oxúλax-ç subst. m. f. « jeune chien, jeune chienne » ; πολυ-σκύλακος et πολυ-σκύλακ-ς adj. m. f. « qui a beaucoup de jeunes chiens, de jeunes chiennes ». - Racine obscure.

Tpi6axo-ç et τpi6ax-c adj. m. « usé », subst. m. « vieux routier ». Rac. (Curt., p. 201-202) τpi6 dans τpt6-j-w, d'où Tp16-6- par assimilation, puis pí-6-w (II. Od.) par allongement compensatif, « j'use ». Il y a une racine plus courte τερ dans τερ-j-ω, d'ou τερ-ρ-ω par assimilation, puis τεί-ρ-ω (II. Od.) par diphthongais on compensative, « je perce ». — Pour l'assimilation, l'allongement compensatifet la diphthongaison compensative, voir la Revue critique du 15 août 1868.

půλxxo-s et pŭlax-ç (Il. IX, 477) adj. m. « qui garde » ; púλaxo-s (I1. XXIV, 566) et qλax ç (Il. X, 58) subst. m.

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<< gardien ». La racine n'apparaît pas à première vue. Voici une conjecture. Il y a eu un subst. m. Fopo-s, qui subsiste dans o poc (Il. Od.) « gardien ». Supposons une variante půλo-s. Cette variante a pu exister, puisque ♬ et p sont maintes fois devenus l'un et l'autre λ. Si elle a existé, půλo-; aura pour dérivé φύλακος.

2o yo-s et y-s (§) :

άряaуo-ç adj. m. et άpray-s adj. m. f. « qui ravit ». — Chez Hésiode (OE. et J., v. 354) άρяау-ç est un subst. f. qui signifie «< rapine». - Rac. (Curt., p. 238) άpл dans "Aρπ-α (Il. Od.) «< celle qui ravit ». Le y de άρπ-aуо-ç et de аρπ-αуest un ancien x, à juger d'après le latin rap-ac-s, gén. rapācis, adj. m. f. n., «ravisseur ».

aiyo-s, yo-s (béotien), et aly-s (classique), subst. m. f., « bouc, chèvre ». Curtius (p. 157) a rattaché ces mots à la racine ay dans xy-w « je pousse (devant moi) », en insistant sur le sens du latin ag-i-lis « agile ». Comme la voyelle radicale est brève en grec dans "y-w et en latin dans åg-i-lis, comme elle l'est aussi en indien dans agas subst. masculin << bouc» et dans aga subst. f. « chèvre », on se demande pourquoi on a une diphthongue en grec dans aiyo-s, ały-s. C'est, à mon avis, parce que la racine a été redoublée en grec. On aura dit d'abord ay-yo-s par redoublement de øy (Cf. åt-it-áλλw, Il., Od., pour l'affaiblissement de ay en ɩy), puis ay-yo-c par ecthlipse de, et finalement alyos par diphthongaison compensative de la perte du premier y.

Bpúyot et Bpúyes nom propre de peuple. - Exemples chez Pape et Benseler (Wörterb. der gr. Eigenn.).

Suyó-s (Hy. à Dém.) et (uy-c subst. m. « joug »; ǎ-Cuyo-s et ά-Zʊy-s adj. m. f. « sans joug »; dí-Cuyo-s et di-Guy-ç (II.) adj. m. f. «qui a un joug pour deux »; Étepó-Guyo-s et étεpó-Guy-s adj. m. f. « mal accouplé »; ¿ú-Cuyo-s (Od.) et éú-Čuy-s adj. m. f. « garni de beaux bancs pour les rameurs » ; icó-Suyo-s et ìcó-¿vy-s adj. m. f. « également attelé »; veó-Cuyo-s et vɛóCʊy-s adj. m. f. « récemment accouplé»; περí-Cuyo-s et æɛpíGuy-s adj. m. f. « qui est de rechange »; aú-Cuyo-s et σú-çuy-s adj. m. f. « accouplé »; τpí-Sʊy-os et τpí-čʊy-s adj. m. f.

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<< attelé de trois chevaux ». On disait -yo- et -y-c dès les temps homériques; car l'Iliade contient Toλú-Cuyo-s et diζυγ-ς. Rac. (Curt., p. 166) Cu-y dans -ú-y-n-v « je fus attelé ». Il y a eu une racine plus simple: vind. ju. Voir Bopp (Glossarium comparativum linguæ sanscritæ, p. 310). heyyo-s subst. m. et Tyy-s subst. f. «vertige, tournoiement ». Première et seconde forme ensemble: Tyyos (Nic. Ther., 248) καὶ ἔλιξ· ὁ τῆς κεφαλῆς σκοτισμός. ὁ γὰρ τῶν εντέρων θόρυβος ἰλεός λέγεται, ὁ σπαραγμός. λέγουσι δὲ οὕτω καὶ τὴν 8 τῶν πραγμάτων ταραχήν (Hesychius). A coté de ίλιγγος et de ίλιγγ-ς existent εἴλιγγο-ς et εἷλιγγος dans lesquels ελλ est pour (F)-(F), groupe où l'élément (F)e est un redoublement intensif et l'élément (F) la racine (F). Rac. (Curt., p. 322-323) (F)ɛλ dans ĕ-(F)ɛλ-σα (Il. Od.) « je roulai »>.

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πάταγος (Il.) subst. m. « bruit », πολυ-πάταγος et πολυTaτaу-s adj. m. f. « qui fait beaucoup de bruit ». Seconde forme dat. sing. Toλυ-Táτay (Etym. M.), acc. sing. яoλυ-πάτaya (Pratinas, ap. Athen.). — Le y de rátaɣo-ç est un ancien ×; car лatáo-o-w (Il.) « je frappe avec bruit » remonte à πατακ-j-ω ; mais quelle est la racine de πατακ?

Anyós (11. Od.) adj. m. « assemblé» et åvτí-πny-s (Euripide) subst. f. « assemblage de planches, caisse »; åpμatoπŋyós (Il.) subst. m. « qui assemble les pièces d'un char », vaυ-ŋуós subst. m. « qui assemble les pièces d'un navire », et yλayo-ñńy-s adj. m. f. « qui assemble (coagule) le lait » Les mots anуó-s, άvτɩ-πny-s, ont le sens passif, et les mots ἁρματο-πηγός, ναυπηγός, γλαγο-πήγες, ont le sens actif. - La racine, qui a une longue dans яnуó-ç (Il. Od.), a une brève dans -πy-n-v (II.), aor. 2 moy.-pass. de πýу-νū-μɩ « j'assemSon γ a dû être d'abord un x, à juger d'après les congénères. Cf. Curtius (p. 241-242).

ble ».

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πτερυγος et πτέρυγος (Il. Od.) subst. f. « aile » ; δι-πτέρυγος et di-Téρuy-s adj. m. f. « qui a deux ailes »; Tavʊ-τéρuyo-s et TаVU-TτéρUу-s (II.) adj. m. f. « qui a les ailes étendues ». Le y est un ancien x; car πTEρúo-o-w « j'agite mes ailes >> remonte à Tεрux-j-w. Rac. (Curt., p. 190-191) Tтε dans πтεπτερυκ-j-ω. póv (II. Od.) « aile », TT dans Téτ-o-μaι (Il. Od.) « je vole ».

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