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avait fait d'autres ouvages. M. Suard jouit de sa gloire, avec modestie : c'est une vertu de plus 1.

Page 67, vers 25 et 26.

Sieys doit inventer les lois

Que La Fayette doit défendre.

M. l'abbé Sieys, député de Paris à l'Assemblée nationale, est un de ceux à qui la France devra le plus de reconnaissance pour l'admirable Constitution dont elle va jouir. Depuis J. J. Rousseau, je ne connais pas d'écrivain qui ait appliqué la philosophie à la politique avec autant de profondeur et de hardiesse.

Quant au nom de M. La Fayette, il figurera dans l'histoire parmi les noms glorieux des défenseurs des peuples et de la liberté.

1. Alors l'excellent Tableau de la littérature n'avait pas encore paru. Nous y renvoyons les lecteurs curieux d'apprendre comment Chénier sut réparer ses torts envers un des écrivains distingués du dix-huitième siècle. (Note de l'éditeur.) Voyez chap. III, Rhétorique et Critique littéraire, t. III, OEuvres posthumes.

PETITE ÉPITRE

A JACQUES DELILLE.

1802.

MARCHAND

ARCHAND de vers, jadis poète,

Abbé, valet,
valet, vieille coquette,
Vous arrivez : Paris accourt.
Eh! vîte, une triple toilette:
Il faut unir à la cornette
La livrée et le manteau court.
Vous mîtes du rouge à Virgile;
Mettez des mouches à Milton;
Vantez-nous bien du même style
Et les émigrés et Caton;
Surpassez les nouveaux apôtres
En théologales vertus;

Bravez les tyrans abattus,

Et

soyez aux gages des autres.

Vous ne nous direz plus adieu :
Nous rendons les clefs de saint Pierre;

Mais, puisque vous protégez Dieu,

N'outragez plus feu Robespierre.
Ce grand pontife aux indévots
Rendit quelques mauvais offices;
Il eût été votre héros

S'il eût donné des bénéfices.

Virgile, en de riants vallons,
A célébré l'agriculture;

Vous, l'abbé, c'est dans les salons
Que vous observiez la nature.
Soyez encor l'homme des champs,
Suivant la cour, suivant la ville.
Votre muse, au pipeau servile,
Immortalisa dans ses chants
Les lacs pompeux d'Ermenonville
Et les fiers jets d'eau de Marli,
Les déserts bâtis par Monville,
Et les hameaux de Chantilli.
Des princes un peu subalternes,
Des grands seigneurs un peu modernes,
Ont aujourd'hui les vieux châteaux;
N'importe le ciel vous fit naître

Trop bas pour aimer vos égaux,
Trop vain pour vous passer de maître.
Les rossignols en liberté

Aiment à confier leur tête

Aux rameaux du chêne indompté,

Que ne peut courber la tempête;

Pour déployer leur noble voix,
Ils veulent le frais des bocages,
L'azur des cieux, l'ombre des bois;
Les serins chantent dans les cages'.

1. Il est à regretter que cette petite épître, où brille d'un bout à l'autre tant d'esprit et d'enjoûment, ne soit qu'une espèce de pamphlet dirigé contre un des premiers poètes du dix-huitième siècle. Mais, il faut en convenir, les manoeuvres infâmes auxquelles Chénier fut si long-tems en butte de la part d'hommes obscurs et jaloux de sa gloire, qui, pour le rabaisser, exaltèrent souvent outre mesure ses rivaux, durent nécessairement aigrir son humeur, déja très-portée à la satire, et susciter chez lui le désir impatient de la vengeance. La colère est aveugle: sa plume, indignée, devint dans ses mains un instrument fatal, dont par malheur il ne s'est pas toujours servi avec discernement. Toutefois, la probité fut la plus chère idole de Chénier. Plus tard, quand l'expérience et l'étude vinrent affermir son âme, et mûrir son esprit, il ne songea plus qu'à rendre au vrai talent la justice qu'il méritait. Ainsi le traducteur des Géorgiques reçut le titre glorieux de Classique des mêmes mains qui naguère n'avaient pas craint de lui faire une blessure aussi profonde. (Note de l'éditeur.)

ÉPITRE

D'UN JOURNALISTE

A L'EMPEREUR'.

1805.

SIRE! Sire! justice, ou bien c'est fait de nous:
Conspirer contre moi, c'est s'armer contre vous.
Déjà dans son Journal on attaque l'Empire;
Partout on laisse voir le mépris que j'inspire;

1. Nous n'avons point de preuves suffisantes pour affirmer que cette épître soit de Chénier, bien qu'elle ait été trouvée parmi ses manuscrits. Dans la copie imprimée qui nous est parvenue, cette pièce ne porte ni signature, ni date; on y trouve seulement l'indication de l'imprimerie de la rue de la Harpe, no 93. Cependant plusieurs personnes, très au courant des œuvres de notre auteur, ayant reconnu sa verve et son style satiriques dans certains passages de cette épître, se sont efforcées de lever nos doutes à ce sujet. C'est sur leur demande que nous avons hasardé de l'imprimer ici : toutefois, nous n'osons pas en garantir l'authenticité. (Note de l'éditeur.)

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