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ce double reproche, et d'établir; 1o en thèse générale, que l'état actuel de la civilisation, considéré au fond et dans son ensemble, ne doit nullement, selon les probabilités morales, avoir pour résultats dominans l'égoïsme et la mollesse; 2° en fait, que ni le dévouement, ni l'énergie n'ont manqué, au besoin, aux temps modernes, aux peuples civilisés. Mais la question me mènerait loin. et il faut finir. Il est vrai : l'état actuel de la civilisation impose au dévouement et à l'énergie morale, comme au patriotisme dont je parlais en commençant, comme à tous les mérites, à tous les sentimens de l'homme, une difficulté de plus. Ces grandes facultés de notre nature se sont souvent déployées un peu au hasard, d'une manière irréfléchie, sans s'inquiéter beaucoup du motif, et s'il est permis de le dire, à tort et à travers. Elles seront désormais tenues d'avoir raison; la légitimité des motifs et l'utilité des résultats seront exigés de leurs actes. Sans doute, c'est un poids de plus que la nature humaine aura à soulever pour se déployer dans sa grandeur. Elle le soulèvera, Messieurs; jamais la nature humaine n'a manqué à ce que les circonstances ont exigé d'elle; plus on lui demande, plus elle donne; sa richesse croît avec sa dépense. L'énergie et le dévouement se puiseront à d'autres sources, se

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manifesteront sous d'autres formes. Sans doute, nous ne possédons pas encore pleinement les idées générales, les convictions intimes qui doivent les inspirer les croyances qui répondent à nos moeurs sont faibles encore, obscures, chancelantes des principes de dévouement et d'énergie, qui agissaient jadis, sont maintenant sans vertu, car ils ont perdu notre confiance. Il faut que nous cherchions, que nous découvrions ceux qui peuvent s'emparer fortement de nous, nous convaincre et nous émouvoir en même temps. Ceux-là inspireront le dévouement et l'énergie; ceux-là entretiendront les âmes dans cet état d'activité désintéressée et de fermeté simple qui est la santé morale. Les mêmes progrès qui nous imposent cette nécessité nous fourniront de quoi y suffire.

Vous le voyez, Messieurs; dans les études que nous venons faire, il s'agit pour nous de bien autre chose que de savoir; le développement intellectuel ne peut, ne doit pas rester aujourd'hui un fait isolé; nous avons à en tirer, pour hotre pays de nouveaux moyens de civilisation, pour nous-mêmes une régénération morale. La science est belle sans doute, et vaut bien, à elle seule, les travaux de l'homme; mais elle est mille fois plus belle quand elle devient une puissance et

enfante la vertu. C'est là, Messieurs, ce que nous avons à en faire : découvrir la vérité; la réaliser au dehors, dans les faits extérieurs, au profit de la société; la faire tourner, au dedans de nous, en croyances capables de nous inspirer le désintéressement et l'énergie morale, qui sont la force et la dignité de l'homme dans ce monde; voilà notre triple tâche; voilà où notre travail doit aboutir; travail difficile et lent, et qui s'étend, au lieu de prendre fin, par le succès. Mais, en aucune chose peut-être, il n'est donné à l'homme d'arriver au but; sa gloire est d'y marcher.

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DEUXIÈME LEÇON.

Nécessité de lire une Histoire de France générale avant d'étudier celle de la civilisation.

De l'ouvrage de M.

de Sismondi. Pourquoi il faut étudier l'état politique avant l'état moral, la société avant l'homme. - De l'état social de la Gaule au Ve siècle.-Des monumens originaux et des ouvrages modernes qui le font connaître. Différence de la société civile et de la société religieuse à cette époque. — Administration impériale de la Gaule. Des gouverneurs de provinces. - De leurs bureaux. De leur traitement. Utilité et vices Chute de l'empire romain.

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de cette administration.

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-3° Du peuple. —4° Des esclaves.

tions publiqnes de ces diverses classes. Décadence ét impuissance de la société civile gauloise. Ses causes. Le peuple se rallie à la société religieuse.

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MESSIEURS,

Permettez qu'avant d'entrer dans l'histoire de la civilisation française, j'engage ceux d'entre vous qui se proposent d'en faire une étude séHIST. MOD, 1828.

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