Essais: avec les notes de tous les commentateurs, Volume 1

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Lefèvre, 1826

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Page 49 - Dernierement que je me retiray chez moy, deliberé autant que je pourroy, ne me mesler d'autre chose que de passer en repos et à part ce peu qui me reste de vie, il me sembloit ne pouvoir faire plus grande faveur à mon esprit, que de le laisser en pleine oysiveté, s'entretenir soy mesmes, et s'arrester et rasseoir en soy : ce que j'esperois qu'il peut meshuy faire plus aisément, devenu avec le temps plus poisant, et plus meur.
Page 19 - Nous debvons la subiection et obeïssance egalement à touts roys, car elle regarde leur office ; mais l'estimation, non plus que l'affection, nous ne la debvons qu'à leur vertu. Donnons à l'ordre politique de les souffrir patiemment, indignes; de celer leurs vices ; d'aider de nostre...
Page 247 - Mais, qui se présente comme dans un tableau cette grande image de notre mère nature en son entière majesté; qui lit en son visage une si générale et constante variété; qui se remarque là dedans et, non soi, mais tout un royaume, comme un trait d'une pointe très délicate, celui-là seul estime les choses selon leur juste grandeur.
Page 121 - Comme nostre naissance nous apporta la naissance de toutes choses, aussi fera la mort de toutes choses nostre mort. Parquoy c'est pareille folie de pleurer de ce que d'icy à cent ans nous ne vivrons pas, que de pleurer de ce que nous ne vivions pas il ya cent ans.
Page 275 - Le parler que j'ayme, c'est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu'à la bouche ; un parler succulent et nerveux, court et serré, non tant délicat et peigné comme véhément et brusque : Haec demum sapiet dictio, quœ feriet, plustost difficile qu'ennuieux, esloingné d'affectation, desreglé, descousu et hardy ; chaque lopin y face son corps ; non pedantesque, non fratesque, non pleideresque, mais plustost soldatesque...
Page 152 - Elle establit en nous, peu à peu, à la desrobee, le pied de son auctorité : mais, par ce doulx et humble commencement, l'ayant rassis et planté avec l'ayde du temps, elle nous descouvre tantost un furieux et tyrannique visage, contre lequel nous n'avons plus la liberté de haulser seulement les yeulx.
Page 169 - Qui vouldra se desfaire de ce violent preiudice de la coustume , il trouvera plusieurs choses receues d'une resolution indubitable , qui n'ont appuy qu'en la barbe chenue et rides de l'usage qui les accompaigne : mais ce masque arraché , rapportant les choses à la vérité et à la raison , il sentira son jugement comme tout bouleversé , et remis pourtant en bien plus seur estât.
Page 56 - En vérité le mentir est un mauldict vice : nous ne sommes hommes, et ne nous tenons les uns aux aultres, que par la parole.
Page 210 - Si nostre âme n'en va un meilleur bransle, si nous n'en avons le jugement plus sain, j'aymerois aussi cher que mon escholier eust passé le temps à jouer à la paulme : au moins le corps en seroit plus alaigre. Voyez le revenir de là, aprez quinze ou seize ans employez; il n'est rien si mal propre à mettre en besongne : tout ce que vous y recognoissez davantage, c'est que son latin et son grec l'ont rendu plus sot et plus presumptueux qu'il n'estoit party de la maison.
Page 174 - ... qui se font depuis, sans elle , et contre elle : c'est à elle à s'en prendre au nez5; Heu : patior telis vulnera facta mois 4 ! Ceulx qui donnent le bransle à un estat sont volontiers les premiers absorbez en sa ruyne...

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