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alors attachés à des cultes idolâtres; ceux qui avaient cru étaient d'entre les pauvres, selon ce que le Seigneur reproche aux Juifs, disant : « Je vous dis, en « vérité, que les publicains et les femmes prostituées << vous devanceront dans le royaume de Dieu1.» N'ayant pas obtenu la maison qu'ils demandaient, ils allèrent trouver un certain Léocade, l'un des premiers sénateurs des Gaules, qui était de la race de Vettius Épagatus, martyrisé à Lyon pour le nom du Seigneur, comme nous l'avons rapporté ci-dessus; quand ils lui eurent présenté leur demande et déclaré leur croyance, il répondit : « Si la maison que je possède dans Bourges « est digne de cet emploi, je ne la refuserai pas. » A ces mots ils se prosternèrent à ses pieds, lui offrant trois cents pièces d'or et un plat d'argent, et lui dirent que sa maison était digne de ce ministère. Après avoir accepté trois pièces d'or en signe d'amitié, et leur avoir généreusement rendu le reste, comme il était encore enveloppé dans l'erreur de l'idolâtrie, il se fit chrétien, et sa maison fut transformée en une église. C'est maintenant la première église de Bourges; elle est arrangée avec un soin admirable et enrichie des reliques du premier martyr saint Étienne.

Valérien et Gallien montèrent sur le trône impérial

tures, étaient appelés clarissimi et senatores. 2o Les sénateurs municipaux des principales villes de la Gaule, ou membres de la curie, corps municipal qui portait quelquefois le titre de senatus ; · peut-être les magistrats supérieurs de la curie étaient-ils seuls honorés du nom de sénateurs. 3o Enfin, les familles riches et considérables, qu'elles fussent ou non aggrégées depuis long-temps au sénat de Rome ou à celui de la cité. Au milieu du désordre des temps, toute famille importante dans sa ville devenait bientôt une famille sénatoriale, et ce titre était donné presque indifféremment à la grandeur de fait et aux anciens droits.

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de Rome, occupé pour la vingt - septième fois, et excitèrent contre les Chrétiens une cruelle persécution. Alors Rome fut illustrée par le bienheureux sang de Corneille, et Carthage par celui de Cyprien. Du temps de ces deux empereurs, Chrocus, roi des Allemands, ayant levé une armée, ravagea les Gaules. On rapporte que ce Chrocus était d'une grande arrogance; ayant commis quelques crimes par le conseil d'une mère perverse, il rassembla la nation des Allemands, se répandit dans toute la Gaule, et renversa de fond en comble tous les édifices anciens. Étant arrivé en Auvergne, il incendia, renversa et détruisit un temple que les habitans appelaient Vasso, en langue gauloise'. Il était d'une construction admirable et très-solide, car ses murs étaient doubles; ils étaient bâtis en dedans avec de petites pierres, en dehors avec de grandes pierres carrées, et avaient trente pieds d'épaisseur. L'intérieur était décoré de marbres et de mosaïques, le pavé était en marbre et le toit en plomb.

Auprès de la ville de Clermont reposent les martyrs Liminius et Antolien. Cassius et Victorin, liés par une amitié fraternelle dans l'amour du Christ, répandirent leur sang ensemble, et entrèrent ensemble dans le royaume des cieux. La tradition rapporte que Victorin avait été au service du pontife du temple dont je viens de parler. Allant souvent dans la rue appelée rue

1/D'autres manuscrits portent Vasa. Quelques savans disent que les anciens Gaulois désignaient sous ce nom le dieu Mars; d'autres ont conjecturé que ce temple était consacré à Mercure, d'après un passage de Pline l'ancien (1. II, c.7), qui rapporte que, de son temps, Zénodore construisit, en Auvergne, un grand temple en l'honneur de ce dicu.

des Chrétiens, pour les persécuter, il y trouva Cassius qui était chrétien; touché par ses prédications et ses miracles, il crut en Jésus-Christ, et, abandonnant son infâme idolâtrie, il se fit consacrer par le baptême et devint puissant et célèbre en miracles. Peu de temps après, les deux amis ayant subi le martyre, montèrent ensemble dans le royaume des cieux.

Pendant l'irruption des Allemands dans les Gaules, saint Privat, évêque de la capitale du Gévaudan, fut trouvé dans une grotte du mont Memmat, où il se livrait aux jeûnes et aux oraisons, tandis que le peuple était enfermé dans les retranchemens du camp de Grèzes. Le bon pasteur refusa de livrer ses brebis aux loups, et on voulut le contraindre de sacrifier aux démons ; comme il détestait et repoussait cette souillure, on le frappa de verges jusqu'à ce qu'on le crût mort. Peu de jours après cette torture il rendit l'ame. Chrocus ayant été pris près d'Arles, ville des Gaules, subit diver's tourmens, et fut frappé du glaive, livré avec justice au supplice qu'il avait infligé aux saints de Dieu.

Sous Dioclétien, qui fut le trente-troisième empereur de Rome, il s'éleva contre les Chrétiens, pendant quatre ans, une cruelle persécution, de sorte qu'une certaine fois, le saint jour de Pâques même, un grand nombre de chrétiens furent massacrés pour le culte du vrai Dieu. Dans ce temps, Quirinus, évêque de l'église de Siscia', subit pour le nom du Christ, le glorieux martyre; les cruels païens, lui ayant attaché au cou une pierre de meule, le précipitèrent dans les eaux du fleuve; après sa chute, et par la puissance divine, il se soutint long-temps sur les eaux, et elles

Dans la haute Pannonie.

ne l'engloutissaient pas parce qu'aucun crime ne pesait sur lui. La multitude présente admirait ce miracle, et, sans tenir compte de la fureur des Gentils, elle se précipitait pour aller délivrer le pontife; ce que voyant, celui-ci ne souffrit pas qu'on l'arrachât au martyre; mais, ayant levé les yeux au ciel, il dit : Seigneur Jésus, qui es assis dans ta gloire, à la « droite du Père, ne souffre pas qu'on me retire d'ici; << recevant mon ame, daigne me réunir à tes martyrs <«< dans le repos éternel. » Après ces mots il rendit l'ame. Son corps ayant été retiré par les Chrétiens, fut enterré avec respect.

Constantin devint le trente-quatrième empereur des Romains et régna heureusement pendant trente ans. La onzième année de son règne, la paix ayant été rendue aux Églises après la mort de Dioclétien, le bienheureux évêque saint Martin naquit à Szombatel, ville de Pannonie, de parens idolâtres, mais non obscurs. Constantin, dans la vingtième année de son règne, fit périr son fils Crispus par le poison, et sa femme Fausta dans un bain chaud, parce qu'ils voulaient s'emparer de son trône. De son temps le bois sacré de la croix du Seigneur fut retrouvé par le zèle de sainte Hélène, d'après les indications d'un Juif nommé Judas, qui, après le baptême, reçut le nom de Quiriacus. L'histoire d'Eusèbe va jusqu'à ce temps. Ce qui suit depuis la vingt-unième année du règne de Constantin a été ajouté par le prêtre Jérôme, qui dit que le prêtre Juvencus, à la prière de Constantin, mit les évangiles

en vers.

Sous le règne de Constance vécut Jacques de Nisibe, dont les prières, parvenues aux oreilles de la

clémence divine, écartèrent de sa ville de nombreux dangers. A la même époque Maximin, évêque de Trèves, fut puissant en sainteté.

Dans la dix-neuvième année de Constance le jeune, l'hermite Antoine mourut âgé de cent cinq ans. Saint Hilaire, évêque de Poitiers, fut envoyé en exil à l'instigation des hérétiques. Là, composant des livres pour la foi catholique, il les envoya à Constance, qui, le délivrant après quatre ans d'exil, lui permit de revenir dans sa patrie.

A cette époque notre lumière commença à paraître, et la Gaule à être éclairée des rayons d'un nouvel astre; c'est-à-dire que dans ce temps saint Martin commença à prêcher dans les Gaules, faisant connaître aux peuples, par un grand nombre de miracles, le Christ vrai fils de Dieu, et dissipant l'incrédulité des Gentils. Il détruisit leurs temples, accabla l'hérésie, bâtit des églises, et, brillant par un grand nombre d'autres miracles, pour mettre le comble à sa gloire, il rendit trois morts à la vie. La quatrième année du règne de Valentinien et de Valens, saint Hilaire, rempli de sainteté et de foi, après avoir opéré partout un grand nombre de miracles, monta aux cieux à Poitiers. On dit qu'il ressuscita aussi des morts.

Mélanie, noble matrone de la ville de Rome, alla par dévotion à Jérusalem, laissant à Rome son fils Urbain. Elle s'y conduisit envers tout le monde avec tant de bonté et de sainteté, que les habitans l'appelaient Thécla.

Après la mort de Valentinien, Valens, possesseur de tout l'Empire, ordonna d'incorporer les moines dans la milice, et de frapper de verges ceux qui re

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