Images de page
PDF
ePub

que la nôtre est devenue, pour ainsi dire, l'idiome commun des gens de lettres et de la bonne compagnie chez les nations policées de l'Europe. Surtout ne prononçons qu'avec amour et respect le nom des grands hommes qui ont étendu ses victoires et ses conquêtes sur les points les plus opposés du globe.

Le troisième et dernier volume de mon Archéologie Française renfermera la notice bibliographique et littéraire des ouvrages imprimés ou manuscrits cités dans ce Vocabulaire, et j'ai même donné quelque étendue à ces analyses, afin qu'elles pussent servir d'appendices à un cours d'ancienne Littérature Française, ouvrage qui serait également utile à la philosophie et aux lettres, en nous faisant connaître l'esprit caractéristique de chaque siècle.

ARCHÉOLOGIE

FRANÇAISE.

A

ABJECTER (S'), v. réfl. S'abaisser, s'humilier.

Or en Jesus nul au vray ne se fie,
Sinon celui qui sous son bras puissant
En tous endroits s'abjecte et humilie.

CLEM. MAROT, Opusc. 1; OEuvr. t. I, p. 254.

Latin, abjicere se. Sic te ipse abjicies atque prosternes, ut nihil inter te atque inter quadrupedem aliquem putes interesse ?

CICER., Paradox. I.

ABOMINER, v. a. Avoir en abomination.

Quant aux meurtriers et décepteurs,

Celui qui terre et ciel domine,

Les abomine.

CL. MAROT, PS. 5; OEuv. t. III, p. 253.

A la vue de l'homme bigarré, aulcuns se mocquèrent, aultres l'abominèrent, comme monstre infame créé par erreur de nature.

RABEL., 1. III, Prolog.

Pour raison de quoi Isis les abomina par-dessus tous les autres poissons.

AMYOT, Plut. OEuvr. Mor. tom. XVII, p. 246.

Si les princes sont touchez de voir le monde bénir la mémoire de Trajan, et abominer celle de Néron.

MONTAIG., Ess., 1. 11, c. 16. Idem, 1. 111, c. 1. Ibid., c. 5.

Il faut abominer ces paroles tyranniques et barbares, qui dispensent les souverains de toutes lois, raison, équité, obligation.

C. 2.

CHARRON, Sag. 1. III, c. Voyez aussi EUST. DESCHAMPS, poés. mss., fol. 73, col. 3. - Continuation de GUILL. DE TYR. Marten., tom. V, col. 734. Latin, abominari. Quod igitur nos maxime abominaremur, vos ante omnia optaretis.

TIT-LIV., 1. XXX, c. 3o.

Italien, abbominare. Iddio gli ebbe in odio, abbominandogli per la superbia loro.

GIAC. PASSAVANT., Specchio di vera penitenza, 239. Espagnol, abominar. Ya por miséricordia de Dios, escarmentando en cabeza propia, los abomino.

CERVANT. Quix. t. II, c. ult.

Anglais, to abominate. He professed both to abominate and despise all mystery, refinement and intrigue, either in a prince. or minister.

SWIFT.

ABREUVEMENT, s. m. Action d'abreuver.

Xerxès assembla si grant bernaiges que par l'abevrement de ses chevaux s'asseichoient les fleuves.

AL. CHARTIER, Espér., OEuv. p. 364.

ABSCONDRE, v. a. Cacher.

Bel-Accueil ne sceust que respondre,
Ainçois se fust allé abscondre?

Rom. Rose, v. 3634.

As-tu le caer endurcy plus que pierre,

De me laisser en cestui bois absconse.

CL. MAROT, Epist. 1; OEuvr. t. I, p. 362.

Car en icelle bien aultre goust trouverez, et doctrine plus absconse, laquelle vous révèlera de très-haultz sacremens et mystères horrifiques.

RABEL., I. I, Prol.

Quand il est de tout poinct absconsé, nous n'aurons jamais équinoxe, c'est-à-dire égalité du jour et de la nuict.

AMYOT, Plut. OEuvr. mêlées, t. XXI, p. 322.

On a dit aussi, mais moins heureusement, escondre,

esconser:

Voyez Vie des Pères, en prose franç., T. II, fol. 56, vo. - Fabel de Pyramus et de Tysbé. — Narcissus, v. 799. — Bat. de Karesme et Charnaige, v. 526. HUG. PIAUCELLE Estourmi, v. 234. Chastel. de Vergy, v. 388. Vilain mire, v. 99.- · Castoiement, conte 21, v. 61. Rom. Rose,

v. 13474.

NANGIS, Ann., p. 273.

BEAUMANOIR, Cout. de Beauvoisis, ch. 11. FROISS., Chron., vol. III, c. 9. — Perceforest, vol. I, fol. 69., v., col. 1. — Vie de Duguesclin, etc., etc.

Latin, abscondere. Quò studiosiùs absconditur, cò magis apparet.

Cic., pro Rosc. Amer., c. 41.

Italien, nascondere. Venuta la notte, il geloso con sue armi tacitamente si nascose in una camera terrena.

BOCCAC., Nov. 65, 10.

Espagnol, esconder. Con la excusa de ir à aquella aldea de su amigo, se partió, y volvió à esconderse.

CERV. Quix., t. I, cap. 34.

Anglais, to abscond. The marmotte, or mus alpinus, which absconds all winter, lives on its own fat.

RAY, on the creation.

* ACCOINTER, v. a. Aborder, entrer en liaison;

Si vos proi ne voilliés accointier

Fols losengiers dont vos aiés hontaige.

Mr GILLES DE VIÉS-MAISONS, poet. ms., avant 1300, t. III, p. 1071.
J'ai dit pour li acointier,

Douce bergerete,

Soiiez ma miete.

Anc. poet. fr., ms. du Vatican, no 1490, fol. 112, vo.

Bon fet de li bon acointier.

Anc. aut. fr., mss. de la Clayette, 4o, fol. 802, col. 2.

Il s'ingéroit tous les jours de l'acointer.

MARTIAL D'AUVERGNE, Arest. amor. p. 174.

Personne ne les saluoit ni accointoit.

MONTAIG., Essais, I. 11, ch. 12.

Peu y en a qui considèrent les maulx en eux-mesmes, qui les goustent et accointent, comme feit Socrates la mort.

CHARRON, Sagesse, 1. III, c. 29.

Voyez aussi Roman de la Rose, v. 3665.

Art d'Amour,

GUILL. MACHAUT, Ms., fol. 205, vo, col. 3.
S'ACCOINTER, v. réfl., s'approcher, se lier, faire con-

naissance.

Que jusqu'à pou s'acointeront
Là où li baron s'ajousteront.

R. d'Athis, Ms. fol. 94, r°. col. 1.

Souvent maudissoit l'heure et le jour que de la damoiselle s'estoit acointé.

Gérard de Nevers, part. I, p. 37.

Car je say bien que Vénus jeune et cointe,
Du vieil Saturne en nul temps ne s'acointe.

CL. MAROT, Epist. 19; OEuv. t. I, p. 428.

Il s'accointa de cette Larentia, et l'aima tellement, que depuis, venant à mourir, il la laissa son héritière.

AMYOT, Plut. Romul., c. 6, OEuv. t. I, p. 73.

Voyez aussi Castoiement, cont. 13, v. 17. FROISSART, Chron. vol. III, c. 75, Chron. de S. Denis, tome I, p. 265.

ACCOINTÉ, ÉE, part. pass. pris substantivement; allié,

ami.

Car il estoit devant ses accointés, et si comme Dieu l'avoit ordonné, Rollo reçeut liement ce mandement, par le conseil de ses gens.

Chron. de S. Denis, t. I, fol. 262, ro.

Voyez aussi J. LEMAIRE, Illust. des Gaules, t. I, p. 112, JUVENAL-DES-URSINS, Hist. de Charles VI, p.

113.

[ocr errors]

Anglais, to acquaint.

There with thee, new welcome saint,

Like fortunes may her soul acquaint.

MILTON.

61.

Before a man can speak on any subject, it is necessary to be

acquainted with it.

LOCKE, on Educat.

« PrécédentContinuer »